Lecture
Manifeste du Parti ouvrier (5)
Robert Bibeau
Mercredi 9 juillet 2014
Nous poursuivons la
publication d’une série de neuf (9)
articles portant sur quatre questions
fondamentales pour le mouvement ouvrier
mondial :
1)
D’abord, nous avons traité des questions
du
sectarisme-entrisme-dogmatisme cette
maladie sénile du gauchisme. Paru ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-1/
et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-2/
et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-3/
2)
En prolongement du sujet précédent –
nous avons abordé la question de l’unité
du mouvement ouvrier.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-4/
3)
Nous présentons aujourd’hui
les instances de la lutte de
classe : l’instance économique (le
fondement), l’instance politique
(décisive) et l’instance idéologique
(préalable).
4)
À l’approche du 97e
anniversaire de la Révolution d’octobre
nous présenterons nos réflexions.
*********
CHAPITRE 3 : LES TROIS INSTANCES DE LA
LUTTE DE CLASSE
La lutte de
classe dans l’instance économique
Sous l’impérialisme
moderne la lutte des classes
antagonistes (le prolétariat et la
bourgeoisie) et des autres classes
subsidiaires se développe à trois
niveaux, ou, si vous préférez,
sous trois instances différentes et
concomitantes, intimement
interdépendantes. D’abord, elle se
déroule quotidiennement au
niveau économique, c’est la lutte
spontanée de résistance ouvrière dont la
lutte gréviste pour maintenir les
conditions d’exploitation de la force de
travail à des niveaux tolérables et
pour maintenir le pouvoir d’achat et les
conditions de reproduction de la force
de travail à des niveaux socialement
acceptables.
Évidemment, dans
les pays impérialistes avancés, une
portion de la petite bourgeoisie et de
la classe ouvrière industrielle
bénéficient occasionnellement de
conditions de vie supérieures et cela
suffit pour les faire rêver d’éternité
et les amener à mythifier la réalité,
leur faire croire que la vie est plus
aisée qu’envisagé. Un jour un crash
boursier (1929), bancaire (1980 et 2008)
ou une guerre (1914-1917 et 1939-1945)
se charge d’effacer ces avancées
salariales et sociales éphémères, payées
à même les surplus de plus-value
confisqués aux ouvriers des pays
impérialistes dominés et néo-colonisés.
Cette éphémère prospérité a été créée de
manière inflationniste par le crédit
bancaire incontrôlé, les budgets
déficitaires et les dettes souveraines
des États surendettés qui tôt ou tard
vont implosés.
Depuis 2008, une
telle conjoncture se dessine et vous
observez l’agitation frénétique des
frères convers petits-bourgeois et de
leurs amis de l’aristocratie syndicale
et celle des «requins» de la finance qui
s’agitent pour effacer ces souvenirs
amers de la mémoire de la plèbe
ouvrière. Tout ceci après avoir salué
la fin de la lutte des classes et la
mort de Marx et du Capital qui serait
obsolète alors qu’au contraire jamais
ces thèses n’ont été autant d’actualité.
Aujourd’hui, la
petite bourgeoisie universitaire à la
tête de l’aristocratie syndicale et de
toutes les factions de la petite
bourgeoisie en déroute (en voie de
paupérisation)
reprend du service et jure ses
grands dieux que la situation présente
est bien différente qu’en 1970-1985 –
qu’il faut faire preuve d’imagination
créatrice et surtout éviter le
dogmatisme, parce que la
théorie du socialisme scientifique, du
matérialisme historique et dialectique
et la méthode marxiste et la méthode
léniniste doivent être bizutées
afin de les adapter aux nouvelles
psalmodies de ces chantres du
capitalisme «réformé» qu’ils souhaitent
tellement sauvegardé (!)
En régime
capitaliste, au stade impérialiste
moderne, la lutte de classe sur le front
économique n’est jamais terminée –
jamais définitivement gagnée – elle va
de flux en reflux selon la conjoncture
économique. Que 30 000 mineurs
sud-africains fassent grève pour des
salaires légèrement supérieurs et le
grand capital international – les
multinationales minières et leurs
succursales – attaquent les salaires des
ouvriers des pays développés où le
minerai (platine, or, étain, diamant,
terre rare) est traité et transformés
pour des marchés où les prix seront
soufflés à moins que les concurrents des
monopoles miniers sud-africains
(concurrents chinois éventuellement)
n’en profitent pour diminuer leurs prix,
faire ployer le conglomérat, puis à la
bourse, absorber (OPA) le monopole anglo-sud-africain
en difficulté.
Et ainsi va la
lutte de classe sur le front économique
au sein même des rangs capitalistes
monopolistes conjointement à celle
qu’ils mènent – unis tous ensemble –
contre la classe ouvrière «solidaire»,
mais jamais téméraire. Cette guerre
économique spontanée que les médias «mainstream»
dissimulent est le fondement de toutes
les autres formes de la lutte de classe,
c’est la forme primale, fondamentale,
primordiale, mais non décisive en terme
de pouvoir et de prise de contrôle du
pouvoir d’État. Les militants
révolutionnaires doivent être
intimement liés à ces luttes et en
rendre compte parmi l’ensemble de la
classe – mais en expliquant sans cesse à
la classe que ces batailles spontanées
sur le front économique n’auront jamais
de cesse – et devront toujours être
recommencés tant que la classe ouvrière
n’aura pas pris le contrôle total de
l’appareil d’État pour le détruire,
exproprié sans compensation tous les
moyens de production, d’échanges et de
communication afin de construire un
nouveau mode de production et d’échanges
ouvrier socialiste dans un État
socialiste ouvrier.
Que la guerre de
classe dans l’instance économique
s’envenime en France, au Québec, ou au
Canada dans le domaine des alumineries
par exemple, et les multinationales de
l’aluminium organiseront la
délocalisation de la production de
France (St-Jean de Maurienne) ou du
Québec (Saguenay, Alma, Shawinigan) pour
transférer leur production vers Kitimat
(Canada), vers la Chine, vers la Russie
où ils ouvriront de nouvelles unités
pour exploiter des ouvriers moins payés,
moins organisés, plus réprimés et plus
aisés à exploiter. Pour un temps
seulement, jusqu’à ce ceux-ci empoignent
leurs pancartes et leurs banderoles,
s’organisent (syndicats) et réclament un
meilleur salaire pour la vente de leur
force de travail spoliée et broyée (1).
Le fait que nous constations la
syndicalisation spontanée de certaines
couches de travailleurs ne signifie pas
que nous endossons les bureaucrates
syndicaux – gestionnaires d’affaires du
lucratif marché de la main-d’œuvre
syndiquée surtaxée (taxe syndicale en
hausse constante). Nous savons qu’il n’y
a rien à faire de révolutionnaire de ces
agents d’affaires syndicales.
Que la crise
économique de
l’impérialisme moderne
s’approfondisse et le grand capital
remettra en cause les concessions
passées (les
soi-disant acquis sociaux obtenus de
l’État providence éphémère dont les
bureaucrates syndicaux nous rabattent
les oreilles jusqu’à plus soif) et
la guerre défensive du prolétariat
s’envenimera, parfois jusqu’à la grève
générale, ébranlant le pouvoir des
patrons – la dictature des riches sur
l’appareil d’État –. Il en fut ainsi en
Égypte entre 2011 et 2013, mais sans
lendemain insurrectionnel
malheureusement, car la révolte
égyptienne resta au niveau du
soulèvement économique et quand la
bourgeoisie militaire comprit que les
travailleurs en voulaient davantage –
les militaires abandonnèrent Moubarak
pour le remplacer par Sissi (Blanc
bonnet pour bonnet Blanc). Voilà un
exemple des limites absolues du
soulèvement gréviste – contestataire
spontanée – s’il ne débouche pas sur
l’insurrection politique remettant en
cause le pouvoir des riches sur
l’appareil d’État.
La
classe ouvrière de par sa position
objective dans le procès de production
et de reproduction du système économique
impérialiste moderne est très présente
dans cette guerre perpétuelle sur le
front économique de la lutte de classe.
La classe ouvrière
s’est dotée d’organisation de lutte de
classe que le grand capital – quasi tout
puissant – s’est empressé de corrompre,
de dévoyer et d’embrigader à son
service. Aujourd’hui, au stade
impérialiste de putréfaction de l’ordre
économique, nombre de
syndicats
de salariés sont devenus des
organisations des patrons – des
courroies de transmission composées de
larbins chargés de maintenir la lutte
économique de classe dans les limites
acceptables pour le système capitaliste;
d’identifier les éléments militants et
de les livrés aux sbires légaux
(policiers et armée de métier) et
illégaux (agences de mercenaires privés,
djihadistes-intégristes, bandits de
grand chemin, pègres et agences de
sécurité), chargés de réprimer la guerre
de classe des ouvriers et de leurs
alliés.
En Amérique latine par exemple il
ne se passe pas une semaine sans qu’un
militant syndical sincère ne soit
exécuté par les escadrons de la mort des
employeurs (souvent formés de policiers
qui complètent ainsi leur revenu).
La classe ouvrière
n’a pas besoin d’ériger son propre parti
politique révolutionnaire pour mener la
lutte de classe sur le front économique.
La classe mène cette guerre de façon
spontanée et développe instinctivement
sa
conscience de classe «en soi» –
pour la défense de son pouvoir d’achat
et la défense des conditions de
reproduction de sa force de travail
(retraites, services sociaux, éducation,
soins médicaux, services sanitaires,
culture et loisirs).
À cette instance économique de
la lutte de classe le parti
révolutionnaire ouvrier, à travers son
organisation de masse le Mouvement
révolutionnaire ouvrier
(MRO) sera nécessaire pour
regrouper, systématiser, radicaliser,
mais surtout éclairer le sens de ces
luttes éparses, sporadiques, localisées,
de résistance spontanée et les porter à
un niveau supérieur, vers la grève
générale illimitée, puis enfin, au
niveau de l’instance politique de la
lutte de classe. C’est le niveau ou
la classe «pour-soi» consciente de sa
force, de la nécessité de ses luttes de
résistance, mais aussi de leurs limites,
jamais terminées, jamais gagnées
définitivement, et qui
doivent impérativement être
dépassées et portées au niveau de
l’instance politique de la lutte de
classe.
Avec le concours de
son parti politique de classe, le
prolétariat prend alors conscience de
ses intérêts de classe, c’est-à-dire de
la nécessité de renverser l’ordre
bourgeois, le mode de production
capitaliste rendu au bout de son
rouleau, incapable d’assurer la
reproduction élargie de ses propres
forces productives et de ses propres
moyens de production, d’échanges et de
communication. La classe ouvrière, de
concert avec son parti révolutionnaire,
organise et mène à bien la prise de
pouvoir d’État. Abordons maintenant la
question de la lutte de classe sur le
plan POLITIQUE, l’instance décisive pour
un changement radical du mode de
production et d’échange.
À suivre.
À LIRE EN COMPLÉMENT :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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