Opinion
La reconnaissance d'un État palestinien
sans
la totalité des droits est absurde
Omar Barghouti
Photo:
D.R.
Samedi 18 octobre 2014
Le vote à majorité écrasante du
Parlement britannique en vue de
reconnaître un « État de la
Palestine » peut effectivement être
un signe de « là où le vent souffle
», comme l'a expliqué
l'ambassadeur de Grande-Bretagne à
Tel-Aviv, un reflet de l'importante
érosion du soutien public au régime
israélien d'occupation et de refus de
droits aux Palestiniens. Mais il ne
faudrait pas tout voir en noir et blanc.
S'il s'agit de la première étape vers la
reconnaissance du droit irréfutable du
peuple palestinien à
l'autodétermination, cela constitue
alors une contribution positive à
l'instauration d'une paix juste et
durable en conformité avec les lois
internationales.
Mais, comme la chose est impliquée, s'il
s'agissait simplement de ressusciter la
version comateuse à deux États qui,
puisque dictée par Israël, laisse de
côté les droits fondamentaux des
Palestiniens, ce serait alors un autre
acte de complicité des Britanniques dans
la confirmation de la légitimité de
l'ordre injuste d'Israël.
La négation par Israël des droits
palestiniens et la colonisation en cours
des territoires palestiniens occupés, y
compris à Jérusalem-Est, après tout,
transformera la solution putative à deux
États en un
bantoustan et en un
« Etat d'apartheid » israélien,
comme l'a dit le ministre américain des
Affaires étrangères John Kerry dans une
mise en garde.
Selon les Nations unies, le droit
des Palestiniens à l'autodétermination
comprend également, en dehors de la
souveraineté, « le droit inaliénable
pour les Palestiniens de retourner dans
leurs foyers et propriétés dont ils ont
été déplacés et déracinés ».
L'écrasante majorité de la société
civile palestinienne a déclaré, dans
l'appel historique aux
BDS de 2005 contre Israël, que
l'exercice par les Palestiniens de
l'autodétermination requiert qu'un terme
soit mis à l'occupation et la
colonisation israéliennes entamées en
1967, que soient « reconnus à
égalité totale les droits fondamentaux
des citoyens arabo-palestiniens »,
et que soit reconnu également le droit
des réfugiés palestiniens de retourner
dans leurs foyers et leurs terres dont
ils avaient été déplacés par la force en
1948.
Israël a catégoriquement rejeté
l'égalité complète, juridiquement et
politiquement, pour ses citoyens
palestiniens parce que cela saperait, de
facto et de jure, sa perpétuation en
tant qu’État exclusivement juif. Mais
même le ministère américain des Affaires
étrangères
a critiqué Israël parce qu'il
maintient en place un système de «
discrimination institutionnelle,
juridique et soci(ét)ale » à
l'égard de ses citoyens palestiniens.
Les Palestiniens attendent des
gouvernements du monde, et tout
particulièrement du gouvernement
britannique, avec
sa responsabilité directe dans la
création de la question de la Palestine,
qu'ils reconnaissent, en tout premier
lieu, notre droit à disposer de droits
égaux à ceux de toutes les autres
nations et de tous les autres êtres
humains.
Publié le 16 octobre sur
The New York Times. Traduction pour
ce site : JM Flémal.
Nous voulons ce que l'archevêque Desmond
Tutu appelle « le menu complet des
droits ».
Omar Barghouti est
militant Palestinien indépendant des
droits de l’homme et membre fondateur du
mouvement de BDS. Il est l’auteur de
« Boycott, désinvestissement, sanctions.
BDS contre l'apartheid et l'occupation
de la Palestine »
Traduction pour le site
de la Plate-forme Charleroi-Palestine
: JM Flémal.
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