L'Humanité
Israël, prédateur de journalistes
palestiniens
Pierre Barbancey
Dimanche,
des journalistes palestiniens se sont
rassemblés devant le siège du comité
international de la Croix Rouge, à
Ramallah, pour demander la libération de
leur collègue Omar Nazzal, arrêté la
veille par les forces israéliennes.
Photo : AFP
Mardi 26 avril 2016
Omar Nazzal,
rédacteur en chef d’une chaîne de
télévision palestinienne, Palestine Al
Yaum, a été arrêté par l’armée
israélienne alors qu’il se rendait à un
colloque de la Fédération européenne des
journalistes.
Ramallah
(territoires palestiniens occupés),
envoyé spécial.
Plusieurs dizaines
de journalistes se sont rassemblés,
dimanche, devant le siège du Comité
international de la Croix-Rouge (CICR),
à Ramallah. Ils entendaient protester
contre l’arrestation d’Omar Nazzal,
membre du secrétariat du Syndicat des
journalistes palestiniens. Notre
confrère se rendait à une conférence en
Bosnie, répondant ainsi à l’invitation
de la Fédération européenne des
journalistes (FEJ), qui a condamné cette
détention. Son président, Mogens Blicher
Bjerregard, exige « la libération
immédiate » de Nazzal. Il a été
interpellé alors qu’il se trouvait à la
frontière entre la Cisjordanie occupée
et la Jordanie. Son épouse a indiqué
qu’il avait d’abord été retenu au point
de passage tenu par les Israéliens avant
d’être arrêté. « Je n’ai aucune idée de
son sort depuis qu’il m’a annoncé samedi
par téléphone avoir été arrêté par
Israël », a-t-elle déclaré, ajoutant ne
pas savoir où il se trouvait
actuellement.
Tel-Aviv accuse
Palestine Al Yaum d’« inciter » les
Palestiniens à la violence
Les journalistes
palestiniens ont manifesté devant le
CICR parce que c’est la seule
organisation internationale habilitée à
rendre visite aux Palestiniens détenus
par les autorités israéliennes. Or, on
n’a aucune nouvelle d’Omar Nazzal. «
Nous avons expliqué au CICR qu’il
fallait impérativement et rapidement
rendre visite à Omar Nazzal pour
connaître les conditions de son
arrestation », a expliqué Moussa Chaar,
membre du secrétariat général du
syndicat. Un autre responsable syndical,
Abou Bakr, a décrit l’arrestation de
Nazzal comme « un nouveau crime dans la
chaîne de crimes perpétrés par
l’occupation contre les journalistes
palestiniens ». En mars, la Fédération
internationale des journalistes (FIJ)
avait dénoncé les « attaques continues »
d’Israël contre les médias palestiniens.
Omar Nazzal est le
rédacteur en chef de Palestine Al Yaum
(« Palestine aujourd’hui »), une chaîne
de télévision dont le bureau à Ramallah
a récemment été fermé par la force par
l’armée israélienne. Tel-Aviv accuse
Palestine Al Yaum d’« inciter » les
Palestiniens à la violence. L’incitation
à la violence, dans le discours
israélien, inclut toutes les
dénonciations de l’occupation et de la
colonisation. Outre Palestine Al Yaum,
de nombreux médias palestiniens ont
ainsi été fermés ces derniers mois, les
locaux souvent saccagés et les
ordinateurs emportés. Les journalistes
palestiniens sont une cible évidente.
Lors de l’offensive israélienne dans la
bande de Gaza en juillet 2014, quatorze
d’entre eux avait été tués dans
l’exercice de leur métier dans une
insupportable indifférence générale.
Depuis 2015,
quarante-trois journalistes ont été
emprisonnés par les Israéliens
Ce sont pourtant
eux qui, au péril de leur vie,
rapportent des images souvent utilisées
par les médias occidentaux sans que
jamais leur nom n’apparaisse. Le comité
des journalistes palestiniens de Gaza a
également révélé qu’Israël empêchait
tout matériel de protection des
journalistes comme des gilets
pare-balles et des casques, envoyés par
des associations de solidarité, d’entrer
dans la bande de Gaza.
Depuis octobre
2015, quarante-trois journalistes – dont
deux reporters étrangers – ont été
emprisonnés par les Israéliens
(plusieurs, dont une femme, sont
toujours enfermés), selon le Comité de
soutien aux journalistes palestiniens,
basé à New York. Des cas de torture et
de négligences médicales ont été
relevés. L’attaque contre les médias
palestiniens, les arrestations et les
interrogatoires s’inscrivent dans une
volonté de faire taire les témoins des
exactions pratiquées par l’armée
d’occupation israélienne et les colons
en Cisjordanie.
© Journal
L'Humanité
Publié le 7 mai 2016 avec l'aimable
autorisation de
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