Opinion
Mystique environnementaliste et
fadaise de l'hypercroissance
Robert Bibeau

© Robert
Bibeau
Mercredi 10 février 2016
http://www.les7duquebec.com/...
Les
thuriféraires de la décroissance
Le cynisme des intellectuels du
Club de Rome,
financer par la Fondation
Rockefeller, et celui des
plumitifs petits-bourgeois avides de « décroissance »
dépassant les bornes, il est temps de
remettre les pendules à l’heure des
hémisphères de la misère. Le journaliste
Thierry Meyssan ayant correctement
identifié l’origine de la mystique
climatique et environnementaliste (1)
nous allons reprendre là où il a
abandonné, sur le thème de «
l’hypercroissance et de la
nécessaire
décroissance ».
Commençons par une citation
pathétique : « En 1972, le
Club de Rome
avait publié un premier rapport intitulé
« Halte à la croissance ».
Les experts de club mettaient en garde
l’opinion internationale sur l’extrême
menace que la croissance fait peser sur
la planète… En 1972, ils donnaient 60
ans au système économique mondial pour
s’effondrer. En mars 2012, ce même Club
de Rome a publié un nouveau rapport.
Dans ce rapport il est écrit : « tout
se déroule comme prévu pour que
surviennent de grands désastres,
probablement à partir des années 2020.
Dans ce rapport, repris par le site
Médiapart, les « experts » (sic)
affirment que « pour
empêcher la destruction du monde il faut
s’imposer une décroissance radicale ».
Voilà qui est clair. À l’évidence, avec
les crétins de gauche, de droite et
d’ailleurs, qui à longueur de journée
font l’apologie de la croissance, il ne
devrait même pas nous rester 4 ans pour
s’amuser un peu. »
Cette citation présente la
quintessence de la pensée
petite-bourgeoise-écologiste-vert-écosocialiste.
Cette prophétie du Club de
Rome tombe à point
puisqu’en effet une grande dépression
économique pointe à l’horizon –
dépression qui se manifestera évidemment
par une décroissance encore plus grande
que celle que nous vivons présentement –
dans l’indifférence des apologistes de
la décroissance – (2).
En effet, n’en déplaise au
Club de Rome et à
ses laudateurs décroissants, les
Trente glorieuses
(1945-1975) ont été suivies par les
Trente piteuses
(1975-2005) qui se sont prolongée par
les Trente désastreuses
(2005-2035) qui se
profilent à l’horizon et ceci n’a rien à
voir avec une subodorée pseudo
« hyper-croissance » économique puisque
la plupart des pays impérialistes sont
en récession depuis des années n’en
déplaise aux statisticiens américains.
Cette récession mondialisée n’attend
qu’une conjoncture catastrophique pour
se transformer en Grande
Dépression – pire que
celle des années trente (1930) – qui
sera suivi – comme dans les années
trente – d’une guerre mondiale
cataclysmique… Voilà qui devrait ravir
le Club de Rome
et les épicuriens qui se donnent quatre
années pour « s’amuser » (sic) !
À bien y réfléchir il appert que la
prophétie du Club de Rome
et des « objecteurs de croissance », et
leur vœu pressant pour la décroissance
sonne comme un appel au désastre
appréhendé sur lequel ni eux ni personne
n’a de contrôle. Le grand capital,
incapable de sauver son système
économique en panade, remettra ainsi la
responsabilité de la catastrophe sur le
dos des victimes, les salariés
pressurés.
La
décroissance galopante
Le prolétariat mondial n’a aucun
pouvoir au sein de la société
capitaliste et les bobos, et les
intellos, voudraient le culpabiliser
pour les décisions qu’il n’a pas prises
et qu’il endure, désespéré. Ainsi,
depuis 1975, aux États-Unis, le revenu
réel des familles ouvrières a
diminué de 15 % alors que les
familles à salaire unique sont
disparues. Aujourd’hui, aux États-Unis,
comme partout en Occident, une famille
doit cumuler 2 ou 3 emplois-salaires
hebdomadaires pour survivre. Aux É.-U.,
la semaine de travail moyenne
s’est allongée de 10 %. Une
majorité de travailleurs s’échinent 50 à
70 heures par semaine, dans des emplois
précaires – tertiaires – sous-payés –
pour tout juste « arrivés » (joindre les
deux bouts). Presque 2 % de la
population américaine (7 millions
d’individus) sont en prison, en attente
d’un jugement ou en libération
conditionnelle. Aux États-Unis 14
travailleurs meurent au travail chaque
jour et des centaines d’autres sont
estropier chaque journée. Le
taux de chômage réel tourne autour de
15 % depuis des années. Le
Bureau de la statistique fédérale masque
cette réalité en ne comptabilisant pas
les travailleurs découragés qui ont
cessé de chercher à se salarier. Au
cours du krach financier de 2007-2009,
des millions de familles
américaines ont perdu leur maison et se
retrouvent à la rue, elles
vivent parfois dans leur automobile.
Pour les autres, le logement compte pour
50 % des dépenses du ménage. Les soins
de santé absorbent 15 % du PIB national
et davantage du revenu d’un ménage et
pourtant la couverture médicale n’est
que partielle. Les régimes de retraite
sont l’objet d’attaques en règle de la
part des entreprises et de leur
gouvernement. Le gouvernement américain
préconise le programme de retraite « 401 K »
dans lequel employeurs et employés
versent de l’argent dans un fonds qui
est administré par des consortiums
financiers de « boursicoteurs » qui
l’investissent dans le spéculatif
risqué. Depuis l’instauration de ce
programme, les prestations de retraites
des travailleurs ne sont plus que de
10 % à 33 % de ce qu’elles étaient dans
l’ancien régime de retraite. Pendant la
crise de 2008, les trois grands de
l’auto (GM, Ford, Chrysler) ont réussi à
se décharger d’une dette de 50 milliards
de dollars US, des fonds de retraite non
provisionnés. Un nouveau fonds de
retraite a été mis en place (VEBA,
Volontary Employee Benefiaciary
Association) administrée par la
centrale syndicale UAW et dont la valeur
est basée sur les cotes boursières des
grands de l’auto en chute lente à la
bourse américaine. En 2011, les grands
de l’auto ont conclu un contrat de
travail à deux vitesses avec la centrale
United Automobile Workers (UAW). Un
nouveau salarié engagé par ces
entreprises multinationales sera payé 14
dollars US de l’heure plutôt que
27 $US/h. pour les ouvriers déjà
embauchés. Depuis, de nombreuses
conventions collectives se signent avec
des diminutions de salaire partout aux
États-Unis. Enfin, les
États-Unis sont au 42e
rang mondial pour l’espérance de vie
derrière des pays sous-développés et ils
ont le taux de mortalité infantile le
plus élevé des pays capitalistes avancés
(3).
Tout un chacun peut aligner des
statistiques comparables à propos de
l’économie d’un pays capitaliste ou d’un
autre. Évidemment, nous pourrions aussi
ajouter que dans les pays en voie de
sous-développement plus de 2 milliards
d’individus survivent quotidiennement
avec moins de deux dollars US par jour.
De quelle « hyper-croissance »
parle-t-on au juste ? Pire, la crise
économique de décroissance du mode de
production capitaliste s’amplifie et la
misère populaire s’approfondit comme le
souhaitent le Club de Rome
et leurs flagorneurs les « objecteurs
de croissance » en
décroissance.
Les causes
de la décroissance
Le problème du mode de production
capitaliste déclinant n’est pas un
problème de croissance économique, bien
au contraire. Pas même un problème de
décroissance financière, monétaire ou
boursière. Ce mode de production ne
parvient plus à se reproduire,
c’est-à-dire, à valoriser le capital
qu’il a accumulé et qui se gaspille et
s’éparpille sur les bourses du monde en
pure perte spéculative surfaite et
obsolète (l’immense fortune bidon des
milliardaires qui comptabilisent leurs
avoirs boursiers spéculatifs). Dans
leurs tentatives pour survivre à leurs
concurrents monopolistes les entreprises
gaspillent, détruisent des marchandises,
et tentent d’échapper aux couts
croissants de production que leur impose
le modèle de développement capitaliste
pour le profit à tout prix. Ce n’est pas
en appelant à moins de croissance et à
davantage de crises économiques
systémiques, ou en tolérant une autre
Grande Dépression
et en s’engouffrant dans une autre
guerre mondiale apocalyptique que le
prolétariat améliorera son sort. C’est
en renversant ce mode de production
décadent que le prolétariat
international posera le premier jalon de
la construction d’un nouveau mode social
de production. L’insurrection populaire
commencera par la grève générale
illimitée.

(1) Le milliardaire David
Rockefeller milite pour l’arrêt de la
croissance mondiale. Il sponsorise un
think tank, le Club de Rome. Celui fait
réaliser une étude par l’équipe de
Dennis Meadows (Massachussetts Institute
of Technologie), qui est publiée sous le
titre Halte à la croissance ?
et devient un best-seller.
(2) Club de Rome
https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_de_Rome
Le Club de Rome a été créé à
l’initiative de l’industriel italien
Aurelio Peccei (alors très actif en
Amérique latine) et du directeur
scientifique de l’OCDE Alexander King,
grâce au soutien financier de la famille
Agnelli (pour laquelle Peccei avait
travaillé). L’idée de départ était de
créer un Forum mondial qui lierait les
questions économiques et
l’environnement. Cet objectif fut plus
ou moins satisfait avec la création du
PNUE. Le Club de Rome,
désormais largement financé par les
Rockefeller, abandonna alors son
discours méthodologique pour devenir le
porte-parole du malthusianisme. Certains
participants à la réunion fondatrice du
Club (avril 1968) s’en étaient déjà
éloignés lors de la parution du rapport
Meadows (mars 1972).
(3) Loren Goldner. La
lutte de classes aux États-Unis depuis
le krach de 2008. Échanges. No 138.
Automne 2011. Paris. Pages 30-43.
(4) Manifeste du parti
Ouvrier (2014)
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour

|