Il en aura fallu du
temps, des morts, des coups, du mépris,
des rivières de sueurs et de larmes pour
en arriver à ce 30 juin 2020.
A cette parole
royale totalement inattendue (*) ; à ces
mots, contre-signés par le gouvernement,
qui ont lié, majestueusement, passé
colonial et racisme structurel belges ;
à ces mots qui ont enfin admis la
réalité de ce continuum colonial que
Nous n'avons cessé d'expliquer, de
déconstruire et de dénoncer (pour ma
part, depuis plus de 15 ans) ; à ces
mots frappés du sceau de la monarchie
qui devrait enfin fermer la bouche
fétide de tous ces
commissaires-menteurs, ces
réducteurs-priseurs et autres
nostalgiques encenseurs du crime contre
l'Humanité qu'a constitué la
colonisation belge.
Lorsque j'écris
"Nous", dans mon petit pays aux grands
ego, c'est pour tenter de résumer la
longue liste multicolore des femmes et
des hommes que j'ai vu, toutes ces
années, lutter, argumenter, travailler
sans compter, en ignorant si, de leur
vivant, ils verraient cette étape
historico-symbolique du 30 juin 2020.
Oui, je les ai vus - qu'elles et ils en
soient à jamais Remerciés ! -,
s'accrocher, résister, s'obstiner,
chuter et se relever, quand le vent des
pouvoirs blancs ne soufflait pas dans le
bon sens ; quand il était plus rentable
à tous niveaux de "fermer sa gueule" ;
quand l'admirable peuple des USA n'avait
pas donné le signal ; quand ce n'était
pas à la mode de crier que la vie des
noir-e-s compte...
Cette nuit, de mon
bureau enfumé, enchaîné à mon clavier,
je pense à vous, mes frères et soeurs de
lutte. De Belgique, de France, du
Luxembourg, de Suisse et d'ailleurs. A
comment vous avez pu vivre cette
étrange, sublime et folle journée ?
Durant des années,
Nous n'étions qu'une minorité
sociopolitique, raillée ou disqualifiée,
stigmatisée "d'identitaires", de
"communautaristes" "d'islamo-gauchistes"
ou de "suprémacistes noir-e-s" ;
aujourd'hui, notre discours fondamental
est devenu royal, médiatiquement
crédible, politiquement incontournable,
quasi mainstream.
Et c'est,
désormais, à l'instar de la fin de la
merveilleuse journée du 30 juin 1960,
dans ce scintillant moment de vertiges
où la Victoire finale ne relève plus du
mirage, qu'il Nous faudra, mes ami-e-s,
redoubler de vigilance et d'unité. De
stratégies offensives et indomptables.
Car les forces conservatrices arabo-négrophobes
n'ont pas dit leur dernier mot ; parce
que leurs outils de diversion, de
corruption et de récupération sont déjà
en train de servir...
Il n'y aura pas de
vivre-ensemble sans décolonisation
complète.
Il n'y aura pas de citoyenneté commune
tant que la Belgique continuera à
honorer les criminels de la
colonisation.
Olivier Mukuna
Bruxelles, le 30 juin 2020
(*)
« À l’époque de
l’État Indépendant du Congo [sous le
règne de Léopold II] des actes de
violence et de cruauté ont été commis,
qui pèsent encore sur notre mémoire
collective. La période coloniale qui a
suivi a également causé des souffrances
et des humiliations.
Je tiens à exprimer
mes plus profonds regrets pour ces
blessures du passé dont la douleur est
aujourd’hui ravivée par les
discriminations encore trop présentes
dans nos sociétés.
Je continuerai à
combattre toutes les formes de racisme.
»
Abonnement newsletter:
Quotidienne -
Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes
contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs.
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance
du webmaster merci de le lui signaler. webmaster@palestine-solidarite.org