Les 7 du Québec
La mascarade électorale américaine bât
la chamade !
Robert Bibeau

Mardi 3 mars 2020
L’innocuité des élections bidon
Poser la question
de la futilité des élections
présidentielles américaines (française,
russe, chinoise, allemande, canadienne,
etc.) c’est poser la question de : «Qui
gouverne ce pays – ou plutôt qui
gouverne cette économie mondialisée
financiarisée ?».
Un lecteur moins
naïf que les autres propose une réponse
qui va comme suit : «Gouverne
l’Amérique, les lobbyistes qui
ont acheté le Congrès : ceux qui
financent les campagnes électorales
américaines exigent en retour de placer
leurs hommes aux postent clés. C’est
pour cela qu’ils financent à la fois les
Républicains ET les Démocrates, ainsi
ils sont surs de gagner à tous les
coups. Cela est tellement évident
que je me demande quel degré de naïveté
il faut atteindre pour croire que
Sanders va changer quelque chose à la
gouvernance de l’Amérique. » (1)
Pourtant, ce
lecteur idéaliste se laisse berner par
Bernie et par tous les
médias bourgeois et par les acteurs de
la scène politique américaine. Ce n’est
pas un comité secret – de lobbyistes
comploteurs – qui dirige l’économie
capitaliste mondiale. Le mode de
production capitaliste est régi par des
lois impératives – intrinsèques au
système économique et tous les comités
secrets – tous les politiciens – toutes
les institutions bourgeoises nationales
et/ou internationales ont pour mandat
d’appliquer ces lois incontournables.
Ils et elles le font avec plus ou moins
de talent et de succès, c’est l’unique
critère qui différentie un gouvernement
de gauche d’un gouvernement de droite.
L’un proposera de libéraliser le crédit
et d’imprimer de l’argent à vau-l’eau
pour stimuler artificiellement la
consommation bidon, jusqu’à ce que le
pays, croulant sous l’endettement, un
parti d’opposition s’empare du contrôle
de l’appareil d’État – à l’occasion
d’une mascarade électorale bancale – et
impose une politique d’austérité afin de
forcer les salariés à rembourser les
créanciers de l’État endetté. Et ainsi,
oscille de gauche à droite le balancier
d’alternance politique du grand capital
financier (2). C’est la raison pour
laquelle nous, prolétaires
révolutionnaires nous déconseillons aux
prolétaires de participer à ces
mascarades électorales, où une faction
de la bourgeoisie (de droite) affronte
une faction de la bourgeoisie (de
gauche), et où le prolétariat est invité
à se soumettre et à renoncer à ses
droits de classe, Bernie Sanders n’étant
qu’un polichinelle de gauche dans cette
mascarade misérable (3).
La mascarade
électorale américaine est à l’image
chaotique de l’économie yankee
Les États-Unis, le
centre hégémonique de l’empire en
déclin, vivent une nouvelle période de
frénésie électoraliste comme tous les
quatre ans depuis plus de deux-cents
ans. Cette période d’apoplexie
démocratique n’apportera rien de
nouveau, pas plus que les dizaines de
mascarades électorales présidentielles
qui ont précédé. Quand je dis, les
«États-Unis» vivent sous l’hystérique
«démocratie», vous aurez compris que je
ne considère que l’Amérique dirigeante –
l’Amérique du capital, – l’Amérique de
la bourgeoisie et de la
petite-bourgeoisie – les hommes de main
et les sous-fifres des précédents. Pour
ce qui concerne le salariat, le
prolétariat et son fer de lance la
classe ouvrière américaine, si ce
n’étaient des syndicats proformats il y
a belle lurette que l’infime minorité
qui s’adonne encore à l’exercice de
«voter par devoir citoyen» aurait cessé
ce genre d’absurdité. Il est totalement
erroné de prétendre que cette Nième
mascarade électorale américaine «brosse
un tableau de la guerre des classes aux
États-Unis d’Amérique» (4).
Les meneurs de
claques de cette kermesse redondante
sont constitués des petits-bourgeois
professionnels, cléricaux, des
communications, de l’éducation, des
services gouvernementaux et de la
florissante industrie des ONG. Bref, une
large couche de salariés non producteurs
de plus-value, mais vivant de la
rémunération de l’État «providence»,
financé par les impôts des salariés;
État, qui justement est aujourd’hui
forcé à l’austérité suite à un
endettement endémique qui annonce la
faillite étatique imminente. Ce que nous
expliquions dans notre dernier
éditorial «La
crise du capitalisme s’approfondit » (5).
La source d’emploi de ces
petits-bourgeois explique leur
attachement agressif en faveur des
services publics et de la propriété
étatique des moyens de reproduction de
la force de travail. Pour le prolétariat
ouvrier, que l’employeur soit
l’entreprise privée ou l’État bourgeois
stipendié, ne change rien à son statut
de salarié exploité.
Bernie le
va-t-en-guerre
Nous ne croyons pas que l’oligarchie
yankee, le grand capital international
enfirouapé parmi d’autres capitaux
mondiaux, soit le moindrement effrayée
par le larbin politicien Bernie
Sanders, que nous avons critiqué
vertement après qu’il se soit prosterné
devant l’autel du
New York Times (6).
Dans ce sondage,
Bernie le socialiste, se couche et
atteste de sa soumission au grand
capital yankee. OUI, il envisagerait une
intervention militaire humanitaire
(comme Kouchner mentor socialiste) et,
OUI, il pourrait envisager un
bombardement préventif contre la
population de l’Iran et/ou
de la Corée du Nord.
Ce en quoi ce social-démocrate bourgeois
– millionnaire – reste fidèle aux
socialistes de la IIe
Internationale qui ont voté les crédits
de guerre impérialistes pour la Première
Guerre mondiale et aux communistes de la
3e Internationale qui ont
participé à l’effort de guerre de la
Seconde Guerre mondiale et avec la
gauche qui espère la 3e
guerre mondiale.
Pour le reste du
programme social-démocrate, Bernie présente
du réchauffé comme le collège
gratuit pour les lycéens; le système
d’assurance maladie pour tous; des
investissements sociaux de capitaux qui
n’existent pas (la dette publique
étasunienne est de 24 000 milliards
USD); des programmes que l’oligarchie
n’aura aucune peine à bloquer au Congrès
comme le jour où Obama
voulut fermer le bagne de Guantanamo.
De toute manière
Bernie ne s’approchera jamais du
trône impérial yankee, pas parce que
l’oligarchie a peur des réformistes
socialistes collaborationnistes (qu’elle
supporte de sa propagande médiatique et
de ses crédits), mais parce que la
situation préinsurrectionnelle aux
États-Unis – le niveau de tension
sociale entre le grand capital et les
masses prolétariennes – ne requiert pas
encore de faire grimper d’un cran la
fumisterie populiste réformiste pour
sauver le mode de production
capitaliste. Ça viendra peut-être, mais
l’Amérique n’en est pas encore là.
Et le New Deal vert suffit
amplement à berner les petits bourgeois
et la jeunesse enfumée.
Le prolétariat
ne doit pas se compromettre dans ces
galipettes socialistes
Sanders
participe à cette vaste mascarade
électorale bourgeoise en laissant croire
que ce mode de production et ses
rapports sociaux de production sont
soumis à la fumisterie démocratique,
c’est-à-dire à l’aimable dictature des
riches au Congrès et à la Maison
Blanche. Les militants
révolutionnaires prolétariens – ne
devraient pas se compromettre en
accréditant et en propageant ces
balivernes électoralistes comme le
firent avant eux : Allende,
Chavez, Morales, Maduro, Ortega et
tant d’autres populistes qui bercèrent
d’illusions le sommeil du prolétariat
qui aujourd’hui, après 70 ans de
somnolence
communiste-socialiste-gauchiste,
revêt le gilet jaune et rejette tout ce
qui pue la gauche
réformiste-électoraliste.
Bernie
Sanders est la pomme de tantale
et le défi que la petite-bourgeoisie
paupérisée – saquée – précarisée lance
au grand capital en contrepartie de sa
soumission si l’État peut la maintenir à
flot et lui assurer des jobs
bureaucratiques. Dans ce véritable «accord
du siècle» le prolétariat
sert de faire valoir et devrait rejeter
cette mise aux enchères de ses intérêts
de classe qui se résument à la
révolution sociale et en
l’abolition du capitalisme moribond.
Deux objectifs qui ne seront jamais
accessibles via les mascarades
électorales bourgeoises comme nous
l’écrivions en 2018 dans le livre «
La démocratie aux États-Unis » (7).

Notes
-
https://www.legrandsoir.info/pourquoi-je-ne-crois-pas-en-bernie-sanders.html
-
https://lesakerfrancophone.fr/les-primaires-du-new-hampshire-brossent-un-tableau-de-la-guerre-des-classes-contemporaine-aux-etats-unis
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https://www.legrandsoir.info/pourquoi-je-ne-crois-pas-en-bernie-sanders.html
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https://lesakerfrancophone.fr/les-primaires-du-new-hampshire-brossent-un-tableau-de-la-guerre-des-classes-contemporaine-aux-etats-unis
-
https://les7duquebec.net/archives/251206
-
https://les7duquebec.net/archives/252707
https://les7duquebec.net/archives/231044
et une brève analyse des causes
profondes du phénomène Sanders
https://les7duquebec.net/archives/252853
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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