Vu du Droit
Élections présidentielles 2017 :
chronique d’une curée de campagne
Régis de Castelnau
Lundi 6 août 2018
Prologue
Il semble que
l’affaire Benalla ait enfin brisé le
charme qui s’attachait à l’arrivée au
pouvoir d’Emmanuel Macron. Je dis enfin,
car dès le déclenchement du « procès
Fillon » c’est-à-dire du raid judiciaire
organisé et lancé par le triangle
Élysée/Canard enchaîné/Parquet National
Financier, la volonté de fausser
l’élection la plus importante de la Ve
République m’avait sauté aux yeux. La
participation ensuite à l’opération, du
pôle d’instruction financier n’avait pu
que renforcer cette conviction. J’avais
d’abord pensé que l’objectif premier,
surtout pour les magistrats, était de se
débarrasser du candidat de la droite
républicaine présenté très tôt comme un
suppôt de l’extrême droite. Mais la
partialité incroyable avec laquelle la
procédure a été menée contre Fillon
a eu sa contrepartie avec la protection
judiciaire dont ont bénéficié et
bénéficient toujours d’ailleurs les amis
de François Hollande et d’Emmanuel
Macron (qui sont souvent les mêmes).
Kader Arif, Bruno Leroux, Faouzi
Lamdaoui, Richard Ferrand, Muriel
Pénicaud, Gérard Collomb, les
organisateurs de la campagne d’Emmanuel
Macron
qui ont explicitement reconnu la
commission d’infractions pénales, et
François Bayrou et le MoDem accusés
des mêmes faits que ceux reprochés au
Front National, ceux-là dorment sur
leurs deux oreilles. Et depuis 18 mois,
l’affaire Fillon si urgente ne bouge
plus du tout. C’était donc bien
l’avènement de Macron qui était voulu
par ceux qui se sont occupés de
l’exécution de Fillon et de la
protection des amis du jeune roi.
Cependant, je
continue à constater qu’est encore
contestée l’idée que notre pays a
assisté à une forme de coup d’État. Qui
combinait le soutien de l’oligarchie
financière et de sa grande presse, celui
d’une partie de la haute fonction
publique d’État et notamment celle de
Bercy, et d’une instrumentalisation de
l’institution judiciaire à des fins
directement politiques. L’élection
d’Emmanuel Macron et d’une Assemblée
nationale introuvable grâce à ces
manipulations et à l’abstention massive
qu’elle a provoquée, l’ont en partie
délégitimée et provoqué une notable et
inquiétante fragilisation des
institutions.
L’aversion du petit roi pour les
libertés publiques, son
autoritarisme solitaire et son sentiment
de toute-puissance nourri de celui de
son impunité ne peuvent lever ces
inquiétudes.
Cela explique l’intensité de la réaction
au spectacle donné par ce qui entoure la
promotion et la protection du gorille
d’Emmanuel Macron et de ses épigones.
Je remets donc à
disposition de façon ordonnée
chronologiquement les articles que
j’avais rédigés sur ces sujets au fur et
à mesure du déroulement de la campagne
pour les élections présidentielles de
2017. On y trouvera beaucoup de redites
évidemment, mais on me fera le crédit
d’avoir pointé très tôt
l’invraisemblable dysfonctionnement de
la justice pénale. Aucun observateur du
monde judiciaire ne peut dire de bonne
foi que les procédures visant François
Fillon se sont déroulées normalement.
Voici donc pour les autres quelques
arguments utiles. Qui peuvent bien
évidemment être discutés, mais que je
pense difficiles à réfuter.
27 janvier 2017. Où
l’on observe ce qui arrive à François
Fillon, le triste candidat que s’est
donné la bourgeoisie de province lors
des primaires de la droite. Il est
question du missile envoyé par le Canard
enchaîné et repris de façon fulgurante
par le PNF. Où l’on croit encore
naïvement que le Front National peut
tirer les marrons du feu.
30 janvier 2017. Où
l’on décrit ce qui attend François
Fillon sur le plan de la procédure à
partir du raid lancé par le PNF. Et l’on
commence à s’interroger sur ses
conséquences en regard de l’élection
présidentielle.
3 février 2017 :
quand on jette un coup d’œil sur
l’explosion qui vient de se produire. Et
qu’on est très pessimiste sur l’avenir
du candidat Fillon.
6 fevrier 2017. Où
l’on trouvera un premier regard sur la
campagne d’Emmanuel Macron. Avec les
premières questions qui s’en déduisent.
Et notamment le soutien acharné des
médias mainstream et des milieux de
l’argent.
14 février 2017.
Petite saynète publiée sur Facebook
histoire de détendre l’atmosphère et de
dessiner ce qui attend François Fillon :
la nomination pour s’occuper de lui, du
juge d’instruction Tournaire jusqu’alors
spécialisé dans l’acharnement contre
Nicolas Sarkozy. Et sa prochaine et
rapide mis en examen avec un tel
magistrat. Ce sera fait une quinzaine de
jours plus tard.
19 février 2017. Où
on voit que les écailles commencent à
tomber des yeux et que la stratégie
politico-judiciaire enclenchée contre
Fillon apparaît comme vraiment destinée
à tuer sa candidature. Avec maintien de
l’erreur d’analyse qui consiste à penser
que Marine Le Pen peut en profiter.
28 février 2017. Où
l’auteur prend la mesure de l’ampleur de
l’opération judiciaire visant à tuer le
candidat Fillon. Par le spectacle de la
multiplication des manœuvres du PNF dont
on prend la mesure à ce moment-là
qu’elles sont surtout destinées à
favoriser Emmanuel Macron.
9 fevrier 2017. Où
l’auteur à la lumière de sa connaissance
de la façon dont fonctionne
habituellement la justice pénale,
constate le caractère concerté de
l’opération lancée par le triangle
Élysée/Canard enchaîné/PNF pour détruire
la candidature Fillon. Et favoriser
Macron.
4 mars 2017. Quand
l’évidence de la manipulation en faveur
de Macron saute désormais aux yeux. Et
que le choix se réduit entre la peste et
le choléra.
7 mars 2017. Où
l’auteur constate effaré la mobilisation
d’une partie de la magistrature parfois
au plus haut niveau pour justifier sans
barguigner le raid judiciaire destiné à
assurer la présence de Macron au
deuxième tour.
15 mars 2017. Où
l’on s’aperçoit qu’au-delà du haut
appareil judiciaire, les plus hautes
autorités de contrôle de la république
ont décidé d’intervenir dans l’élection
présidentielle. Pour la fausser et
permettre l’élection du candidat choisi
par l’oligarchie financière et la caste
de la haute fonction publique d’État.
22 mars 2017. Où
l’auteur constate que des gens dont la
mission constitutionnelle est de veiller
au respect de la loi, s’acharnent de
façon compulsive contre un candidat à
l’élection présidentielle pour en
favoriser un autre.
27 mars 2017. Dans
ce chapitre, on pourra pointer la
collusion de François Hollande avec
l’opération anti Fillon. On pourra
également constater les contorsions des
journalistes du Canard enchaîné, plus
soucieux de créer les conditions de
l’élection de Macron que de déontologie
professionnelle.
28 mars 2017. Où il
apparaît que les journalistes du Canard
enchaîné ne sont pas les seuls à vouloir
détruire la candidature de Fillon en
favorisant celle de Macron. Le service
public radiotélévisé ne se gênant pas
pour violer son obligation de
neutralité.
19 avril 2017. Où
l’auteur constate que la tragédie est
consommée. Que le candidat qui sera élu
le 7 mai ne disposera pas de la
légitimité républicaine indispensable.
2 mai 2017. Où l’on
constate que la stratégie électorale des
castors est grosse de dangers. Et que le
mieux est de ne pas céder au chantage,
l’élection d’Emmanuel Macron ne reposant
que sur un dévoiement des institutions
républicaines.
12 mai 2017. Où
l’auteur au travers d’un petit bilan de
ce qui vient de se produire entrevoit
les difficultés auxquelles le pays va se
trouver confronté avec une élection
présidentielle faussée. Qui a porté au
pouvoir un inconnu inquiétant, et vu le
dévoiement des institutions
républicaines.
Conclusion
rapide
Le temps est passé,
et Emmanuel Macron a pu continuer à
faire un peu illusion. Désormais, et les
études d’opinion le montrent son socle
de confiance ne va pas au-delà de celui
dont il a bénéficié pour le premier
tour, et encore… Dans la bataille
politique qui va désormais se dérouler
sur des bases différentes et dont
personne ne peut connaître l’issue, il
est possible que ce déficit de
légitimité initiale constitue un
handicap sérieux.
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