MADANIYA
Europe/Islam/Djihad : Le groupe Dallah Al Baraka,
le fer de lance du
prosélytisme saoudien
René Naba
Mercredi 7 février 2018
La brusque
floraison des vecteurs saoudiens, de
même que le soudaine propulsion d’un
complexe multimédia, réalisées en un
temps record de trois ans, n’aurait pu
être assurée sans l’appui massif d’un
consortium saoudien parmi les géants de
la finance internationale: Le Groupe
Dallah Al Baraka, giga porteur
médiatique, avec en soubassement sa
synergie avec les banques islamiques
«Dar El Mal Al islami» et «Banque
Islamique Faysal». Fondé en 1969 à
Riyad par Saleh Abdallah Kamel, ce
proche des oulémas figure en effet en
4eme position sur la «Golden Chain
List», la liste des philanthropes
saoudiens soutenant le terrorisme
international, sans que cela n’ait
affecté pour autant ses activités, tant
la guerre anti soviétique d’Afganistan
primait toute autre considération.
La «Golden Chain
List» sur ce lien :
Le Groupe Dallah se
proposait au départ d’assurer la
sécurité alimentaire du Royaume et de
financer des projets de développement
dans les pays arabes et musulmans en vue
de créer un «marché commun islamique».
Indice irréfutable
de la confiance des dignitaires
wahhabites, Dallah, trente ans après son
lancement, en 1999, était chargé des
tâches sensibles alors que le Royaume
était le théâtre d’attentats menés par
les sympathisants d’Oussama Ben Laden,
déchu de sa nationalité cinq ans plus
tôt et réfugié en Afghanistan: Entretien
ds bases militaires saoudiennes, de la
ville sainte de La Mecque et des zones
de défense civile.
Dans la décennie
1980, Dallah disposait d’un budget
consolidé de six milliards de dollars.
Présent dans 43 pays à travers une
constellation de 260 sociétés, Dallah
employait 60.000 personnes et comptait
près de 600.000 souscripteurs opérant
dans les divers domaines de l’activité
économique: banque média, assurance,
industrie, transport, investissements
financiers.
1 – Dallah et
les Médias
Fondateur du groupe
média ART (Arab Radio and Television) et
de l’Islamic Bank of Sudan, le lieu de
repli d’Oussama Ben Laden après la
déchéance de sa nationalité saoudienne,
par ailleurs, artisan majeur du
lancement de la première télévision
transfrontalière arabe MBC, Dallah
disposait de son propre groupe de
communication TIHAMA.
Régisseur exclusif
de trois grands vecteurs ART (Arab Radio
and Television), le journal Al Hayat et
la radio française RMC-Moyen orient,
TIHAMA occupait une position
prépondérante dans le domaine de la
publicité. Cet avantage lui conférait
une grande flexibilité en matière de
tarification publicitaire, de subvention
indirecte tant par la répartition ou la
rétention des budgets publicitaires que
par le drainage des annonceurs.
Présent en Arabe
Saoudite dans les principaux domaines
économiques (travaux publics,
hôtellerie, joaillerie, vêtements,
transport), Dallah l’est aussi dans le
domaine hospitalier (hôpital
Dallah-Riyad) et de l’assistance sociale
(Fonds social Kamel Djeddah). Dans le
domaine du tourisme, le groupe a été
maître d’œuvre du projet vissant à
édifier une «Venise du sud» sur la Mer
rouge, cit balnéaire à 45 km de Djeddah,
d’une capacité d’accueil de 300.000
personnes (résidents et visiteurs) quasi
exclusivement réservée à l’entourage
royal.
Toutefois le
SECTEUR BANCAIRE constitue le fleuron du
groupe. En 1992, selon la revue
économique arabe «Al Iktissad Wal Mal»,
publication mensuelle proche du groupe,
Dallah Al Baraka disposait, au niveau
bancaire, d’un budget consolidé de cinq
milliards de dollars, des dépôts d’un
montant de trois milliards de dollars,
ainsi qu’un réseau d’une vingtaine
d’établissements bancaires et financiers
répartis aussi bien dans les pays arabes
que dans les pays musulmans d’Afrique et
d’Asie.
Parmi les
principaux établissements du groupe
figurent la Banque Islamique de
Jordanie, la Banque Islamique de
Bahreïn, la société de financement
tuniso-saoudienne (Beit Al Tamwil) ainsi
que la banque arabo albanaise pour
l’investissement.
2- Dallah, le
Maghreb et la communauté arabo musulmane
d’Europe
Actif au Maghreb,
notamment au Maroc et en Tunisie, où le
propre fils du président, Abdallah Saleh
Kamel, a dirigé les activités du groupe
jusqu’en 1992, Dallah a opéré de
prestigieuses réalisations notamment la
construction de la «Cité Internationale
de Tunis» avec l’édification d’un site
touristique, d’une zone d’habitation de
350.000 habitants, d’un complexe sportif
et d’un quartier diplomatique.
Au Maroc, les
activités du groupe sont placées au sein
d’un holding «Dallah al Baraka-Maroc»
ayant son siège à Casablanca. Parmi les
principales acquisitions du holding
figurent une conserverie de sardines et
de maquereaux d’une capacité de
production de 120 millions de boites par
an, une plantation de 50 hectares
(bananes, fruits et primeurs) et des
immeubles de rapport à Casablanca.
Le holding
islamique détint quatre sociétés
d’assurance et deux sociétés de
réassurances dont la «SOCIETE DE
REASSSURANCE TUNISO-SAOUDIENNE» qui
couvre le Maghreb central (Algérie,
Tunisie, Maroc) avec un prolongement au
Sénégal.
3 – Les démêlés
de Dallah avec la Banque d’Angleterre
Le seul accroc
intervenu dans l’irrésistible ascension
du groupe Dallah s’est produit à
Londres, en 1993, lorsque la banque
d’Angleterre a suspendu les activités de
la Banque Dallah-GB, à l’époque l’unique
établissement financier islamique
opérant dans la City.
Échaudée par
l’expérience de BCCI (Banque de Commerce
et de Crédit International), -banque des
Émirats du Golfe accusée de blanchiment
d’argent de la drogue et mise en
faillite en juillet 1991- la Banque
d’Angleterre avait enjoint à Dallah
d’ouvrir son capital à d’autres
partenaires financiers dotés de pouvoirs
effectifs de manière à disposer, par ce
biais, d’un droit de regard sur les
activités d la banque.
Le refus de Dallah
d’obtempérer a entraîné la suspension de
ses activités soulevant un tollé au sein
de la communauté financière islamique
qui y a vu une marque de défiance envers
les banquiers arabes et musulmans.
Les déboires
londoniens de Dallah n’ont pas détourné
les dirigeants de leur groupe de leurs
nouveaux objectifs: L’Asie centrale où
Dallah a fondé en 1991-1992 la BANQUE DU
KAZAKHSTAN POUR L’INVESTISSEMENT,
s’associant pour l’occasion, à hauteur
de 40 pour cent, à la compagnie russe du
pétrole pour la prospection et
l’exploitation des gisements de Sibérie.
Le deuxième
objectif était le ciblage de la
communauté arabo musulmane d’Europe
occidentale à l’intention de laquelle le
complexe multimédia ART notamment a été
édifié en Italie.
Dans cette
entreprise, Dallah s’est associée à un
homme d’affaires d’origine maghrébine,
fin connaisseur du monde audiovisuel, le
producteur franco tunisien Tareq Ben
Amar, neveu de l’ex président Habib
Bourguiba et promoteur du Cinecitta
tunisien à Monastir. Tareq Ben Ammar a
installé en Août 1995 sur le satellite
EutelSat 1 ART EUROPE, le bouquet
thématique lancé par le complexe Dallah
à l’intention de l’auditoire arabo
musulman d’Europe occidentale.
4- Dallah et le
financement du prosélytisme religieux :
la Mosquée de Londres, la Mosquée de
Rome, La Mosquée de Lyon et le Centre
Islamique d’Ivry
De par sa
configuration, le groupe Dallah occupait
une position charnière tant en matière
de financement des médias pro saoudiens
que par la subvention du prosélytisme
religieux. Que cela soit à travers son
consortium bancaire que par l’entremise
de DAR EL MAL AL ISLAMI, dont il est
actionnaire.
Les facilités
financières qu’il peut dispenser,
notamment les prêts sans intérêts
contribuent à fidéliser toute une
clientèle selon les principes islamiques
prônés par la dynastie wahhabite.
Organisme financier
fonctionnant selon la législation
islamique, DAR AL MAL AL ISLAMI a été
dirigé à sa fondation par le prince
Mohamad Ben Faysal, fils du défunt Roi
Faysal.
Se superposant à la
structure Dallah, le réseau de Dar Al
Mal s’est déployé dans la zone du Golfe
arabo-persique, l’Asie et l’Europe,
notamment Genève, par où transite le
financement du prosélytisme religieux à
destination des communautés musulmanes
immigrées d’Europe occidentale. Selon
son rapport d’activité pour l’exercice
1995, DAR AL Mal a doublé ses fonds en
dix ans, passant de 1,6 milliards de
dollars en 1984 à 2,9 milliards de
dollars en 1995. Il comptait à l’époque
36.898 clients, en augmentation de près
de trois mille clients en un an.
Par l’entremise de
ses succursales (Sharjah, Bahamas,
Bahreïn) il a été maître d’œuvre du
financement de projets à hauteur d’un
milliard de dollars en 1995, portant
notamment sur des projets au Pakistan,
en Turquie et en Indonésie. En Europe,
parmi les principaux bénéficiaires des
subventions religieuses saoudiennes
figurent la Moquée de Londres (10
millions de livres sterling), la Mosquée
de Lyon (20 millions de FF), le Centre
Islamique d’Ivry, au sud de
l’agglomération parisienne, dont les
investissements sont estimés à 60
millions de FF, ainsi que la Mosquée de
Rome. Ces chiffres ne tiennent pas
compte des subvention allouées à titre
privé, au nom de la bienfaisance, à des
particuliers ou des associations, à
l’occasion du Pèlerinage de La Mecque.
5- LA Banque
Faysal Islamique
La BANQUE FAYSAL
ISLAMIQUE, dont le siège est à Bahreïn,
constitue un troisième réseau financier
islamique. Fondée en 1982, en pleine
guerre anti soviétique d’Afghanistan,
l’année du siège de Beyrouth par les
Israéliens et de la perte du sanctuaire
libanais de l’OLP, la Banque Faysal est
particulièrement active dans le Golfe où
elle dispose de cinq succursales ainsi
qu’au Pakistan,- trois succursales
Karachi, Lahore, Faysalabad- ainsi qu’en
Égypte et en Indonésie. En Afrique noire
francophone, la BANQUE FAYSAL dispose de
trois succursales: la BANQUE ISLAMIQUE
DE GUINEE, LA BANQUE ISLAMIQUE DU
SENEGAL ET LA BANQUE ISLAMIQUE DU NIGER.
Avec des dépôts de l’ordre de 1,6
milliards de dollars, la Banque Faysal
mène des activités complémentaires au
holding Dallah.
Les deux groupes
constituent d’ailleurs deux des
principaux vecteurs financiers
saoudiens, le tremplin du Royaume par
son rayonnement dans la sphère arabo
musulmane.
6- La Banque
Islamique de Développement (BID)
Complétant
l’édifice la BID est un organisme
relevant de l’Organisation de la
Conférence Islamique, sous la houlette
saoudienne. Fondée en 1974, au lendemain
du choc pétrolier, dans le but de
financer le développement des
états-membres selon les exigences de la
«Charia», la BID avait alloué en 20 ans
d’existence, en 1994, 14,7 milliards de
dollars pour le financement de 2.132
projets à travers la constellation de 51
pays musulmans, dont 431 millions de
prêts pour des projets d’assistance
privée.
En un quart de
siècle, la BID qui se propose d’assurer
l’autosuffisance alimentaire des pays
musulmans, a quadruplé son capital, en
juin 1994, passant de 2,5 milliards de
dollars à 8,5 milliards de dollars.
7- Les
révélations du Saudi Cables
Le site WikiLeaks a
publié le 19 juin 2015 près de 61.000
communications confidentielles de la
diplomatie saoudienne. Dénommée « Saudi
cables », l’opération a étalé au grand
jour les manigances extérieures de la
dynastie saoudienne et la terreur
qu’elle fait régner dans le royaume.
«The New York
Times» soutient que l’Arabie Saoudite a
mis au point un « système d’influence»
financé par l’argent des pétrodollars,
accordant des moyens financiers à des
prédicateurs à l’étranger, construit des
mosquées, des écoles, des centres,
soutenant des campagnes pour contrer des
responsables et des médias à l’étranger
susceptibles de s’opposer à l’agenda du
Royaume ».
Le quotidien
américain révèle que « des milliards de
pétrodollars ont été alloués à dans des
organisations islamiques à travers le
monde, pratiquant une diplomatie du
chéquier », ajouté le quotidien
américain, parvenu à cette conclusion
après avoir épluché 60 000 documents,
sur près de 400 000 supplémentaires en
attente de publication selon WikiLeaks.
Oussama Hassan,
chercheur en études islamiques à la
fondation Quilliam à Londres, cité par
le quotidien américain, précise qu’il
s’agit de «milliers et de milliers
d’organisations militantes et
religieuses (…) directement ou
indirectement financées par eux » à
travers le monde.
Cécité politique?
Cupidité exacerbée?: L’alliance perverse
d’une diplomatie du «soft power» mâtinée
de l’islam le plus régressif et de
l’esprit de lucre des décideurs
occidentaux a généré la plus forte
déflagration de l’Islam takfiriste dans
la sphère euro-arabe: Toulouse,
Montauban, Paris, Isère, Bruxelles,
Amsterdam, Londres, Madrid, Marathon de
Boston et Tennessee, Bardo, Sousse
(Tunisie), Barcelone, Manchester, sans
oublier ses métastases au Nord Mali et
dans la zone sahélo-saharienne, autant
de rétro-commissions perçues par les
pays occidentaux pour prix de leur
alliance avec le plus infréquentable des
régimes arabes.
Sans compter
l’Arabie Saoudite, qui a été, en 2015,
la cible de 30 attaques terroristes,
soit une attaque tous les 15 jours,
selon les statistiques du ministère
saoudien de l’Intérieur.
La mise en faillite
du conglomérat Ben Laden, en 2016, en
prenant prétexte de l’accident de la
grue de la Mecque qui avait fait
plusieurs dizaines de victimes un an
plus tôt, de même que l’incarcération du
fondateur du groupe Dallah Baraka, en
2017, sous le faux prétexte de la guerre
saoudienne contre la corruption
paraissent destiner à gommer toute trace
des turpitudes saoudiennes des décennies
passées afin de donner des gages aux
États Unis et à leurs autres complices
occidentaux et échapper ainsi à la
justice internationale, matérialisée par
la Loi Jasta, autorisant tout citoyen
américain à poursuivre le royaume pour
sa responsabilité dans le raid du 11
septembre 2001, contre les symboles de
l’hyper puissance américaine, une
véritable épée de Damoclès suspendue sur
la tête de la dynastie wahhabite.
Note
Arabie saoudite:
«Unique entreprise familiale au Monde à
siéger à l’ONU, voir Chapitre V «Guerre
des Ondes, guerre des religions, la
bataille hertzienne dans le ciel espace
méditerranéen». René Naba – Harmattan
1998
Reçu de René Naba pour publication
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