Chronique de
Palestine
Evo Morales et la Palestine : une
solidarité sans faille
Ramzy Baroud
Le Président
bolivien Evo Morales - Photo : Archives
Lundi 18 novembre 2019
Ramzy Baroud
– Israël est un « État terroriste »:
les sept fois où la Bolivie et Morales
ont pris position en faveur de la
Palestine.
Le 10 novembre, le
président bolivien, Evo Morales, a
annoncé sa démission suite à ce que
son adjoint, Álvaro García Linera, a
qualifié de coup d’État militaire.
Les 14 années de
mandat de Morales ont été considérées
par beaucoup comme un succès pour le
peuple autochtone de Bolivie. en fait,
pour les peuples autochtones du monde
entier. Aux côtés du président
vénézuélien Hugo Chavez et du président
cubain Fidel Castro, parmi d’autres
dirigeants sud-américains socialistes ou
à tendance socialiste, M. Morales
représentait l’espoir de toute une
génération.
Le 20 octobre,
après les élections générales dans le
pays, tout s’est écroulé. Les opposants
à M. Morales, traditionnellement
soutenus par Washington, ont accusé le
camp du président d’avoir trafiqué les
élections. Après l’annonce des résultats
qui donnait à Morales une avance de 10%
sur son rival, une campagne
savamment orchestrée a été lancée
par l’opposition pour renverser le
président.
Des manifestations
de l’opposition très médiatisées ont
provoqué des soulèvements nationaux, des
troubles politiques et un ultimatum de
l’armée à Morales. Craignant de
nouvelles violences et le chaos dans le
pays, le président a annoncé sa
démission.
Il serait prudent
de dire que ce n’est pas la fin du
socialisme bolivien ni de la campagne
menée par le peuple pour la justice et
l’égalité. Le mouvement populaire en
Bolivie est fort et enraciné non
seulement en Bolivie, mais dans toute la
région et au-delà. C’est l’une des
raisons pour lesquelles les Palestiniens
de tous les horizons suivent de près
l’évolution de la situation en Bolivie.
Les Palestiniens
voient en la Bolivie – bien qu’elle soit
géopolitiquement éloignée du
Moyen-Orient – une véritable amie et une
alliée de confiance. Par ailleurs, la
démission de Morales est une5- Donner la
priorité à la Palestine bonne nouvelle
pour Tel-Aviv…
Ci-dessous sont mis
en évidence sept cas où la Bolivie, sous
l’impulsion de Morales, a montré un type
de solidarité avec le peuple palestinien
qui était parfois sans précédent dans le
monde :
1- Couper les
liens avec Israël
Même avant que la
Bolivie reconnaisse officiellement la
Palestine, le 14 janvier 2009, elle
avait
rompu ses liens avec Israël. Une
semaine plus tôt, le Venezuela avait
fait de même. La décision de la Bolivie
a été prise en réponse à la guerre
israélienne destructrice contre Gaza,
connue sous le nom d’opération
Plomb durci. A l’époque, Morales
avait appelé à la destitution du prix
Nobel de la paix du président israélien
Shimon Peres, en raison de son
soutien aux crimes israéliens commis
dans la bande de Gaza assiégée.
2- Reconnaître
la Palestine
Le 22 décembre,
Morales a donné suite à sa décision de
rompre ses liens avec Israël en
reconnaissant officiellement l’État de
Palestine en tant qu’État indépendant et
souverain. La décision de la Bolivie
faisait clairement partie d’un effort
coordonné de l’Amérique du Sud visant à
faire preuve d’une plus grande
solidarité avec le peuple palestinien, à
la suite d’une décision similaire prise
par le
Brésil et l’Argentine.
3- Soutenir la
Palestine aux Nations Unies
Lors de son
discours à l’Assemblée générale des
Nations Unies à New York le 21 septembre
2011, le Président Morales a déclaré:
« Non seulement la Bolivie soutient la
reconnaissance de la Palestine par les
Nations Unies, mais notre position est
de
souhaiter la bienvenue aux
Palestiniens à l’ONU ». Morales a
également dénoncé Israël pour avoir
« bombardé, attaqué, tué et pris des
terres » à l’encontre du peuple
palestinien autochtone. L’appui de la
Bolivie à la Palestine auprès de
l’Organisation des Nations Unies est
resté fort et constant tout au long de
la dernière décennie.
4- Déclarer
Israël un État terroriste
Le 30 juillet 2014,
le président Morales est allé plus loin
en
déclarant Israël « État terroriste »
à la suite de la
dernière guerre menée par ce dernier
dans l’enclave de Gaza. La déclaration
de Morales n’était pas de la pure
rhétorique, mais suivie de mesures
concrètes pour tenir Israël responsable
de ses crimes contre les Palestiniens
occupés et assiégés. Ce jour-là, la
Bolivie a également classé Israël dans
la catégorie « groupe 3 », ce qui
signifie que tout Israélien souhaitant
se rendre en Bolivie devait obtenir un
visa nécessitant l’approbation de
l’Administration nationale des
migrations.
5- Donner la
priorité à la Palestine
Lorsque la Bolivie
a
assumé la présidence du Conseil de
sécurité des Nations Unies en juin 2017,
elle a déclaré que la Palestine était
une priorité absolue de son agenda
politique. « Nos priorités : le conflit
au Moyen-Orient de 50 ans d’occupation
de la Palestine et la non-prolifération
des armes chimiques et nucléaires »,
avait alors tweeté le président
Morales.
6- Énumérer les
noms des Palestiniens martyrisés
Le 15 mai 2018,
l’ambassadeur de Bolivie auprès des
Nations Unies a enregistré l’un des
gestes de solidarité les plus
symboliques, mais les plus chargés en
émotion, jamais manifestés devant les
institutions internationales à l’égard
de la Palestine. Sacha Llorenti a
commencé son discours lors d’une session
d’urgence aux Nations Unies
en nommant les 61 Palestiniens
assassinés par Israël dans la
Grande Marche du Retour de Gaza. Les
victimes palestiniennes ont toutes été
tuées lors de manifestations populaires
non violentes qui exigeaient la fin du
siège israélien à Gaza.
7- Coopérer avec
la Palestine
Le 22 juin 2019, la
Bolivie a scellé sa solidarité avec le
peuple palestinien avec la signature de
l’accord de coopération pour le
développement entre les deux pays. Bien
que le libre-échange et la coopération
entre les deux économies ne soient pas
une tâche aisée, compte tenu du fait que
la Palestine est sous contrôle total
d’Israël, l’accord était une évolution
naturelle et logique du soutien
politique et de la solidarité populaire
avec la Palestine, manifestées depuis de
nombreuses années.
Il serait erroné de
nier le pouvoir du mouvement indigène
bolivien malgré la démission brutale de
Evo Morales. Il serait également erroné
de conclure que l’absence de Morales
détruira automatiquement le lien solide
qui unit la solidarité et la lutte
commune entre la Palestine et la
Bolivie.
* Ramzy Baroud est journaliste,
auteur et rédacteur en chef de
Palestine Chronicle. Son prochain
livre est «The
Last Earth: A Palestine Story» (Pluto
Press). Baroud a un doctorat en études
de la Palestine de l’Université d’Exeter
et est chercheur associé au Centre
Orfalea d’études mondiales et
internationales, Université de
Californie. Visitez son site web:
www.ramzybaroud.net.
14 novembre 2019 –
The Palestine Chronical – Traduction
:
Chronique de Palestine – Lotfallah
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