Les 7 du Québec
La gauche réformiste et mystificatrice
Robert Bibeau

Mercredi 4 juillet 2018 Les lois du
capital ne sont pas avantageuses pour
les salariés
« La loi
Travail n’est pas bonne pour
les salariés et pour les jeunes. Elle
ne le sera pas non plus pour l’économie
de la France. Alors que le chômage
et la précarité augmentent, en
affaiblissant les conventions
collectives au profit des accords
d’entreprise, cette loi (et les autres)
accroit la concurrence entre les
entreprises poussant à l’alignement sur
le « moins offrant » pour les salariés.
Cette logique de dumping social va
engendrer davantage de flexibilité et de
précarité et remettre en cause nombre
d’acquis sociaux » (sic) (1).
Notre collègue
Robert Gil jette un regard
dubitatif et subjectif sur ces mesures
gouvernementales dites « Loi
travail » et « Loi
SNCF ». Ainsi, notre
chroniqueur présente correctement les
conséquences de ces lois sur la majorité
des travailleurs, mais il se leurre
quand il annonce des effets négatifs
pour « l’ensemble de l’économie de
la France ». En effet, cette loi
et toutes celles que le gouvernement
français promulgue, sont faites, non pas
pour accroître l’emploi, réduire le
chômage, renforcer les « acquis
sociaux » (sic), augmenter la production
de biens et de services, ou satisfaire
les besoins de la population, mais
essentiellement pour renforcer
l’économie des riches – comprendre –
augmenter la productivité du travail
salarié tout en réduisant son coût à
l’unité – et cela est bon pour le
capital français n’en déplaise à la
gauche idéaliste et utopiste.
Ainsi, l’auteur
semble rêver d’une économie politique
alternative, et il annonce que : « Le
chômage et la précarité
sont des fléaux pour la France.
Les créations d’emplois, dans le privé
comme dans le public, sont nécessaires
pour répondre aux besoins de la société.
La stabilité et la qualité des emplois
sont non seulement gage de progrès
social et de qualité de vie pour les
salariés, mais sont un facteur de
création d’emplois. » Depuis quand
l’économie capitaliste a-t-elle pour
vocation d’améliorer la qualité de vie
des salariés ? Au temps de la croissance
et de la valorisation facile du capital,
des miettes – appelées « acquis
sociaux » par les bobos – ont
bien été accordées aux ouvriers, mais
aujourd’hui, que la crise s’abat sur le
système tout entier, la fonction de
valorisation du capital exige que l’on
retire ces avantages (que la gauche
appelle des « acquis » oubliant que rien
n’est jamais acquis sous la dictature du
capital) afin de maintenir les taux de
profits – mission ultime de ce mode de
production moribond.
L’auteur avoue son
incompréhension profonde des finalités
du mode de production capitaliste quand
il s’insurge : « Tous les pays qui
ont fait l’expérience d’une telle
réforme du droit du travail (Italie,
Espagne, Portugal, Grèce,
Allemagne) en mesurent aujourd’hui les
conséquences néfastes ». Néfastes
pour qui suis-je porté à lui demander ?
La gauche grecque au pouvoir à Athènes
est citée en exemple par
l’administration bruxelloise pour avoir
« redressé » l’économie hellénique (2).
Chacun sait qui a été sacrifié pour
« redresser », « rentabiliser » et payer
la rançon aux banquiers européens. Les
ouvriers grecs sont les plus miséreux de
l’Union européenne. Le PIB de la Grèce a
chuté de 25% et ce n’est pas fini,
d’autres ponctions sont prévues. Il
parait que Donald Trump
(populiste de droite) s’inspire du
modèle Tsipras (populiste
de gauche).
Notre collaborateur
constate cependant que : « le
Medef et les multinationales demandent
de plus en plus de protection pour
maintenir les bénéfices et les droits
des entreprises envers et contre tout et
distribuer toujours plus de
dividendes aux actionnaires, pour
mémoire pour le seul deuxième trimestre
de cette année les dividendes des
actionnaires dans le monde sont en
hausse, pour atteindre la somme folle de
372 milliards d’euros ! »
L’économie capitaliste française se
porte bien alors !?… Comme
le disait justement Tchouang Tseu : « l’on
ne sait pas ce que l’on doit admirer le
plus, la ruse des dirigeants ou
l’idiotie des gouvernés ». Que
ce soit à l’assemblé ou au sénat il
n’y a aucun salarié, ouvrier ou employé
qui siège, car malheureusement les
électeurs votent pour ceux qui les
« plument », ou alors, font la politique
de l’autruche en s’abstenant ou votant
nul, ce qui a le même résultat :
maintenir au pouvoir une petite caste de
privilégié qui vit sur notre dos ! »
(3)
Les trois pas de
danse de la gauche réformiste
La politique des
réformistes-populistes de gauche –
Podemos, Syriza, les insoumis, Québec
Solidaire, travailliste britannique,
« progressiste » mexicain, ou communiste
–socialistes – se résume
ainsi :
1) Ils font croire
que l’État bourgeois tente d’améliorer
« l’économie » en assimilant
« l’économie nationale » au « bienêtre
social » de l’État providence qu’il
faudrait défendre.
2) Ils avisent l’État bourgeois « bien
intentionné », mais égaré que
« l’économie des riches » n’ira pas
mieux et que le prolétariat souffrira de
ces mesures – programmes – lois – et
règlements dangereux qui précarisent et
paupérisent les travailleurs, comme si
l’État ne le savait pas…
3) Enfin, ils laissent entendre que
l’équipe des sous-fifres politiques au
pouvoir à Paris, à Ottawa, à Québec, à
Londres, à Mexico, à Berlin, ou à
Washington est incompétente et devrait
être remplacée par une équipe réformiste
gauchiste qui défendrait les intérêts de
la nation tout entière, celui des riches
et celui des pauvres tous égaux devant
la loi, et le bulletin de scrutin et que
c’est à travers les mascarades
électorales que le prolétariat pourra
choisir l’équipe des thuriféraires
populistes de gauche.
La bourgeoisie
n’a pas d’animosité, elle est seulement
désespérée
Pour notre part,
nous croyons que la bourgeoisie est
parfaitement compétente à défendre ses
intérêts de classe et la hausse du
chômage et la baisse du pouvoir d’achat
du prolétariat ne font pas partie de ses
intérêts, ni même de ses préoccupations,
quoique les riches n’ont pas d’aversion
particulière contre les travailleurs
salariés, et s’ils pouvaient les
avantager ils le feraient comme ils
l’ont fait dans le passé. Aujourd’hui,
ce n’est plus possible, car la
concurrence allemande, italienne,
britannique, hollandaise, russe,
chinoise a déjà effectué ces
« ajustements structurels » et les
capitalistes français n’ont plus le
choix, ils doivent mettre le Code du
travail et la rémunération du travail
salarié – et les conditions
d’exploitation de l’esclavage salarié –
au diapason de l’Europe unifiée sous
peine de périclité à l’avantage de leurs
concurrents mondialisés.
Ni les
mélenchonistes, ni les gauchistes
populistes, ni les altermondialistes, ni
la droite populiste ne peuvent enrayer –
détourner – stopper ou réguler ce
processus d’ajustement structurel et
surtout personne ne peut revenir en
arrière à l’époque précédant la
mondialisation. Le vin est versé et il
devra être ingurgité jusqu’à la lie.
Le prolétariat
français (comme les prolétaires de
plusieurs pays) a compris tout ceci –
voilà la véritable avant-garde sociale –
et il sait que les mascarades
électorales sont des jérémiades pour
inciter à « voter » pour une clique de
réformistes ou pour une autre identique,
alors qu’aucune réforme de ce système
décadent n’est envisageable. Non
camarade, les ouvriers ne votent pas
pour ceux qui les « plument », ils ne
votent pas du tout, car ces
polichinelles sont tous pareils,
incapables de résoudre les
contradictions de ce mode de production
moribond. (4)
NOTES
- Source :
Robert Gil (2018)
Toujours moins pour les uns,
toujours plus pour les autres.
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/toujours-moins-pour-les-uns-toujours-plus-pour-les-autres/
- Tsipras,
l’homme de gauche du capital grec,
sponsor et ami du parti Syriza.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/22/le-courage-des-grecs-et-de-tsipras_5319456_3232.html
- Source :
Robert Gil (2018)
Toujours moins pour les uns,
toujours plus pour les autres.
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/toujours-moins-pour-les-uns-toujours-plus-pour-les-autres/
- Robert Bibeau.
(2018) Les mascarades
électorales. L’Harmattan,
Paris. 150 pages.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-cirque-electoral-entretien-avec-robert-bibeau-sur-la-democratie-aux-etats-unis/
Reçu de Robert Bibeau pour
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