Les 7 du Québec
La crise économique systémique
après la crise sanitaire au coronavirus
Robert Bibeau

Mercredi 8 avril 2020
Les plumitifs en position de combat
Les thuriféraires,
plumitifs, analystes et économistes de
tous poils, se rangent désormais en
ordre de bataille afin de programmer
l’opinion publique en prévision de
l’après pandémie – cette période de
récession économique
terrifiante qui suivra l’épidémie et le
confinement, qualifiée par
Donald Trump de «remède
pire que le mal», et qui
terrassera l’économie capitaliste
mondialisée (1). Lisez ce que les
«experts» affrétés par l’Oxford
Economics racontent :
«La reprise
économique mondiale pourrait être assez
rapide une fois que le coronavirus sera
sous contrôle, selon les analystes de la
société d’analyse britannique Oxford
Economics, qui ont analysé l’impact
des épidémies à court terme sur la
croissance économique mondiale».
Ils ont pris l’exemple de l’épidémie de
pneumonie atypique SARS de 2003 et la
pandémie de grippe porcine de 2009,
et ont conclu qu’après avoir enregistré
une baisse à court terme, l’économie
mondiale avait connu une reprise rapide
et importante (2).
«Les craintes
sociales se sont accrues avec
l’augmentation des cas d’infection, mais
elles ont rapidement disparu une fois
que les épidémies ont été contrôlées»,
ont indiqué les analystes (sic).
Oxford Economics prévoit que la
propagation du coronavirus s’arrêtera au
cours du second semestre, puis le taux
de croissance du PIB mondial pourrait
atteindre 5%. «L’Histoire montre que
l’économie se remet rapidement, même
après de graves chocs. Pour l’instant,
nous attendons encore une reprise
importante au cours du second semestre,
après le premier qui était terrible»,
concluent les experts d’Oxford
Economics, les champions de
l’imposture économétrique.
Les analystes
britanniques gardent le silence sur
deux vecteurs que les larbins
politiciens et leurs patrons, les
financiers et les banquiers tétanisés,
ont lourdement manipulé pendant la crise
du coronavirus (Covid-19).
Au cœur d’une crise financière –
monétaire – pétrolière – boursière –,
marquée par un endettement abyssal des
États bourgeois, des entreprises et des
particuliers, les banques centrales ont
émis et prêté, sans aucune garantie,
plus de 5 000 milliards de dollars de
monnaie de singe, rajoutés au 1,800
milles milliards de dollars de dettes
publiques et privées empilés depuis la
pandémie de grippe porcine de 2009.
Pire, cette émission de bons du trésor
spécieux, a été opérée alors que la
moitié de la population mondiale était
productivement à l’arrêt, condamnée
au confinement, dans une phase de
surendettement sur fond de consommation
anémiée.
Bref, rien ne va
plus sous l’économie reclus. Pepe
Escobar en rajoute : «Des
sources bancaires new-yorkaises m’ont
dit la vérité: le risque systémique est
devenu beaucoup plus grave en 2020 qu’en
1979, 1987 ou 2008 en raison du danger
extrêmement accru de l’effondrement du
marché des produits financiers
dérivés de 1,5 quadrillion
de dollars (1,5×10^24). Comme le disent
mes sources, l’histoire n’avait jamais
rien vu de tel que l’intervention de la
Fed via l’élimination, peu
comprise, des réserves obligatoires des
banques commerciales, déclenchant une
expansion potentiellement illimitée du
crédit pour éviter une implosion du
marché des produits financiers dérivés
résultant d’un effondrement total des
matières premières et des marchés
boursiers à travers le monde» (3).
Voilà un vecteur
inédit – une primeur dans l’histoire
économique du capitalisme, ce que
Donald Trump, le milliardaire
perspicace, a qualifié de «remède
pire que le mal». En effet, vous
pouvez tout vous permettre sous le
capitalisme monopoliste étatique, sauf
de casser la production des profits et
la distribution des dividendes.
Ce qu’un simple
milliardaire comprend aisément, un
analyste de renom comme Patrick
Artus est incapable de le
saisir. Et voilà le pamphlétaire
spéculant sur l’avenir menacé de la
variante néo-libérale du capitalisme
moribond.
L’Artus
spécule et s’interroge : «La
crise du coronavirus va très
probablement provoquer le retour à des
chaînes de valeur régionales, au lieu de
chaînes de valeur mondiales,
c’est-à-dire présider à la
déglobalisation-démondialisation des
économies réelles. Une hausse durable
des dépenses publiques de santé,
d’indemnisation du chômage, de soutien
des entreprises, donc la fin de
l’austérité budgétaire, là où elle était
installée (Europe) et la croissance de
la concurrence fiscale. La compréhension
de ce qu’il faut que l’Etat intervienne
pour définir et développer les
industries stratégiques (pharmacie,
aussi Nouvelles Technologies, énergies
renouvelables…). La compréhension
(même aux Etats-Unis) de ce que toute la
population doit bénéficier d’une
protection sociale convenable».
Tout ceci signifie bien la fin du «capitalisme
néo-libéral» qui avait choisi la
globalisation-mondialisation, la
réduction du rôle de l’État et de la
pression fiscale, les privatisations, et
dans certains pays la faiblesse de la
protection sociale (4).
C’est justement là
que le bât blesse.
Le capitalisme
néolibéral, global et mondial, n’est pas
un choix du grand capital
international, non plus que la
réduction d’un certain type
d’intervention de l’État, le déploiement
des paradis fiscaux, les privatisations,
et le report, à la charge directe des
travailleurs, des dépenses sociales,
sanitaires et médicales. Cette forme de
capitalisme d’État libéral-laxiste
pour les travailleurs, mais
interventionniste en faveur du
capital, est une nécessité, le destin
inscrit dans les lois inexorables de la
production et de l’accumulation de la
valeur sous le capitalisme libéral ou
dirigiste…faisant osciller la
pendule de l’État bourgeois du pôle
gauche – dirigiste – de l’État
providence en période de «Take off»
ou de reprise de l’accumulation. – Ce
sont des périodes historiques de
félicités pour les gauches
embourgeoisées qui sont alors appelées à
gouverner, sous protectorat financier,
les destinées des sociétés
«nationalisées» –. Invariablement, le
système s’enfargeant dans ses
contradictions, dans ses louvoiements
entre ses moyens de production
surabondant et ses forces productives
trop performantes ; ses marchandises en
surcapacité et des marchés surendettés
et anémiés, le pôle droit de l’État
providence est appelé à la
gouvernance. En annexe nous présentons
une synthèse de l’analyse de la firme
Nataxis qui explicite la
phase présente de cette crise du
capitalisme et ce qui a préparé le crash
appréhendé.
Les tactiques du
capital ne peuvent masquer sa stratégie
à long terme
Ce balancement du
pôle gauche – dirigiste – au
pôle droit – laxiste – de l’État
capitaliste-fétiche ne remet jamais
en cause l’impérative nécessité
stratégique de la monopolisation –
globalisation – mondialisation des
moyens de production, de
commercialisation, de communication, et
en définitive des moyens d’accumulation
– valorisation du capital. C’est
pourquoi nous avisons le prolétariat
international de se préparer à résister
mondialement aux périodes de
restriction, de convulsion, de
répression et de récession économique
qui suivront le confinement qui nous
paraitra bien bénin à comparer aux
«remèdes» qui nous seront infligés pour
sauver ce mode de production moribond.
Déjà la petite bourgeoisie de service
dans les médias bourgeois stipendiés est
à l’œuvre afin de préparer l’opinion à
se résigner, à rester confiner entre le
loyer et l’atelier. Bien entendu que
l’État bourgeois profitera de cette
opportunité pour resserrer son emprise
sur le prolétariat par l’entremise de la
«Corona-dictature» pour briser
toute résistance populaire
https://les7duquebec.net/archives/253823
(5).
ANNEXE
Nataxis,
notre interprétation de la présente
crise est la suivante :
- il y a excès
mondial de capacité de production,
dû essentiellement à la
globalisation et à l’investissement
très important (relocalisation)
dans les pays émergents;
- l’excès de
capacité devrait normalement faire
baisser la profitabilité des
entreprises ; en réaction à cette
évolution, les entreprises ont
essayé de réduire les salaires,
d’ou, dans beaucoup de pays, le
recul de la part des salaires dans
le PIB, qui amplifie
l’insuffisance de la demande par
rapport à la surcapacité de
production-commercialisation. Les
grandes entreprises essaient de
devenir leader dans leur secteur
d’activité́ afin de bénéficier de
marges d’oligopole;
- l’excès de
capacité de production pousse les
États à mener des politiques non
coopératives visant à accroître
le taux national d’utilisation des
capacités et de valorisation du
capital mondial: stimulation du
crédit par les politiques
monétaires très expansionnistes,
d’où les bulles spéculatives sur
les prix des actifs, l’excès
d’endettement et les crises
boursières comme indices des crises
d’accumulation-valorisation
systémiques; accompagné de la
sous-évaluation du taux de change
(de la valeur réelle de la monnaie
nationale) dans les pays émergents.
Ce qui pénalise les salariés locaux,
travaillant pour des salaires de
misère. On perçoit ici combien le
marché de travail et de la
main-d’œuvre est complètement
intégré – globalisé – mondialisé.
Les États
bourgeois sont confrontés :
- à la
situation de surcapacité relative
de production;
• à la compression des salaires
mise en place par les entreprises et
par l’État fétiche.
Il y a donc à la
fois excès d’offre de biens et services
(marchandises) et insuffisance de la
demande. Confrontés à cette situation,
les États mettent en place des
politiques non coopératives de soutien
de la demande, afin d’essayer d’éviter
l’arrêt du processus d’accumulation –
valorisation ce que les économistes
appellent la sous- utilisation des
capacités de production.
Ces politiques
prennent la forme :
- avant la
crise, des politiques monétaires
expansionnistes visant à stimuler
la demande intérieure par la
stimulation du crédit. Ceci a
conduit à la très forte
progression de l’endettement aux
États-Unis, au Royaume-Uni, au
Canada et dans la zone euro hors
Allemagne, avec des taux d’intérêt
faibles par rapport aux taux de
croissance. Depuis la crise de 2008
la stimulation de la demande est
réalisée à partir des déficits
publics et du crédit gratuit ou
presque;
- dans les
pays émergents, les
gouvernements essaient de corriger
la sous-utilisation des capacités
de production-valorisation du
capital en stimulant les
exportations par la sous-évaluation
de leurs devises. Il y a ainsi
maintien de cette sous-évaluation
grâce à l’accumulation de
réserves de change en dollars dans
les pays émergents d’où le yuan
cherche à l’expulser), ce qui permet
bien à ces pays de gagner des parts
de marché à l’exportation l’objet
de la guerre commerciale en cours.
Nous interprétons
donc les politiques de soutien du
crédit dans les politiques de l’OCDE et
de sous-évaluation des taux de change
dans les pays émergents comme des
politiques non coopératives de réponse
à l’excès de capacité mondial de
production et de baisse des salaires par
les entreprises, visant à redresser le
taux d’utilisation des capacités
productives (de valorisation du capital
en définitive) d’un pays au détriment
des autres pays.
Ces politiques
interagissent pour générer une énorme
croissance des liquidités mondiales,
qui est à l’origine des crises
puisqu’elle a fait apparaître :
- des bulles
financières (actions, immobilier),
qui vont ensuite exploser;
- l’excès
d’endettement qui a déclenché en
2007-2008 une nième crise
financière.
Notes
-
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/le-président-trump-a-toujours-la-cote/ar-BB12cMOs?ocid=spartandhp
- Source :
SPUTNIK
-
https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-et-la-chine-sont-ils-pieges-dans-une-guerre-hybride
- Patrick
Artus. Public Natixis
FlashEconomie30mars2020-
-
https://les7duquebec.net/archives/253823
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