MADANIYA
États-Unis/Présidentielles:
Hillary Clinton – Décryptage 1/3
René Naba
Vendredi 10 juin 2016
Hillary Clinton : La
«Reine du Chaos»
La cuvée 2016 de la campagne
présidentielle américaine n’augure rien
de bon. Que les deux candidats les mieux
placés pour briguer les suffrages au
scrutin de novembre 2016, le républicain
Donald Trump et la démocrate Hillary
Clinton, soient tout à la fois, les amis
du grand capital, les meilleurs alliés
d’Israël et de l’Arabie saoudite, ne
présage rien de bon ni pour la paix du
Monde, ni pour sa prospérité.
Comble du paradoxe, Donald Trump et
Hillary Clinton sont les deux plus
impopulaires candidats à la course
présidentielle. C’est au choix la peste
ou le choléra ; Charybde ou Scylla, même
si, de prime abord, l’ancienne première
dame, l’ancienne secrétaire d’état,
l’ancienne sénatrice est créditée d’une
expérience internationale. A tort
La première dame de l’histoire
américaine à bénéficier d’une chance
raisonnable de briguer la magistrature
suprême des Etats-Unis se targue d’être
l’unique personne au Monde à pouvoir
rencontrer sans demander de rendez vous
préalable l’ambassadeur d’Israël à
Washington. Mais ce qu’elle considère
comme un privilège se révèlera dans la
perspective de son éventuelle future
fonction un indice indiscutable de sa
soumission au lobby juif américain.
En tant que sénatrice de New York,
elle s’est distinguée dans sa campagne
pour l’indépendance énergétique des
Etats-Unis, avec ce mot d’ordre
révélateur: «Le charbon est pour nous,
ce que le pétrole est à l’Arabie
saoudite». Sur le plan diplomatique,
elle a voté en faveur de toutes les
interventions américaines :
bombardements de la Bosnie (1995), du
Kosovo (1999), invasion de l’Afghanistan
(2001) et de l’Irak (2003).
En tant que secrétaire d’État, elle a
cautionné le coup d’état au Honduras
contre le président démocratiquement élu
Manuel Zelaya, pro Hugo Chavez, dont le
pays sous la férule des États-Unis est
devenu un narco-état. Elle a joué un
rôle de premier plan dans le
démantèlement de la Libye et de la
Syrie.
Bien mieux elle n’hésitera pas à
intervenir dans les affaires intérieures
de pays amis, notamment en veillant à
neutraliser les effets des décisions
judiciaires, comme ce fut le cas avec la
France dans l’affaire Georges Ibrahim
Abdallah.
http://w41k.com/107859
En fait, Hillary Clinton s’est
imposée comme la «Reine du chaos».
L’Irak, la Libye et la Syrie se sont
retrouvés réduits à un chaos intégral.
Tel est le constat sans appel de
l’universitaire américain Edward Herman
dans un ouvrage sans concession sur le
bilan diplomatique de la candidate à
l’investiture présidentielle américaine
du parti démocrate, intitulé King of
Chaos. “If Clinton was Queen of Chaos,
Obama is surely King”.
Edward Herman, par ailleurs co-auteur
avec Noam Chomsky du remarquable ouvrage
«The manufacturing Consent» –La
Fabrique du consentement-, pointe
la responsabilité d’Israël dans le
bellicisme américain en direction du
Monde arabe, alors qu’en contrepoint
l’universitaire américain James Petras
met en relief le rôle du lobyy juif
américain dans le financement de la
campagne de la candidate démocrate.
«Israël est le principal rival de l’Iran
dans la région. Après avoir poussé, non
sans succès, les États-Unis à détruire
successivement l’Irak et la Libye,
Israël s’est montré extrêmement
impatient de les voir infliger le même
sort à l’Iran», est-il écrit dans cet
ouvrage.
À propos de Hillary
Clinton et de la Syrie
Pour consulter
l’intégralité des emails révélés par
Wikileaks
Extraits du livre
d’Edward Herman
«Trois États notoirement indépendants
[de la sphère d’influence américaine
–l’Irak, la Libye et la Syrie– et
considérés comme ennemis par Israël et
de nombreux pontes et responsables
politiques américains, se sont retrouvés
intégralement détruits l’un après
l’autre et sont maintenant en cours de
balkanisation, observe Edward
Herman,professeur émérite de finance à
la Wharton School, université de
Pennsylvanie.
«L’un d’entre eux, la Libye, était
dirigé par le chef d’État le plus
ouvertement engagé à libérer l’Afrique
de la domination occidentale, Mouammar
Kadhafi. Élu à la présidence de l’Union
Africaine en 2009, il allait être
renversé et assassiné à peine deux ans
plus tard.
«Son élimination ouvrait clairement
la porte à une implantation instantanée
de l’Africom (United States African
Command, [qui supervise et commande les
opérations militaires US dans les pays
du Maghreb et d’Afrique noire]) et aux
«partenariats» américano-africains pour
«combattre» le terrorisme -c’est-à-dire
à un revers phénoménal pour le
développement et l’indépendance des pays
d’Afrique (Cf. Maximilian Forte,
Slouching Toward Sirte, Baraka Books,
2012).
«La subversion est planétaire et de
longue date (pour une documentation
massive et implacable, voir: Inside the
Company de Philip Agee ou, Killing Hope
de William Blum). L’agression du
Nicaragua par Ronald Reagan, celle de la
Yougoslavie et de l’Irak par Bill
Clinton, celle du Panama puis de l’Irak
par George Bush I, les guerres
d’Afghanistan et d’Irak de George Bush
II et sa «guerre (de propagande) contre
le terrorisme», ou les guerres de Barack
Obama contre la Libye, l’Afghanistan,
l’Irak parmi bien d’autres, témoignent
d’un continuum exponentiel
impressionnant.
Israël est le principal rival de
l’Iran dans la région. Après avoir
poussé, non sans succès, les USA à
détruire successivement l’Irak et la
Libye, Israël s’est montré extrêmement
impatient de les voir infliger le même
sort à l’Iran.
Les dirigeants israéliens ont levé
toutes les barrières possibles pour
permettre à une vaste coalition de
pontes, d’intellectuels et de
politiciens US, de groupes de pression
et de lobbies, de peser en faveur d’une
campagne militaire US contre l’Iran (Cf.
James Petras, “The Centerpiece of US
Foreign Policy Struggle,”Dissident
Voice, 12 août 2015).
Hillary Clinton et Donald Trump se
sont affrontés à propos d’Israël, le 21
Mars 2016, à l’occasion du congrès
annuel de l’AIPAC (American Israel
public affairs commitee), un puissant
groupe de pression juif américain.
«Oui, nous avons besoin de constance,
pas d’un président qui dit qu’il est
neutre le lundi, pro-Israël le mardi et
on ne sait pas quoi d’autre le mercredi
parce que tout est négociable».«La
sécurité d’Israël n’est pas négociable»,
a déclaré la candidate démocrate.
Donald Trump a riposté devant le même
auditoire de 15.000 personnes, jugeant
le mandat de l’ancienne secrétaire
d’État (2009-2013) du président Barack
Obama comme ayant été une «catastrophe
complète» à la tête de la diplomatie.
«Quand je serai président, il en sera
fini des jours où l’on traitait Israël
comme un citoyen de seconde zone», a
promis le milliardaire.
La question des relations entre
Washington et l’État hébreu est un enjeu
de taille, dans la course à la Maison
Blanche. Les États-Unis comptent, selon
diverses estimations, entre cinq et six
millions de juifs. Cet électorat, que
l’on dit souvent acquis aux libéraux,
est un atout de taille pour tout
prétendant à la présidence américaine
L’Arabie saoudite et
Le Maroc
Les monarchies arabes jouent la
montre tant en Syrie qu’au Sahara
occidental dans l’attente de la fin du
mandat, jugé «calamiteux» pour eux, du
Président Barack Obama et l’arrivée
souhaitée de leurs vœux ardents de
Hillary Clinton, une ancienne
connaissance des cours royales arabes.
L’Arabie pense être gagnante sur les
deux tableaux quelque soit le vainqueur
de la compétition. Le républicain Donald
Trump a en effet promis de démanteler
l’accord international sur le nucléaire
iranien, à la grande satisfaction du
Royaume, et sa rivale démocrate a, elle,
soutenu sans réserve l’expédition
punitive de la dynastie wahabite contre
le Yémen. Mais les promesses n’engagent
que ceux qui les croient et tout
flatteur vit aux dépens de ceux qui
‘écoutent.
Au delà du Yémen, Hillary Clinton,
artisan de la destruction de la Libye au
profit des néo-islamistes djihadistes,
passe pour avoir été sensible au
lobbying du Maroc à propos du Sahara
Occidental.
Le Maroc vient de subir deux
camouflets retentissants sur le Sahara
occidental (la décision de la Cour de
Justice Européenne (CJUE) annulant le 10
décembre 2015 un accord entre le Maroc
et l’Union européenne, tranchant en
faveur des indépendantistes, mettant en
question, par ricochet, la question de
la souveraineté du Maroc sur ce
territoire. Une tendance confirmée par
la visite du Secrétaire général de l’ONU
Ba Ki Moon au Sahara.
Selon le site Intercept, généralement
bien informé, un lobbyiste proche de
Hillary Clinton aurait perçu 25.000
dollars du Maroc en guise de
retributions de ses prestations dans ce
domaine, soit le tiers de son budget
annuel de fonctionnement de son cabinet
conseil.
https://theintercept.com/2015/04/22/inside-morocco-clinton-influence
campaign/
Quant aux pétromonarchies du Golfe,
le Qatar, l’Arabie Saoudite et les
Émirats arabes unis figurent parmi les
générateurs donateurs de la Fondation
Clinton. Selon la presse américaine, le
Qatar a ainsi versé en 2014, entre 1 et
5 millions de dollars et les Saoudiens
une somme évaluée entre 10 millions et
25 millions de dollars depuis la
création de cette fondation en 1997,
sans doute en signe de gratitude pour le
chaos instauré en Libye par Hillary, sa
contribution à la destruction de la
Syrie ainsi que son soutien continu aux
agressions israéliennes contre Gaza.
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