Algérie 1
Lakhdar Brahimi : »Assad est un homme
rationnel et il n’est pas suicidaire »
La Rédaction
Photo:
D.R.
Samedi 21 mars 2015
Près d’un an après la fin de sa mission,
l’ancien émissaire de l’ONU et de
la ligue arabe chargé du dossier de la
Syrie, Lakhdar Brahimi se livre à une
lecture critique du dossier syrien et de
l’échec des efforts diplomatiques pour
mettre fin à ce conflit sanglant alors
que des voix se font entendre pour
souligner que la crise ne pourra être
résolue sans inclure Bachar el-Assad
dans les négociations.
Dans une interview
accordée au site d’information Orient
XXI , le diplomate algérien estime
qu’après des années de guerre, « tout
le monde se rend un peu plus compte »
du fait que le problème syrien est « extrêmement
sérieux ». « Mais il semble que
les gens qui ont les moyens d’y mettre
fin ne soient pas prêts à faire les
concessions nécessaires à une solution »,
souligne-t-il.
Revenant sur sa
mission comme émissaire de l’Onu et de
la Ligue arabe, Brahimi impute notamment
son échec à l’obstination des
protagonistes, régime et opposition,
ainsi que leurs soutiens respectifs dans
la communauté internationale. Tout le
monde, selon lui, ne visait qu’une « victoire
finale ». « Ni (le régime)
ni (l’opposition) n’envisageaient
une autre solution que celle consistant
à imposer son point de vue »,
déplore-t-il.
Lakhdar Brahimi,
qui a rencontré plusieurs fois le
président syrien lors de sa mission, le
décrit comme un homme « rationnel ».
« Il n’est pas suicidaire mais il a
une certaine conception de l’Etat, du
pouvoir », estime-t-il. Le diplomate
ajoute que Bachar el-Assad est « très
bien informé » de la situation et
que rien ne lui est caché.
Dans l’entretien à
Orient XXI, M. Brahimi revient également
sur le rôle joué par les pays
occidentaux depuis le début du
soulèvement et estime qu’ils se sont
tous trompés. « Enfin, nous nous
sommes tous trompés. Tout le monde s’est
trompé lamentablement à chaque fois, pas
seulement en Syrie », dénonce-t-il.
A la différence des
Occidentaux qui misaient sur un
effondrement rapide du régime syrien,
poursuit le diplomate, « les Russes
ont dit depuis le début que la Syrie
était différente des autres pays et que
le régime allait résister ». Selon
lui, Moscou analysait mieux la situation
car les Russes sont « bien implantés
en Syrie », contrairement aux
Occidentaux, qui n’avaient avant la
crise qu’une « présence superficielle »
dans le pays.
(Algérie1)
Le
dossier Syrie
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