Les 7 du Québec
Quel est le problème avec les profits ?
Robert Bibeau

Jeudi 5 mai 2016
http://www.les7duquebec.com/...
Dans un article
intitulé « Les problèmes avec les
profits trop élevés » le journal
financier The Economist
s’inquiète du niveau de profit engrangé
par les multinationales ayant leur siège
social aux États-Unis. Les tableaux
ci-dessous montrent l’évolution de ces
profits à travers l’histoire et par
catégorie d’entreprises.

Un capitalisme
de plus en plus oligarchique ?
Pourquoi s’étonner
que les oligopoles deviennent de plus en
plus grands et puissants puisque c’est
la loi inéluctable de l’économie
politique capitaliste ? Le capital
appelle le capital dans une roue sans
fin jusqu’à l’implosion du système
d’accumulation. Pourquoi s’offusquer que
les profits soient en hausse, ce qui
apparemment contredit la théorie
marxiste de la baisse tendancielle
du taux de profit moyen ?
Davantage de profits ne devrait-il pas
générer davantage d’investissement et
plus d’emplois ?
Le journal
The Economist écrit : « L’Amérique
était une terre d’opportunité et
d’optimisme. Maintenant, l’opportunité
semble être réservée à l’élite : deux
tiers des étatsuniens croient que
l’économie est pipée en faveur
d’intérêts particuliers (…) le
retour sur investissement des
entreprises est 40% plus élevé à
domicile qu’à l’étranger (…) L’Amérique
est censée être le temple de la
libre-entreprise. Elle ne l’est pas »
conclu l’analyste du journal financier.
Il ajoute : « Le problème vient d’un
manque de concurrence, du fait d’une
vague de 10 000 milliards de dollars
US de fusions donnant un pouvoir
excessif à quelques oligopoles
gigantesques sur le marché boursier.
Il note aussi que les grandes
plateformes techniques comme Google,
Facebook, Microsoft,
Apple, Uber, Alibaba,
doivent être étudiées de près : « elles
peuvent bien ne pas être encore des
monopoles en captation de rentes,
mais les investisseurs les valorisent
comme si elles allaient un jour le
devenir » et le journal financier
accuse certains actionnaires
d’entreprises concurrentes de pousser à
des formes d’ententes de
non-concurrence. Suis un dossier ou le
scribe rappelle le niveau record des
profits et la concentration grandissante
d’actifs sur les marchés boursiers. Le
journal pointe aussi l’anomalie du
maintien d’un tel niveau de profits,
quand, dans l’histoire, les pics étaient
rapidement suivis d’une forte baisse. Et
c’est ici que The Economist
sort le chat du sac.
Le quotidien
londonien en appelle à plus de
concurrence et moins de règlements sur
les marchés boursiers. En effet, les
règlements bancaires mondiaux entravent
les capacités, pour les multinationales
n’ayant pas leur siège social aux
États-Unis ou en Europe, de pénétrer
aisément le marché bancaire occidental
pour venir y mener la guerre financière
aux dangereux oligopoles technologiques
accaparant tout le capital circulant et
même davantage, à savoir, du capital
fictif et évanescent (de la monnaie
crédit sans valeur), une bombe à
retardement de destruction massive
déposée sur le parquet des bourses
mondiales pleurniche le journal
financier.
The Economist
n’est pas devenu l’organe officiel de la
gauche occidentale, détrompez-vous. Le
journal joue simplement son rôle de « lanceur
d’alerte » auprès de sa classe
capitaliste hégémonique. D’abord, il est
plus qu’étrange que la récession
s’éternisant aux États-Unis, comme dans
tout l’Occident, et la production
globale stagnant – les profits soient de
16 % sur investissement en cette
période de récession prolongée ! D’où
émane cette plus-value transformée en
profit, en intérêt et en dividende sur
investissement puisqu’il y a de moins en
moins d’investissement ? Viendrait-elle
des opérations d’émission d’argent de
Monopoly (monkey money), ces
Quantitative Easing, et ces
crédits bancaires que les banques
centrales et les banques de second rang
essaiment à tout vent (FED et BCE,
Banque du Japon, Banque de Chine,
etc.) ?
Il y aura
nécessairement un prix élevé à payer
quand la bulle financière éclatera
inéluctablement pense le graphomane du
quotidien financier. Ayant capté
d’immenses valeurs capitalistiques, dont
certaines ne sont que de la monnaie de
crédit adossé à une pyramide de Ponzi,
des montages financiers de titres
toxiques fictifs dérivés (de l’emprunt
sur de la plus-value anticipée qui
risque de ne jamais se matérialiser),
des millions de porteurs seront jetés
sur le pavé en moins d’une journée, ce
qui aura des répercussions sur
l’ensemble des marchés boursiers et
particulièrement sur les titres
manufacturiers qui seront alors en
manque de liquidité – alors qu’ils en
disposent d’une surabondance
présentement – et seront coupés de leurs
marchés effondrés. Ce krach s’amorçant
aux États-Unis, les autres marchés
boursiers, ceux de Chine et de Russie
notamment, moins bien intégrés au vaste
marché financier occidental par la faute
de l’Occident qui les boycotte,
bénéficieront de cet avantage pour
fermer leurs marchés aux secousses
sismiques américaines et européennes. Le
boomerang financier de l’isolement se
retournera contre les boursicoteurs et
contre les « banksteurs » occidentaux
qui seront les premiers à casquer
avertit l’analyste financier. À
contrario, les titres manufacturiers
inscrits dans les bourses chinoises,
russes, indiennes renchériront et les
monopoles manufacturiers (producteurs de
plus-value) de ces pays « émergents » en
profiteront pour s’emparer des marchés
qui leur étaient jusqu’là fermés. Autant
dire l’apocalypse pour l’Amérique.
Ne parlons pas de
la déflation et du dollar US en
chute libre, qui ne sera plus que
l’ombre de lui-même, délaissé par tous y
compris dans sa mère patrie (1). La
Grande dépression à l’horizon dont
bénéficieront les concurrents qu’ils
seraient bons d’attacher immédiatement
au char étatsunien plutôt que de les
laisser naviguer librement. C’est la
politique que préconise Donald Trump
si vous ne le saviez pas « Laissez venir
à moi nos plus grands concurrents que
nous les étreignons fortement » disaient
le capo di capi de la mafia financière.
Ce scénario
catastrophe anticipé par les scribes du
journal The Economist
montre bien que ce ne sont pas les
actionnaires ni les États bourgeois qui
font la loi – ni les lois – du mode de
production capitaliste. Ces lois sont
inscrites dans le code génétique du
système et le rôle des analystes
bourgeois est de les comprendre et de
lancer des alertes pour tenter de parer
les coups anticipés ou du moins d’en
amoindrir ou d’en répartir les retombées
catastrophiques sur le plus grand nombre
d’agents économiques – sur la classe des
travailleurs salariés en priorité. Le
journal lance l’alerte, l’unité des
banquiers du monde entier doit être
recréer, et les profits doivent répartis
entre les mieux-nantis de tous les pays
face à l’insurrection populaire
appréhendée qui pourrait dégénérer en
révolution prolétarienne avertit le
plumitif.

Les prolétaires du
monde entier n’ont que faire de ces
« alertes » aux profits bidons, non plus
que de la chasse à l’évasion fiscale
dans les paradis offshores où des
monceaux de capitaux sans
valeur transitent pour se purger de leur
« citoyenneté » (2). La classe
prolétarienne en prend acte comme d’un
signe avant-coureur de la déflation
qui précèdera la Grande dépression
qui précèdera la prochaine guerre
mondiale et alors nous serons en
position de profiter de l’occasion pour
chasser ces oligarques, les petits
bourgeois à leur solde, et pour abattre
ce mode de production décadent ?
Références :
(1)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/deflation-le-dernier-tourment-avant-la-grande-depression/
(2)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-panama-papers-la-fraude-frauduleuse/
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