MADANIYA
Ouïghour : Le
Parti islamiste du Turkestan,
en route
vers la mondialisation de son combat,
avec un ciblage prioritaire, la Chine et
les bouddhistes
René Naba
Lundi 3 décembre 2018
1 – La Turquie
et les Etats Unis, parrains occultes du
PIT
Au terme de huit
ans de présence en Syrie,
particulièrement dans le nord du pays,
dans le secteur d’Alep-Idlib, le
mouvement djihadiste du Turkestan
s’apprête à donner une impulsion
trans-régionale à son combat, au delà de
la Syrie, avec un ciblage prioritaire:
la Chine.
Telle est du moins la substance du
discours mobilisateur du prédicateur
Abou Zir Azzam diffusé à l’occasion de
la fête du Fitr, en juin 2018, mettant
en relief «l’injustice» subie par le
Turkestan dans ses deux versants, le
versant occidental (Russie) et le
versant oriental (Chine).
Toutefois le projet
du PIT pourrait être contrarié d’une
part par l’implication plus grande de la
Chine dans la guerre de Syrie, et
d’autre part, la possible modification
de l’ancienne relation stratégique entre
la Turquie et les Etats Unies, deux
anciens partenaires de la guerre froide,
désormais en guerre larvée.
Depuis le discours du prédicateur d’Abou
Zir Azzam, la mobilisation vers la Syrie
a été gelée. Le Parti islamiste du
Turkestan (PIT) s’apprête à lancer le
Djihad contre les bouddhistes. Les
djihadistes Ouïghours en Syrie vont
demeurer sur place jusqu’à achèvement de
leur mission, mais les nouvelles recrues
seront dirigées vers d’autres fronts.
En juin 2017, la
Turquie et les Etats Unis, les parrains
occultes du PIT, ont encouragé cette
orientation au prétexte de préserver les
combattants de cette formation afin de
les affecter à d’autres théâtres
d’opération, contre les adversaires des
Etats Unis regroupés au sein du BRICS
(La Chine et la Russie), le pôle
contestataire à l’hégémonie américaine à
travers le Monde.
2- La duplicité
de la Turquie: Vers une zone turque en
Syrie sur le modèle du Nord de Chypre ?
Soucieux de
préserver ses pupilles, «Hayat Tahrir Al
Cham», anciennement Jabhat An Nosra,
sous filiale d’Al Qaida, et surtout les
Ouïghours du Parti Islamiste du
Turkestan, tiraillé par ailleurs entre
des alliances contradictoires, le néo
islamiste Tayeb Recep Erdogan, -membre
du groupe d’Astana (Russie, Iran,
Turquie) en même temps que membre de
l’OTAN-, a proposé l’aménagement d’un
vaste périmètre pour y abriter les
djihadistes dans une zone sous
l’autorité de la Turquie afin de
procéder au tri entre groupements
islamistes inscrits sur la liste noire
du terrorisme et les djihadistes
regroupés sous le label VSO «The Vetted
Syrian Opposition» (Opposition syrienne
validée par les Occidentaux). Une
opération destinée en principe à
permettre à l’armée turque de séparer le
bon grain de l’ivraie, selon le schéma
de l’Otan.
Autrement dit de
libérer les Syriens repentis et de
garder sous le coude les combattants
étrangers (Tchétchènes, Ouïghours) en
vue de les exfiltrer clandestinement
vers d’autres théâtres d’opérations.
A la faveur du
déploiement des forces américaines dans
le nord de la Syrie, dans le périmètre
de la base aérienne de Manbij, ainsi que
dans le secteur d’Idlib, la Turquie a
mis à profit cette phase préparatoire de
l’offensive pour exfiltrer ses
sympathisants, principalement les
Ouïghours et Al Moharjirine (les
migrants), relevant de «Hayat Tahrir As
Cham» de tendance djihadiste salafiste,
dont le groupement a été inscrit sur la
liste noire du terrorisme par l’ONU en
2013.
Le président russe Vladimir Poutine a
donné son accord à la proposition turque
au sommet de Sotchi, le 17 septembre,
soucieux de préserver sa nouvelle
alliance avec la Turquie en butte à une
guerre hybride de la part des Etats
Unis.
Le débauchage de la
Turquie constitue la carte maitresse de
la Russie dans ses négociations avec la
coalition occidentale au point que
Moscou paraît si soucieuse d’encourager
cette déconnection stratégique de l’axe
Turquie Etats Unis, qu’elle a été
jusqu’à promettre la livraison du
système balistique SSS 400 pour 2019.
Ankara espère, de son côté, préserver
l’essentiel de sa force de nuisance dans
la zone, avec un objectif sous jacent
d’aménager dans le secteur d’Idlib une
enclave turque sur la modèle de la
République turque de Chypre. Pour ce
faire, elle envisage de procéder à une
modification démographique de la zone
pour constituer une sorte de barrière
humaine avec des ressortissants syriens
relevant la mouvance des Frères
Musulmans qu’elle considère comme
relevant de fait de son autorité. Dans
cette zone, elle caresse le projet de
concentrer un vivier djihadiste qu’elle
gérera en fonction des besoins de sa
stratégie.
La zone démilitarisée concédée
provisoirement à la Turquie s’étend sur
15 km de large le long de la frontière
syro-turque dans le secteur d’Idlib,
englobant la zone de déploiement des
forces kurdes soutenues par les Etats
Unis.
Avec l’arrangement
de Sotchi, la Russie a voulu se donner
le temps de tester les intentions
réelles de la Turquie notamment sur le
modus operandi auquel elle a recours
pour sinon éradiquer à tout le moins
neutraliser «Hayat Tahrir Al Cham», en
conformité avec les préconisations de
l’ONU qui considère comme «terroriste»
la franchise d’Al Qaida en Syrie.
Aubaine pour la
Turquie, la décapitation du journaliste
saoudien Jamal Khashoggi au consulat
saoudien d’Istanbul, le 2 octobre 2018,
a permis à Ankara, par une campagne
médiatique méthodique contre l’Arabie
saoudite, d’obtenir le retrait de Riyad
de la gestion du dossier syrien et de
réclamer, parallèlement, l’inclusion de
ses protégés djihadistes au sein de la
commission de la rédaction de la future
constitution syrienne dont ils étaient
auparavant exclus.
Le président
Erdogan a fait de la guerre de Syrie une
affaire personnelle, qui le contraint à
une certaine rigidité sous peine de se
désavouer, faute d’atteindre un double
objectif: la garantie des intérêts turcs
dans les projets de reconstruction de la
Syrie et surtout la neutralisation
politique et militaire des kurdes de
Syrie, les protégés de ces alliés
américains. Une quadrature d’un cercle
si vicieuse qui conduit la Turquie à un
exercice de grand écart au point de
rupture….. au point d’écartèlement.
Sur la duplicité
de la Turquie dans la guerre de Syrie,
cf ces liens:
3- La
terminologie marxiste en guise
d’habillage juridique au tournant
L’habillage
idéologique du tournant du PIT a été
puisé dans la terminologie marxiste. Au
terme d’un débat interne de plusieurs
mois, les légistes de cette formation
ont décidé de donner une dimension
planétaire à leur combat en
privilégiant, L’ENNEMI PROCHE (La Chine)
sur L’ENNEMI LOINTAIN (La Syrie).
Une concurrence jurisprudentielle s’est
établie entre les prescripteurs rivaux
Abdel Rahman Al Chami, proche du Jabhat
An Nosra, franchise syrienne d’Al Qaida,
et Abdel Halim Al Zarkaoui, proche de
Daech.
– Le discours
mobilisateur Abou Zir Azzam
Ce prédicateur a fait une irruption
politique remarquée par un discours
mobilisateur diffusé à l’occasion de la
fête du Fitr, en juin 2018, mettant en
relief «l’injustice» subie par le
Turkestan dans ses deux versants, le
versant occidental (Russie) et le
versant oriental (Chine). Lançant un
appel au boycottage commercial de la
Chine, il a énuméré les sévices
historiques infligés par les Chinois aux
Ouïghours, mentionnant «le viol des
musulmanes» et «l’obligation de manger
du porc».
«Le Parti Islamique du Turkestan
s’apprête au Djihad contre les
boudhistes», ce lien pour les locuteurs
arabophones
3- La guerre de
Syrie, le révélateur du PIT
Si la guerre de
Syrie a consacré le Hezbollah au rang de
stratège et propulsé la formation chiite
comme interlocuteur direct du
commandement militaire russe, mais elle
a, dans le même temps, révélé le Parti
Islamiste du Turkestan, en tant que
composante du camp djihadiste sur le
champ de bataille du Nord de la Syrie,
frontalier de la Turquie.
La bataille pour la
reconquête d’Alep, en décembre 2016, a
ainsi conféré au Hezbollah un statut de
stratège et non plus de simple exécutant
de la stratégie iranienne, un acteur,
majeur sur le plan militaire face à
Israël et en Syrie. Anticipant les
ripostes djihadistes, n’hésitant à mener
des batailles de rue, nettoyant immeuble
après immeuble, le Hezbollah a connu la
consécration en ce que ses plans de
bataille menés depuis huit ans en Syrie
font désormais objet d’un enseignement
dans les académies militaires russes. Un
succès obtenu au prix de lourds
sacrifices.
Revers de la
médaille, plusieurs dirigeants du
premier rang de la formation, notamment
Moustapha Badredddine, le chef de la
branche militaire du Hezbollah, Jihad
Moughniyeh, le fils du fondateur de la
branche militaire du Hezbollah, Imad
Moughniyeh, Samir Kintar, l’ancien doyen
des prisonniers politiques arabes en
Israël ont perdu la vie en Syrie. En
contre champ, le commandant Abou Omar
Saraqeb qui dirigeait la plus importante
coalition de rebelles et djihadistes en
Syrie, à l’origine de la conquête de
Jisr Al Choughour, a lui aussi, trouvé
la mort sur le théâtre des opérations,
de même qu’Omar Al Shishani, le
commandant djihadiste du Front Nord.
4- Renforcement
de la présence militaire russe et percée
stratégique majeure de la Chine en
Méditerranée
Depuis son
intervention militaire directe en appui
au président syrien Bachar Al Assad, la
Russie a considérablement renforcé sa
présence en Syrie, où elle y dispose
désormais de deux bases, la base
aérienne à Hemeimine, au sud-est de la
ville de Lattaquieh et l’importante base
navale de Tartous.
Brisant le monopole
des airs détenus par l’OTAN dans la zone
depuis la fin de la II ème Guerre
Mondiale, le dispositif de défense russe
comporte des missiles de croisière, des
batteries de missiles S.400 TRIUMPH,
basées à Hemeimine dont le rayon
d’action couvre l’ensemble de la
Méditerranée orientale (Syrie, Turquie,
Chypre, Liban Israël), assurant la
protection de fait non seulement de
l’espace aérien de la Syrie, mais
également la zone de déploiement du
Hezbollah dans le sud Liban.
Parallèlement, la
Chine s’est aménagée deux points
d’ancrage en Méditerranée, à Tartous
(Syrie) et à Cherchell (Algérie); une
percée stratégique majeure de l’Empire
du Milieu dans cette zone depuis la nuit
des temps.
5 – Chine: La
Syrie, un réceptacle au terrorisme
mondial
La fermentation
djihadiste ouïghour en Syrie, et dans
pays de la lointaine périphérie de la
Chine ont conduit Pékin, en mars 2018, a
déployé discrètement des troupes en
Syrie au motif officiel d’encadrer des
détachements de l’armée syrienne et de
leur fournir un soutien logistique et
médical.
Pékin a justifié cette attitude de pro
activité par sa connexion idéologique
avec le pouvoir baasiste en raison de sa
nature laïque, ainsi que par la présence
dans le nord de la Syrie d’un important
contingent de combattants ouïghours.
Ce faisant, la
Chine vise à faire pièce aux djihadistes
ouïghours, dont elle veut neutraliser
leur éventuel retour en Chine, alors que
se confirment les liens entre les
séparatistes islamistes des Philippines
et au Mayanmar et les groupes islamistes
opérant en Syrie, comme en témoignent
l’arrestation d’agents de l’Etat
Islamique (Daech) en Malaisie en mars
2018, à Singapour en juin 2018.
L’entrée en scène
progressive de la Chine sur le théâtre
syrien, où elle a déjà obtenu des
facilités navales dans le périmètre de
la base navale russe de Tartous est de
consolider son positionnement d’un des
trois grands investisseurs du
financement de la reconstruction de la
Syrie, au même titre que la Russie et
l’Iran.
En complément à
Tartous, la Chine a aménagé sa première
base navale à l’étranger à Djibouti, en
2017. Jouxtant le port de Doraleh et la
zone franche de Djibouti –tous deux
construits par la Chine– cette base ne
devrait abriter dans un premier temps
«que» 400 hommes. Mais, selon plusieurs
sources, ce sont près de 10 000 hommes
qui pourraient s’y installer d’ici à
2026, date à laquelle les militaires
chinois auront transformé cette enclave
en avant-poste militaire de la Chine en
Afrique.
Dans le
prolongement de l’inauguration de la
base navale chinoise de Djibouti, un
porte conteneur géant a déchargé, le 17
Août au port de Tripoli (Nord Liban) du
matériel destiné aux projets de
reconstruction de la Syrie.
D’une longueur de
300 mètres, pour une largeur de 40
mètres, le porte conteneur «Nerval»,
appartenant à la compagnie française
CGM-CMA, a déchargé mille conteneurs de
matériels en provenance de Chine et
d’Indonésie, pour y être acheminé par la
routé vers la Syrie.
En superposition,
la Chine a participé aux manœuvres
navales russes au large de la
Méditerranée, début septembre, les plus
importantes manœuvres de la flotte russe
de l’histoire navale mondiale. Elle a
dépêche des troupes vers la Syrie, pour
la première fois de son histoire, en
mars 2018, pour convoyer les forces
gouvernementales syriennes lors de la
prise d’Idbib, notamment décrypter les
communications entre les djihadistes
ouïghours en vue de les neutraliser.
Au regard de la
Chine, la Syrie sert de réceptacle au
terrorisme mondial, y compris pour
l’intérieur chinois. Soucieuse de
soulager la trésorerie russe et de
soutenir l’effort de guerre syrien, la
Chine a octroyé une aide militaire de 7
milliards de dollars à la Syrie dont les
forces combattent dans la bataille
d’Alep, les djihadistes Ouïghours, (des
musulmans turcophones du Nord Ouest de
la Chine), où près de 5.000 familles,
soit près de quinze mille personnes,
sont implantés à Alep Est.
6- La
problématique ouïghoure
L’instrumentalisation des Ouïghours par
les Américains répond à leur souci de
disposer d’un levier de pression contre
Pékin, en ce que «la Chine et les
États-Unis sont engagés, à long terme,
sur une trajectoire de collision.
Les précédents
historiques montrent qu’une puissance
ascendante et une puissante déclinante
sont vouées le plus souvent à
l’affrontement», soutient l’ancien
premier ministre français Dominique de
Villepin, particulièrement à une époque
où la scène diplomatique internationale
est en pleine phase de transition vers
un monde post occidental. L’objectif
sous-jacent est de contrarier la mise en
œuvre de la «2me route de la doie».
Musulmans
turcophones, les ouïghours djihadistes
sont originaires de la province de
Xingjiang, à l’extrême-ouest de la
Chine, frontalière de huit pays
(Mongolie, Russie, Kazakhstan,
Kirghizistan, Tadjikistan, Afghanistan,
Tadjikistan, Pakistan et Inde). Bon
nombre d’Ouïghours ont combattu en Syrie
sous la bannière du Mouvement islamique
du Turkestan oriental (Sharqi Turkestan)
alias Xinjiang, une organisation
séparatiste de lutte armée dont
l’objectif est l’établissement d’un
«État Ouïghour Islamique» au Xinjiang.
Les combattants
ouïghours ont reçu l’aide des services
de renseignements turcs pour leur
transfert vers la Syrie, via la Turquie.
Ce fait a généré une tension entre les
services de renseignements turcs et
chinois en ce que la Chine s’inquiète du
rôle des Turcs dans le soutien aux
combattants ouïghours en Syrie, rôle qui
pourrait augurer d’ un soutien turc aux
combats au Xinjiang.
La communauté
ouïghoure en Turquie compte 20.000
membres, dont certains travaillent pour
l’Association de Solidarité et
d’Education du Turkestan Oriental, qui
fournit une aide humanitaire aux Syriens
et qui est pointée du doigt par la
Chine. Une vidéo du PIT de janvier 2017
affirme que sa brigade syrienne a
combattu avec le front al-Nosra, en
2013, dans les provinces de Raqqa,
Hassakeh et Alep.
En juin 2014, le groupe djihadiste a
officialisé sa présence en Syrie: Sa
brigade sur place, dirigée par Abou
Ridha al-Turkestani, un locuteur
arabophone, probablement un Syrien, a
revendiqué une attaque suicide à Urumqi
en mai 2014 et une attaque au VBIED sur
la place Tiananmen en octobre 2013.
Le groupe a prêté
allégeance au Mollah Omar des Talibans.
Vingt deux ouïghours ont été détenus à
Guantanamo, puis relâchés faute de
preuves. Suivant l’exemple de l’Emirat
islamique du Caucase, dont la branche
syrienne opérait dans le cadre de Jaysh
Muhajirin Wal-Ansar, le PIT a crée sa
propre branche en Syrie qui opère de
concert avec Jabhat An Nosra entre les
provinces d’Idlib et de Lattaquié.
7 –
L’environnement djihadiste de l’Inde et
son basculement vers Israël.
La destruction des
Bouddhas de Bamyan par les Talibans, en
Mars 2001, soit six mois avant le raid
du 11 septembre contre les symboles de
l’hyperpuissance américaine, a constitué
un déclic conduisant l’Inde à abandonner
sa traditionnelle politique d’amitié
avec les pays arabes, notamment
l’Egypte, son partenaire majeur au sein
du Mouvement des Non Alignés, pour se
rapprocher d’Israël.
L’environnement
djihadiste de l’Inde a d’ailleurs
conduit ses dirigeants à se rapprocher
également des Etats Unis dans un
contexte marqué par la disparition du
partenaire soviétique, parallèlement à
une accentuation de la coopération
sino-pakistanaise débouchant sur le
transfert d’énergie nucléaire de Pékin à
Islamabad et le lancement d’un programme
nucléaire pakistanais avec des subsides
saoudiens.
La nouvelle
alliance avec les États Unis et Israël a
été scellée sur la base d’une
convergence d’intérêts et une approche
sensiblement analogue de pays se
présentant comme des démocraties
partageant une même vision pluraliste du
monde, ayant le même ennemi commun,
l’«Islam radical».
Le rapprochement avec Israël s’est
traduit par une normalisation des
relations israélo-indiennes, en 1992,
concrétisée par la première visite d’un
dirigeant israélien à New Delhi, en
2003, en la personne du premier ministre
Ariel Sharon, l’année de l’invasion
américaine de l’Irak.
Troisième puissance
régionale avec la Chine et le Japon,
l’Inde se trouve dans une position
ambivalente en ce qu’elle doit maintenir
des liens étroits avec les
superpuissances pour se maintenir dans
le peloton de tête du leadership
mondial, sans pour autant distendre ses
liens avec le tiers monde, dont elle fut
longtemps l’un des chefs de file. Sa
présence au sein du BRICS (Brésil,
Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)
répond à cette logique.
Les Ouïghours, de
mémoire d’observateur, ne sont jamais
morts pour la Palestine pas un. Mais
nombreux l’ont été contre la Syrie, dans
un dévoiement sectaire de leur
idéologie.
Aux yeux des
stratèges du Pentagone,
l’instrumentalisation de l’irrédentisme
Ouïghour devrait avoir sur la Chine le
même effet déstabilisateur que le
djihadisme tchétchène sur la Russie de
Poutine. Mais une éventuelle montée en
puissance du Parti islamique du
Turkestan pourrait initier une
redistribution de cartes, dont les
principaux victimes pourraient être les
djihadistes ouïghours, à l’instar des
islamistes de Syrie.
A trop vouloir
servir de «chairs à canon» à des combats
mercenaires décidés par des
commanditaires dictés exclusivement par
leur raison d’état de leur propre
puissance, le sort des supplétifs est
inéluctablement scellé: Dindon de la
farce d’une gigantesque duperie.
8 La défection
de trois pays musulmans alliés de
l’Occident
Devant une telle
configuration, le Pakistan, le pompier
pyromane du djihadisme planétaire
pendant des décennies a paru amorcer une
révision déchirante de ses alliances,
renonçant à son ancien rôle de body
guard de la dynastie wahhabite pour un
rôle plus valorisant de partenaire de la
Chine, la puissance planétaire en
devenir, via le projet OBOR. Deux autres
pays musulmans, jadis alliés de
l’Occident, lui ont emboité le pas: la
Malaisie, et sans doute la Turquie, à
moyen terme, frappée de sanctions
économiques par les Etats Unis.
Si l’hypothèse du
djihadisme anti bouddhiste se
concrétisait, elle initierait une
gigantesque tectonique des plaques à
l’effet de sceller une alliance de fait
entre la Chine et l’Inde, les deux états
continents d’Asie, de surcroit non
musulmans, en vue de terrasser l’hydre
islamiste qui rôde à leur périphérie.
Pour aller plus
loin
Illustration
http://ddc.arte.tv/nos-cartes/xinjiang-le-grand-ouest-chinois
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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