Les 7 du Québec
Trois mythes fondateurs d’Israël
Robert Bibeau

Samedi 3 août 2019 Trois mythes
fondateurs ont servi à la droite et à la
gauche politique occidentale pour
implanter la base militaire israélienne
au Moyen-Orient : 1) le mythe du
peuple et de la nation juifs. 2)
Le mythe des banquiers juifs
asservissant le monde entier. 3)
Le mythe du lobby juif et d’Israël
dirigeant l’Amérique.
Ces trois mythes
sont intimement reliés et chacun est
nécessaire à la survie des deux autres.
Afin de défendre ses intérêts au
Moyen-Orient, l’impérialisme
britannique, sur les traces de
l’impérialisme chrétien, eut l’idée
d’accréditer le mensonge de l’existence
d’un peuple « juif » à partir des
reliquats d’anachorètes et d’adeptes de
cette religion ésotérique essaimés sur
le pourtour de la Méditerranée. La palme
de la falsification historique revient à
Lord Arthur Balfour,
premier ministre britannique, qui
proclama dans une lettre ouverte : « Sa
Majesté envisage favorablement
l’établissement en Palestine d’un
Foyer national pour les Juifs. » (1)
Le mythe de la « nation juive » venait
d’être accrédité par l’homme politique
le plus puissant de son temps. Les
médias n’avaient qu’à suivre la voie.
La missive publique
de Balfour était adressée à Lord
Lionel Walter Rothschild,
banquier d’un groupuscule sioniste
britannique afin d’associer ce nouveau
peuple, cette nation nouvelle sortie
tout droit des ghettos européens, à la
haute finance abhorrée par les
prolétaires spoliés. Un conflit de
classe (capitalistes contre prolétaires)
était ainsi transformé en un conflit
racial très commode pour le grand
capital international (juifs riches
contre prolétaires pauvres). Le deuxième
mythe était né et venait accréditer le
premier.
Le Parti nazi
allemand, fit un bout de chemin sur ces
thèmes, avant que les partis politiques
occidentaux de droite – prosionistes –
et de gauche – antisionistes – prennent
le relai. Leur affrontement complice
donna naissance à l’État juif d’Israël
qu’appuyait la gauche caritative : « donner
une terre à un peuple sans terre »
(sic) et que soutenait la droite
soucieuse de : « donner un peuple
à une terre sans peuple » (sic).
En fait, gauche et droite occidentale,
tout comme les bourgeoisies
palestinienne et arabe venaient de
consentir à la création d’une base
militaire occidentale au Levant, dont la
diaspora religieuse juive formera la
chair à canon pour des décennies. Le
troisième mythe était né accréditant les
deux premiers.
Seule ombre au
tableau Yankee, le peuple palestinien,
lui, existait réellement, et occupait la
terre de ses pères depuis des
millénaires. La bourgeoisie nationale
palestinienne a vite compris qu’elle ne
pourrait récupérer ses terres, ses
pouvoirs, sa rente foncière et ses
profits qu’en se dotant d’un État
palestinien « indépendant ». (2) Et ce
fut le long martyre du peuple
palestinien pour offrir un État à sa
bourgeoisie pourrie. Un peuple qui a eu
le malheur de se trouver au mauvais
endroit (sur les terrains expropriés
pour construire la base militaire
britannique, puis américaine au Levant)
au mauvais moment.
En 2019, voici
comment Hassan Nasrallah,
secrétaire général du Hezbollah,
résume la question israélienne: « Aujourd’hui,
l’Israël subsiste seulement grâce au
soutien et à la protection des
États-Unis. Et si la
Résistance se prépare suffisamment, même
les États-Unis ne pourront pas traverser
les mers et les océans pour défendre une
entité dénuée de force intrinsèque
[…] Et entre parenthèses, les
États-Unis ne travaillent pas pour
Netanyahou, contrairement à ce que
pensent beaucoup de personnes qui
estiment qu’Israël dirige les
États-Unis, mais je considère que c’est
tout le contraire. Israël n’est
qu’un instrument moyen-oriental, ou, si
on utilise la terminologie de Son
Éminence l’Imam Khamenei, un
instrument ouest-asiatique, implanté par
les États-Unis pour assurer leur
hégémonie dans notre région et piller
nos ressources en pétrole, en gaz.
Trump ne travaille pas non plus pour
Mohammad Ben Salmane (d’Arabie
Saoudite) ni pour Mohammad Ben Zayed
(des Émirats), il ne travaille pour
personne. Trump ne considère que les
intérêts des États-Unis. » (3)
Hassan Nasrallah
est de son temps, celui du déclin de
l’impérialisme américain, et le chef de
la résistance libanaise comprend très
bien que c’est la puissance de
l’amphitryon qui fixe les paramètres de
la reconquête des terres et des
ressources. Ce n’est jamais le vassal
qui fixe les conditions de la guerre,
mais son suzerain.
Comme tout chef
politique nationaliste bourgeois, Trump
travaille pour les intérêts de sa classe
sociale – le grand capital américain.
Dans la mesure où les capitaux
israéliens sont liés aux capitaux
américains et occidentaux
(investissements croisés, échanges
d’actifs, fusion d’entreprises, partage
de contrats et de marchés, cooptation
aux conseils d’administration) les deux
entités se soutiennent mutuellement,
mais pas au-delà de leurs intérêts
rivaux. Afin de matérialiser cette
assertion, prenons l’exemple du pétrole
et du gaz naturel. Il fut un temps où le
contrôle direct – colonial – de la
ressource s’imposait afin d’en assurer
l’exploitation, la distribution, la mise
en marché et la collecte des profits.
L’occupation militaire des puits de
pétrole était alors nécessaire. Ce fut
l’époque de l’implantation de dizaines
de bases militaires américaines au
Moyen-Orient et de la création de la
plus grande base militaire occidentale:
l’Israël.
Quand l’occupation
militaire est devenue impossible, comme
au Vietnam, en Corée, à Cuba, en
Afghanistan, en Irak, au Yémen, au
Soudan et en Iran, la bourgeoisie locale
refusant de se plier aux désidératas
américains, la guerre économique et
diplomatique a été organisée : sanctions
économiques, entraves aux marchés,
campagne d’isolement diplomatique et de
dénigrement médiatique, allant jusqu’au
déclenchement de guerres civiles par des
mercenaires terroristes comme en Libye
et en Syrie.
Sous les conditions
de la crise économique systémique du
capitalisme, les puissances
impérialistes américaine et occidentales
ont de moins en moins d’intérêt à
défendre leur base militaire israélienne
au Levant et ces bourgeoisies aux abois
aimeraient bien que le caporal
Netanyahou baisse le ton et
accepte la création d’un bantoustan
palestinien emmuré en périphérie des
propriétés spoliées. Ce serait alors le
signal du désarrimage du bateau amiral
occidental du rafiot israélien en
perdition… ce que la despotique et
cruelle bourgeoisie israélienne craint
au plus haut point, d’où ses jérémiades
pour maintenir en l’état les accords
avec l’Autorité palestinienne
fantomatique.
Comme l’indique
Hassan Nasrallah, il n’y a rien à
attendre du dieu de la peste
impérialiste américain ni pour le peuple
palestinien ni pour le peuple israélien,
implanté sur ces terres spoliées qu’il
devra restituer après s’être débarrassé
– tous les deux – de leur bourgeoisie
nationale respective et des États
fantoches qui les coiffent.
NOTES
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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