MADANIYA
La marche forcée des Palestiniens
vers la reconnaissance internationale
René Naba
Vendredi 20 novembre 2015
La marche forcée des
Palestiniens vers la reconnaissance
internationale pleine et entière de
leurs droits nationaux
Le drapeau palestinien a été
hissé pour la première fois devant le
siège des Nations Unies à New York, le
30 septembre 2015, nouvelle étape dans
la marche forcée entreprise par les
Palestiniens pour la reconnaissance
internationale pleine et entière de
leurs droits nationaux par la Communauté
des Nations.
Rétrospectivement, en dépit des
flambées de violence sur terrain,
notamment la révolte des couteaux en
réplique à la judaïsation rampante de la
Palestine, particulièrement de Jérusalem
de la part du gouvernement ultra
nationaliste israélien de Benyamin
Netanyahu, 2015 apparaitra comme une
année relativement faste pour la cause
palestinienne. 2015 a en effet été
marquée par la reconnaissance par la
Suède, sur le plan européen, et d’une
dizaine d’états d’Amérique latine de «
l’Etat de Palestine ». Une
reconnaissance collective qui s’est
accompagnée de l’admission le 1 er avril
2015, -le 1 er avril, ce n’est une
blague du poisson d’avril- de la
Palestine comme 123e membre de la Cour
Pénale internationale, lui donnant droit
d’ester en justice Israël pour ses
crimes de guerre dans les territoires
sous occupation israélienne.
Ces développements diplomatiques et
juridictionnels sont intervenus trois
ans après la reconnaissance par l’ONU du
statut d’Observateur à la Palestine, le
29 novembre 2012, en dépit de
l’opposition des États-Unis et
l’abstention de la France. Ils
traduisent l’érosion de la position
diplomatique israélienne et la
dégradation de son image auprès de
l’opinion internationale où se
multiplient les appels à la mise en
œuvre d’une politique de boycottage sur
le modèle de l’apartheid sud-africain.
Retour sur cette marche forcée, près
de cent ans après la proclamation de la
« Promesse Balfour ». La promesse
portant création d’un « Foyer national
juif » sur le territoire de la Palestine
s’est révélée une mèche à combustion
lente. Elle a gangréné tout le long du
XXe siècle, dont les répercussions se
répercutent encore de nos jours sur la
vie internationale viciant complètement
la relation entre le Monde arabe et
l’Occident. Opérant avec la promesse
Balfour, « une compensation sur bien
d’autrui », la forme pernicieuse d’une
perversion triangulaire, le Royaume Uni
a ainsi justifié pleinement son titre de
« perfide Albion ».
Le combat pour la Palestine est une
œuvre de longue haleine que ne doit pas
décourager, ni le désintérêt des
gouvernements arabes à l’égard de ce qui
a longtemps été considéré comme « la
cause principale des arabes », ni la
colonisation rampante de la totalité de
la Palestine. La judaïsation de la
Palestine porte en elle les germes d’un
dépérissement de l’État Juif.
Dans cette marche forcée deux étapes
sont à signaler. Ou plutôt deux dates :
- 23 Novembre 1974, avec
l’adoption par l’Assemblée générale
des Nations Unies d’une résolution
reconnaissant le droit à
l’indépendance du peuple
palestinien, en même temps qu’un
statut d’observateur atténué. Un
strapontin en somme. Un statut qui
sera élargie en 2012, soit 38 ans
après.
- 22 novembre 1967 : La résolution
242 du Conseil de sécurité des
Nations-Unies pourtant règlement
d’ensemble du conflit israélo-arabe,
adoptée il y a 47 ans ; soit près
d’un demi-siècle.
Réactualisation en fin de
texte
ONU-OLP : LE MONDE
ARABE ET LE VOTE DE L’ONU sur la
Palestine
Beyrouth, 23 Novembre 1974
– L’adoption vendredi soir par
l’Assemblée Générale de l’ONU de deux
résolutions l’une reconnaissant le droit
à l’indépendance du peuple palestinien
et l’autre conférant à l’OLP le statut
d’observateur, quoique atténué, n’en a
pas moins été accueillie avec une très
vive satisfaction dans les pays arabes.
Complétant la série de succès
enregistrée par les états arabes au
cours de cette 29ème session de
l’Assemblée Générale, présidée par un
Arabe, le ministre algérien des affaires
étrangères, Abdel Aziz Bouteflika, et
marquée par l’apparition de M. Yasser
Arafat, le chef de la centrale
palestinienne, le vote du 22 Novembre
traduit en fait la nouvelle puissance
acquise par la communauté arabe sur la
scène internationale. Telle est
l’interprétation que l’on donne
généralement dans les capitales arabes
au scrutin du vendredi soir.
Intervenant sept ans jour pour jour
après l’adoption par le Conseil de
Sécurité de la résolution 242 qui traite
de la question palestinienne sous
l’angle humanitaire (des réfugiés), le
vote de l’ONU, qualifié par certains
commentateurs arabes d’ « historique »,
ne fait, selon eux, que réparer une «
vieille injustice ». Un journal du
Koweït va même jusqu’à affirmer samedi
que l’adoption de ces deux résolutions,
signifiant implicitement l’annulation de
la résolution 242, ouvre la voie à la
participation de l’OLP aux pourparlers
de Genève.
Au moment où diverses organisations
de la résistance palestinienne, hostiles
à un règlement négocié du conflit
israélo-arabe, se livrent à des
opérations spectaculaires, telles le
détournement du VC-10 de la British
Airways pour contester la
représentativité de l’OLP, l’adoption de
ces résolutions « maximalistes » en ce
qu’ils ne font pas référence à Israël,
contribuera vraisemblablement à
renforcer l’autorité de l’OLP et le
prestige de son chef, Yasser Arafat. Le
chef de la résistance palestinienne,
selon un influent journal de Beyrouth,
doit en effet être reçu publiquement la
semaine prochaine par M. Léonide
Brejnev.
Dans les territoires occupés par
Israël, la consécration internationale
de l’OLP, pense-t-on généralement, va
relancer l’agitation en Cisjordanie,
quasi quotidienne depuis que l’Assemblée
Générale a entamé l’examen de la
question palestinienne.
L’abstention des neuf pays de la
Communauté européenne, qui souhaitaient
qu’une référence soit faite au droit
d’Israël à l’existence, traduit les
difficultés du dialogue euro-arabe : la
réunion de travail qui devait avoir lieu
le 26 Novembre entre les pays du Marché
Commun et ceux de la Ligue Arabe a été
ajournée sine die à la demande des
arabes qui ne s’expliquent pas, dit-on,
les réticences des européens à adjoindre
à ce dialogue les palestiniens en
qualité d’observateur.
Réactualisation
-
http://www.renenaba.com/du-dialogue-euro-arabe-au-partenariat-militaire-islamo-atlantiste-contre-des-pays-arabes-seculiers/
Palestine-résolution 242
La déclinaison dégressive et
restrictive de la résolution 242 du
Conseil de sécurité des Nations Unies
portant résolution du conflit
israélo-arabe.
L’étude émane du général Élias Farhat,
Officier supérieur de l’armée libanaise,
expert stratégique.
Texte paru le 23 mars 2015
Version française par la Rédaction de
www.madanya.info
Du refus, à illégal,
à obstacle, au gel des colonies de
peuplement
En 1967, l’administration américaine
du démocrate Lyndon Johnson et de son
secrétaire d’état Dean Rusk, souscrivait
à la résolution 242 du Conseil de
sécurité du 22 Novembre 1967, portant
résolution du conflit israélo-arabe.
Ce document, adopté dans la foulée de
la 3eme guerre israélo-arabe de juin
1967, prévoyait, grosso modo, un retrait
des territoires arabes en contrepartie
de la fin de l’état de belligérance
entre Israël et les États arabes. Il ne
mentionnait le problème palestinien que
sous son angle purement humanitaire de «
juste règlement de la question des
réfugiés palestiniens ».
Le texte élaboré par le délégué
britannique, Lord Caradon, prévoyait
dans sa version française le retrait
d’Israël de TOUS les territoires arabes
occupés en juin 1967, alors que la
version anglaise se limitait à évoquer
un retrait « From Occupied Territories »
et non « FROM ALL TERRITORIES ».
Dans sa version française, un retrait
de « TOUS » les territoires, impliquait
un retrait total de l’intégralité des
territoires arabes occupés en 1967,
c’est à dire du Sinaï (Égypte), du Golan
(Syrie), de Cisjordanie et de Gaza,
ainsi que du secteur arabe de Jérusalem.
Dans sa version anglaise, l’expression «
From occupied » donnait libre cours à
interprétation.
La rédaction ambiguë du terme a donné
lieu à une vive controverse. Les Arabes
auraient dû pourtant être avisés de la
perfidie d’Albion, qui n’en était pas à
sa première perfidie les concernant
depuis la promesse Balfour portant
création d’un « foyer national juif » en
Palestine.
Les États-Unis et l’Europe
occidentale mettront à profit cette
controverse linguistique à portée
diplomatique, pour accentuer leur
soutien à Israël.
En 1973, Le Conseil de sécurité des
Nations Unies adoptait la résolution 338
confirmant de la résolution 242. La
guerre d’octobre 1973, marquée par la
destruction de la Ligne Bar Lev, a
certes permis un désengagement militaire
partiel tant sur le front égyptien
(Sinaï) que sur le front syrien
(Quneitra-Golan), sans pour autant
opérer la moindre percée sur le front
israélo-palestinien.
Au contraire, la politique de
colonisation des territoires
palestiniens occupés en 1967 a pris un
rythme intensif dans la décennie 1970.
Toutefois, sous la houlette de Jimmy
Carter (1976-1980), l’administration
démocrate décréta son « refus » de la
colonisation.
En 1980, avec l’arrivée du
républicain Ronald Reagan, chef de file
du néo conservatisme, en tandem avec la
britannique Margaret Thatcher, les États
Unis, dans une nouvelle reculade
sémantique, qui cache mal des enjeux
politiques, se sont contentés de juger «
illégale » la colonisation. L’illégalité
est certes condamnable, mais la
condamnation du caractère illégal d’un
acte n’implique pas la même puissance de
condamnation que le refus, c’est à dire
une opposition totale à un tel acte et
le refus de son acceptation.
1988, Georges Bush Sr, assurant le
service minimum, dans la fidélité à la
ligne de son mentor Ronald Reagan, se
bornera, lui à constater que les
colonies israéliennes de peuplement
constituent, tout au plus, un « obstacle
» à la paix.
Bill Clinton (1992-2000), dans une
nouvelle régression de la position
diplomatique américaine, embourbé par
ailleurs dans le scandale Monica
Lewinsky et sous menace d’une procédure
d’Impeachment, soutiendra sans
sourciller que le problème des colonies
est susceptible de négociation.
Autrement dit, qu’il ne perdait pas
espoir que ses alliés arabes, les
monarchies serviles, finissent pas
souscrire au fait accompli et fassent
pression en ce sens sur les
Palestiniens.
Georges Bush Jr (2000-2008), premier
président américain du XXI siècle, a
quasiment occulté le problème
palestinien, mettant l’accent sur la «
guerre contre le terrorisme ». Hanté par
le raid du 11 septembre 2001 contre les
symboles de l’hyperpuissance américaine,
et son projet de « Grand Moyen Orient »,
Georges Bush jr laissera son ami Ariel
Sharon, premier ministre israélien et
futur légume politique, placé en
résidence surveillée Yasser Arafat,
pourtant Prix Nobel de la Paix et chef
d’un état reconnu par plus d’une
centaine d’états à travers le Monde,
avec la complicité des monarchies arabes
et des « grandes démocraties
occidentales ».
Barack Obama (2008-2016) missionnera
deux personnalités de premier plan pour
trouver un arrangement entre Israéliens
et Palestiniens. Le sénateur George
Mitchell, lors de son premier mandat, et
John Kerry, son secrétaire d’état, lors
de son second mandat, mais les deux
émissaires américains de heurteront aux
ruses dilatoires du premier ministre
israélien en fonction, Benyamin
Netanyahu.
L’objectif prioritaire des émissaires
américains étaient d’obtenir des
Israéliens le « gel » de la colonisation
; ce qui, a contrario, donnait à penser
que l’administration américaine
souscrivait implicitement à l’annexion
des colonies.
Depuis le début du XXI me siècle,
tout arabe qui soulevait auprès de ses
interlocuteurs américains la question de
l’illégalité du mur d’apartheid entre
Jérusalem et la Cisjordanie, dont
l’édification a été pourtant condamnée
par la Cour Internationale de Justice,
ou protester contre la politique
d’annexion rampante de la Palestine, se
voyait objecter que la priorité est à
accorder à la « guerre contre le
terrorisme ».
Une telle orientation de la
diplomatie américaine est de mauvaise
augure tant pour les Palestiniens que
pour les Arabes, sans que cela dissuade
les pétromonarchies de leur vassalité à
l’égard des États-Unis, et en dépit des
rebuffades israéliennes, de courtiser
activement l’État Hébreu, pour en faire
le bouclier de leur survie dynastique.
Pour mémoire, rappelons que la lutte
armée à Gaza, et elle seule, a contraint
Israël à se retirer de l’enclave et à
démanteler les colonies de peuplement se
trouvant dans son périmètre.
Que doit on déduire de cette
évolution sémantique et de la conclusion
à tirer du précédent de Gaza ? Hors de
la lutte armée, hors de salut. Les
exemples du Vietnam, de l’Algérie en
sont la preuve vivante.
Pour aller plus loin
-
http://www.renenaba.com/la-conference-dannapolis-la-palestine-en-contrechamps/
Sur Israël
Il est temps de l’admettre. La
politique intérieure d’Israël est
l’apartheid. Par Bradley Burton,
paru dans Haaretz, le 18 août 2015.
-
http://www.ujfp.org/spip.php?article4351
-
http://www.liberation.fr/debats/2015/10/26/benyamin-netanyahou-les-yeux-grand-fermes_1408973
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