Vu du Droit
France Insoumise, de l’ambulance au
corbillard
Régis de Castelnau
Lundi 26 août 2019 C’est incroyable,
ce qui est en train de se passer chez
LFI. Il y a une sorte de coalition de
gens dont le QI est inversement
proportionnel à la volonté de nuisance –
et à la capacité de faire du bruit sur
les réseaux – qui a repris les affaires
en main d’une façon tout à fait
fascinante. L’université d’été de LFI,
qui se tient ces jours-ci, est commentée
presque en temps réel par un mélange
d’obsédés de l’islamophobie qui
calomnient et salissent à peu près tout
ce qui n’est pas d’accord avec eux, de
néo-babos qui réclament la retraite à
cinquante ans et la fin du nucléaire, de
libertaires absolument consternants qui
veulent lancer un processus constituant
(pitié les gars, reposez cette
Constitution, tout doucement…voilà,
comme ça).
Cette reprise en
main est spectaculaire. Mélenchon a
choisi de ne pas y aller, et je le
comprends. Je le plains sincèrement. Je
crois qu’au vu de la teneur des débats,
il se serait fait traiter de vieux mâle
colonialiste au bout de deux heures de
présence, et éventuellement cracher
dessus par un militant L214 pour
carnisme aggravé. Le pauvre Jean-Luc
était prévenu : jouer à l’apprenti
sorcier avec des imbéciles arrivistes,
sans la moindre structure
intellectuelle, croire qu’on va en faire
un bélier pour défoncer la porte, c’est
toujours une mauvaise idée. Croire à
l’alliance entre amoureux de la France
et ceux qui la détestent, c’est une
erreur logique élémentaire. Croire que
les Gilets jaunes sont les équivalents
ruraux des « quartiers populaires »,
dont ils n’attendraient qu’une chose, la
convergence, c’est prendre ses désirs
pour des réalités.
Mélenchon s’est
fait manger par sa créature : la
stratégie du pot-pourri, populiste le
lundi, rassembleur de la gauche le
mardi, gaullien le mercredi, etc. Mot
d’ordre : « le peuple, ce n’est qu’une
construction sociale ». Histoire ? Non,
trop clivant. Identité ? Pareil.
République ? Pareil. Pas de vagues :
juste la masse informe et brute des
citoyens. Ça doit être vrai : Chantal
Mouffe l’a écrit dans un livre. Une
impasse absolue sur ce qu’est un
programme, ce que sont des propositions.
Tout ça est has been, vous comprenez :
l’avenir, ce sont les « articulations de
luttes » (par exemple : véganisme et
Gilets jaunes), les « signifiants
vides » (par exemple : l’écologie). Mais
bien sûr.
C’est une descente
aux enfers. Quand je repense à la
campagne de 2017 et à la ferveur qu’il y
avait, j’ai mal pour lui, et là aussi je
le dis sincèrement. Au milieu de tout ce
bordel surnagent Quatennens, qui tente
de faire vivre la ligne « républicaine »
– avec Bouhafs, Coquerel, Autain, Brakni
(rires enregistrés) – et Ruffin qui
propose… une alliance avec Jadot,
difficile à pardonner. Et pourtant, ces
deux-là sont loin de m’être
antipathiques.
Voilà ce qu’est
devenu ce mouvement : une bouillie, un
non-sens politique absolu. Ce n’est plus
qu’une kermesse de plaisantins se
croyant dotés d’une mission de conquête
sociale. Ils refont le monde entre deux
hot-dogs, entre manifs antifascistes et
apéros citoyens en non-mixité. Ils se
croient avant-garde éclairée, alors
qu’ils sont devenus le concentré de ce
que l’individualisme vide occidental
produit de plus consternant. Aucun
économiste de bon niveau ne vient plus
s’y afficher. Aucun intellectuel
potable. Seul Ardisson est là, sans
doute pour le plaisir de pimenter ses
vacances avec un safari parmi les punks
à chien. Quelle pitié, vraiment. Et
là-dedans, on trouve François Boulo,
dont on se demande ce qu’il peut espérer
d’une bande d’incapables pareils. Boulo
qui se fait traiter, en prime, de
fasciste – oui, oui, de fasciste,
François Boulo.
Désolé pour ce
concentré de mauvaise humeur, que je
mets sur le compte de mon désœuvrement
dans le train. Et aussi, un peu, sur la
honte que je commence à éprouver en
songeant au bulletin que j’ai mis dans
l’urne, ce 23 avril 2017.
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