Algérie 1
Les arabes en ordre de bataille
Rafik Benasseur
Photo:
D.R.
Lundi 30 mars 2015
Les monarques du Golfe l’ont voulu Al
Sissi l’a fait. Le président égyptien a
fait adopter cet après midi le principe
de créer une force militaire arabe, au
terme d’un sommet de la Ligue éponyme
dont l’objet était d’accorder une
caution diplomatique à l’intervention au
Yémen.
En maître de cérémonie à Charm el
Cheikh, Abdelfettah Al-Sissi, a exhaussé
le vœu de ses chers alliés et amis du
Golfe qui n’ont pas hésité à sortir
leurs portefeuilles pour financer sa
campagne électorale et aujourd’hui son
plan de sauvetage économique à coup de
milliards de dollars.
C’est pourquoi, le rais d’Egypte ne
peut rien refuser aux monarques et émirs
d’Arabie Saoudite, du Koweït et des
émirats arabes unis.
Et, avantage collatéral, Al-Sissi en
déficit de légitimité chez lui, et en
manque de reconnaissance à
l’international, réussit là un bon
succès diplomatique. Cela ne le gênerait
pas tant que çà de jouer le gendarme des
pétromonarchies pour faire face à la
«menace» iranienne qui n’est pas
spécialement perçue ainsi en Egypte.
Mais dans cette enceinte de la Ligue
arabe, les deux côtés semblent tirer
leurs épingles du jeu diplomatique. Ne
pouvant rembourser les gros sous qu’il a
reçus de ses amis du Golfe, Al-Sissi est
presque obligé de jouer le jeu de la
menace «chiite» pour rester dans leurs
bonnes grâces.
Les monarques
s’offrent un bras armé
L’annonce officielle de la création
de cette «force militaire arabe» est un
faux scoop tant le sommet de Charm el
Cheikh a été convoqué pour justement
entériner le principe.
Il fallait aussi offrir à posteriori
une caution légale et diplomatique à
l’opération «Tempête décisive» menée par
l’armée saoudienne contre les houthis au
Yémen. C’est désormais chose faite même
si les bombardements ont commencé il y a
quatre jours déjà en violation flagrante
de la légalité internationale.
Il faut se féliciter de la position
de l’Algérie qui n’a pas suivi les pays
arabes qui ont suivi à la queue leu leu
le mot d’ordre des monarques.
L’exception
algérienne
Le texte de la résolution de la Ligue
arabe instituant cette force
d’intervention précise bien l’exception
algérienne en mettant en relief le
caractère «facultatif» de l’adhésion.
Autrement dit, l’Algérie et d’autres
pays peuvent tout à fait se sentir non
concernés par cette armée de
«mercenaires» qui devrait être mise en
place.
La résolution adoptée cet après midi
souligne que cette force «sera
essentiellement investie des missions
d’intervention militaire rapide, à la
demande du pays concerné, face aux
menaces qui guettent la paix et la
sécurité arabes».
Et connaissant l’influence des pays
du Golfe et de l’Égypte dans la région
et au sein de la Ligue arabe, il est
aisé de conclure que cette force sera
leur bras armé.
Ça a tout l’air d’être un mécanisme
militaire destiné à faire face à l’Iran
et accessoirement au Hezbollah et au
pouvoir syrien. Des «ennemis»
potentiels qui ne sont pas forcément
perçus comme tels du golfe persique à
l’océan atlantique. D’où la pertinence
du niet algérien.
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