MADANIYA
Du crime, de son instrumentalisation et
du chantage exercé à propos de Jamal
Khashoggi
Par «Un collectif de Démocrates Syriens»

Jeudi 22 novembre 2018
Note : La
rédaction de www.madaniya.info s’est
assurée de l’identité des membres de ce
collectif avant d’assurer l’adaptation
de ce texte en version française.
Pour le lecteur arabophone, la
version arabe se situe dans le
prolongement du texte français
Principaux
points
- L’assassinat
de la journaliste américaine
d’origine libanaise Serena Shim en
Turquie et de l’Ambassadeur de
Russie à Ankara n’ont pas donné lieu
à la constitution d’une commission
d’enquête internationale.
- Sourde lutte
d’influence entre la Turquie et
l’Arabie saoudite pour le leadership
sur le Monde sunnite
- Jamal
Khashoggi, opposant notoire à
l’opposition démocratique syrienne,
ferme partisan de la guerre de Syrie
et du Yémen.
- Les gains
turcs dans cette affaire:
Renonciation de l’Arabie Saoudite à
tout rôle dans le conflit de Syrie
et blanc-seing américain à l’Est de
l’Euphrate contre les alliés kurdes
des Etats Unis.
- Jamal Kashoggi,
sous-marin des services de
renseignements saoudiens auprès des
«Arabes afghans» et poisson pilote
de la normalisation
saoudo-israélienne
- Jamal
Khashoggi, «fiers de ses origines
turques », mais les services turcs
«réticents» à son égard en raison de
son mariage secret avec une
égyptienne non affiliée à la
Confrérie des Frères Musulmans, peu
de temps avec ses fiançailles avec
une turque.
Note de la
Rédaction www.madaniya.info
Prologue : De la
dualité du comportement des pays
occidentaux vis-à-vis des crimes commis
dans des pays alliés: les cas de Rafic
Hariri (Liban) et de Jamal Khashogi
(Turquie).
Les tribulations
du procès des assassins de Rafic Hariri
L’assassinat de
Rafic Hariri, premier ministre libanais,
Février 2005 , commensal du président
français de l’époque Jacques Chirac dont
il sera son pensionnaire posthume, a
donné lieu à un forcing diplomatique
pour la mise sur pied d’un Tribunal
spécial International, alors que le
crime s’est produit au Liban contre un
citoyen libanais, au point que
l’ambassadeur de France à Beyrouth
Bernard Emié, actuel directeur de la
DGSE, avait théorisé une «responsabilité
implicite de la Syrie» dans cet
assassinat, induisant une enquête à
charge contre la Syrie et son allié
libanais le Hezbollah.
Le zèle franco-américain de l’époque
tranche avec le mutisme du pouvoir
français et des procédés dilatoires du
président Donald Trump à propos des
responsabilités éventuelles du prince
héritier saoudien Mohamad Ben Salmane
dans le dépeçage de Jamal Kashoggi, le
journaliste saoudien dépecé au consulat
saoudien d’Istanbul le 4 octobre 2018.
Le libanais a eu droit à un Tribunal
international financé partiellement sur
les deniers des Libanais, mais pas le
chroniqueur du Washington Post, mais
néanmoins ancien sous-marin des services
saoudiens ancien auprès des « Arabes
afghans» et poisson pilote saoudien de
la normalisation saoudo israélienne. Fin
de la note
Texte du
collectif
Un mois avant
l’assassinat du premier ministre
libanais Rafic Hariri, en Février 2005,
Albert Dagher, économiste libanais de
renom, publiait une étude sur le système
de corruption instauré par le
milliardaire libano-saoudien depuis son
accession au pouvoir en 1992, soit
depuis 13 ans.
Pour aller plus
loin sur l’étude d’Albert Dagher, ces
liens :
L’assassinat de
Rafic Hariri a eu pour effet second
d’occulter cet aspect hideux de sa
gestion au point que le simple fait
d’assurer une reproduction par
photocopie du rapport de M. Dagher un
élément à charge à l’encontre de la
personne concernée dans le dossier en
voie de constitution par le juge
allemand, Detliv Mehlis, premier
enquêteur international du procès
Hariri.
Pour aller plus
loin sur le Tribunal Spécial sur le
Liban (TDSL), ce lien :
Dans une démarche
analogue visant à dégager la scène
libanaise de toute interférence dans
l’établissement d‘un acte d’accusation à
charge que projetaient les pays
Occidentaux, à neutraliser des témoins
encombrants dans le cours de l’enquête,
quatre officiers supérieurs de l’armée
libanaise ont été incarcérés
arbitrairement pendant 4 ans, avant
d’être innocentés et remis en liberté.
Entretemps, le lexique judiciaire
s’était enrichi de nouvelles expressions
telles « Faux témoin», «Témoin Roi».
Treize ans après le lancement du
processus visant à la comparution des
responsables de l’assassinat de Rafic
Hariri devant la juridiction
internationale, les noms figurant dans
le dossier d’accusation sont
radicalement différents de ceux
mentionnés dans la première phase de
l’enquête.
I – Rappel des
précédents cas d’école:
-L’assassinat de la
journaliste américaine d’origine
libanaise Serena Shim en Turquie et de
l’Ambassadeur de Russie à Ankara n’ont
pas donné lieu à la constitution d’une
commission d’enquête internationale,
alors que la Turquie réclame à cor et à
cri l’internationalisation de l’affaire
Khashoggi.
1 er cas: Serena
Shim
Journaliste
américaine d’origine libanaise,
correspondante de Press Tv dans le
secteur de Kobbané -Ain Arab) en Syrie,
Serena Shim a été tuée en octobre 2014
dans un accident prémédité en Turquie
dans la foulée de ses révélations sur
les camions de La FAO, (Organisation
Mondiale de l’Alimentation), servant au
transport des armes et aux combattants
pour le front syrien. Sa mort suspecte
n’a suscité la moindre attention ni de
la part de la presse turque ni de la
presse américaine, en dépit d’une vidéo
qu’elle avait mise en ligne faisant état
des menaces de mort proférées à son
encontre par les services turcs.
2 me cas d’école
: Alexandre Karlov, ambassadeur de
Russie en Turquie.
Le diplomate a été
assassiné à Ankara sous les caméras de
chaînes de TV internationales, il y a
deux ans. L’enquête a duré deux ans,
sans la moindre interférence
internationale, alors que l’assassinat
concernait un ressortissant étranger
commis sur le territoire de la Turquie
Au vu de ce qui
précède, la question se pose de savoir
si Jamal Khashoggi est plus important
que ces personnes précitées pour que le
Washington Post se mette totalement au
service du défunt, que la chaîne qatarie
se transforme en chaîne Khashoggi
consacrant quasi exclusivement ses
bulletins d’information à la couverture
de l’affaire depuis le 2 octobre 2018 ;
Que Yasin Aktay, le
conseiller du président turc, se dévoue
à faire fuiter quotidiennement des
informations concernant le contenu des
conversations téléphoniques entre le
consulat saoudien à Istanbul et le monde
extérieur, enregistrées par les services
turcs, nonobstant le fait que la
divulgation de la part du pays du siège
de tout enregistrement d’un pays hôte
constitue une violation de la convention
de Vienne sur les immunités
diplomatiques (Convention du 18 avril
1961).
Le point d’orgue de
ses initiatives post mortem aura été la
séance de condoléances organisée à
Téhéran à la mémoire de Jamal Khashoggi,
un homme qui avait réclamé à cor et à
cri le bombardement de l’Iran et non
seulement l’abrogation de l’accord
international sur le nucléaire iranien.
Un des avocats d’Al Jazeera a été
jusqu’à réclamer la convocation d’une
réunion du Conseil de sécurité en vue de
l’adoption d’une résolution, sous le
chapitre VII de la charte, -prévoyant le
recours à la force en vue de sa mise en
œuvre-, en vue d’ouvrir la voie à une
internationalisation de l’affaire.
Quant à M. Chantiki, membre de la
confrérie des Frères Musulmans, il
n’hésite à pronostiquer publiquement «la
fin politique de Mohamad Ben Salmane, le
prince héritier saoudien», que la rumeur
publique désigne comme le donneur
d’ordre de ce massacre épouvantable, et
le prix que doivent percevoir la Turquie
et le Qatar du fait de l’assassinat du
journaliste saoudien.
II- Du crime
odieux à un enjeu régional sous tendant
la lutte pour le leadership du Monde
sunnite.
Comment
l’assassinat de Jamal Khashoggi s’est
transformé d’un crime odieux,
condamnable sans réserve, en un enjeu
régional et international, à
l’arrière-plan d’une compétition pour le
leadership di Monde sunnite entre le
président turc Erdogan et l’Arabie
saoudite? Un enjeu majeur de la
prochaine bataille présidentielle
américaine visant à la reconduction du
Président Donald Trump pour un second
mandat ?
Le Qatar va-t-il réussir à transformer
le crime du consulat en une «révolution
contre le consulat et le palais royal»
saoudien ?
Le journaliste libanais Talal Salmane,
ancien directeur du quotidien «As Safir»
a qualifié à juste titre la dépouille de
Jamal Khashoggi de «cadavre le plus cher
au monde», en ce que bon nombre de
services xe renseignements à travers le
monde cherchent à transformer ce crime
en un ouragan dévastateur.
III- Jamal
Khashoggi, un opposant résolu à
l’opposition démocratique syrienne.
La politisation de
l’assassinat du journaliste saoudien
dessert la cause de la justice. Loin
s’en faut. Elle n‘empêchera de disculper
les vrais coupables de leurs
responsabilités. Dans un monde où la
justice a cessé d’être une valeur
prioritaire, les divers protagonistes
chercheront à tirer profit du cadavre de
Jamal Khahsoggi pour leur marchander en
en tirant le meilleur profit.
A- Le cas du
docteur Aziz Al Kheir
Comparaison n’est
pas raison. Il n’est pas indifférent de
noter à ce propos le cas d’un opposant
syrien similaire à celui du saoudien,
quand bien même leur parcours était
radicalement différent: le cas du
Docteur Aziz Al Kheir, intercepté sur un
barrage de l’armée de l’air syrienne, à
la sortie de l’aéroport de Damas, en
2012, ainsi que les ruses et les
promesses formulées tant par le pouvoir
syrien que par les Iraniens et les
Russes à son sujet. En vain.
Contrairement au Saoudien, un grand
serviteur des services de renseignements
de son pays durant la guerre anti
soviétique d’Afghanistan (1979-1989),
Aziz Al Kheir a combattu contre la
tyrannie dans son pays, pour la liberté,
la justice et la dignité humaine.
Sur le parcours de
Jamal Khashoggi, ce lien
B- Jamal
Khashoggi sur la même longueur d’onde
que les Saoudiens
Jamal Khashoggi,
membre de la nomenklatura saoudienne,
n’a pas hésité à accuser les chefs de
l’opposition démocratique syrienne
d’être des «suppôts du régime syrien »,
alors que les dirigeants de cette
opposition Aziz Al kheir et Haytham
Manna, s’opposaient à la militarisation
du conflit de Syrie.
Jamal Khashoggi récidivera lorsque le
duo de l’opposition démocratique
s’opposera à la participation de
groupements extrémistes à la conférence
générale de l’opposition syrienne tenue
à Riyad sous l’égide saoudienne, en
2015.
Abondant dans le
sens des thèses saoudiennes, en parfait
exécutant de la politique du pouvoir
royal, se félicitera de l’absence de
représentants de l’opposition
démocratique syrienne à la conférence
Riyad: «Par leur absence, Haytham Manna
et Saleh Mousleh, chef kurde de Syrie,
ont contribué au succès de la
conférence. Le premier prétend être un
activiste des droits de l’homme; le
second, le chef d’un parti kurde
séparatiste. Une bonne chose qu‘ils
aient été absents. S’ils avaient été
présents, la conférence aurait explosé,
non à la manière de Daech, mais en
soulevant des questions explosives ayant
trait à l’identité, aux droits des
minorités, aux droits de la femme, la
laïcité de l’état et le degré de
démocratie en Syrie».
C – Jamal
Khashoggi au diapason de la Turquie
Lors de
l’occupation par les forces turques de
la bourgade kurde d’Afrine (Nord de la
Syrie), -opération Rameau d’Olivier 20
janvier 2018- Jamal Khashoggi s’est mis
au diapason d’Ankara publiant un
éditorial retentissant en anglais sur sa
page facebook, dont copie figure dans la
version arabe de ce texte: « Its time to
divide Syria- L’heure de la partition de
la Syrie a sonné».
A dire vrai, le comportement hostile de
Jamal Khashoggi à l’égard de
l‘opposition démocratique syrienne nous
a conduit à nous abstenir de tout
commentaire sur cet assassinat et ses
connexions.
L’affaire n’est plus une question de
crimes et de châtiments. Mais un conflit
à projection géostratégique en vue de
l’instauration d’une nouvelle hégémonie
régionale.
IV – Le contexte
de l’assassinat : Les gains turcs.
L’assassinat de
Jamal Khashoggi est intervenu alors que
le cours de la livre turque était à son
plus bas niveau, à la veille des
élections américaines du mi-mandat, un
mois avant la mise en œuvre de nouvelles
sanctions américaines contre l’Iran, le
jour même de l’annonce de la fin de la
mission de Steffan Di Mistura,
l‘émissaire spécial de l’ONU pour la
Syrie.
Cet assassinat est
survenu en outre à la suite de la
révélation de la conclusion d’un accord
secret Russie-Arabie saoudite sur le
pétrole qui plongea Donald Trump dans
une noire colère, conduisant le
président américain à tenir les propos
les plus désobligeants à l’égard du
vieil allié saoudien depuis
l’établissement d’un partenariat
stratégique entre les deux pays, en 1945
(Pacte de Quincy).
Les gains turcs
Le premier mois qui
a suivi l’assassinat de Jamal Khashoggi
les autorités turques ont procédé à
l’arrestation de 700 militants du parti
des peuples de Turquie dans un silence
total en Turquie et à l’étranger.
Parallèlement,
l’Arabie saoudite s’est vue retirer
toute compétence dans la gestion du
dossier syrien, alors que la Turquie
obtenait le feu vert pour lancer une
nouvelle offensive à l’Est de
l’Euphrate, sans la moindre réaction des
Américains envers leurs alliés Kurdes.
De surcroît, la
Turquie a demandé à la Russie
l‘inclusion de ses alliés (les
groupements islamistes radicaux) au sein
du comité chargé de rédiger la future
constitution syrienne, dont ils s‘en
désintéressaient complètement et dans
laquelle ils n’avaient joué aucun rôle
auparavant. Ankara a obtenu en outre que
Moscou ferme l’œil sur le fait que la
Turquie n’ait pas respecté ses
engagements concernant le dégagement des
groupements extrémistes islamistes de la
zone de désengagement, dans le secteur
d’Idblib.
Le silence n’est
plus possible désormais. Nous avons
dénoncé, dans le passé, avec vigueur,
l’arrestation d’activistes saoudiens et
nous nous flattons de n’avoir jamais
foulé le sol saoudien ne serait-ce que
dans le cadre du petit pèlerinage (Al
Omra), dans le cadre d’un voyage VIP.
Nous n’avons jamais, non plus transporté
de valises chargées de cadeaux et
d’argent. Nous sommes donc libres de
toute contrainte et à ce titre nous ne
pouvons plus nous taire devant cette
tragi-comédie mise en scène par le
président turc pour s’autoproclamer
«Nouveau Sultan».
V- Jamal
Khashoggi, agent des services de
renseignements saoudiens, puis
collaborateur de la CIA, puis poison
pilote de la normalisation
saoudo-israélienne.
Jamal Khashoggi a
beaucoup écrit sur son expérience dans
la guerre anti soviétique d’Afghanistan,
en sa qualité d’assistant du Prince
Turki Ben Faysal, chef des services de
renseignements saoudiens, chargé par son
supérieur d’une mission d’infiltration
auprès des «arabes afghans».
Les rapports de Jamal Khashoggi avec la
CIA: la médiation auprès des opposants
chiites saoudiens.
Mais les relations
du chroniqueur du Washington Post avec
la CIA sont un secret de polichinelle.
Les rapports se sont noués dans la
décennie 1990, lorsque son supérieur, le
Prince Turki Ben Faysal, l’a chargé en
compagnie de deux turkmènes saoudiens de
négocier avec l’opposition chiite
saoudienne refugiée aux Etats Unis le
retour de certains de ses membres
dirigeants en Arabie saoudite.
Il est de notoriété
qu’une telle mission se déroulant sur le
territoire américain -et concernant des
opposants, surtout Saoudiens, un pays
couvé des yeux par les services
américains-, ne pouvait se faire sans un
minimum de coordination et de
collaboration avec la CIA.
La démarche du
Prince Turki Ben Faysal lui a d’ailleurs
permis d’ouvrir de nouveaux canaux avec
ses alliés américains, dans sa mission
d’Ambassadeur du royaume saoudien à
Washington.
La mission de Jamal
Khashoggi a été couronnée de succès avec
le retour en Arabie Saoudite des membres
de ce qui constituait l’ «Organisation
Saoudienne des Droits de l’Homme».
Turki et son frère
Khaled ont conservé les meilleurs
contacts avec Jamal Khashoggi dont il
était le chargé de contact auprès de
l‘opposition iranienne, de même que dans
ses démarches visant à normaliser les
relations entre Israël et le Royaume
saoudien.
VI – Jamal
Khashoggi et le «printemps arabe»: Le
déclin de ses parrains habituels et le
début de sa disgrâce.
Au déclenchement du
printemps arabe, en 2011, Jamal
Khashoggi a misé sur les Frères
Musulmans, faisant le pari de leur
conquête du pouvoir. Mais son euphorie
sera de courte durée avec la succession
de revers enregistrée par la confrérie
set le reflux de son pouvoir dans la
plupart des pays arabes: Perte du
pouvoir du parti An Nahda en Tunisie,
éviction du président néo-islamiste
Mohamad Morsi du pouvoir en Egypte.
Un reflux doublé
sur le plan interne par l’élimination de
ses protecteurs habituels le Clan Al
Faysal: décès de Saoud Al Faysal, frère
de Turki et ministre des Affaires
étrangères, éviction de Bandar Ben
Sultan, beau-frère de Saoud et
commandant en chef du djihadisme
planétaire pro wahhabite.
Jamal Khashoggi
s‘est ainsi subitement retrouvé hors du
cercle du pouvoir décisionnaire
saoudien, ne bénéficiant pas de la
confiance de la nouvelle équipe
dirigeante en dépit des innombrables
services rendus à la dynastie wahhabite.
En guise de lot de
consolation, Jamal Khashoggi a été
chargé des projets communs Qatar-Arabie
saoudite, notamment le projet vedette du
lancement d’une nouvelle chaîne
transfrontière saoudienne «Al Arab»
émettant depuis Doha. Mais la mission
tourna court avec la guerre
petro-monarchique contre le Qatar.
(NDLR -Le projet «Al Arab» a été repris
par le prince Walid Ben Talal, qui aura
la durée la plus courte dans les annales
des médias. Un jour. La chaîne Al Arab a
été lancée depuis Manama mais a dû
fermer au bout de 24 heures à la suite
d’une interview d’un opposant saoudien.
Fin de la note)).
Hors-jeu Jamal Khashoggi décide alors de
s’exiler vers les Etats-Unis. Sa
parfaite connaissance de la Péninsule
Arabique et des arcanes du pouvoir
saoudien l’accréditent comme chroniqueur
du Washington Post.
Journaliste opérant
depuis les Etats Unis, il fera preuve de
sobriété dans ses écrits sur le Royaume,
refusant le qualificatif d’ «opposant»,
critiquant en termes mesurés le
boycottage du Qatar.
Ferme partisan de la guerre contre le
Yémen et la Syrie, il modérera son
enthousiasme avec la prolongation de la
guerre s’inquiétant de leurs coûts
humains et économiques.
VII – Jamal
Khashoggi, fier de ses origines turques.
Au-delà de ses
déboires et de sa disgrâce, Jamal
Khashoggi demeurera «fier de ses
origines turques», de l’aveu même de
Yasin Aktay, le conseiller du président
Erdogan. Il vouera une «admiration pour
l’expérience du Parti de la Justice et
du Progrès»
Depuis son lieu d’exil, les Etats-Unis,
il multipliera les déplacements vers la
Turquie nouant des relations avec les
dirigeants du parti au pouvoir.
Mais les services de renseignements
turcs nourrissaient une méfiance à
l’égard du saoudien, en ce qu‘ils
étaient en possession d’informations sur
son récent mariage avec une égyptienne
répondant au nom de Hanane, mais qui
n’était «pas affiliée à la confrérie des
Frères Musulmans égyptiens», le parti
allié des néo-islamistes de Turquie. Un
mariage qui a précédé de peu ses
fiançailles avec Hatice Cengiz, la
fiancée turque du journaliste saoudien
et qui a quelque peu intrigué les
services turcs.
De nombreuses
questions demeurent en suspens sur cette
affaire, d’autant plus intrigante
qu’Erdogan y apparait comme un
«magicien» tirant chaque jour un pigeon
de son chapeau comme pur faire durer le
spectacle
Il ressort de
toutes ses fuites à la presse que :
- Les services
turcs ont repéré l’équipe saoudienne
dès le lancement de l’opération.
- Les autorités
turques ont découvert des produits
redoutables dans les valises
diplomatiques saoudiennes, à
l’arrivée de l’équipe saoudienne à
l’aéroport d’Istanbul.
- Les services
de renseignements ont recueilli des
enregistrements sur le plan
prémédité de l’assassinat bien avant
le transfert de l’équipe vers le
consulat et avant l‘arrivée du
journaliste à la mission saoudienne.
- La grande
question qui se pose est la
suivante: Pourquoi la Turquie
n’a-t-elle pas avisé la victime de
l’existence d’un plan visant à
l’assassiner ?
- Il ne saurait
y avoir de connivence dans cette
affaire car les services de Haqqan
Fida, chef des services turcs, ont
été purgés de tous les éléments
n’ayant pas fait allégeance au Parti
de la Justice et du Progrès.
La Turquie
compte-t-elle tirer profit de Jamal
Khashoggi mort ou vif ?
2- Des Présidents
et Vice-présidents américains ont signé
l’ordre à des assassinats extra
judiciaires contre des dirigeants
d’Amérique Latine et d’Afrique (
Salvador Allende
-Chili), Alberto Guzman (Guatemala),
Patrice Lumumba (République Démocratique
du Congo). Erdogan, lui, s’est lui livré
à des massacres répétitifs au Sud-Est de
la Turquie. Il a contraint l’armée
turque à forcer à l’exil 400.000
ressortissants syriens de la région d‘Afrine,
dans une sorte de nettoyage ethnique.
Qu’ont donc fait le
Washington Post, le Congrès américain,
les journaux appartenant au Parti de la
Justice et du Progrès devant de tels
agissements? Ont-ils ordonné une enquête
internationale?
Les Etats Unis et
la Turquie sont-ils doté d’un sens moral
si élevé pour s’autoriser à faire partie
d’une commission d’enquête
internationale?
Le Secrétaire général des Nations Unies
peut-il décider de la constitution d’une
commission d’enquête internationale sans
l’aval du Conseil de Sécurité ou du
Conseil des Droits de l’Homme?
Que signifie
l’internationalisation de l’Affaire,
alors que l’Iran la Turquie et le Qatar
réclamant dans le même temps une
internationalisation du pèlerinage de La
Mecque?.
L’Arabie saoudite
serait-elle victime d’un chantage ?
Une fois les
réponses fournies, il sera alors temps
d’engager un sérieux débat sur la
sécurité nationale au niveau régional,
sur les questions ayant trait à la
Liberté et aux Droits des peuples de la
zone.
Collectif des
Démocrates Syriens
Le 17 Novembre 2018
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le dossier
Syrie
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