MADANIYA
L’homme de l’année 2015
René Naba
Jeudi 31 décembre 2015
«De défaite en
défaite, jusqu’à la victoire finale».
Hommage collectif aux animateurs du
réveil des peuples colonisés du tiers
monde, grands vainqueurs des supplétifs
de la stratégie atlantiste, dont le
sacrifice a modifié la configuration
stratégique de la planète, à l’occasion
du 60 me anniversaire de la conférence
de Bandoeng (avril 1955).
En soixante ans de lutte des erreurs
ont été commises, et même des fautes.
Cela n’est pas pardonnable. Mais il
appartient aux compagnons de lutte et à
la jeunesse du Monde entraînée dans la
ferveur révolutionnaire de le dire, au
besoin de juger. Pas les ennemis.
La misère du Monde est antérieure à
leur venue au pouvoir et même l’opulente
Amérique n’a pas réussi à vaincre cette
calamité. Trente millions d’Américains
croupissent sous le seuil de la
pauvreté, au sein d’une société de
surabondance et de gaspillage.
Leur combat contre l’hégémonie
occidentale était par trop inégal. Ils
ne pouvaient libérer le Monde, alors que
pour beaucoup d’entre eux, même des plus
ardents, ne pouvaient s’affranchir du
joug atlantiste, comme en témoigne le
bagne de Guantánamo à Cuba.
Héros mythiques, indissociablement
liés dans cette aventure de la Liberté,
ils ont peuplé nos rêves de jeunesse.
Et, même, si nous aussi, nous n’avons
pas réussi dans notre tâche, nous leur
savons gré de nous avoir insufflé
l’espérance d’un avenir meilleur.
«De défaite en défaite, jusqu’à la
victoire finale» est une expression de
Victor Serge.
De son vrai nom Viktor Lvovitch
Kibaltchitch (Bruxelles, 30 décembre
1890-Mexico 17 novembre 1947),
révolutionnaire et écrivain francophone,
né en Belgique de parents russes émigrés
politiques.
Allons Camarades.
L’interpellation de Frantz Fanon aux
peuples du Tiers-Monde (Editions
François Maspero).
«Allons, camarades, il vaut mieux
décider dès maintenant de changer de
bord. La grande nuit dans laquelle nous
fûmes plongés, il nous faut la secouer
et en sortir. Le jour nouveau qui déjà
se lève doit nous trouver fermes, avisés
et résolus.
Il nous faut quitter nos rêves,
abandonner nos vieilles croyances et nos
amitiés d’avant la vie. Ne perdons pas
de temps en stériles litanies ou en
mimétismes nauséabonds. Quittons cette
Europe qui n’en finit pas de parler de
l’homme tout en le massacrant partout où
elle le rencontre, à tous les coins de
ses propres rues, à tous les coins du
monde.
Voici des siècles que l’Europe a
stoppé la progression des autres hommes
et les a asservis à ses desseins et à sa
gloire ; des siècles qu’au nom d’une
prétendue « aventure spirituelle » elle
étouffe la quasi-totalité de l’humanité.
Regardez-la aujourd’hui basculer entre
la désintégration atomique et la
désintégration spirituelle. Et pourtant,
chez elle, sur le plan des réalisations
on peut dire qu’elle a tout réussi.
L’Europe a pris la direction du monde
avec ardeur, cynisme et violence. Et
voyez combien l’ombre de ses monuments
s’étend et se multiplie. Chaque
mouvement de l’Europe a fait craquer les
limites de l’espace et celles de la
pensée.
L’Europe s’est refusée à toute
humilité, à toute modestie, mais aussi à
toute sollicitude, à toute tendresse.
Elle ne s’est montrée parcimonieuse
qu’avec l’homme, mesquine, carnassière,
homicide qu’avec l’homme. Alors, frères,
comment ne pas comprendre que nous avons
mieux à faire que de suivre cette
Europe-là.
Cette Europe qui jamais ne cessa de
parler de l’homme, jamais de proclamer
qu’elle n’était inquiète que de l’homme,
nous savons aujourd’hui de quelles
souffrances l’humanité a payé chacune
des victoires de son esprit.
Allons, camarades, le jeu européen
est définitivement terminé, il faut
trouver autre chose. Nous pouvons tout
faire aujourd’hui à condition de ne pas
singer l’Europe, à condition de ne pas
être obsédés par le désir de rattraper
l’Europe.
L’Europe a acquis une telle vitesse,
folle et désordonnée, qu’elle échappe
aujourd’hui à tout conducteur, à toute
raison et qu’elle va dans un vertige
effroyable vers des abîmes dont il vaut
mieux le plus rapidement s’éloigner
Il est bien vrai cependant qu’il nous
faut un modèle, des schèmes, des
exemples. Pour beaucoup d’entre nous, le
modèle européen est le plus exaltant.
Or, on a vu dans les pages précédentes à
quelles déconvenues nous conduisait
cette imitation. Les réalisations
européennes, la technique européenne, le
style européen, doivent cesser de nous
tenter et de nous déséquilibrer.Quand je
cherche l’homme dans la technique et
dans le style européens, je vois une
succession de négations de l’homme, une
avalanche de meurtres.
La condition humaine, les projets de
l’homme, la collaboration entre les
hommes pour des tâches qui augmentent la
totalité de l’homme sont des problèmes
neufs qui exigent de véritables
inventions.
Décidons de ne pas imiter l’Europe et
bandons nos muscles et nos cerveaux dans
une direction nouvelle. Tâchons
d’inventer l’homme total que l’Europe a
été incapable de faire triomphe.Il y a
deux siècles, une ancienne colonie
européenne s’est mise en tête de
rattraper l’Europe. Elle y a tellement
réussi que les États-Unis d’Amérique
sont devenus un monstre où les tares,
les maladies et l’inhumanité de l’Europe
ont atteint des dimensions
épouvantables.
Camarades, n’avons-nous pas autre
chose à faire que de créer une troisième
Europe? L’Occident a voulu être une
aventure de l’Esprit. C’est au nom de
l’Esprit, de l’esprit européen s’entend,
que l’Europe a justifié ses crimes et
légitimé l’esclavage dans laquelle elle
maintenait les quatre cinquièmes de
l’humanité. Oui, l’esprit européen a eu
de singuliers fondements. Toute la
réflexion européenne s’est déroulée dans
des lieux de plus en plus désertiques,
de plus en plus escarpés. On prit ainsi
l’habitude d’y rencontrer de moins en
moins l’homme.
Un dialogue permanent avec soi-même,
un narcissisme de plus en plus obscène
n’ont cessé de faire le lit à un quasi
délire où le travail cérébral devient
une souffrance, les réalités n’étant
point celles de l’homme vivant,
travaillant et se fabriquant mais des
mots, des assemblages divers de mots,
les tensions nées des significations
contenues dans les mots. Il s’est
cependant trouvé des européens pour
convier les travailleurs européens à
briser ce narcissisme et à rompre avec
cette déréalisation.
Conclusion
D’une manière générale, les
travailleurs européens n’ont pas répondu
à ces appels. C’est que les travailleurs
se sont crus, eux aussi, concernés par
l’aventure prodigieuse de l’Esprit
européen.
Tous les éléments d’une solution aux
grands problèmes de l’humanité ont, à
des moments différents, existé dans la
pensée de l’Europe. Mais l’action des
hommes européens n’a pas réalisé la
mission qui lui revenait et qui
consistait à peser avec violence sur ces
éléments, à modifier leur arrangement,
leur être, à les changer, enfin à porter
le problème de l’homme à un niveau
incomparablement supérieur.
Aujourd’hui, nous assistons à une
stase de l’Europe. Fuyons, camarades, ce
mouvement immobile où la dialectique,
petit à petit, s’est muée en logique de
l’équilibre. Reprenons la question de la
réalité cérébrale, de la masse cérébrale
de toute l’humanité dont il faut
multiplier les connexions, diversifier
les réseaux et ré humaniser les
messages.
Allons frères, nous avons beaucoup
trop de travail pour nous amuser des
jeux d’arrière-garde. L’Europe a fait ce
qu’elle devait faire et somme toute elle
l’a bien fait ; cessons de l’accuser
mais disons lui fermement qu’elle ne
doit plus continuer à faire tant de
bruit. Nous n’avons plus à la craindre,
cessons donc de l’envier. Le Tiers-Monde
est aujourd’hui en face de l’Europe
comme une masse colossale dont le projet
doit être d’essayer de résoudre les
problèmes auxquels cette Europe n’a pas
su apporter de solutions.
Mais alors, il importe de ne point
parler rendement, de ne point parler
intensification, de ne point parier
rythmes. Non, il ne s’agit pas de retour
à la Nature. Il s’agit très concrètement
de ne pas tirer les hommes dans des
directions qui les mutilent, de ne pas
imposer au cerveau des rythmes qui
rapidement l’oblitèrent et le
détraquent. Il ne faut pas, sous le
prétexte de rattraper, bousculer
l’homme, l’arracher de lui-même, de son
intimité, le briser, le tuer. Non, nous
ne voulons rattraper personne.
Mais nous voulons marcher tout le
temps, la nuit et le jour, en compagnie
de l’homme, de tous les hommes. Il
s’agit de ne pas étirer la caravane, car
alors, chaque rang perçoit à peine celui
qui le précède et les hommes qui ne se
reconnaissent plus, se rencontrent de
moins en moins, se parlent de moins en
moins.
L’Europe s’est refusée à toute
humilité, à toute modestie, mais aussi à
toute sollicitude, à toute tendresse.
Elle ne s’est montrée parcimonieuse
qu’avec l’homme, mesquine, carnassière,
homicide qu’avec l’homme. Alors, frères,
comment ne pas comprendre que nous avons
mieux à faire que de suivre cette
Europe-là.
Cette Europe qui jamais ne cessa de
parler de l’homme, jamais de proclamer
qu’elle n’était inquiète que de l’homme,
nous savons aujourd’hui de quelles
souffrances l’humanité a payé chacune
des victoires de son esprit.
Allons, camarades, le jeu européen
est définitivement terminé, il faut
trouver autre chose. Nous pouvons tout
faire aujourd’hui à condition de ne pas
singer l’Europe, à condition de ne pas
être obsédés par le désir de rattraper
l’Europe.
L’Europe a acquis une telle vitesse,
folle et désordonnée, qu’elle échappe
aujourd’hui à tout conducteur, à toute
raison et qu’elle va dans un vertige
effroyable vers des abîmes dont il vaut
mieux le plus rapidement s’éloigner
Il est bien vrai cependant qu’il nous
faut un modèle, des schèmes, des
exemples. Pour beaucoup d’entre nous, le
modèle européen est le plus exaltant.
Or, on a vu dans les pages précédentes à
quelles déconvenues nous conduisait
cette imitation. Les réalisations
européennes, la technique européenne, le
style européen, doivent cesser de nous
tenter et de nous déséquilibrer.Quand je
cherche l’homme dans la technique et
dans le style européens, je vois une
succession de négations de l’homme, une
avalanche de meurtres.
La condition humaine, les projets de
l’homme, la collaboration entre les
hommes pour des tâches qui augmentent la
totalité de l’homme sont des problèmes
neufs qui exigent de véritables
inventions. Décidons de ne pas imiter
l’Europe et bandons nos muscles et nos
cerveaux dans une direction nouvelle.
Tâchons d’inventer l’homme total que
l’Europe a été incapable de faire
triomphe.Il y a deux siècles, une
ancienne colonie européenne s’est mise
en tête de rattraper l’Europe. Elle y a
tellement réussi que les États-Unis
d’Amérique sont devenus un monstre où
les tares, les maladies et l’inhumanité
de l’Europe ont atteint des dimensions
épouvantables.
Camarades, n’avons-nous pas autre
chose à faire que de créer une troisième
Europe? L’Occident a voulu être une
aventure de l’Esprit. C’est au nom de
l’Esprit, de l’esprit européen s’entend,
que l’Europe a justifié ses crimes et
légitimé l’esclavage dans laquelle elle
maintenait les quatre cinquièmes de
l’humanité. Oui, l’esprit européen a eu
de singuliers fondements. Toute la
réflexion européenne s’est déroulée dans
des lieux de plus en plus désertiques,
de plus en plus escarpés. On prit ainsi
l’habitude d’y rencontrer de moins en
moins l’homme.
Un dialogue permanent avec soi-même,
un narcissisme de plus en plus obscène
n’ont cessé de faire le lit à un quasi
délire où le travail cérébral devient
une souffrance, les réalités n’étant
point celles de l’homme vivant,
travaillant et se fabriquant mais des
mots, des assemblages divers de mots,
les tensions nées des significations
contenues dans les mots. Il s’est
cependant trouvé des européens pour
convier les travailleurs européens à
briser ce narcissisme et à rompre avec
cette déréalisation. »
Antonio Machado, Caminante
no hay camino Extracto de Proverbios y
cantares (XXIX)
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino.
Marcheur, ce sont tes traces
ce chemin, et rien de plus;
Marcheur, il n’y a pas de chemin,
Le chemin se construit en marchant.
En marchant se construit le chemin.
Traduction de José Parets-LLorca
Asie
Ho Chi Minh et Nguyen Van Giap
(Vietnam), Mao Tsé Toung et Chou En Lai
(Chine), Mahatma Ghandi, Jawaharlal
Nehru et Kirshna Mennon (Inde), Ahmad
Soekarno (Indonésie), Mohamad Mossadegh
et Ruhollah Khomeiny (Iran), Soghomon
Tehlirian, Archavir Chiragian et Aram
Yerganian (Opération Némésis-Arménie).
Amérique Latine
Fidel Castro et Camilio Gorarian
Cienfuegos (Cuba), Ernesto Che Guevara
de la Serna (Argentine), Jacobo Arbenz
Guzmán (Guatemala), Salvador Allende
(Chili), Don Helder Camara (Brésil),
Raul Sendic (Uruguay), Camilio Torres
Restrepo (Colombie), sus commandante
Marocs (Mexique), Hugo Chavez
(Venezuela), Evo Morales (Bolivie) et
Rafael Correa (Équateur)
Monde Arabe
Gamal Abdel Nasser et Abdel Moneim
Riyad (Égypte), Houari Boumediene, Ahmad
Ben Bella, Larbi Ben M’Hidi et Ali La
pointe de son vrai nom Ammar Ali et le
petit Omar son camarade de lutte
(Algérie). Yasser Arafat, Georges
Habbache, Khalil Al Wazir (Abou Djihad),
Mgr Hilarion Capucci, (Palestine). Mehdi
Ben Barka et Omar Benjelloun (Maroc).
Farhat Hached et Mohamad Bouazizi
(Tunisie). Abdel Khaled Mahjoub et
Hachem Al Atta (Soudan), Abdel Kawi
Makkaoui, Abdel Fattah Ismail, Ali
Nasser Mohamad Salem Robaye Ali (Yémen
du sud). Sayyed Hassan Nasrallah, Samir
Kintar, Georges Ibrahim Abdallah et
Farjallah Helou (Liban).
Afrique
Nelson Mandela, Stephen Bantou Bio-
Steve Biko (Afrique du Sud), Patrice
Lumumba (Congo Kinshasa), Félix Moumié
et Ruben Um Nyobé (Cameroun), Modibo
Keita (Mali), Samora Machel
(Mozambique), Amilcar Cabral (Guinée
Bissau), Holden Roberto et Augustino
Neto (Angola) Thomas Sankara (Burkina
Faso) et Jerry Rawlings (Ghana).
Océanie
Jean Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné
(Kanak-Nouvelle Calédonie)
États Unis
Martin Luther King, Rosa Parks,
Stokely Carmichael (Kwame Ture), Malcolm
X, Tom Hayden et Scott Camil (anti war
veterans-Vietnam).
France
Francis Jeanson, Henri Alleg, le
Général Paris de la Bollardière,
François Maspéro, Aimé Césaire et Frantz
Fanon
Djamila Bouhired et Zohra Drif
(Algérie), Leila Khaled et Dalal Al
Moghrabi (Palestine), Soha Béchara
(Liban), Myriam Makeba, «Mama Africa»,
la grande dame de la chanson
sud-africaine anti-apartheid.
Que leur mémoire dans la conscience
politique des peuples en lutte pour leur
liberté vive éternellement
Hasta la victoria siempre – Ernesto
Che Guevara de la Sierna
Références
- Le procès de la colonisation
française et autres textes de
jeunesse choisis et présentés par
Alain Ruscio- Le temps des cerises
- « Discours sur le colonialisme,
suivi du discours sur la négritude »
Aimé Césaire – Présence Africaine
- « Une modeste passion » Antonio
Skarneta – Point-virgule.
- « Les Damnés de la Terre »
Frantz Fanon. Ed. François Maspero.
Paris. 1961.
- Le Rapport Brazza. Mission
d’enquête du Congo : rapport et
documents (1905-1907)», préface de
Catherine Coquery-Vidrovitch, Le
Passager clandestin, Neuvy
en-Champagne, 2014, 305 pages.
-
http://www.renenaba.com/hispaniland-un-role-galvanisateur-dans-la-dynamique-contestataire-de-lordre-mondial/
-
http://www.renenaba.com/liban-diaspora-12/
- L’Afrique et l’Amérique latine,
base arrière de la guerre
souterraine planétaire entre Israël
et le Hezbollah
http://www.renenaba.com/liban-diaspora-2/2/
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