MADANIYA
L’oligopole bancaire en chiffres
René Naba
Lundi 5 octobre 2015
- 28 « banques systémiques »: un
bilan global de 50.000 milliards de
dollars, un chiffre comparable à la
dette mondiale.
- 190 milliards de dollars
d’amendes infligées par les
régulateurs financiers depuis
bientôt 9 ans.
- Paradis fiscaux : 80 sanctuaires
de la criminalité en col blanc,
favorisant la confusion entre la
finance internationale et la mafia.
- Une pénalité record de
6 milliards de dollars à six banques
systémiques de l’oligopole bancaire.
Paris – La crise bancaire qui a
éclaté en Août 2007 du fait de la crise
des « subprimes », -les prêts
hypothécaires excessifs consentis à la
classe moyenne pour soutenir
l’immobilier et la consommation-, a
dégénéré en Krach boursier, en Février
2008, à l’arrêté des comptes annuels des
grandes banques de Wall Street, révélant
des pertes d’actifs de plusieurs
milliards de dollars. Lehmann Brothers,
4ème banque d’affaire américaine a ainsi
perdu 95 % de ses actifs en un an, de
même que l’AIG, la première compagnie
d’assurance américaine, 75 % de pertes
d’actifs en un an. Un plan de sauvetage
de 700 milliards de dollars a alors été
adopté pour juguler la plus grave crise
du capitalisme financier depuis 1929
(1).
-
http://www.renenaba.com/geo-economie-mondiale-un-basculement-strategique/
Neuf ans après le crash bancaire de
2007-2008, qui a entraîné une perte de
capitalisation boursière de l’ordre de
25.000 milliards de dollars -de quoi
remettre à neuf l’ensemble de la
planète, éradiquer toutes les pandémies
(Sida, Ebola) et reconstruire la
totalité des pays sinistrés par les
guerres de prédation économique-, les
grandes banques multinationales,
anglo-saxonnes ou européennes,
reprennent les commandes de l’économie
mondiale du fait de la frilosité des
pouvoirs publics, au mépris des
enseignements du passé.
28 banques détiennent, en effet,
malgré la crise et des efforts de
régulation bien insuffisants de la part
des gouvernements, un pouvoir démesuré,
au point de constituer un oligopole
mondial de fait d’une extrême
dangerosité pour la stabilité financière
mondiale. Dans cette optique, le
scandale de la FIFA (Fédération
Internationale du Football Association)
n’est que l’illustration de la
métamorphose générale de pans entiers de
l’économie, qui emprunte au modèle de la
mafia ses outils de gestion. Les
méthodes de la mafia s’étendent aussi
bien à l’économie légale qu’à l’économie
informelle.
En 2012, les paradis fiscaux
représentaient la moitié des activités
internationales des banques !
La finance internationale se fait à
l’ombre de l’omerta dans quelque 80
sanctuaires de la criminalité en col
blanc. Du fait de cette confusion entre
la finance internationale et la mafia,
des secteurs importants tombent sous la
mainmise de ces dernières.
Ces vingt-huit banques -qualifiées de
« systémiques »- menacent le Monde
représentant un total de bilan de 50.000
milliards de dollars en mars 2012 ; Un
chiffre comparable à la dette mondiale.
Dix d’entre elles ont la main sur 80
% sur les transactions de change et
domine le marché des taux d’intérêt
comme celui du Libor à Londres, qu’elles
ont manipulé pendant des années,
aboutissant à des condamnations record
de l’ordre de 10 milliards de dollars de
pénalités financières (1).
Les banques systémiques appartenant
à ce cartel sont nombre de 11
- 4 banques américaines :
Bank of America,
Citigroup, Goldman
and Sachs, JP
Morgan Chase
- 4 banques britanniques :
Barclays, HSBC
(Hong Kong and Shanghai Banking
Corporation) et Royal Bank
of Scotland
- 2 banques de la zone euro :
BNP Paribas et
Deutsche Bank
- 2 banques suisses :
Crédit Suisse et
USB
Des pénalités record (2)
190 milliards de dollars de pénalités
ont été infligées du fait des fraudes
par les régulateurs financiers depuis
bientôt neuf ans, soit en moyenne dix
milliards de dollars par an, dont plus
de la moitié des sanctions intervenues
en 2014. Les autorités américaines ont
infligé 97 % des amendes (environ 185
milliards de dollars). Sur le Vieux
Continent, c’est la City qui a la main
la plus lourde.
En France, l’amende infligée à BNP
Paribas en Mai 2014 pour avoir violé
l’embargo sur le commerce du pétrole a
constitué un pic (9 milliards de
dollars), d’autres institutions ont dû
débourser des sommes bien plus
importantes.
Les Américains sont en première ligne
avec plus de 200 amendes et les banques
américaines les plus sanctionnées : 141
amendes, contre 57 pour les banques
britanniques et 6 pour les banques
françaises. Bank of America se détache
du lot des banques pénalisées avec plus
de 87 milliards de dollars d’amendes,
suivi de JP Morgan avec 33,5 milliards
de dollars de pénalités. Puis, une autre
américaine, Citigroup (14,5 milliards de
dollars en neuf ans)
En 2015, 6 milliards de dollars (5, 4
milliards d’euros environ) de pénalités
infligées, mercredi 20 mai 2015, à
6 banques par les autorités britanniques
et américaines pour des pratiques
illégales sur le marché des changes.
Leur condamnation intervient dans le
cadre d’un accord qui marque sans doute
le point culminant de la répression
internationale de cette fraude à grande
échelle.
Au total, Londres et Washington ont
infligé plus de 10 milliards de dollars
(8,9 milliards d’euros) de pénalités
financières à 7 établissements, dont
Citigroup, JP Morgan, UBS, Barclays et
Royal Bank of Scotland. Ces derniers
sont accusés de n’avoir rien fait pour
empêcher leurs traders de partager des
informations confidentielles, sur les
ordres de certains clients, dans le but
d’augmenter leurs profits sur le marché
des devises.
Les régulateurs reprochent en effet
aux cambistes de ces grands
établissements d’avoir utilisé des
forums de discussion sur internet et des
messageries instantanées pour se
concerter de façon indue afin
d’infléchir un taux de référence du
marché des changes. En l’espèce, c’est
le taux entre l’euro et le dollar qui a
été faussé, selon les autorités, qui
parlent d’un salon de discussion baptisé
« le cartel », réunissant des traders de
Citigroup, JP Morgan, UBS, Barclays et
Royal Bank of Scotland (RBS)
Ces 4 banques ont plaidé coupable de
manipulation concertée du marché des
changes, sur lequel les transactions
représentent jusqu’à 5.000 milliards de
dollars par jour (4.500 milliards
d’euros). L’anglaise Barclays écope de
la note la plus salée : 2,4 milliards de
dollars (2,15 milliards d’euros).
Références
- François Morin : «L’hydre
mondiale ou l’oligopole bancaire»
Editions Lux, in Marianne N° 944
(22- 28 Mai 2015) «ces 28 banques
qui menacent le monde».
- Pénalités record
: http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/06/23/depuis-le-debut-de-la-crise-les
banques-ont-paye-190-milliards-de-dollars
amende_4659984_4355770.html
-
http://www.lemonde.fr/economiemondiale/article/2015/05/20/
manipulations-des-taux-de-change-six-grandes-banques-condamnees-a-une-nouvelle-amende_4637181_1656941.html
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