Vu du Droit
Rubrique : actualité du déshonneur
Régis de Castelnau
Mercredi 24 avril 2019
La justice
française, parquet et magistrats du
siège confondus, continue jour après
jour de se déshonorer. Non seulement en
appliquant servilement les consignes
d’un pouvoir à la dérive, mais allant
aussi de plus en plus souvent au-devant
des souhaits de celui-ci. Et naturellement
toujours dans le silence de leurs
organisations syndicales qui nous
avaient pourtant donné tant et tant de
leçons.
Il s’est trouvé en
effet un Juge des Libertés, magistrat du
siège et qui par définition devrait être
impartial, pour prononcer un interdit
professionnel contre un journaliste qui
avait l’heur de déplaire au pouvoir
macronien. Sous l’accusation ridicule
d’outrage pour un doigt d’honneur en
réponse à une insulte proféré par un
policier violent, le parquet avait
sollicité que l’on fasse taire Gaspard
Glanz pour six mois. Aussitôt demandé,
aussitôt prononcé.
Erdogan sors de ce corps !
Plutôt que de faire
appel l’avocat de Glanz a préféré saisir
le tribunal correctionnel devant lequel
le journaliste devait comparaître dans
six mois (!). Pour demander que la
décision liberticide soit rapportée.
Aurons-nous lundi prochain le jour de
l’audience la bonne surprise de voir
enfin des magistrats du siège dignes de
la mission qui leur est confiée par le
peuple français ?
Quant au parquet,
pour l’instant aucune chance.
On a en effet appris l’ouverture d’une
enquête préliminaire pour les âneries
scandées (« rejoignez-nous ou
suicidez-vous ! ») dans une
manifestation samedi dernier. Donc, dans
le pays où l’on scandait « CRS SS,
Poniatowski assassin, Marcellin fasciste
nazi et assassin, Chirac salaud le
peuple aura ta peau etc. etc. » il
serait désormais interdit, de lancer des
slogans y compris en disant des bêtises
alors même que cette expression EST
DIRECTEMENT RATTACHÉE À LA LIBERTÉ
CONSTITUTIONNELLE DE MANIFESTATION.
Que le système
Macron se caractérise désormais par des
dérives liberticides est grave.
Qu’une partie importante de la
magistrature accepte d’en être
l’instrument est simplement atterrant.
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