Les 7 du Québec
La Révolution d’octobre et les luttes
de libération nationale. Le droit du
peuple catalan (2e partie)
Robert Bibeau

Mercredi 8 novembre 2017
La semaine dernière
nous avons publié la première partie de
cet article que vous pouvez consulter
sur: http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-lutte-de-liberation-nationale-catalane-le-droit-du-peuple-catalan-a-disposer-de-lui-meme/

Voici la 2e
partie de l’article
L’illustration
catalane.
Une crise politique
secoue l’Espagne et menace ce pays
d’éclatement, un éclatement qui pourrait
s’avérer catastrophique aussi bien pour
la péninsule ibérique que pour le reste
de l’Europe. Le chauvinisme national
menace les pays européens hantés par les
tentations séparatistes de certaines
bourgeoisies régionales non satisfaites
du partage des pouvoirs, des
responsabilités et surtout des revenus
fiscaux établis lors de la création de
leur union nationale, particulièrement
en ces temps d’austérité où la
bourgeoisie locale des provinces riches
de l’empire européen se demande pourquoi
partager avec les contrées sinistrées
par le développement capitaliste inégal.
Selon un expert, la
stratégie du grand capital européen
serait de détruire les grands États
multinationaux afin de renforcer le
pouvoir de l’État fédéral bruxellois :
« Cela fait des années que l’Europe
politique poursuit son rêve d’existence
et de puissance. Pour rendre réelle
l’existence de cet État européen
utopique, il faut évidemment éradiquer
les États centraux multinationaux. C’est
ce qui est consciencieusement fomenté
depuis des années avec ce que l’on
appelle la construction européenne
». L’auteur poursuit « Pour détruire
les États nationaux, on utilise l’euro,
l’immigration, le dumping fiscal et
social de même que l’élargissement de
l’Union. Petit à petit, à force de
traités, la souveraineté des pays a été
laminée. Parallèlement, il a toujours
existé la volonté de la part de l’Europe
de favoriser le séparatisme des grandes
régions pour casser définitivement les
États nations. (…) Celles et ceux qui
sont pour la Catalogne indépendante sont
pour le fascisme financier le plus
abject, car les pays sont construits sur
le principe des ententes de transfert
(…) Les riches paient pour les pauvres.
C’est la base de tout impôt et de tout
système redistributif. Ceux qui
défendent l’indépendance de la Catalogne
sont les idiots utiles du système
totalitaire marchand incarné par
Bruxelles » (4).
Tout ceci n’est que
sophisme et l’auteur commet nombre
d’erreurs d’analyse (les riches ne
paient pas pour les pauvres – même
Monsieur Arnault n’y croit pas, et les
autres milliardaires rigolent depuis
leur paradis fiscal des iles
anglo-normandes où les États complices
ne sont pas pressés de rendre justice).
Toutefois, l’auteur met le doigt sur une
contradiction importante qui ébranle
l’édifice multinational européen malmené
par la tempête économique mondiale,
crise que l’auteur néglige de
considérer.
L’édifice politique
européen s’articule à partir des villes,
des régions, des États-nations et de la
fédération dont les organismes exécutifs
siègent à Bruxelles. Tant que l’économie
roulait relativement bien – que chacun
des niveaux de la chaîne de commandement
politique bourgeois pouvait taxer à
volonté et s’endetter autant que
souhaitez, les factions capitalistes
régionales et leurs larbins politiques
locaux se satisfaisaient de ces
arrangements de gouvernance. Mais la
crise économique s’approfondissant de
nouveaux arbitrages s’imposent et les
factions bourgeoises plus gourmandes, et
les petits-bourgeois paupérisés
incapables de sanctionner les riches,
planqués à l’étranger, crient à
l’injustice et s’en prennent aux petits
riches (sic). Évidemment, la go-gauche
nationaliste et narcissique ne présente
pas les choses sous cet angle, son
égoïsme lui ferait honte. Elle préfère
proclamer le droit du « peuple » catalan
à « l’autodétermination et à se
libérer » de l’oppression de Madrid. La
soi-disant « liberté nationale » se
résumant à ne payer de taxes et d’impôts
qu’à son État régional fétiche. Le
petit-bourgeois, ayant ainsi contribué à
délester Barcelone du poids des régions
sinistrées, espère que sa part des
miettes que le bourgeois catalan
laissera tomber de sa table sera plus
grande pour lui. Il se leurre le
petit-bourgeois catalan en oubliant que
son premier oppresseur c’est le grand
capitaliste de Barcelone. De plus, la
crise économique systémique
s’approfondissant, l’austérité viendra
le trouver jusque dans son repère de
Méditerranée. Incidemment, le
petit-bourgeois catalan de la gauche
d’avant-garde (sic) s’est-il demandé
pourquoi les prolétaires catalans ne
participent pas aux parades et aux
démonstrations nationalistes des
comarques ? C’est que l’ouvrier se
rappelle des tueries de 1936-1939 quand
il a servi de chair à canon sur le front
au moment de la retirada. Il est
également intéressant de constater ce
que le grand capital fait de l’utopique
« démocratie des riches » quand la
fumisterie le discrédite. Le prolétariat
participant de moins en moins à ces
mascarades électorales n’a aucun intérêt
à sacrifier sa vie pour sauvegarder
cette fumisterie. Que la
petite-bourgeoisie, éprise de
« démocratie des riches » se sacrifie
pour le salut de la patrie si elle en a
envie.
La nouvelle
structure de gouvernance impérialiste.
L’État dans son
organisation n’est jamais que le reflet
de la structuration politique du pouvoir
économique. Sous l’Union européenne
transnationale, l’État national
s’estompe parce que le grand capital
mondial, qui domine aussi bien les
bourgeoisies supranationales,
nationales, régionales, que municipales,
veut construire une confédération
d’États européens interdépendants,
constitués d’un État confédéral,
chapeautant des États nationaux
interdépendants, rassemblant eux-mêmes
des régions au sein de chaque nation
fédérative (catalan, aragonais, basque,
breton, corse, sicilien, napolitain,
lombard, flamand, wallon, anglais,
écossais, gallois, etc.). Ce projet
politique confédéral est mis de l’avant
par les laquais politiques au service
des patrons du grand capital mondialisé
dans sa concurrence contre les autres
alliances impérialistes. À capital
mondialisé doit correspondre l’État
capitaliste intégré et globalisé.
Effectivement, au
niveau confédéral – ou supra national –
les particularismes nationaux sont une
entrave à l’unification, à charge pour
les marionnettes politiques nationales
d’en prendre charge et de les niveler ou
de les évacuer vers le niveau régional
où les bourgeoisies régionales se
satisferont des miettes qui leur
restent. Et voici que la « bourgeoisie
nationaliste catalane » plastronne afin
d’obtenir une plus grande part de la
tarte fiscale. Sous prétexte que Che
Guevara et Lénine ont appelé
à la pseudo « autodétermination » des
bourgeoisies nationalistes chauvines, le
prolétariat catalan, de multiples
origines, devrait se liguer pour obtenir
le privilège de payer plus de taxes à
Barcelone qu’à Madrid ? Jusqu’à
reprendre la guerre civile au cri de
« Viva la muerte » en l’honneur du
« présidente » Puigdemont
planqué à Bruxelles. Les prolétaires
madrilènes devraient eux se mobiliser
pour que ce soit les capitalistes
madrilènes et le « présidente »
Rajoy qui obtiennent
l’avantage fiscal ?
L’opportunisme
de la bourgeoisie catalane.
En octobre 2017,
profitant de la conjoncture politique
favorable, engendrer par la conjoncture
économique défavorable, la faction
catalane du grand capital espagnol,
après celle de l’Écosse, mais avant
celle de Flandre, du Pays basque et du
Piedmont italien, appela la populace
locale à entonner l’hymne
Els Segadors
bien connu des nationalistes
républicains chauvins qui ont fait tant
de mal aux prolétaires chair à canon
dans l’Espagne des tranchées, des
blindés, de la guerre civile et du
génocide. Ils espéraient ainsi, après
avoir brocardé Madrid, renégocier le
pacte de partage de la cagnotte fiscale
en prenant des airs de « libérateurs »
ces fraudeurs voraces, tout aussi
pugnaces que ceux d’en face.
Massivement, le prolétariat catalan
conscient refusa de participer à cette
mascarade référendaire, signifiant ainsi
que cette fois il ne verserait pas son
sang pour les courtisans du capital.
La question est
tranchée, les luttes nationalistes
chauvines n’apportent que la haine, la
mort, le désespoir dans les foyers
ouvriers divisés, mais jamais le
travail, la prospérité, ni la liberté de
classe aussi loin que le regard puisse
porter au-delà des frontières du ghetto
national. La classe ouvrière n’a pas de
patrie et la Terre est son univers de
survie. À bas le nationalisme chauvin,
vive l’internationalisme prolétarien.
ANNEXE
LA PREMIÈRE
PARTIE DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE SUR
LE WEBMAGAZINE: http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-lutte-de-liberation-nationale-catalane-le-droit-du-peuple-catalan-a-disposer-de-lui-meme/
NOTES
- Bruno Guigue
(2017). L’étincelle d’octobre
II.
https://www.legrandsoir.info/1917-2017-ii-l-etincelle-d-octobre.html
- Samir Amin
(2017). « Révolution d’octobre et
mouvements de libération nationale »
https://vimeo.com/239809567?from=outro-embed
- Robert Bibeau
(2017). Question nationale et
révolution prolétarienne sous
l’impérialisme moderne.
L’Harmattan.
https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1496234995&sr=8-1&keywords=Robert+Bibeau
-
https://www.legrandsoir.info/1917-2017-ii-l-etincelle-d-octobre.html
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