Opinion
L'économiste «marxiste» et le chef
d'État
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 4 juin 2014
Le capital ne se
partage pas il s’accumule
L’Occident de gauche célèbre un
éphémère petit prophète-économiste
du nom de
Thomas Piketty, un fumiste
que les médias à la solde offrent à
l’attention des
sous-fifres. Et pour faire bonne
mesure, les plumitifs l’ont décrété «marxiste»
afin de l’accrédité – alors qu’à
l’évidence l’auteur du pavé de 970 pages
ne connait rien à l’économie marxiste,
sauf pour qui en connaît moins que lui
(1). Un conseil, ne cherchez jamais
d’économiste marxiste du côté de
Wall Street, du
New York Times, de la rue
Saint-Jacques ou de la
Place Vendôme (pas davantage
qu’au
Journal de Montréal, au
Figaro, au
Monde ou à
Libération).
Un exégète de la
vedette filante raconte : «Ces jours-ci,
la publication aux États-Unis du livre
Le capital au XXIe siècle,
écrit par l’économiste français
Thomas Piketty, a suscité un
débat d’autant plus vif que cet essai
s’est rapidement hissé dans le
classement des meilleures ventes.
Toujours est-il qu’après avoir analysé
pendant des années les écarts de
richesse des années 20 à aujourd’hui aux
États-Unis, ce professeur à
l’École d’économie de Paris a
observé que la redistribution des
revenus allait dans la direction
suivante : des salariés vers les
détenteurs de capital. Après une brève
période au cours de laquelle la société
des rentiers et des héritiers avait
laissé sa place, au XXe siècle, à une
société de cadres et d’ingénieurs, voici
que nous sommes revenus au régime des
rentiers». L’économiste moins pédant dit
simplement que c’est la fin de
l’État providence en
Occident.
Ce mouvement de
concentration de la richesse, enclenché
dans les années 1980 s'est accéléré avec
la crise (2007-2008) et il n'y a aucune
raison que cela s'arrête. Le
coefficient de GINI qui mesure
l’inégalité des revenus de la plupart
des pays augmente aussi. Dans les pays
de l'Europe, celui-ci a pris 10 %
supplémentaires de 1985 à 2010. En
Chine, les inégalités explosent, cet
indicateur est passé de 0,412 en
2000 à 0,61 en 2010 (quand
l’indicateur marque 1 c’est
l’inégalité totale). Évidemment, les
pleureuses de la
gauche «marxiste» déclament qu'il
faut repartager la richesse. Ce qui
étonne, c’est qu’il y a un siècle qu’on
les entend pleurnicher et le partage va
de mal en pis (!)
En 2012, 155
milliards de dollars reposaient à l’abri
de l’impôt canadien dans des paradis
fiscaux selon le
Réseau pour la justice fiscale
(des économistes émulent de
Thomas Piketty). Ces sommes
planquées auraient rapporté 23,25 G$ au
fisc canadien, si elles avaient pu être
taxées, soit l’équivalent de ce que
réclament les provinces canadiennes au
gouvernement fédéral pour financer la
santé et l’éducation ou pour distribuer
des subventions aux capitalistes
provinciaux.
La richesse, ça se partage concluent
les économistes outrés, tous groupies de
Piketty.
Nous, économistes marxistes, nous
savons que la richesse ne se partage
pas, elle s’accumule sous le capitalisme
monopoliste.
Depuis l’explosion de la bulle
financière à l’automne 2008, la
progression des écarts de richesse
constatée antérieurement n’a cessé
d’augmenter ente les riches et les
pauvres. À telle enseigne qu’ici et là
on assure que les perversités inhérentes
à ces distorsions constituent, pour
reprendre les mots de Barack Obama, «Le
défi d’une génération». Un nouveau
«marxiste» serait né entre Chicago et
Washington – un autre groupie de
Piketty qui décidément fait
école parmi la grande bourgeoisie
occidentale.
Lors de son discours sur l’état
de l’Union en janvier dernier,
Obama a déclaré ceci : «
Ceux qui sont au sommet de l’échelle ne
se sont jamais aussi bien portés. Mais
les salaires moyens ont à peine bougé.
Les inégalités se sont creusées. La
mobilité ascendante est en panne».
Le chef de l’exécutif américain
s’était fait l’avocat d’une hausse du
salaire minimum dans tous les coins du
pays. Résultat ? Il a rencontré plus de
résistance que prévu quand on songe
qu’un éventail d’études sur le sujet
concluent que l’appauvrissement a le
vent en poupe».
«À cet égard, le
cas de Wal-Mart est éloquent, et surtout
révoltant. Dans tout le pays, la
rémunération moyenne de ses employés est
de 8,80 $ l’heure. Un taux réputé
être insuffisant pour vivre décemment.
Cette réalité, les patrons de la
compagnie la connaissent fort bien, mais
s’en moquent totalement. Et ce, parce
qu’ils savent que l’État compensera sur
le flanc de la nourriture en accordant
des coupons alimentaires à des
travailleurs pauvres peinant 40 heures
semaine et davantage» (1).
Partout en Europe,
mais surtout au Royaume-Uni qui est le
royaume par excellence des écarts de
richesse nous dit-on, le recours aux
banques alimentaires est désormais
si répandu que nombre d’entre elles se
disent dans l’incapacité de répondre à
la demande. La banque alimentaire «Enfant
Soleil» de Montréal se déclare
en pénurie de nourriture et réclame des
dons des riches qui font la sourde
oreille. Bref, la croissance de
l’appauvrissement est devenue un
phénomène économique prégnant et
récurrent, le seul indice en hausse avec
l’accumulation gigantesque des richesses
entre les mains des super riches.
«Une commission
chargée d’étudier la pauvreté, sous la
présidence de l’archevêque de
York
(Royaume-Uni)
a constaté que, l’an dernier, 400 000
travailleurs percevant un revenu qui les
place en dessous du seuil de pauvreté
avaient rejoint la cohorte des
travailleurs pauvres, établissant cette
dernière à 5,2 millions ou 21 % de la
force de travail du pays.
En France, l’ancienne patronne des
patrons
Laurence Parisot a jugé que
la proposition formulée par son
successeur,
Pierre Gattaz, de créer un
salaire minimum intermédiaire en dessous
du salaire minimum actuel relevait de
«La logique esclavagiste». Une
nouvelle économiste «marxiste» nous est
née (!) Le pape doit certainement
cogiter une encyclique papiste-marxiste…
après tout, il ne manque que lui dans la
confrérie des économistes «marxistes»
(sic).
Les larmes de Piketty et de ses amis
«Quand on sait que
c’est aux États-Unis, pour reprendre les
mots de
Piketty (le «marxiste» des
salons universitaires parisiens NDLR),
dans un entretien accordé au journal
Le Monde, qu’a été «
inventé un système de fiscalité
progressif sur les revenus justement
parce qu’ils avaient peur de devenir
aussi inégalitaires que l’Europe »,
il est très étonnant d’entendre certains
critiques le concernant. Parce qu’il
s’attache aux inégalités, à la pauvreté,
ici et là, on le taxe de marxiste. Parce
qu’il ose dire que la concentration
excessive des revenus et des patrimoines
commande un impôt, on use à son endroit
de l’anathème. Ce faisant, on oublie cet
enseignement d’Oliver Wendell Holmes
« lorsque je paie des impôts, j’achète
la civilisation. » Wendell Holmes
fut juge à la Cour suprême des
États-Unis» (1).
Un autre juge «marxiste» qui
s’ignorait pense ce journaliste benêt.
Comme le dit si
bien un véritable économiste marxiste :
"Les
illusionnistes de la
gauche hypocrite et les naïfs pensent
que le pouvoir politique, l’État des
riches, peut servir d’antidote à
cette injustice ostentatoire et
délirante. Ils croient – ou ils espèrent
– qu’un bon gouvernement de go-gauche ou
de droite réactionnaire pourra faire la
différence et imposer que les riches et
les entreprises privées capitalistes
payent leur «juste
part» sociale. C’est absolument
impossible. Si l’économie est en crise
systémique mondiale, c’est que les
capitalistes monopolistes mondiaux ne
peuvent inverser cette calamité et
rembourser comme par enchantement les
immenses dettes souveraines que tous les
pays impérialistes de la planète ont
contracté auprès des banquiers et qu’ils
ne peuvent rembourser. Pas un de ces
polichinelles politiques n’a, ni n’aura
jamais, l’autorisation, ni le pouvoir de
décision sur l’État policier pour
imposer que les riches et les
multinationales paient leur «juste
part» (slogan des fumistes). De
toute façon, quelle serait, selon ces
réformistes illusionnistes, la «juste
part» d’une multinationale
milliardaire qui exploite le travail
salarié des ouvriers en soutirant du
sous-sol, des rivières et des champs :
du travail salarié, toutes ces
ressources qu’ils ont expropriés sans
payer? "
Sous le capitalisme
il n'y a pas de "bon gouvernement". Le
gouvernement – l’État des riches – c'est
une bande d'employés du capital dont la
couleur varie, mais dont la mission
reste la même : faire payer les salariés
! Au fait, la France, les États-Unis,
le Royaume-Uni et le Canada ont tous des
chefs d’états capitalistes tout à fait
normaux.
(1)
http://plus.lapresse.ca/screens/4d19-fc84-53763977-956b-7e6fac1c606d%7C_0.html
Gratuit
- téléchargez :
http://www.robertbibeau.ca/VolumeDeclin.html
LE DÉCLIN DE L'IMPÉRIALISME CONTEMPORAIN
© Robert Bibeau éditeur. 2014.
ISBN : 978-2-9813297-1-4
Pour s’informer,
le webzine :
http://www.les7duquebec.com/
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