Palestine
Excusez moi de ne pas éprouver de
peine
Rania Talala
Samedi 11 juin 2016
J’ai
lu ça et là, que nous étions des
terroristes. Parce qu’on a tué des
civiles israéliens assis à une terrasse
de café à Tel Aviv.
C’est
drôle, ça me rappelle un mauvais
souvenir, ici, plus proche de moi
géographiquement mais à des années
lumières de ce qu’on vit vraiment,
là-bas.
Et
puis, on a étouffé l’affaire ici, le
pourquoi de cet acte indécent pour deux
phrases lâchées spontanément sur la
toile.
Excusez-moi de ne pas éprouver de peine.
Quand
on compare des hommes désespérés au
point de tirer sur une foule qui n’avait
rien demandé à de vils criminels
sanguinaires comme ceux de Daesh, oui !
Vous me retirez toute éventuelle peine
que j’aurai pu éprouver !
Donc
nous sommes des terroristes.
Je dis
« nous », car ces 2 hommes, ces
assassins, ces terroristes, représentent
dorénavant tous les Palestiniens.
La
preuve : nous avons eu droit à une
punition collective immédiate de par
l’Etat israélien.
83 000
personnes interdites d’aller prier, de
circuler…
En plein Ramadan… encore.
Enfin…rien de nouveau.
Je
suis fatiguée…
D’expliquer, de convaincre, de me
battre, de ce silence assourdissant sur
l’injustice que nous vivons.
En
silence.
Ou pas
vraiment. On piaille, on se révolte, on
s’indigne. Mais cela va dans l’oreille
d’un sourd.
C’est pesant, usant…
Pardonnez-moi de ne pas éprouver de
peine.
Vous
avez été terrorisés et moi, j’ai entendu
leur détresse.
Et, elle, je la comprends. Trop.
Israël, démocratie à 2 vitesses. La
France, indignation à 2 vitesses.
Où
étais-tu la France lorsqu’en 2014, les
Gazaouis se faisaient massacrer ? Où
étais tu lorsque 4 gamins, sur une
plage, se faisaient déchiqueter ? Où
étais tu lorsque bébé Ali et ses parents
se sont fait cramer ?
Où es tu aujourd’hui lorsque des enfants
sur le chemin de l’école se font
humilier, lorsque des enfants à la
frontière de Raffah sont morts de
n’avoir pu sortir se faire soigner de
l’autre coté, où es tu lorsque des
enfants se font arbitrairement
emprisonner, arrachés et balancés dans
des jeeps de l’armée la plus morale du
monde sous les yeux impuissants de leurs
parents ?
Où es tu pour dénoncer ces mères tuées
au détour d’un check point laissant
derrière elles des bébés, où es tu pour
dénoncer l’impunité des français qui
tuent de sang froid des colonisés ?
Et
ceci n’est qu’un extrait…
Où es tu ?
Alors,
excuse-moi de ne pas éprouver de peine.
Beaucoup ont dit que la militante a
tendu le bâton pour se faire battre.
Et qu’en est-il d’Israël ? Crois tu
vraiment que les Palestiniens
resteraient là, à subir les coups sans
en rendre à leur tour ?
Tu es
soit naïve, soit arrogante à croire
pouvoir toi et ton allié, tout
maitriser, tout dominer.
Et
c’est là justement que le bat blesse.
Même si cela est fait avec maladresse ou
rudesse ou cruauté, qu’importe!
Tu feins de ne pas comprendre pour
assurer des intérêts à toi et à l'autre.
En
fait, si. J'ai de la peine. Pour toutes
les vies qui partent de par votre faute.
Quelque soit leur nationalité.
Mais
tant que tu n’entendras pas leur
détresse, sache que les Palestiniens ne
se laisseront JAMAIS dominer.
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