Chronique de
Palestine
Élections israéliennes :
qui détrônera le criminel en chef ?
Ramzy Baroud
Septembre 2014 - Netanyahu, menteur et
criminel en chef, en est réduit à
utiliser de grossiers
montages photo
pour tenter de convaincre son auditoire
à l'AG des Nations Unies.
Photo :
ONU/Amanda Voisard
Samedi 12 janvier 2019
Ramzy Baroud – Benjamin
Netanyahu, Premier ministre israélien, a
réagi en qualifiant les appels en
faveur d’élections anticipées en
novembre « d’erreur historique ».
Quelques semaines plus tard, il a
annoncé avec une confiance théâtrale
la certitude « unanime » de sa coalition
d’extrême-droite que des élections
anticipées devaient avoir lieu en avril
prochain. Alors pourquoi un
tel engouement ?
Netanyahu n’a
certainement rien d’un dirigeant
exceptionnel, mais ce qui est sûr, c’est
qu’il est un politicien rusé. Le fait
qu’il se prépare pour un cinquième
mandat à la tête de la scène politique
israélienne en lambeaux en dit long sur
sa capacité à survivre malgré de
nombreux obstacles.
Mais tout ne tient
pas à Netanyahu et à son esprit retors.
La politique israélienne est vraiment
morne. La « gauche », si elle a jamais
mérité une telle appellation, est
marginale, voire totalement hors de
propos. Le « centre » n’a ni identité
politique réelle ni discours un minimum
cohérent concernant, par exemple, la
politiqdu minuscule territoireue
étrangère ou une véritable vision de la
paix et de la coexistence. La droite,
qui caractérise désormais la société
israélienne dans son ensemble, s’est
encore déplacée vers l’aile la plus
extrême et est saturée de zèle
religieux, d’ultra-nationalisme, tandis
que certaines de ses composantes
flirtent ouvertement avec le
fascisme.
Aussi étrange que
cela puisse paraître – avec le ministre
de l’Éducation, Naftali
Bennett, du ministre de la Justice,
Ayelet
Shaked, et du ministre de la Défense
récemment
démissionnaire, Avigdor
Lieberman – Netanyahu n’est pas le
plus fascisant.
En effet, selon la
politique orwellienne d’Israël, rien
n’est ce qu’il semble être.
Netanyahu paie
maintenant le prix de son excès de
confiance. Le monstre d’extrême-droite
qu’il a créé avec tant de diligence pour
anéantir ses ennemis est devenue si
puissant et si erratique que le Premier
ministre lui-même ne peut plus contrôler
ses effets politiques.
Le dirigeant
israélien, jadis incontesté, s’est trop
accoutumé au pouvoir. Sa famille aussi
est devenue trop habituée à la belle
vie. Son épouse est actuellement
en procès pour corruption et
utilisation abusive de fonds publics.
Début décembre, la
police a
recommandé – pour la troisième fois
– que Netanyahu soit inculpé de fraude,
d’acceptation de pots-de-vin et d’abus
de confiance. Entre son implication
directe dans la débauche de corruption
que son bureau a endossé et les
relations nauséabondes de son propre
cercle de condu minuscule
territoireseillers et de profiteurs, le
dirigeant israélien n’est plus
intouchable.
Le sentiment de
sécurité de Netanyahu a toujours été
renforcé par sa bonne place dans les
sondages d’opinion.
Même maintenant,
son
score est encore relativement élevé.
Son parti, le Likoud, arriverait tout de
même en tête dans une élection – 30
sièges sur les 120 de la Knesset – si le
vote devait avoir lieu aujourd’hui.
En fait, c’est
précisément pour cette raison que
Netanyahu a fait ce virage à angle droit
et a cédé à la pression croissante de
Bennett, parmi d’autres dirigeants
mécontents.
Ses mains sont
liées en Syrie, en raison du puissant
rejet par la Russie du bombardement
incessant d’Israël sur ce pays déchiré
par la guerre. Ses initiatives
agressives sur Gaza sont à présent
limitées en raison de l’attaque
ratée du 11 novembre contre la bande
de Gaza assiégée.
Gaza était un lieu
où les politiciens israéliens pouvaient
librement « rouler des mécaniques »,
punir la population du minuscule
territoire sous blocus, soit par une
guerre répétée, soit par un bombardemdu
minuscule territoireent de routine.
Mais Netanyahu a
également échoué sur ce front de Gaza,
où la résistance a récemment repoussé
une attaque de commando israélien et
contraint le gouvernement israélien à
une trêve parrainée par l’Égypte.
Quarante-huit
heures plus tard à peine, Lieberman a
démissionné en signe de protestation,
contribuant encore davantage à la
stigmatisation croissante des
responsables israéliens de tous les
partis, selon laquelle leur chef est
« faible » et a été « vaincu »
par le Hamas.
Pourtant, sa
coalition a survécu, mais pas pour
longtemps. Une très
faible majorité tenant à un seul
membre de la Knesset a maintenu au
pouvoir la coalition autrefois plus
forte. Bennett et d’autres ont
soudainement eu la clé de la survie de
la coalition dirigée par le Likoud et du
destin politique de Netanyahu.
Aussi, Netanyahu a
opté pour des
élections anticipées, dans l’espoir
d’une victoire facile et d’une nouvelle
coalition de droite où il disposerait
d’une plus grande latitude et d’un
respect accru.
Comme les partis du
centre et de la dite gauche ont déjà
fait leurs preuves, Netanyahu compte
maintenant sur leur incapacité largement
établie à mobiliser la société
israélienne.
Les élections
auront lieu le 9 avril, comme annoncé le
24 décembre par le président de la
Knesset, Yuli-Yoel Edelstein, soit près
de
huit mois avant la date prévue.
Compte tenu des
soucis croissants de Netanyahou, huit
mois seraient trop longs pour garantir
son éligibilité. En fait, la plupart des
Israéliens le considèrent déjà comme un
dirigeant corrompu.
Selon les mêmes
calculs, des élections anticipées en
avril ne représentent pas un délai
suffisamment long pour permettre à un
candidat fort, officiellement issu ni de
droite ni de l’épave politique du centre
et de la gauche, de finalement détrôner
le roi d’Israël.
Cependant, cela
aussi pourrait être un vœu pieux.
Quelques jours
après l’annonce d’Edelstein, Bennett et
Shaked ont annoncé la
formation de leur nouveau parti. Les
dirigeants du Foyer juif (ultra-droite
sioniste) sont désormais les dirigeants
de la « nouvelle droite ». Bien que cela
soit considéré comme un défi majeur pour
Netanyahu à l’intérieur de son camp
politique, il constitue également un
signe avant-coureur de la fragmentation
de la droite elle-même.
Mais ce n’est pas
tout. Un autre Benjamin – Benjamin
« Benny » Gantz – espère changer
complètement le paradigme politique
israélien.
L’ex-général a
participé à plusieurs guerres contre
Gaza, sur le front israélo-syrien et
était le 20e chef d’état-major du pays.
Dans un
environnement politique aussi flou, donc
non verrouillé, et avec un bilan aussi
sanglant à son actif, il sera difficile
pour Netanyahu de contrebalancer la
réputation de Gantz parmi les
Israéliens. En Israël, « tuer les
Arabes » est toujours attractif dans les
urnes.
Bien que le
militaire devenu homme politique soit
perçu comme un centre-gauche, il veut
clairement faire table rase de ce qui a
précédé. Le 27 décembre, Gantz a lancé
son propre parti politique : Hosen
Yisrael [la résilience d’Israël].
Avec peu, voire
aucune campagne politique, le nouveau
parti gagnerait
15 sièges à la Knesset si des
élections avaient lieu aujourd’hui.
Cela en dit long
sur le manque de confiance des
Israéliens dans les dirigeants actuels
du centre-gauche, mais aussi sur le
sérieux défi auquel la droite dans tous
ses aspects, devrait s’attendre si la
roue continue de tourner.
Pour le moment, la
stratégie de Netanyahu est susceptible
de viser à obtenir le plus de capital
politique possible tout en prenant le
moins de risques possible.
Mais alors que ses
ennemis gagnent du terrain, que les
enquêtes de police en arrivent aux
conclusions, que la droite est
fractionnée et que l’élection d’un
« centriste » devient possible, le
survivant Netanyahu pourrait devenir un
handicap pour son propre parti, ce qui
pourrait enfin provoquer la fin de son
mandat et de sa carrière politique.
*
Ramzy Baroud est journaliste,
auteur et rédacteur en chef de
Palestine Chronicle. Son prochain
livre est «The
Last Earth: A Palestine Story» (Pluto
Press). Baroud a un doctorat en études
de la Palestine de l’Université d’Exeter
et est chercheur associé au Centre
Orfalea d’études mondiales et
internationales, Université de
Californie. Visitez son site web:
www.ramzybaroud.net.
2 janvier 2018 –
RamzyBaroud – Traduction :
Chronique de Palestine – Lotfallah
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