Opinion
Nuit debout ou quand Finky marque
un point
Olivier Mukuna
Samedi
dernier, Finkielkraut é été expulsé de
la place de la République
par plusieurs personnes très en colère.
Il n'est pas le premier à qui "cela"
arrive mais le plus médiatique...
Mardi 19 avril 2016
L'expulsion
houleuse d'Alain Finkielkraut de
la place de la République a mis en
lumière un sérieux problème, dénoncé par
certains observateurs dès la première
heure [1] et obstinément occulté par
beaucoup dont les médias traditionnels :
le sectarisme croissant au sein de
Nuit debout...
Soyons clair :
ayant jadis dénoncé et critiqué l'ethnicisme
réactionnaire de Finkielkraut dans l'un
de mes livres, ce n'est pas moi qui
verserai une larme sur ce qu'il a subit
le soir du 16 avril 2016. Sans le
cautionner, je comprends parfaitement
que "l'immortel"' se fasse huer
et insulter par son unique présence
place de la République. Il récolte là -
à cet endroit précis d'ébullition et
d'espoirs citoyens - ce qu'il a semé via
moult tribunes, livres et plateaux
télés. Cet agent multimédias de l'Etat
colonialiste d'Israël ("Nous sommes
tous des sionistes" [2]), de la
négrophobie structurelle ("Une équipe
de foot française black-black-black"
[3]) et de la liberté d'expression
sélective (soit on est "Charlie"
soit on est "Kouachi") goûte ici
l'amère ironie de la vie.
Comme un
enfant de 10 ans aurait pu le prévoir
(mais apparemment pas les responsables
de Nuit debout), dès le lendemain de son
expulsion, politiciens et médias vendus
aux puissances d'argent ont
immédiatement fait corps avec "la
victime" et amalgamer
l'ensemble du jeune mouvement à ceux qui
ont chassé l'académicien...
Système oligarchique - Nuit debout : 1-0
Certains citoyens
de Nuit debout n'ont pas exigé
qu'il se taise - comme il l'avait
lui-même ordonné face caméras au
réalisateur Abdel Raouf Dafri [2]
- mais bien qu'il dégage ! Scoop, Finky
: la vie et le terrain n'ont souvent
rien à voir avec le confort bourgeois
d'un plateau de télé, organisé pour tes
plus grand bénéfice et temps de parole
militants...
Depuis
plus de 30 ans, Finky réussit le tour de
force de squatter journaux,
radios et télés francophones pour
distiller son discours sioniste,
ethniciste et réactionnaire.
Pour la plupart des acteurs des Nuits
debout françaises et bruxelloises :
"Finkielkraut fait partie du problème,
pas de la solution"
Pour autant,
lorsqu'à chaud de son "exfiltration",
Alain Finkielkraut affirme au micro de
l'excellent Cercle Des Volontaires
[3] : "J'ai été expulsé d'une place
où doit régner la démocratie et le
pluralisme... Donc cette démocratie,
c'est du bobard ; ce pluralisme, c'est
un mensonge !", il a indéniablement
raison. Et fait aussi mentir ceux qui
spéculaient sur sa sénilité avancée.
D'autant qu'il n'est pas le premier à
subir ce violent déni de présence ;
d'autant que certains intellectuels,
tels
Etienne Chouard [4],
redoutent de se rendre place de la
République en raison de ce sectarisme
grandissant, de cette épuration
"antifasciste" qui se manifeste
quasiment à chaque Nuit debout
parisienne...
Au lieu de
sous-estimer l'impact médiatique
contre-productif d'une "chasse au Finky",
il aurait été sans doute plus judicieux
de
récourir
aux vieilles méthodes belges.
Exprimer, débattre
et rêver d'une autre société, d'un autre
socle et fonctionnement politiques
faisant la part belle aux citoyens, ne
peut faire l'économie de la cohérence.
L'infiltration sinon la récupération de
Nuit debout par de
pseudo-antifascistes, décidant qui peut
ou ne peut pas accéder place de la
République, décrédibilise gravement les
nobles intentions de départ de ce
mouvement inédit. Quoi qu'on puisse
penser de leur travail comme de leur
personne, Finkielkraut, Chouard ou
d'autres intellectuels controversés
doivent pouvoir se rendre à République
sans craindre pour leur intégrité
physique. C'est la moindre des choses.
Et cela ne devrait, en projet citoyen de
renouveau démocratique, même pas être
discuté.
A priori
politiquement hostile aux principales
tendances de Nuit debout, le
néoconservateur Finkielkraut vient de
marquer un point. Les leaders et
responsables du mouvement le
laisseront-il en marquer d'autres ?
Olivier Mukuna,
Bruxelles, le 17 avril 2016.
[1]
https://www.youtube.com/watch?v=L8j...
[2]
https://www.youtube.com/watch?v=frH...
[3]
http://tempsreel.nouvelobs.com/soci...
[4]
https://www.youtube.com/watch?v=t91...
[5]
https://www.youtube.com/watch?v=Fk4...
[6]
https://www.youtube.com/watch?v=WfJ...
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