EN POINT DE MIRE
La plus importante concentration
navale de l’histoire contemporaine au
large du Golfe arabo-persique
René Naba
Lundi 13 mai 2019
Avec l'arrivée du
USS Abraham Lincoln dans le golfe, face
à l'Iran , ce lundi 13 mai, l'histoire
se répète, mais avec cette différence
majeure: En douze ans, l'Iran a, entre
temps, développé une
considérable capacité balistique, et les
Etats Unis ont essuyé revers sur revers
en Irak, en Syrie, et Israël, au Liban
face au Hezbollah et que les Houthistes
taillent des croupières aux saoudiens.
By René Naba , in
Analyse Golfe arabo-persique on 19
septembre 2007 .
La plus importante
concentration navale de l’histoire
contemporaine est déployée dans la zone
Golfe arabo-persique/Océan indien, dans
une démonstration de force américaine
sans précédent face à l’Iran, alors que
le Conseil de Sécurité des Nations-Unies
se penche le 21 septembre 2007 sur le
programme nucléaire iranien avec en
arrière plan la menace d’une
intervention américaine contre le Régime
islamique de Téhéran.
Les forces en
présence : L’armada américaine
Trois porte-avions
à propulsion nucléaire, dont le Nimitz,
le plus grand porte-avion du monde,
ainsi que le Dwight Eisenhower et le
John Stennis- soutenus par une
quarantaine de bâtiments d’escorte, et
près d’une centaine d’appareils de
l’aviation embarquée, ont été affectés à
cette zone oû ils bénéficieront de
l’appui de la gigantesque infrastructure
militaire américaine en Irak, le nouveau
champ d’expérimentation de la guerre
moderne américaine dans le Tiers-monde,
de la base navale de Manana (Bahrein),
point d’ancrage de la Vme flotte
américaine dans cette région
pétrolifère, d’Israël, le partenaire
stratégique des Etats-Unis dans la zone,
ainsi que des bases relais de Diégo
Garcia (Océan indien) et de Doha
(Qatar), qui abrite le poste de
commandement opérationnel du CentCom (le
commandement central américain) et dont
la compétence s’étend sur l’axe de crise
qui va de l’Afghanistan au Maroc.
Cette Armada, plus
substantielle que celle massée face à
l’Irak, en 2003, et face à
l’Afghanistan, en 2001, constitue la
plus importante concentration navale
depuis le déploiement occidental au
large de Beyrouth, en février 1984, qui
était intervenu après la prise de
contrôle de la capitale libanaise par
les milices chiites et les attentats
anti-occidentaux contre le quartier
général français du Drakkar (59 morts
français) et le quartier général
américain de l’aéroport de Beyrouth (212
Marines US tués).
Le porte-avions
nucléaire Nimitz est en effet accompagné
du croiseur lance-missiles Princeton et
de quatre destroyers lance-missiles
(Higgins, Chafee, John Paul Jones et
Pinckneyles), renforcés par l’escorte
des deux autres portes avions
constituant «l’Entreprise Strike Group»
: le destroyer U.S.S. McFoul, la frégate
U.S.S. Nicholas, le croiseur cuirassé
U.S.S. Leyte Gulf, le sous-marin
d’attaque U.S.S. Alexandria et le
bâtiment de soutien U.S.N.S. Supply», un
bâtiment dont l’efficacité a été
démontrée dans les affrontements en
close-combat avec les forces iraniennes
dans le golfe Persique.
Cette concentration tend à marquer la
détermination des Etats-Unis à peser,
peu ou prou, sur le programme nucléaire
iranien en faisant planer la menace
d’une intervention militaire. Les trois
porte-avions et leur escorte devant
avoir, dans l’esprit de Washington, un
effet dissuasif et «empêcher et
dissuader certains pays d’agir contre
les intérêts nationaux des Etats-Unis».
Le dispositif
iranien
Face à une telle
concentration, l’Iran a aligné une
flotte de sous-marins de fabrication
iranienne ou russe, une flotte
d’aéroglisseurs, l’une des plus
importantes du monde, de ROV (véhicules
actionnés à distance), de navires de
surface de différentes tailles, d’unités
aéroportées comprenant plusieurs
escadrons d’hélicoptères, des dragueurs
de mines et un important arsenal de
missiles antinavires. La flotte
sous-marine iranienne comprend également
des «sous-marins de poche» de
fabrication iranienne.
A en juger par un
tel dispositif, tout porte à croire que
l’Iran pratiquera la guérilla navale à
coup d’opérations commandos, comme tend
à le démontrer le dernier coup de main
contre une unité britannique au
printemps 2007 ou Téhéran avait réussi à
capturer quinze marins anglais.
Mais au vu
dispositif américain, l’Iran ne parait
pas devoir se contenter d’opérations de
harcèlement, mais pourrait moduler sa
riposte en fonction de la frappe adverse
et le cas échéant compter sur son propre
hinterland stratégique d’une densité
démographique sans pareille pour des
opérations «derrière les lignes
ennemies» avec le concours de leurs
alliés régionaux, notamment une large
fraction de l’importante communauté
chiite du Monde arabe implantée à
Bahreïn, en Arabie saoudite, dans la
région pétrolifère de l’est du Royaume,
dans la zone pétrolière du Nord du
Koweit ainsi qu’en Irak et au Liban,
dans la zone limitrophe d’Israël.
Tirant les
enseignements des trois dernières
guerres du Golfe (1979-89), 1990-1991 et
2003), l’Iran a considérablement
renforcé sa flotte militaire au cours de
la dernière décennie présentant ses
nouvelles réalisations au cours de ses
deux dernières grandes manœuvres
navales. Lors de ces exercices, en Avril
et en Août 2006, l’Iran a présenté les
derniers nés de sa flotte, notamment le
dernier torpilleur de patrouille, petit
bâtiment efficace dans l’attaque de
grands navires de guerre.
Doté d’une
technologie de pointe sans doute parmi
les plus avancés du monde notamment en
ce qui concerne les équipements
électroniques, pouvant atteindre une
vitesse de pointe de 45 nœuds, le
«Joshan» de même que son frère jumeau,
le «Peykan», disposent d’une redoutable
puissance de feu. Patrouilleur
lance-missiles, armé en supplément d’un
canon sous-marin de 76 mm, à usage
variable, le plus moderne du monde,
appelé Fajr, il peut atteindre des
cibles sous-marines et aériennes
distantes de 19 km. Il peut lancer
également plusieurs types de missiles et
des roquettes d’une portée dépassant 100
km.
L’Iran a également testé une série de
missiles antinavires mer-surface, réputé
être «le plus rapide du monde». Propulsé
à une vitesse de 362 km/h, le missile
est destiné à détruire de grands
sous-marins.
Les objectifs de
guerre et les arguments des
protagonistes
Bon nombre
d’observateurs inclinent à penser que le
président américain serait tenté par
l’option militaire contre l’Iran pour
«une sortie par le haut», selon le
jargon en vigueur ans les cercles
atlantistes, en vue de restaurer son
prestige terni par l’échec irakien et de
consacrer durablement la primauté
occidentale dans la gestion des affaires
du monde, alors que le leadership
américain est ouvertement contesté par
ses compétiteurs militaires et
économiques, la Chine, l’Inde et à un
degré moindre la Russie, l’Afrique du
sud, en ce qui concerne le leadership
moral sur l’Afrique, ainsi que le Brésil
et le Venezuela de Hugo Chavez, pour
l’Amérique latine.
L’Iran, par effet d’aubaine, a acquis
une stature de puissance régionale du
fait de la politique erratique des
Etats-Unis tant en Afghanistan qu’en
Irak, où ses rivaux idéologiques le
radicaux taliban sunnites et le laïc
baasiste irakien ont été éliminés par
leur ancien protecteur américain. Il
entend se faire reconnaître la place
qu’il estime sienne dans le concert
régional, qui était en fait sienne il y
trente ans lorsque les Américains
avaient confié au Chah d’Iran un rôle de
«super gendarme» dans le golfe en proie
alors à la rébellion communiste du
Dhofar (Sultanat d’Oman) et à la
contestation nationaliste du «Front de
Libération Nationale de la Péninsule
Arabique» tant en Arabie saoudite qu’au
Yémen que dans les Emirats pétroliers.
Les Etats
Occidentaux considèrent, pour leur part,
que la détention de l’arme atomique par
l’Iran constitue une menace à la paix
mondiale dans la mesure où le régime
islamique de Téhéran est de nature
anti-démocratique et, du fait de ses
alliances avec la Syrie et le Hezbollah
libanais, un facteur de subversion
intégriste qu’il importe de combattre au
même titre que les autres composantes de
«l’axe du mal». Ils tirent argument
supplémentaire du fait que l’Iran a
ratifié le traité de non prolifération
nucléaire qui lui commande de s’abstenir
d’accéder à la puissance militaire
nucléaire.
L’argument gagnerait en crédit si les
pays occidentaux observaient la même
rigueur juridique à l’égard des autres
protagonistes du dossier nucléaire.
L’Inde et le Pakistan, par exemple, sont
l’un comme l’autre détenteur de l’arme
atomique. Bien que ces deux puissances
asiatiques antagonistes n’aient jamais
ratifié le traité de non prolifération
nucléaire, ils bénéficient néanmoins
d’une forte coopération nucléaire de la
part des Etats-Unis et de la France.
Il en est de même d’Israël, lui aussi
non adhérent au traité de non
prolifération qui a, lui aussi,
bénéficié de la coopération active des
Etats occidentaux membres permanents du
Conseil de sécurité (Etats-Unis, France,
Grande-Bretagne) pour se doter de l‘arme
atomique et dont l’arsenal s’élèverait à
une centaine d’ogives.
En revanche, les Etats arabes notamment
l’Egypte, a dû renoncer à l’option
nucléaire sous la pression de Washington
en contrepartie d’une aide annuelle d’un
milliard de dollars, abandonnant de fait
la maîtrise de l’espace stratégique
moyen oriental à l’aviation israélienne.
En porte à faux
devant leur opinion publique dont ils
redouteraient un débordement, l’Egypte
et la Jordanie ont été autorisés, fin
2006, dans la perspective de l’épreuve
de force irano-américaine, à s’engager
dans la production nucléaire à usage
civil sous contrôle américain,
accumulant ainsi un retard technologique
de trente ans sur leur voisin israélien.
La neutralisation de l’Iran ne
répondrait donc pas exclusivement à des
considérations de formalisme juridique,
-le respect de la légalité
internationale, tant bafouée par
ailleurs par les états occidentaux
eux-mêmes-, mais relèverait aussi
d’impératifs militaires sous jacents: le
maintien d’une supériorité stratégique
d’Israël sur l‘ensemble des pays du
Moyen-orient réunis, et, au-delà, la
persistance de la mainmise occidentale
sur les réserves énergétiques de l’Asie
occidentale et le contrôle des nouveaux
oléoducs stratégiques en construction
depuis l’Asie centrale, une des
motivations latentes de l’intervention
américaine en Afghanistan et en Irak.
La dernière
transaction militaire américaine à
destination du Moyen-orient tendrait à
accréditer la thèse du primat israélien
qui trouve sa justification la plus
récente dans le comportement de
l’administration américaine à l’égard de
ses amis et alliés au Moyen-orient: le
président Bush a en effet promis à
Israël, en Août 2007, des fournitures
d’armes de l’ordre de trente milliards
de dollars sur dix ans, à titre
gracieux, en contrepartie de la vente
d’équipements militaires d’une valeur
équivalente à quatre pays arabes
représentant une population de cent
millions d’habitants.
Dans son approche des problèmes du
Moyen-orient qu’il souhaite équilibrée,
Washington offre ainsi gracieusement des
armes à Israël, pourtant déjà doté de la
bombe atomique, mais en vend, en
revanche, à ses alliés arabes, dont il
réclame pourtant avec insistance la
coopération pour sortir du bourbier
irakien. Cette distorsion de traitement
est à l’origine de bon nombre de
dysfonctionnements entre les pays
occidentaux et l’ensemble arabo-musulman
et sa persistance à l’origine des
flambées de violence cycliques
anti-occidentales.
Au-delà du
nucléaire iranien, La Révolution
Islamique Iranienne s’est heurtée dès sa
naissance, en 1979, et sous divers
prétextes, à l’ostracisme occidental,
d’abord via une guerre déclenchée par
l’irakien Saddam Hussein encouragé en
sous mains par les Américains et les
Français, ensuite par l’embargo de fait
imposé à son économie, enfin par sa
diabolisation permanente, quand bien
même les Etats-Unis instrumentalisaient
la frange la plus radicale de l’Islam
sunnite, «les talibans» afghans, dans
leur guerre contre l’Union soviétique en
Afghanistan.
Ce bras de fer
diplomatico-militaire intervient alors
que le Moyen-Orient, déstabilisé par une
série de revers militaires américains et
israéliens, est à la veille d’échéances
diplomatiques capitales: l’élection d’un
nouveau président au Liban, à l’automne
2007, la conférence de Paix du
Moyen-orient que le Président George
Bush en perte de vitesse s’emploie à
mettre sur pied, à la mi-novembre, en
vue de s’aménager une sortie honorable
de l’Histoire, la consolidation du
pouvoir politique des régimes arabes
sous perfusion permanente américaine,
notamment le premier ministre libanais
Fouad Siniora, le premier ministre
irakien Noury al-Malki, et le président
palestinien Mahmoud Abbas, ainsi que le
premier ministre israélien Ehud Olmert
déconsidéré par ses déboires militaires
au Liban, en juillet 2006.
La position
française et l’alarmisme de Bernard
Kouchner, «un tiers mondiste, deux tiers
mondain»
Dans ce contexte
hautement volatile, un homme s’est
distingué gravement, Bernard Kouchner,
le nouveau ministre français des
Affaires étrangères. Aux vertus
préventives de la diplomatie, dont il
devrait être, es qualité, le parangon,
ce médecin urgentiste secouriste des
misères du monde parait préférer les
avantages d’un bellicisme purificateur,
suscitant l’émotion de la communauté
diplomatique internationale par des
propos alarmistes sur l’Iran le 15
septembre.
De retour d’une visite en Israël, et
relayant sans doute les préoccupations
de ses interlocuteurs, Bernard Kouchner,
ce récidiviste en la matière, partisan
auparavant d’une intervention musclée en
Irak pour évincer Saddam Hussein, n’a
pas écarté l’hypothèse d’une guerre
contre l’Iran rejoignant en cela les
thèses atlantistes de son nouveau mentor
Nicolas Sarkozy, auteur d’une équation
aussi sommaire que rudimentaire «la
bombe iranienne ou le bombardement de
l’Iran», seul dirigeant au Monde
d’ailleurs à adopter ouvertement sur ce
thème un lexique identique aux
Israéliens, désignant Gaza de «Hamastan»
et le Hezbollah libanais de
«terroriste».
Ce grand bourgeois parisien, -«un tiers
mondiste, deux tiers mondain», selon le
jugement charitable de ses anciens
compagnons de route-, a souvent témoigné
de son intérêt pour les minorités
ethniques, avec une prédilection pour
celles situées dans les zones
pétrolifères, le Biafra (Nigéria), le
Kurdistan (Irak), le Darfour (Soudan),
mais ce transfuge socialiste
humanitariste a réussi le tour de force
de blanchir, contre toute évidence, la
junte birmane de l’accusation
d’esclavage des jeunes travailleurs dans
un rapport commandité par la firme
pétrolière française «Total».
Toute honte bue, il
n’a pas hésité, non plus, à revendiquer
le bénéfice de la politique menée par
son prédécesseur Dominique de Villepin,
qu’il couvrait pourtant de sarcasme,
ainsi que son nouveau parrain, pour son
hostilité à l’invasion américaine de
l’Irak.
Le Quai d’Orsay, souvent brocardé pour
sa frilosité, s’est mû en antre
d’ultra-faucons avec la propulsion de
Bernard Kouchner à sa tête et la
promotion de l’ancien ambassadeur de
France à Tel-Aviv, Gérard Araud, au
poste de Directeur des Affaires
politiques, celle de son adjoint, Michel
Miraillet, ancien deuxième conseiller à
Tel-Aviv, au poste de Directeur des
affaires internationales et stratégiques
(AIS) au Secrétariat général de la
défense nationale (SGDN), en charge de
la synthèse stratégique quotidienne,
celle enfin de Thérèse Delpech
“Directrice des affaires stratégiques au
Commissariat à l’énergie atomique”, la
nouvelle théoricienne de l’«Empire du
mal absolu» représenté, selon elle, par
le quatuor diabolique: Iran ,Syrie,
Hezbollah libanais et Hamas
palestinien).
A ce vétéran au
comportement néophyte, et à ses
collaborateurs d’un néo-conservatisme
déconsidéré par ses multiples avatars en
Afghanistan et en Irak, une salutaire
piqûre de rappel s’impose pour qu’aux
rodomontades si égoïstement valorisantes
au départ mais coûteuses en fin de
compte se substitue la prise en
considération des intérêts des divers
protagonistes.
La sortie de
crise
Il est vain et
illusoire de compartimenter les
problèmes du Moyen-orient, de découpler
le conflit d’Irak de celui de la
Palestine ou du Liban. Les combats
croisés menés par l’Amérique pour le
compte d’Israël en Irak et d’Israël pour
le compte des Etats-Unis au Liban, de
même que le propre combat mené par
Israël pour son compte avec le soutien
américain contre les Palestiniens
relèvent d’une même intrication dont
l’élément central demeure la
revendication nationale palestinienne à
un Etat viable, indépendant et
souverain.
Il est tout aussi
vain et illusoire de jouer la division
des peuples dans l’adversité et
d’attiser la rivalité séculaire entre
sunnisme et chiite à la faveur des
incessants retournements d’alliance
américains en Irak. La démarcation
majeure contemporaine de l’Orient ne
réside pas dans la fallacieuse
distinction entre la «modération»
présumée des régimes arabes
proaméricains sunnites et le
«totalitarisme» ou l’«intégrisme» de
leurs adversaires chiites.
L’antagonisme n’est pas, dans son aspect
primordial, de nature religieux, mais se
situe au niveau d’une éthique de
gouvernement. En Palestine, le combat de
libération contre l’occupation
israélienne est mené exclusivement par
des Sunnites que cela soit le Fatah ou
le Hamas. Mais la différence entre ces
deux formations sunnites n’est pas un
problème d‘intégrisme religieux mais
d’intégrité politique
Un modus vivendi
opératoire aussi bien en Irak, qu’au
Liban que dans le Golfe visant à une
stabilisation de la sphère
arabo-musulmane constituerait un prélude
à des efforts conjugués non vers la
neutralisation de la capacité nucléaire
iranienne mais vers la dénucléarisation
d’Israël et de l’ensemble du Moyen
orient en vue de déblayer la voie à la
promotion d’un règlement d’ensemble des
problèmes régionaux, en tête desquels le
problème palestinien.
Les pays arabes ont dépensé mille cinq
cent milliards de dollars dans le
domaine de l’armement au cours du
dernier quart du vingtième siècle sans
se doter ni de la capacité nucléaire, ni
de la capacité spatiale ni d’une
capacité de projection de force. Plutôt
que d’ameuter la planète de leurs
jérémiades, ou de se placer dans le
sillage de maîtres occidentaux
successifs, ils seraient avisés de
prendre exemple sur l’Iran et de se
doter d’une capacité de dissuasion à
l’effet de rétablir la parité
stratégique avec Israël et de forcer
ainsi le respect des autres pays et du
reste du monde.
Le précédent
historique du déploiement occidental de
Beyrouth, en 1984
La dernière grande
concentration navale au Moyen-Orient, en
février 1984, s’est produite avec une
participation significative de la
France, avec la présence du porte-avions
«Clemenceau» et ses avions
«super-étendards», avant le
rocambolesque feuilleton de son
désamiantage, en 2006, et de six
bâtiments d’escorte: la frégate
«Duquesne», l’escorteur d’escadre «d’Estrée»,
le bâtiment de soutien logistique «La
Rance», un transport de chalands de
débarquement (BDC), deux bâtiments de
débarquement d’infanterie et de chars
(EDIC) 9070 et 0094 et le pétrolier « La
Meuse».
Vingt trois ans
après, la nouvelle armada américaine se
déploie en l’absence de la moindre unité
française en accompagnement amical, sauf
à dérouter de l’Afghhanistan vers l’Iran
l’escadrille aérienne basée au Kandahar
en soutien aux opérations militaires
américaines au Régime de Kaboul. Le
fleuron de la flotte le porte-avions, le
«Charles de Gaulle» est en phase de
révision, absent du Golfe comme lors de
l’intervention américaine en
Afghanistan.
Au delà de
l’infléchissement géostratégique de la
nouvelle diplomatie française, cette
évolution, pour bon nombre
d’observateurs du Moyen-orient, signe
symboliquement la contribution de la
France aux affaires du monde, en la
confinant à un rôle déclamatoire dont
elle devrait user sinon avec sagesse du
moins avec parcimonie.
En guise d’épilogue
à la démonstration de force occidentale
de Beyrouth, en 1984, Américains et
Français ont dû subir les affres de la
spirale des otages occidentaux au Liban
(1984-1988), la vague des attentats de
Paris (1986-1987), la guerre des
ambassades entre Paris et Téhéran
(1987), l’assassinat du Général Rémy
Audran, un des responsables de la
Direction Générale de l’Armement, le
scandale de l’Irangate, la vente
clandestine d’armes américaines à l’Iran
sous embargo, le scandale Luchaire en
France relatif à la vente du matériel de
guerre français à l’Iran……La liste n’est
pas limitative.
Le reste, connu, se
passe de commentaires.
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