Opinion
Effondrement du prix du pétrole,
comment, pourquoi, conséquences ?
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Jeudi 5 mars 2015
http://www.les7duquebec.com/...
Le prix du pétrole chute drastiquement
Le comportement du
marché des énergies fossiles et
l’affaissement du prix du baril depuis
quelques mois posent une énigme aux
géostratèges de l’économie politique
internationale. Le prix du baril est
passé de 140,00 USD en 2008 à 49,00 $ en
mars 2015,
une chute drastique, comment,
pourquoi et avec quelles conséquences ?
(1)
Deux motifs peuvent expliquer de telles
fluctuations
A)
Surchauffe de la production. Soit
que la production de pétrole et de gaz a
augmenté énormément à l’échelle mondiale
et trop de barils est à la poursuite de
trop peu de clients ce qui, selon la loi
de l’offre et de la demande, entraîne un
réajustement fluctuant du prix moyen
courant. Comme les prix pratiqués sur
les marchés domestiques sont des prix
oligopolistiques, n’espérer pas
bénéficier très longtemps de ces baisses
de prix significatifs. Les rendements
sur le carburant vont simplement
s’améliorer.
B)
Récession de l’économie. Soit que la
demande d’énergies fossiles s’effondre
parce que des énergies de remplacement
concurrencent le pétrole, ou alors,
l’activité économique globale –
particulièrement l’activité industrielle
grande consommatrice d’énergie –
s’affaisse, ce qui normalement devrait
amener les multinationales productrices
à réajuster leur production à la baisse.
Les grandes multinationales productrices
refusent de réduire leur production et
d’abandonner leurs marchés à l’Arabie
Saoudite, premier consortium producteur
mondial. Une guerre entre chacals a donc
lieu dans les hautes sphères du capital.
C’est que la
multinationale saoudienne du pétrole a
décidé de se désolidariser de son
Prométhée
américain – à qui elle tient tête
plus souvent depuis quelque temps – et
de jouer sa propre partition économique
et politique sur la scène
internationale. Le trust saoudien du
pétrole a décidé d’en découdre avec ses
concurrents et de s’emparer de leur
marché. Il est facile d’observer les
contradictions entre le mentor
impérialiste américain et l’impérialisme
saoudien. Depuis des mois la presse «mainstream»
a reçu l’ordre de critiquer ouvertement
ce pouvoir monarchiste-fasciste dans ses
pratiques réactionnaires séculaires.
Les États-Unis qui
produisent maintenant du pétrole et du
gaz de schiste, très coûteux à extraire,
n’aiment pas cette décision saoudienne,
mais ils peuvent s’en satisfaire, car
ils sont devenus autosuffisants en
pétrole et ne sont pas fâchés de voir
les multinationales européennes (qui
s’approvisionnent en pétrole plus
coûteux), et les oligopoles chinois
concurrents, malmenés par l’État
terroriste du Golfe Persique.
Tout commence dans l’économie puis
s’étend à la politique, jamais l’inverse
Muni de ces
informations et de cette vision
internationale on comprend mieux les
menées impérialistes européennes et les
visées américaines divergentes en
Ukraine, aux portes de la
Russie impérialiste, grand producteur de
gaz et de pétrole alternatif, et source
d’approvisionnement pour l’Allemagne, la
France et d’autres pays impérialistes.
C’est du moins ce que le Président de
Total, Monsieur C. de Margerie,
manigançait à Moscou la veille de son
assassinat.
États-Unis – Arabie Saoudite - Iran
On observe cette
distanciation de l’économie et de la
politique impérialiste saoudienne par
rapport aux États-Unis dans le fait que
le royaume des
Saoud refuse d’acheter des
obligations d’épargne fédérale
américaines plombées. Le Royaume
commence à montrer
des signes d’impatience vis-à-vis
la politique monétaire américaine qui
risque de lui faire perdre des centaines
de milliards de dollars dévalués.
Le Royaume wahhabite mène ses
propres politiques d’agression dans les
pays arabes et il soutient ses propres
factions djihadistes. Quand le capi di
capo décline, les chefs de bande
s’entredéchirent pour conserver leur
territoire respectif et se disputer la
succession.
En contrepartie, la
Maison-Blanche autorise maintenant les
médias américains à critiquer les
pratiques féodales de cette monarchie
tribale. Des pétitions circulent aux
États-Unis, contresignées par des ONG
subventionnées et par la gauche
bourgeoise toujours prompte à adhérer
aux croisades œcuméniques (sic) pour
dénoncer les
manquements aux droits civiques en
Arabie Saoudite (ça fait plus de cent
ans qu’ils y contreviennent ces
monarques). Les affidés ont enfin
reçu l’autorisation de larmoyer, de
parader et de pétitionner.
En contrepartie
également, Washington se montre
conciliant avec
l’Iran, l’ennemi juré des Saoudiens,
et pourrait bien mettre fin à la
mascarade des négociations à propos des
centrifugeuses iraniennes, qui,
finalement, selon l’Oncle Sam, ne
serviraient plus à fabriquer des bombes
nucléaires. En prévision de cet accord
possible, sinon probable, les
Émirats arabes unis et
l’Arabie Saoudite
construisent en catastrophe des oléoducs
afin d’exporter leur pétrole autrement
que par le Golfe Persique et le Détroit
d’Ormuz, aux portes de l’Iran. Comme
vous le comprenez, économie, politique,
propagande, guerre et géographie se
tiennent et se complètent
sous le mode de production
capitaliste internationalisée et
globalisée (impérialiste).
Pourquoi la chute du prix du pétrole ?
Cette mise en
perspective internationale complétée, il
nous faut maintenant répondre à la
question initiale. L’économie politique
mondiale fait-elle face à une surchauffe
de la production de pétrole (A) ou à une
récession économique (B) ?
L'économie mondiale est entrée
dans une phase dangereuse et la crise
financière de 2008 n'est pas terminée
malgré ce qu’en disent les sous-fifres
économistes patentés. Seuls les
manipulations financières, l'utilisation
de la planche à billets et
l'appauvrissement des populations
parviennent à laisser croire qu'un
retour à la croissance est
devant l’Occident décadent.
Actuellement,
le seul discours que les gouvernements
veulent tenir c'est de relancer la
prospérité par l’approfondissement de
l'austérité avec des milliers de
faillites. Faillites des
institutions publiques (sécurité
sociale, système de retraite, assurance
chômage, santé et éducation). Le dollar
américain (et canadien)
dévalué pour favoriser les
entreprises multinationales. La BCE, la
FED, la Banque du Canada avec leurs
planches à billets ont injecté de la
«fausse monnaie» dans l’économie – de la
monnaie de singe. D’où la faillite de
petites entreprises, la concentration et
l’absorption des plus petites par les
plus grandes (concentration,
licenciements et chômage croissant en
plus des délocalisations). Pourtant,
malgré cette concentration du capital,
rien de favorable, l'économie mondiale
continue son dérapage.
Repli du capital sur les titres de
l’armement et du militaire ?
D’où la dégringolade du prix du pétrole
et la hausse des budgets de guerre, dans
une espèce de « repli » sur la valeur «
refuge » de l'armement prétendent
certains cambistes (2).
«Aux États-Unis, le
4 avril 2014, le secteur de l’armement
(indice DFI) affichait une plus-value de
42,2% par rapport au 1er avril 2013,
tandis que les trois indices généraux se
satisfaisaient de gains compris entre
12,6 et 27,4%. En Europe, l’indice
armement (indice SXPARO.Z) superforme
distinctement les deux indices généraux
de référence : l’armement a offert une
plus-value de 18,25% sur la période
considérée, tandis que le STOXX50 et
l’indice total du marché européen ne
dépassent pas, respectivement, 8 et
14,6% (Rapport 2014 du GRIP mis en ligne
sur le net). Tous les clignotants de
l'économie sont au rouge
l'indice Baltic (BDI), comme nous
l'avons vu dans le numéro 377 (GEAB),
est au plus bas, pour qu'une activité
normale se maintienne cet indice doit
être au-dessus des 2000 points, il est
actuellement sous les 600 points. Une
autre confirmation du marasme annoncé,
celui de la chute du prix des matières
premières. Enfin, la Chine ne publie
plus depuis 2013 ses statistiques sur
l'import-export» (3).
Il faut voir que
cette phase de «repli
des investissements sur la valeur refuge
de l'armement» (!) indique
clairement que le capital poursuit sa
descente aux enfers. L’armement n’est
pas une «valeur refuge» économiquement
parlant – en ce sens que la production
d’armements n’est pas productrice nette
de plus-value, sauf quand l’armement est
exporté et que cette manne ramène des
devises dans le pays d’origine. Si
l’armement est « consommé » (sic) dans
le pays producteur, elle accapare la
plus-value produite dans les autres
secteurs, car l’État paie cette
production improductive à même les taxes
et les impôts arrachés aux salariés
(directement ou indirectement via la
TVA).
La croissance des dépenses d’armements
signifie uniquement l’exacerbation des
rivalités inter capitalistes et annonce
que le bateau impérialiste mondial
s’enfonce encore davantage. Les taux
de profits mirobolants qu’indique
l’article de GEAB pour l’industrie de
l’armement signifient que ce secteur
industriel a trouvé ce moyen pour
récupérer la plus-value qui lui a été
dérobée par les secteurs du commerce et
de la finance où ces capitaux feront
bientôt défaut.
En ce qui concerne
l’indice
Baltic catastrophique (600
points),
il atteste que les matières premières ne
circulent plus autant qu’auparavant ce
qui est le signe avant-coureur du crash
industriel imminent (dont les
investissements mondiaux ont d’ailleurs
chuté au quatrième trimestre de 2014).
La crise de surproduction s’intensifie
et le non-renouvellement des moyens de
production (matières premières, énergie,
machineries et main-d’œuvre) le
confirme.
Voilà le motif profond de la chute du
prix du baril. Ce ne sont pas les
hausses de production, mais les baisses
de demande du système mondial de
production industrielle, en Chine
notamment (d’où les chiffres non publiés
des exportations chinoises), et aux
É.-U. (autosuffisant
énergétiquement), et en Europe,
où l’économie est en léthargie. Ces
indications devraient suffire pour
comprendre la dramatique fasciste autour
de «Charlie-Hebdo»
montée par les bobos au service de la
faction impérialiste européenne.
«Business as usual» dans cette affaire
terroriste à la petite semaine sur
laquelle l’impérialisme parasite afin de
dresser les ouvriers d’Occident contre
les populations arabo-musulmanes et les
ouvriers d’Orient, en prévision de
l’agression mondiale contre leur ennemi
juré la Chine impérialiste, le véritable
aspirant au trône impérial.
Il n’y a donc pas de reprise économique
et il n’y a pas de prospérité au bout du
tunnel de l’austérité. Dénoncer
l’austérité et parader ne suffiront pas
à faire reculer l’État policier
tétanisé, il faudra songer à la grève
générale illimitée.
(1)
http://prixdubaril.com/
(2)
http://www.planetoscope.com/comptes-publics/294-depenses-militaires-dans-le-monde.html
et
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_d%C3%A9penses_militaires
(3)
Croissance atone de l’économie mondiale.
http://www.lecontrarien.com/croissance-atone-pour-leconomie-mondiale-malgre-la-reprise-des-economies-avancees-05-09-2013-ocde
et Le Monde de l’économie 17.02.2015.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/17/matieres-premieres-la-chute_4558216_3234.ht
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