Algérie 1
Les préalables de Lamamra
Rafik Benasseur
Photo:
D.R.
Jeudi 2 avril 2015
Quelle est donc la position
officielle de l’Algérie à l’égard de la
création de la «force arabe
commune» qui fait couler tant
d’encre et de salive ?
Le ministre des affaires étrangères,
M. Lamamra vient de la décrypter pour
ceux qui veulent saisir la subtilité de
la position algérienne lors de son
passage aujourd’hui sur les ondes de la
radio Algérie internationale.
«(…) ce sera un instrument de
lutte contre le terrorisme, semblable à
la Capacité Africaine de Réponse
Immédiate aux Crises (CARIC) instituée
au niveau de l’Union africaine. Cette
force commune n’a absolument rien à voir
avec les développements que connaît le
Yémen, la Libye ou d’autres pays arabes
qui plongent dans l’instabilité», a
expliqué Lamamra.
En clair et en décodé, l’Algérie ne
cautionnera jamais une force armée
arabe qui irait faire la guerre dans un
pays membre en proie à une instabilité.
Du coup, l’Algérie s’inscrit
implicitement en faux contre l’opération
«Tempête de fermeté» que mène
l’Arabie Saoudite avec neuf autres
nations arabes contre les houthis au
Yémen.
Cette mise au point a le mérite
d’être claire s’agissant des desseins
que voudraient imprimer l’Égypte et
l’Arabie Saoudite à une force arabe
commune qui vient d’être créée au terme
du sommet de Charm Cheikh.
Pour Lamamra, cette force ne saurait
servir à d’autres fins que celle de
lutter contre le terrorisme.
Une force oui, mais
d’ingérence
Pour autant, les parrains de cette
force ne l’entendent pas de cette
oreille et le MAE algérien est loin de
l’ignorer. C’est pourquoi il a pris le
soin de préciser que l’Algérie «œuvre à
rendre cette proposition «plus
réaliste».
«Plus réaliste», c’est dire qu’aux
yeux, du ministre algérien, envoyer
cette force dans un pays arabe pour
faire la guerre s’apparenterait à une
ingérence dans ses affaires internes.
Une perspective non envisageable pour
l’Algérie qui en fait un principe
doctrinaire.
Le MAE a tenu à lever toute équivoque
en affirmant que «ce projet d’une
force commune doit être totalement «
séparé de la conjoncture dans les pays
arabes». Dixit donc la tension au
Yémen, en Libye et en Syrie.
Qui est terroriste ?
Et à Lamara d’ajouter : «Il faudra
le faire, si on veut avoir une
compréhension dépouillée des
interprétations malheureusement très
abondantes en ce moment, notamment dans
les médias».
Mais faut-il pour autant que les
arabes s’entendent sur la définition
même du terrorisme. Il est un fait que
ce terme est perçu différemment selon
qu’on est en Algérie ou en Egypte.
Pour le président Al-Sissi le
mouvement des Frères musulmans et le
Hamas palestinien sont des mouvements
terroristes. Une position que ne
partagent pas du tout l’Algérie et le
Qatar par exemple pour qui il s’agit de
résistances.
De même que le régime de Bachar al-Assad
est perçu comme tel par les monarchies
du Golfe mais pas spécialement par
l’Algérie voire même l’Egypte.
C’est dire qu’une vérité en Algérie
est peut être une erreur ailleurs et
vice versa.
Il y a incontestablement un problème
conceptuel à régler avant de mettre en
ordre de bataille une force aussi
faiblement soutenue. Et en l’espèce, le
chef de la diplomatie algérienne a le
mérite de poser des préalables.
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