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Opinion

L'histoire en version intégrale

Norbert Jacquet

Jeudi 9 janvier 2014

En exergue : le faux, spécialité aéronautique française, avec les fausses licences (!)


J'étais pilote de Boeing 747 à Air France. Après l'accident d'un Airbus A 320 de cette compagnie à Habsheim, en Alsace, le 26 juin 1988, j'ai créé un syndicat qui a pris position sur cet accident, remettant en cause la version officielle (presse). J'avais 38 ans.

On m'a déclaré fou. J'ai été suspendu de vol. L'administration m'a retiré ma licence de pilote. J'ai été viré d'Air France sans indemnités, alors que tous les psychiatres consultés, même ceux qui m'avaient été imposés, ont constaté l'absence de troubles. Parmi eux, trois professeurs de renommée internationale (Brion, Allilaire, Loo). Les attestations sont sans appel.

J'ai ensuite été victime d'un rare acharnement de la part des institutions. L'accident d'un autre A 320, toujours en Alsace, au Mont Sainte-Odile, le 20 janvier 1992, a vu la répétition du scénario de Habsheim : le mensonge d'Etat... que j'ai également dénoncé.

[Update mai 2008 : pour cette première période, on trouve ici des articles de presse et, surtout, des vidéos d'émissions TV]

J'ai publié un livre en septembre 1994, qui raconte tout cela. Simple et limpide. Peut-être un peu trop à rebrousse-poil. Mais tout était authentique. Et tout reposait sur des documents clairement identifiés, dont certains étaient reproduits en annexe. Mais ce n'était pas toute la vérité. Toute la vérité, ç'aurait été trop gros ! Malgré cela, certains ont préféré fermer les yeux. Le poids de la raison d'Etat... Il faut dire que d'immenses pressions ont été exercées. Par exemple dans les circuits de distribution du livre. Le réseau Relay, à l'époque Relais H (c'est-à-dire Hachette, Matra, Lagardère... et maintenant Airbus !), qui a le monopole dans toutes les gares et aérogares et qui touche donc la clientèle la plus intéressée par mon bouquin, a refusé d'entrée de jeu de diffuser celui-ci. Ce livre a par ailleurs été très rapidement retiré des gros réseaux de distribution et de vente (80 % des ventes de livre sont dans les mains de quatre ou cinq gros réseaux). Anecdote. Une vingtaine de jours après la parution, j'appelle anonymement un des Relais H de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Je déclare que je suis en ville avec des amis, que nous prenons l'avion dans une heure et que nous voulons acheter cinq ou six exemplaires du « livre qui vient de sortir sur Airbus ». Y'en a-t-il suffisamment en stock ? Réponse : « Ah, monsieur, on n'arrête pas de nous le demander, je l'ai réclamé à plusieurs reprises au fournisseur, mais il n'y a pas moyen de l'avoir ». J'indique à ce moment qui je suis et j'émets l'hypothèse d'une «censure». Réponse : « c'est bien ce que nous pensions ».

Profil bas

Après cette publication j'ai adopté un profil bas, me contentant de me défendre des agressions à mon encontre (lourde campagne de discrédit, actions judiciaires... et même une agression physique, j'y reviendrai). La bonne politique était de subir les attaques pour mieux démontrer les faits par la suite.

Voici quelques-uns des éléments que j'ai engrangés après la parution du livre.

• En 1992, bien avant la parution du bouquin, j'avais accusé dans la presse alsacienne le ministre Mermaz d'être intervenu personnellement dans les manipulations frauduleuses des enregistreurs de vol de l'Airbus de Habsheim. Mermaz, à titre personnel, m'a fait un procès. C'est un autre ministre, Vauzelles, Garde des Sceaux, qui a saisi le parquet et demandé des poursuites. Mermaz a perdu en première instance. Il a fait appel. Dans mon livre je reviens sur le procès en cours en maintenant mes accusations contre le ministre, et même en les développant et en les renforçant. L'affaire arrive en appel au moment de la parution du livre. Et Mermaz capitule. Il se désiste (presse et arrêt de la Cour d'appel de Colmar). L'Agence France-presse (AFP) a passé sous silence l'issue du procès Mermaz et la sortie du bouquin, qui pourtant a fait plier un ministre. Par la suite, malgré les deux procès engagés contre ce livre sur plaintes signées de ministres, l'AFP passera toujours sous silence son existence. Quant à Mermaz, après son désistement, il a continué à se faire petit. Une vraie carpette (échange de lettres avec Mermaz).

• Et Mermaz ne fut pas le seul. Un autre procès, visant cette fois mon livre, s'est terminé par une capitulation de l'administration. J'avais pourtant cité les noms des faussaires dans le livre, précisant le rôle de chacun. Tout ce beau monde a fini par s'écraser (presse). Tout cela malgré les handicaps de la défense dans les procès en diffamation et malgré ma situation (chômage, pas de moyens financiers, isolement, absence d'avocat, campagne acharnée de dénigrement...). Mes dossiers sont vraiment en béton. Simples, limpides et compréhensibles par tous. Des murs contre lesquels même la France socialiste du haut se casse la tête !

• L'Institut de police scientifique et de criminologie de Lausanne (IPSC), une institution reconnue internationalement, a confirmé que j'avais raison depuis le début. Il y a bien eu trafic de faux enregistreurs de vol (presse).

• S'agissant de l'accident de l'Airbus A 320 du Mont Sainte-Odile, l'évolution du dossier me donnait également raison. Peu après l'accident, j'avais indiqué (VSD, France 3) que les enquêteurs mentaient en mettant l'avion hors de cause et j'ai donné toutes les explications techniques sur les véritables raisons du crash. J'ai informé des familles de victimes (presse). J'ai repris ces analyses dans mon livre (chapitre 7 et aussi page 104 et pages 107 à 111). Les expertises ultérieures ont validé mes analyses (documents sur l'évolution des expertises - NB : certaines pièces sont assez récentes mais j'avais déjà, antérieurement, des informations sur les travaux d'expertise).

• On peut aussi ajouter l'histoire des fausses licences de pilote de ligne. C'est gros. A deux reprises l'administration a remis une fausse licence à Asseline, aux commandes de l'Airbus accidenté à Habsheim. Les fac-similés de ces licences ont été publiés, avec les signatures et les noms des faussaires (presse). C'est énorme. J'ai transmis cela, avec quelques commentaires, au juge Guichard, chargé des deux enquêtes sur les deux accidents, toujours en cours à ce moment, ainsi qu'au parquet de Colmar, au parquet de Paris et en plus haut lieu. Silence général. Les faussaires sont bien protégés. Et c'est même moi qu'on enfermera ensuite pour les protéger ! J'y viendrai plus loin.

• Le juge Guichard a engagé un procès en diffamation visant plusieurs passages de mon livre. Au moment où s'ouvre le délai de dix jours pour constituer et notifier l'offre de preuve, en février 1995, je suis agressé une nuit, rue du Château d'Eau, avec menaces de mort. Trois balèzes me coincent par terre dans une encoignure de porte, me menacent avec une arme sur la tête. Gros calibre et bruit de culasse correspondant à l'introduction d'une balle dans la chambre. Ils me déclarent « avertissement, on aurait pu te descendre, alors tu arrêtes tout et tu pars à l'étranger » et tournent le coin de la rue. J'entends le bruit d'une voiture qui démarre rapidement. J'étais resté assez discret sur cette agression, faute de preuves, sachant en outre qu'on voulait absolument me faire passer pour dérangé/parano. Et je voulais aussi éviter de voir ceux qui m'aident et me soutiennent prendre peur.

¤ Quelques précisions sur cette volonté de me faire partir « à l'étranger ». Avant la parution de mon livre, on m'a fait comprendre par la rumeur que je devrais signer l'acceptation de mon départ d'Air France sans indemnités en acceptant de déclarer que j'aurais raconté un peu n'importe quoi sur les accidents d'Airbus, et ce en échange d'une vague promesse d'un emploi en Afrique, mais sans garanties sérieuses sur l'emploi ni, surtout, sur ma licence de pilote. Bien sûr, je n'ai pas mis le doigt dans un tel engrenage, d'autant plus qu'en Afrique je n'aurais pas donné cher de ma peau : une disparition, un suicide, une agression fatale par un cambrioleur qu'on ne retrouve jamais... ce sont des choses qui arrivent dans ces pays. Je sais de quoi je parle, j'ai vécu un an et demi en Afrique en 1976 et 1977 et j'avais des exemples précis. Il paraît d'ailleurs que même un juge français, pourtant officiellement détaché, y a été retrouvé bizarrement suicidé. En France, le risque de me faire liquider était assez limité. Le fait qu'on ait procédé à un simulacre l'a ultérieurement confirmé (si on veut supprimer quelqu'un, on le supprime en silence, sans organisation préalable d'une répétition). Il était donc hors de question que je parte en Afrique et l'agression ne m'aura pas fait changer d'avis. Au contraire.

• S'agissant de cette agression, un non lieu rendu par le juge Nguyen, qui a eu tout le dossier, est assez significatif (il m'arrivait d'être armé, je l'ai confirmé au juge Nguyen, saisi pour détention d'armes, en lui fournissant toutes les raisons qui justifiaient mon choix, notamment quelques déclarations du parquet qui a prétendu mensongèrement -noté par greffier- que je bénéficierais d'une protection policière).

Un nouveau livre était prêt

Avec tout cela, j'étais paré pour une contre offensive. Début 1998, un nouveau livre est prêt. Fin prêt. Il n'y a plus qu'à flasher à la photocomposition et à imprimer. J'avais été très discret, mais il fallait bien à ce moment sortir du bois. J'avais eu l'expérience du premier livre. La voici en quelques mots.

• En 1993 et 1994, durant plus d'un an j'avais eu des contacts avec quelques éditeurs, tout feu tout flamme au vu du synopsis et des documents présentés... mais qui, très curieusement, ont ensuite fait demi-tour pour des raisons assez vaseuses. L'un d'eux a quand même eu le courage de m'indiquer, par l'intermédiaire d'un journaliste qui faisait le lien, qu'il ne voulait pas être impliqué dans cette affaire. Dans mes démarches, j'ai même été trahi par une dénommée Irène Barki, travaillant à France Loisirs et qui avait déjà publié un livre. Une amie d'une bonne bande de copains dont les familles ont été victimes des camps de la mort et qui m'ont toujours aidé et soutenu. Et qui sont toujours mes amis, malgré les ragots qu'on répand sur ma prétendue appartenance au Front national. Cette personne m'a mené en bateau durant plusieurs mois, faisant croire qu'elle retravaillait mon manuscrit en relation avec des éditeurs. Et, début juillet 1994, elle a fini par me planter sans autre forme de procès, alors qu'elle avait insisté pour prendre en charge la publication afin de ne pas la laisser dans les mains de la « droite non parlementaire ». Le hasard a fait qu'en ce début juillet 1994 j'ai trouvé un éditeur de moyenne surface par l'intermédiaire d'un autre journaliste. L'identité de l'employeur de ce dernier peut déplaire... mais basta ! J'avais un livre à publier, un point c'est tout. Cet éditeur a donc décidé de procéder au plus vite et de profiter du mois d'août pour prendre de vitesse les malfrats de l'ombre. Et mon premier livre est sorti d'imprimerie, un peu par surprise, dans les tout premiers jours de septembre 1994 pour une mise en place dans la semaine du 12. Je revois encore la tête du fonctionnaire des Renseignements généraux, débarquant en catastrophe chez l'éditeur pour tenter d'en savoir plus (pour gagner du temps, il n'avait pas finassé et avait indiqué ses fonctions).

Fort de cette première expérience, j'ai donc fait preuve, en ce début 1998, pour mon nouveau livre, de la plus grande discrétion jusqu'au dernier moment. Alors, en face, quand ils ont découvert qu'un nouveau livre était prêt à rouler, panique générale. Compte tenu de ma résistance, ils n'avaient que deux solutions. Me supprimer -ou bien m'enlever discrètement, ce qui revient au même s'agissant des effets externes-, mais, on l'a vu, en France c'est délicat. Ou bien m'enfermer en prison ou chez les fous. C'est ce qu'ils ont décidé.

Le Pavillon des Cancéreux

Il fallait aussi me retrouver. Après mon agression j'étais devenu discret sur mes domiciles successifs. Alors Airbus, le juge Guichard et le bâtonnier de Paris, Dominique de la Garanderie, ont monté une accusation bidon de prétendues menaces. Le juge Valat, celui qui s'endort sur le dossier des écoutes de l'Elysée, a été saisi. Cinq jours de recherches par six inspecteurs de la brigade criminelle. Rien que ça ! Garde à vue. Présenté au juge. Réquisitions de placement en détention signées de Jean-Pierre Dintilhac, procureur de Paris, en personne. Ses adjoints et ses substituts ont-ils refusé de signer une pareille forfaiture ? Devant le juge, la représentante du parquet, le substitut Anne Chemin, une jeunette, était au bord des larmes. Elle regardait le bout de ses chaussures. Elle n'a invoqué aucun argument. J'ai souligné son silence. Je l'ai accusée d'agir dans le seul but de tenter de faire taire par l'enfermement en prison celui qui dérange, comme dans les républiques bananières. Elle n'a pas contesté. J'ai souligné que cette absence de contestation constituait un aveu. Aucune réaction. Et j'ai fait enregistrer tout ce qui précède par le greffier ! Cela figure dans le PV qui m'a été remis. J'ai été envoyé à la prison de Fresnes, six mois au total, sans aucun acte d'instruction malgré mes demandes. Et aucune condamnation n'est intervenue par la suite. Il était en effet impossible pour eux d'amener cette affaire en audience publique, en première instance puis en appel, tellement elle était foireuse.

J'ai donc « bénéficié » d'un non-lieu pour de prétendus troubles mentaux et j'ai été expédié en unité psychiatrique pour malades difficiles (UMD) à Villejuif. Il y avait à l'époque quatre centres en France (moins de 500 places), c'est vraiment réservé aux 0,000008 % les plus critiques de la population française ! Mais, pas de chance pour les réseaux parisiens, leurs ateliers et leurs fraternelles, je n'ai pas été admis en raison d'une grève des infirmiers. Après quatre jours par terre sur un matelas dans un cagibi, réduit à l'état de poireau par les drogues (je ne pouvais plus écrire et je pouvais à peine parler), j'ai été envoyé à l'UMD de Sarreguemines, en Lorraine, où les psychiatres qui m'ont examiné et qui ont pris connaissance des éléments du dossier et des raisons de l'acharnement dont j'étais l'objet, ont immédiatement arrêté tout traitement et m'ont trouvé normal malgré ce qu'on m'avait fait endurer (neuf psychiatres au total). Ils m'ont fait sortir en battant un record de vitesse dans une telle procédure (je suis resté enfermé deux mois). Des interventions extérieures auprès du préfet de la Moselle ont également joué (c'est le préfet qui prend les décisions relatives aux internements). Les psychiatres de Fresnes m'avaient auparavant, eux aussi, déjà trouvé normal, ce qui n'avait pas empêché le juge Valat -beuark- et son expert véreux, Bricout, dont la renommée n'est plus à faire, de me déclarer paranoïaque incurable et de m'expédier en UMD. Alors que, de plus, l'expertise de l'IPSC de Lausanne, déjà évoquée, était intervenue peu après mon incarcération et que je l'avais adressée au juge depuis ma cellule, et plusieurs fois rappelée (je lui avais envoyé les articles de presse à ce sujet et aussi le rapport d'expertise de l'IPSC, qu'on m'avait fait parvenir en prison).

Le gouvernement Jospin a été tenu informé de tout cela (Justice, Transports, Matignon).

Des journalistes courageux, qui ont eu tout le dossier, n'ont pas manqué de mettre très sévèrement en cause le juge Valat et son expert pour leurs méthodes soviétiques (presse).

Et les avocats ? On pourra lire, sur ce point, une lettre ultérieure, du 14 juin 2002, qui semble très gênante pour le conseil de l'ordre des avocats. Il faut dire que l'un des leurs, Jean-Paul Baduel, avait fait fort dans la crapulerie. Alors que j'étais en prison, il m'a adressé des lettres révoltantes. Des amis lui avaient pourtant versé vingt mille francs d'honoraires en mon nom (on voit que cet avocat reconnaît avoir travaillé en relation avec un certain Jean-Charles Corbet, dont je reparlerai plus loin). Cet avocat a tout mis en œuvre, profitant de ce qu'il estimait être une situation de faiblesse, pour m'enfoncer, en me racontant n'importe quoi, et pour tenter de me faire avouer une prétendue fragilité émotionnelle (« un système de défense consisterait à admettre cette fragilité émotionnelle »). C'est digne du procès Ochoa à Cuba, dans la grande tradition des procès de Moscou : faire croire à celui qu'on a emprisonné pour des motifs inavouables que la reconnaissance des faits bidon dont il est accusé lui permettra de sortir... alors qu'ainsi il signe son arrêt de mort, ou, dans le meilleur des cas, sa déportation (lettres de Baduel).

La Cour européenne des droits de l'homme (Strasbourg)

Je suis sorti d'UMD et j'ai retrouvé la liberté début janvier 1999. Et pendant quelques temps je suis resté discret. Le temps de préparer la suite.

En février 2000, je me réfugie en Autriche, où j'ai de la famille, pour pouvoir me défendre. Je mets en cause la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), saisie en 1996 mais qui traînait les pieds et qui a couvert, en toute connaissance de cause, ce qui précède, alors qu'elle était déjà saisie. L'acte de saisine de septembre 1996 est en béton au regard des textes et de la jurisprudence de la CEDH, tant au fond (violation de plusieurs articles de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme), que sur la recevabilité (refus des avocats de me répondre, impossibilité d'entreprendre des procédures internes « effectives, adéquates, équitables », qui seraient susceptibles de mettre fin aux violations de la convention et de réparer le préjudice subi, etc.).

A ce moment la CEDH s'est associée à la France pour monter une nouvelle accusation bidon de prétendues menaces. Interpol a été saisi (oui, oui !). Alors, plutôt que jouer à cache-cache avec Interpol dans une fuite hasardeuse et stérile et prendre le risque de me retrouver emprisonné à l'étranger pour un temps indéterminé, j'ai préféré crever l'abcès. J'ai donc décidé de revenir en Alsace pour reprendre contact avec ceux qui sont concernés par les accidents de Habsheim et Sainte-Odile, ou qui suivent tout cela pour diverses raisons, et, sachant parfaitement que je n'avais rien à me reprocher (j'insiste sur ce dernier point, la conclusion de cet épisode le confirmera avec éclat), je me suis rendu à Strasbourg, à la CEDH, pour formaliser une nouvelle requête contre la France. C'est une procédure normale, des guichets sont prévus pour cela. Que fit la CEDH ? (« DH » pour Droits de l'Homme, faut-il le rappeler ?) Elle a appelé la police pour me faire arrêter dans ses locaux et me faire enfermer (si, si, elle est quand même assez géniale celle-là !).

Et on a à nouveau tenté la psychiatrie. Mais l'échec fut cinglant et total d'entrée de jeu. Echec sur la psychiatrie. Quatre experts renommés m'ont déclaré sain, en soulignant mon équilibre psychique face aux agressions subies (rapports d'expertise). Echec sur l'accusation. Les enregistrements téléphoniques effectués par la CEDH, par ailleurs incomplets et présentant des blancs, ce qui a été constaté par le juge et figure dans la procédure, montraient non seulement que l'accusation de menaces ne tenait pas, mais aussi, et surtout, que la CEDH était d'une parfaire malhonnêteté ! Sans parler du parquet.

Panique chez mes accusateurs qui, devant l'effet boomerang, ne savaient plus comment s'en sortir. Et comment me sortir du goulag sans faire de vagues, puisque j'ai finalement passé cinq mois en prison à Strasbourg et Epinal (le gouvernement Jospin avait été tenu informé de tout cela). Bref, l'affaire est venue discrètement à l'audience un 27 juillet. Depuis ma prison je pouvais difficilement organiser ma défense et prévenir victimes, journalistes et autres. Et, sachant ce que j'avais en main, j'ai estimé inutile de sortir le grand jeu du premier coup. Malgré cela, mes accusateurs se sont pris une bonne fessée. Tant la CEDH que le parquet. J'avais cité un seul témoin, l'employée de la CEDH qui m'avait dénoncé, Caroline Ravaud, pour qu'elle s'explique sur la déformation de mes propos. Elle a refusé de venir. J'ai donc déclaré, en ouverture « c'est comme en quarante, on dénonce, on dénonce, mais après il n'y a plus personne ». Le procureur a bondi mais je lui ai indiqué qu'il pourrait y avoir pire. Et il y eut ! A la fin de mon exposé, le désignant du doigt, je me suis permis de le qualifier de « délinquant ». L'expression carpe sur le gazon a trouvé tout son sens pour décrire la réaction de l'intéressé. Mais il n'a pas contesté, n'a fait valoir aucun outrage... Finalement, pour mes prétendues menaces, sur lesquelles je ne m'étais pas défendu pour ne pas perdre de temps en explications sémantiques et en dénonciation de la construction intellectuelle malhonnête de l'accusation, je n'ai pris que six mois avec sursis, malgré cinq mois de détention provisoire. Le quotidien « Les Dernières Nouvelles d'Alsace » a fidèlement rapporté les faits. Croustillant n'est-il pas ?

Et j'ai interjeté appel pour passer la deuxième couche. Le parquet, qui est maître de l'audiencement, a préféré ne pas sombrer dans le ridicule en appel et il a refusé de faire venir l'affaire devant la cour à Colmar, malgré mes lettres de relance. Il laissera finalement passer le délai de prescription de trois ans, à l'échéance du 26 juillet 2003. La condamnation de première instance est donc définitivement nulle, et je suis définitivement blanchi.

Mais le pouvoir socialiste entendait ne pas en rester là. Il a la rancune tenace.

Le Pavillon des Cancéreux (bis)

On vient de le voir, j'ai été libéré le 27 juillet 2000. Je passe le mois d'août en vacances en Bretagne, chez un ami pilote, sans intervenir de quelque manière que ce soit. Vacances totales. Plage, coquillages et crustacés. Et voile. J'avais d'ailleurs fait savoir à qui voulait l'entendre, entre autres à quelques connaissances ayant l'oreille du gouvernement socialiste, que je laissais le mois d'août comme temps de réflexion, après avoir rappelé qu'à Strasbourg je m'étais abstenu de prévenir les journalistes, notamment étrangers, nombreux dans la région en raison de la proximité des frontières et, surtout, de l'implantation du Parlement européen dans cette ville. Ayant montré mon sens de la modération et mon souci de la conciliation, j'espérais que du coté de mes agresseurs on calmerait un peu le jeu. Tu parles... Avec un ministre des Transports communiste et un Premier ministre ex-trotskyste, il ne sert à rien d'espérer !

Dans les derniers jours d'août, je rentre à Paris. Pas de travail, multirécidiviste de la prison. En lutte quotidienne pour ne pas être à la rue. C'est ce que voulaient ceux qui s'acharnent contre moi, alors autant assumer pleinement ma situation, parce que le « camping » chez les uns et les autres, cela ne pouvait plus durer. Je fais donc la manche, pendant trois jours (pas à temps plein, il ne faut pas exagérer) devant l'AFP, en uniforme avec quelques documents que je distribue. J'y rencontre pas mal de monde. On me dit parfois que l'AFP c'est un peu l'agence Tass, mais qu'on commence à parler de mon affaire dans les bureaux. Certains m'indiquent avoir rencontré Jean-Edern Hallier à l'AFP et me déclarent que mon affaire présente des similitudes, mais que les méthodes utilisées contre moi sont pires et que rien ne les justifie dans la mesure où on ne peut invoquer un quelconque prétexte de prétendue vie privée de Mitterrand. Ils m'informent aussi : « revenez la semaine prochaine, tout le monde sera rentré de vacances, et on sera quelques-uns à agir de l'intérieur sur votre affaire ». Faut-il préciser que la direction de l'AFP a pris soin d'informer le gouvernement de tout cela ?

Le vendredi 1er septembre 2000, je ne vais donc pas à l'AFP. Inutile d'en rajouter, je reviendrai le lundi, quand tout le monde sera rentré. Mais, au soutien de ma démarche et en vue de la publication d'un nouveau livre, je décide de faire une photo du pilote en uniforme faisant la manche devant Matignon. Les lieux étaient déserts. Dix secondes au total. Aucun trouble à l'ordre public. Qu'advint-il ? Tiens, pardi : enfermé chez les fous sur décision administrative, alors que j'ai présenté les expertises Merzougui/Thernier et Coutanceau/Bornstein, qui viennent d'être évoquées et trois ou quatre documents significatifs, notamment « Les Dernières Nouvelles d'Alsace » du 28 juillet 2000, avec AFP du même jour et commentaires. Le commissaire de police du 7ème arrondissement, très gêné devant un tel dossier, notamment la presse toute récente et les expertises psychiatriques tout aussi récentes, a reconnu agir sur ordre et m'a fait interner après trois heures passées dans son commissariat et de nombreux appels téléphoniques. Je me suis retrouvé à Perray-Vaucluse, au sud de Paris (presse).

Quelques interventions extérieures sont restées sans effets. Puis on a voulu commencer à me droguer de force. Je me suis évadé dans la nuit du 12 au 13 septembre. Branle bas de combat chez les officiels. Enquête de police chez tous mes amis connus, et autres, à Paris, en Alsace et en Bretagne. Six mois d'enquête policière avec interrogatoires de journalistes (même un retraité, Jo Laengy !), d'avocats, en violation de la loi, et même d'enfants de quinze ans en l'absence de leurs parents ! (Courriel de Maître Lefebvre, avocat à Strasbourg et communiqué à l'AFP.) Pourtant, n'ayant jamais enfreint la loi, j'avais installé ma base arrière dans la Nièvre, en famille, sans trop me cacher.

Une superbe forfaiture judiciaire

Les recherches, dont je suivais tout le déroulement en tenant le gouvernement Jospin et la CEDH informés (qui savaient donc parfaitement de quoi il retournait), sont restées vaines. Il a donc fallu que la belle justice française commette une nouvelle forfaiture. Il a été mensongèrement prétendu par le parquet et par un juge d'instruction que je n'aurais pas respecté les obligations d'un contrôle judiciaire qui, en fait, n'existait plus. Cette forfaiture (crime) avait pour objet de violer le secret des correspondances dans le but de procéder à des écoutes téléphoniques à grande échelle pour me retrouver, m'enfermer à nouveau chez les fous sans motif (crime d'enlèvement et séquestration), et me droguer de force (crime ou délit, selon la gravité). Les écoutes téléphoniques n'ont rien donné. C'est finalement par l'Internet, après des recherches assez lourdes que j'ai été retrouvé (enquêtes chez les constructeurs de logiciels et gestionnaires de la Toile pour, à partir des numéros TCP/IP des protocoles Internet, connaître l'identité des acheteurs des logiciels utilisés, et, comme j'utilisais souvent Cyberposte, enquête à La Poste pour savoir où avaient été installés certains des terminaux recherchés). Et tout cela, officiellement, parce que j'ai osé faire une photo devant Matignon et alors que tous les intervenants savaient parfaitement que je ne suis pas atteint de troubles mentaux. Quel délire ! Dans le même temps, Yvan Colonna courait tranquille.

Et le 14 mars 2001 j'ai donc été arrêté au bureau de poste de Corbigny (Nièvre) par les gendarmes. Ceux-ci surveillaient les lieux depuis plusieurs jours. Les pouvoirs publics ont vraiment mis le paquet ! Les gendarmes de Corbigny ont été plus que surpris quant ils ont découvert le pot aux roses et quand le parquet a annulé la procédure relative au prétendu non-respect d'un contrôle judiciaire. Ils ont même été un peu écœurés. Mais j'ai été ramené à Paris et à nouveau interné et j'ai été drogué de force. Toutefois, durant ma cavale, j'avais pris certaines dispositions qui ont payé. Des interventions extérieures, multiples et très fermes, coordonnées notamment par ma famille, ont entraîné les pouvoirs publics à la modération. Des journalistes sont intervenus (mais pas l'AFP). Des médecins ont refusé cette psychiatrie totalitaire malgré le poids des réseaux parisiens. J'ai été libéré le 13 août 2001.

Quant aux avocats, voici ce qu'il en fut. Quand j'ai été repris par les gendarmes ma famille a pris un avocat, tenant à sa disposition les honoraires qu'il réclamait. Elle s'est déplacée à Paris pour le rencontrer. J'étais de mon coté un peu assommé par les drogues et je pouvais difficilement intervenir sérieusement. Cet avocat nous a menés en bateau, nous laissant croire qu'il agissait mais restant les bras croisés. Puis il a fait le mort. Nous attendons toujours de ses nouvelles. Il savait pourtant l'importance de l'affaire. Et ce n'était pas n'importe qui. C'était Morad Falek... qui avait un lien familial direct avec un pilier du conseil de l'ordre des avocats, le bâtonnier Jean-René Farthouat (cet avocat a été vraiment mal choisi, mais j'étais quelque peu neutralisé par les drogues, donc incapable d'intervenir utilement, et c'est ma famille, peu au fait de certaines connivences et n'imaginant pas que des avocats puissent être à ce point véreux, qui a fait toutes les démarches ; je ne découvrirai le pot aux roses qu'après ma libération).

Le gouvernement Jospin et la CEDH ont été informés de tout ce qui précède.

Pousser les pions malgré tout

A ce moment, en août 2001, j'ai donc subi, au total, dans cette affaire, dix-neuf mois de captivité depuis mai 1998, dont deux mois de quasi-torture en UMD à Sarreguemines (les psychiatres ne m'y avaient rien trouvé, mais je suis resté en observation près de deux mois dans un enfer ; les psy m'avaient d'ailleurs déclaré : « si vous avez tenu en UMD sans médicaments, on ne se pose aucune question à votre sujet »). Et j'ai dû aussi passer six mois en cavale, dans la clandestinité, traqué par la police et la justice aux ordres (c'est surtout -les mots sont pesés- le collabo gestapiste Dintilhac, à l'époque procureur de Paris et exécuteur avéré des basses œuvres du gouvernement Jospin, qui est en cause).

Je suis donc libre le 13 août 2001. Il est évident que, pour le moins, Paris et sa région m'étaient interdits en raison des capacités de nuisance des réseaux parisiens. Je suis donc retourné au vert, dans la Nièvre.

Et j'ai continué à pousser mes pions, dans la mesure de mes moyens. Il me fallait exploiter les faiblesses des voyous qui s'acharnent contre moi, c'est-à-dire l'aspect de plus en plus caricatural de cette affaire. Je suis devenu très prudent, afin de ne pas donner prise à mes agresseurs. Je peux exposer cette politique par l'histoire suivante, complétée. C'est celle de Coluche. L'Arabe jeté en prison pour corruption de fonctionnaire. Il avait donné un sucre à un chien policier ! Un jour, donc, j'avais donné un sucre à un chien policier. Crac, au trou. Pourtant, cela ne tient pas en droit. Je n'ai donc plus donné de sucre. Mais je suis passé devant un chien policier. Crac, au trou. On m'a accusé d'avoir à nouveau donné un sucre. Ce qui ne tient, ni en fait, ni en droit. Alors maintenant, quand je passe devant un chien policier, un ami filme en vidéo. Et quand je suis convoqué par les gendarmes, à la demande du parquet, sous l'accusation d'avoir commis le délit de remise d'un sucre à un chien policier, je sors la vidéo. Le parquet de Paris s'est ainsi planté à deux reprises en 2002. Les gendarmes étaient partagés entre le sourire et la lassitude, parce qu'ils ont vraiment autre chose à faire.

En langage moins métaphorique, voici les faits. J'ai été convoqué par les gendarmes de Corbigny à la demande du parquet de Paris le 12 juin 2002 à la suite de certains de mes écrits, qu'on a voulu une nouvelle fois interpréter. Mais, en raison de ma prudence et parce que dans la Nièvre j'étais mieux protégé des réseaux nauséabonds de la capitale, la manœuvre a échoué (lettre du 13 juin 2002). Nouvelle tentative avec nouvelle convocation au début août, toujours à la demande du parquet de Paris (mais le dossier, comme pour la première fois, transite par le parquet de Nevers, ce qui permet d'impliquer celui-ci ; on verra ultérieurement cette incidence). Nouvel échec ! (lettre du 13 août 2002). Bref, au parquet de Paris, alors que Dintilhac était sur le départ après le changement politique du mois de mai, il semblerait qu'on ait commencé à comprendre que tout cela pourrait être inutile. Et même provoquer des effets boomerang qui pourraient devenir dévastateurs.

Et à la CEDH, ça commençait à jaser (ce sont surtout Wildhaber, président, et Jean-Paul Costa, vice-président et président de la section II, qui sont en cause).

La Nomenklatura de l'aviation civile

Malgré l'accalmie du coté du parquet de Paris, le directeur général de l'aviation civile adresse, fin août, un dossier tronqué, donc peu compréhensible, au parquet de Nevers et au préfet de la Nièvre (c'est le préfet qui prend les décisions d'internement psychiatrique). Le but de cette démarche était, bien sûr, de tenter une nouvelle fois de me faire retourner chez les fous. Les gendarmes sont à nouveau saisis ! Tout cela commençait à bien faire. Un contact nivernais, ayant un pied (discret) dans la magistrature, m'a conseillé d'écrire au parquet de Nevers et au préfet pour tenter de contrer l'attaque puis de prendre le large. C'est ce que j'ai fait. Et je suis passé à nouveau dans la clandestinité à la fin du mois de septembre 2002. J'avais d'ailleurs informé dès les premiers jours de septembre quelques observateurs et journalistes que je risquais d'être contraint de me cacher (il m'arrive d'être informé des saloperies qu'on me prépare).

Durant cette nouvelle période de clandestinité, certains se sont même inquiétés pour ma vie (pas moi). Il est vrai qu'on trouve dans les hauts lieux de l'aviation civile quelques excités maladifs totalement dominés par leur ego, entre autres quelques polytechniciens qui ont échoué au concours de pilote de ligne et qui, nous jalousant et voyant en nous le symbole de leur échec, ont une fâcheuse tendance à nous détester, et même plus, la jalousie et la haine étant cousines (j'ai des noms !). Il est tout aussi vrai que je dérange beaucoup et que certains réseaux peuvent être dangereux. L'affaire de la Loge P 2, et d'autres, sont là pour le montrer. Mais bof...

De mon coté, j'ai toujours indiqué que je ne faisais que me défendre et que je ne rejetais aucune solution acceptable (je peux très largement le prouver : j'avais fini par le confirmer par recommandé à qui de droit peu de temps après le début de cette affaire et je n'ai cessé de le répéter depuis).

J'ai commencé à ce moment, en 2002, à enfoncer le clou du côté des avocats pour les raisons suivantes. Mes avocats, qui ne m'ont jamais défendu et qui parfois m'ont même ouvertement enfoncé, refusaient de me répondre. Il en était de même du bâtonnier. J'ai écrit à tous les membres du conseil de l'ordre, à leurs cabinets professionnels pour éviter tout risque d'interception. La plupart des documents intéressants leur ont été transmis. Rien n'y a fait. J'ai commencé à dénoncer cet aspect de l'affaire, que tout le monde peut comprendre. Même un criminel a droit à un avocat. Même le collabo Papon, criminel contre l'humanité. Et ce dernier est bien défendu par ses avocats. Pour ma part, je n'ai rien à me reprocher. Malgré cela, j'en prends plein la tronche. L'attitude de mes avocats et du conseil de l'ordre est mon meilleur argument pour montrer de quoi il retourne, notamment auprès de ceux qui n'auraient pas lu le dossier où qui ne connaîtraient rien à l'affaire. Ou qui veulent à tout prix faire semblant de ne pas comprendre ! Dans ce pays, il y a quelques adeptes de l'Airbus über alles et même du Heil Airbus. N'est-ce pas, Francis !

Dans cette période j'ai écrit à plusieurs reprises au bâtonnier et à chaque membre du conseil de l'ordre. Mon adresse électronique restait en service et mes courriels y étaient relevés avec précaution. Il est intéressant de constater que le conseil de l'ordre des avocats n'a même pas cherché à savoir l'identité de mes avocats, qui refusent de me répondre. Quel aveu de malhonnêteté !

Anecdote, qui tombe à ce moment : l'ex-trotskyste Jospin a-t-il été acheté par Airbus ? (presse.)

Où sont les disparus ?

Que devient Guichard, juge des Airbus comme il l'a lui-même déclaré, en fait juge à mi-temps et également maire adjoint socialiste de Strasbourg à l'époque de Trautmann -il n'y a qu'en France qu'on voit ça- puis devenu membre d'une commission municipale de Paris après l'arrivée de Delanoë ? Ce même Guichard qui, alors qu'il était toujours en charge des deux accidents alsaciens, avait annoncé publiquement -pas malin !- qu'il envisageait de quitter la magistrature pour devenir avocat dans l'aéronautique, avec son épouse déjà avocate. Peut-être l'avocat d'Airbus ou d'une société associée ?

Et quelle fut l'issue du procès en diffamation qu'il m'a intenté ? Inutile de parler des débats de première instance : un simulacre de procès, les témoins cités ayant refusé de se présenter sans que cela émeuve le tribunal. Par souci de modération, j'avais laissé faire mon avocat, Antoine Beauquier, qui, bien sûr, ne m'a pas défendu. J'ai interjeté appel avec l'intention de faire valoir les bons arguments. Et on voit qu'ils ne manquent pas. Tout cela en informant des familles de victimes et divers intervenants et observateurs, notamment des journalistes alsaciens. Mais l'audience d'appel s'est tenue en juin 1998... durant mon séjour à Fresnes, une des plus charmantes prisons françaises. Traîné à l'audience avec les menottes, après avoir été dans l'incapacité de préparer ma défense, ce que j'ai souligné devant la cour, je n'ai pu que déclarer maintenir mes accusations contre Guichard. Mes avocats, Beauquier et Jean-Yves Le Borgne, n'ont pipé mot. J'ai été condamné à verser à Guichard un franc symbolique de dommages et intérêts, alors qu'il en réclamait cent mille. Les habitués du palais considèrent que c'est un désaveu pour lui, surtout quand on voit ce que j'avais écrit sur son compte. Mais cela reste inacceptable pour moi, dans la mesure où, si on n'avait pas rendu ma défense impossible, j'aurai gagné ce procès haut la main.

Et qu'est devenu Asseline, le commandant de l'Airbus accidenté à Habsheim ? A l'été 2002 on a de nouveau parlé de lui. Employé par Air Lib à un très haut poste, chef pilote responsable de la formation, il bénéficiait d'un gros revenu. Pas mal pour un pilote officiellement accusé d'avoir planté son avion en faisant le clown avec 136 passagers (trois morts, une cinquantaine de blessés). Ce volet du scénario était clairement annoncé dans mon livre et ses raisons étaient tout aussi clairement indiquées. Ainsi, je suis le seul à avoir été vraiment sanctionné à la suite du crash de Habsheim : interdit de travail à l'âge de 38 ans, séquestré à plusieurs reprises pour délit d'activité syndicale et délit d'opinion, obligé, à cette époque, de vivre dans la clandestinité... ! Ceci complète la caricature. En outre, le patron d'Air Lib, Jean-Charles Corbet, qui employait Asseline et le soutenait publiquement (il encense ce dernier dans « Le Nouvel Observateur » du 9 janvier 2003), est un récent président de la section Air France du Syndicat national des pilotes de ligne (majoritaire). Il occupait ces fonctions quand on a commencé à m'enfermer, en 1998, et ce sont des membres du bureau de son syndicat qui sont venus me voir en prison à Fresnes pour me demander ce que je pensais de lui. J'ai répondu que j'attendais, mais qu'il risquait de battre un record de compromission. Et bien Corbet a finalement reconnu avoir obtenu Air Lib par « relation » avec le ministre des Transports Gayssot (France 2, JT de 13 heures, 12 janvier 2003). Pour un Franc symbolique. Faut-il faire un dessin, s'agissant des magouilles ?

Naïveté

Mais, Air Lib, c'est fini. Qu'est devenu Asseline ? Quelles participations a-t-il dans les sociétés de Corbet ? On a commencé à s'interroger publiquement sur Holco, la holding de ce dernier, qui contrôlait Air Lib et des filiales non liquidées, et sur les avantages qu'il aurait pu tirer de tout cela. Je connais Corbet depuis longtemps. Il est peut-être un peu « illuminé » -ce n'est pas péjoratif, j'évoque ainsi la part de rêve ou d'ambition qui habite chacun-, malhonnête et magouilleur, mais je ne le crois pas vénal et encore moins escroc patenté. Je pense qu'il fut, dans les mains du ministre Gayssot, un idiot utile, pour reprendre l'expression que Lénine réservait à certains de ses amis. Je peux toutefois me tromper. Je suis un peu naïf, ce qui me joue parfois des tours. Et puis, les gens peuvent changer. En tout état de cause, l'avenir de Corbet s'est assombri. On en saura plus au moment de son procès. A moins qu'il ne bénéficie d'un non lieu pour éviter certains déballages publics.

A propos de naïveté. On me reproche parfois un certain esprit critique. Et bien, en fait, je dois en manquer ! En effet, je n'imaginais pas que la justice française était à ce point soumise (même si on trouve aussi des magistrats honnêtes et courageux, ce qui a parfois bloqué mes agresseurs dans leurs attaques). Et je n'imaginais pas que certains médias pouvaient être quelque peu aveugles, pour ne pas dire plus. La distribution de billets d'avion gratuits, à la tête du client et en fonction de la teneur des articles ou reportages, en serait-elle la cause ? Et que penser de l'opinion des journalistes étrangers sur leurs collègues français (les expressions sont tirées d'un débat télévisé conduit par Arlette Chabot) : « la presse française est une presse d'éditorialistes », « les journalistes français sont des lèche-cul »... ? Et bien, ils n'ont peut-être pas entièrement tort.

Et, puisque je parle des médias français, voici un bel exemple. Une dizaine de jours après la parution de mon livre, un incident survient à un Airbus en approche à Orly, le samedi 24 juin. Un début de vrille, enregistré par coïncidence en vidéo. Je suis interviewé, le 28 vers 16 heures, par le correspondant de la deuxième chaîne allemande, ZDF. Il est fait référence à mon livre. On me dit que cela doit passer au JT du soir. A cette époque, France 3 reprenait chaque soir, vers 23 heures 30, minuit, les JT du soir de plusieurs pays européens, toujours les mêmes chaînes et, pour l'Allemagne, la ZDF. Ce soir là, le présentateur de la Trois annonce : « en raison d'un problème technique nous n'avons pas pu obtenir le journal de la deuxième chaîne allemande, alors nous passons celui de la première chaîne, ARD ». Ouarf ! Quiconque connaît un peu les techniques et les usages dans le milieu de la télévision sait que l'argument est ridicule. Cela ne tient pas. Alors, le lendemain après-midi, j'appelle le correspondant de la ZDF à Paris, qui m'avait interviewé. Je commence par me présenter à la personne qui décroche. Immédiatement mon interlocutrice me coupe et me répond : « Ah, M. Jacquet, ne quittez pas, je vous passe notre directeur ». Elle devait s'attendre à mon appel, avec des consignes. Et le directeur m'a dit ce qu'il pensait des médias français. Je préfère ne pas répéter. Et il a ajouté qu'il m'enverrait la cassette du JT dans les jours suivants. Ce qu'il a fait. Elle est versée au dossier.

Un bilan... provisoire

Tout ce qui précède a fait l'objet d'une note de synthèse au printemps 2003. Largement diffusée (CEDH, gouvernement Raffarin, chancellerie, présidents de la cour d'appel et du tribunal de Paris, présidents des tribunaux de Strasbourg et Mulhouse et de la cour d'appel de Colmar, procureurs généraux de ces juridictions, avocats, bâtonnier de Paris, tous les membres du conseil de l'ordre, nombreux journalistes...). La plupart des documents cités étaient annexés ou bien avaient été préalablement transmis aux différents destinataires. En conclusion de cette note, je donnais quelques informations sur mes intentions, parfaitement légales et, usant d'une métaphore, j'annonçais une Opération Hiroshima (j'avais souvent précisé que j'avais toujours respecté la loi et que je poursuivrai dans la même voie, ce qui ressortait aussi de la note).

On ne sait pourquoi, certains ont cru, ou ont fait semblant de croire, que j'aurais eu l'intention d'abattre le président de la République à l'occasion de l'inauguration du salon aéronautique du Bourget, le samedi 14 juin 2003 ! Alerte au préfet de la Seine-Saint-Denis. Surveillance du domicile de ma famille nivernaise durant 24 heures, du vendredi après-midi au samedi après-midi (deux véhicules de gendarmerie et deux voitures des Renseignements généraux !). Filature des véhicules qui en sortaient. Recherches pour me retrouver. J'ai été arrêté dans la Nièvre le mercredi 18 en fin de journée et amené à la gendarmerie de Corbigny, gardé à vue sous des motifs foireux, puis transféré à Paris. Après plus de 48 heures de garde à vue, j'ai été présenté au juge parisien Baudoin Thouvenot, qui, tombant des nues et surchargé de travail le vendredi vers 20 heures, m'a envoyé, à la demande du parquet, devant le juge des libertés et de la détention, Philippe Boussand.

Raffarin sur les traces de Jospin ?

Par lettres des mois d'avril, mai et début juin 2003 adressées au Premier ministre, locataire de Matignon depuis mai 2002, j'avais porté à la connaissance du nouveau gouvernement l'essentiel de l'affaire, ma situation, ses raisons et ma volonté de me défendre. J'avais pris soin de préciser que je respecterai la loi, qu'il n'y aura pas de violences etc. Malgré cela, le cabinet du Premier ministre a porté plainte, au moment de l'ouverture du salon du Bourget, pour « menaces et actes d'intimidation » sur la personne de Monsieur Raffarin (art. 433-3 du code pénal) sans qu'on sache quels auraient été les actes illégaux constitutifs d'une menace ou d'une intimidation, ni les faveurs que j'aurais réclamées (cette seconde condition doit être également remplie pour que soit constitué le délit prévu à l'article 433-3).

Le parquet m'a poursuivi, attribuant à certains mots et formules de mes écrits un sens opposé à celui des dictionnaires ! Ceci, pour tenter de justifier les recherches dont j'ai été l'objet, mon arrestation, etc.

Tout cela ne tient pas debout. On a manifestement voulu m'empêcher de rencontrer des journalistes étrangers en marge du salon aéronautique du Bourget, avec annonce d'une demande d'asile politique à l'étranger, projet que, par principe, j'avais fini par porter à la connaissance de Matignon, n'écartant pas des actions symboliques mais légales et soulignant que je n'aurai pas d'états d'âme à faire sauter la République. Mes lettres sont claires sur ce point. Les originaux ont été recherchés à Matignon et versés sous scellés à la procédure. Il y est bien précisé que mes actions se feront « avec le sourire et dans la bonne humeur, sans atteintes aux personnes » etc.

L'ordonnance de mise en détention reflète bien, finalement, ce qu'il en est. Elle constitue même un superbe aveu du fait qu'on m'a enfermé pour m'empêcher de mettre mes projets, parfaitement légaux, à exécution. Elle est même risible.

Après examen du dossier et enquête, et après un mois de détention à Fresnes, le juge m'a remis en liberté, malgré les interventions particulièrement malhonnêtes du bâtonnier Iweins visant à m'enfoncer (ce dernier a adressé au juge Thouvenot, alors que celui-ci n'avait rien demandé, un dossier tronqué, excluant les documents qui rappelaient mon souci de respecter la loi et de ne recourir qu'à des actions symboliques mais légales).

La Cour européenne des droits de l'homme a été informée de ces événements, documents à l'appui.

Tout cela a eu pour conséquence ma déchéance totale. Au début octobre 2003 je me suis retrouvé clochard et je le suis toujours. Des organismes tels Emmaüs, le Samu social, les Amis de la rue, la Mie de pain, les Camions du cœur, le Centre d'action sociale protestant, les Petites sœurs des pauvres, etc. en sont les témoins. Ainsi que, rencontrés par hasard, quelques journalistes venus faire des reportages en ces lieux (France 3, France info...). A 54 ans, avec plus de quatre-vingt mille euros de dettes à des organismes publics ou assimilés (impôts, banques...), sans parler des dettes privées, mon avenir n'est pas des plus roses. Seule consolation : le psychiatre désigné par le juge Thouvenot a confirmé, comme les dizaines de ses prédécesseurs, l'absence de troubles mentaux.

Un nouvel avocat est entré en jeu.

Maître Carbon de Seze

Maître de Seze a été commis d'office dans la procédure devant le juge Thouvenot. Il est parfaitement informé de ma situation. Et il m'a, lui aussi, soigneusement mené en bateau. Il n'a rien fait pour me défendre et il a même magouillé pour tenter de m'enfoncer au maximum.

Dans un premier temps, il m'a laissé croire qu'il intervenait auprès du bâtonnier, me laissant miroiter l'ouverture d'un dialogue. Je n'étais pas dupe, mais je ne pouvais rien faire d'autre qu'attendre. Et j'ai pour principe de toujours « laisser une chance ». Je lui ai quand même rappelé qu'il fallait me défendre devant le juge. Mais il n'a strictement rien fait. Il m'a laissé mijoter dans ma situation de déchéance durant près de huit mois, inutilement. Nos échanges de courriels sont édifiants.

Alors qu'il sait très bien qu'il s'agit d'une grosse affaire d'Etat et qu'il en connaît parfaitement les enjeux, cet avocat prend souvent un temps infini pour me répondre. Ou, plus exactement, pour « répondre à coté ». J'ai donc commencé, fin mai 2004 à mettre la pression pour qu'il soit plus clair sur certaines questions essentielles dans le déroulement de la procédure. A ce moment, il a commencé à me mentir grossièrement, me faisant croire, par exemple, qu'une lettre recommandée qui m'était destinée, mais que je n'ai pu récupérer en raison de problèmes de domiciliation, n'aurait pas eu le juge pour origine. C'est grave dans la mesure où cette lettre ouvrait un délai pour prendre certaines dispositions. Il a ensuite prétendu qu'il n'y aurait eu aucun délai, ce qui est mensonger. Certains messages échangés avec lui sont sans équivoque sur sa volonté de me mentir dans le but de me conduire à ma perte. Maître de Seze a pris la première place sur la liste des avocats véreux. Oserais-je ajouter que, pour agir ainsi, c'est-à-dire briser définitivement la vie de quelqu'un alors qu'on a mission de le défendre, il faut être une belle ordure ?

J'ai informé le bâtonnier Burguburu et l'ensemble du conseil de l'ordre de cet état de fait (mon dernier message à eux). Silence général. J'ai demandé au président du Conseil national des barreaux, au président de la Conférence des bâtonniers, à la Confédération nationale des avocats, au Syndicat des avocats de France et à l'Union des jeunes avocats d'intervenir afin qu'on me réponde en soulignant que la réputation de la corporation était en cause. Rien n'y a fait. Ainsi, j'ignore totalement ce que devient la procédure devant le juge Thouvenot. J'ignore ce qu'elle me réserve et je crains un nouvel enfermement au vu de l'acharnement des avocats à mon encontre. La droiture du juge Thouvenot n'est pas en cause. Mais, avec un dossier complètement déséquilibré où les avocats s'associent à l'accusation pour m'enfoncer, rien n'est garanti. Et puis, à force d'attendre, le dossier peut aussi changer de juge et tomber dans les mains de quelqu'un de « compréhensif » à l'égard de la raison d'Etat. On m'a déjà fait le coup (cf. mon livre).

De toute façon, l'issue de cette procédure a peu d'importance. Mon seul avenir, à 54 ans, c'est clochard à vie !

Paris, le 23 août 2004


Addenda :

Addenda des 16 juin et 15 et 16 décembre 2005 relatifs aux quatre derniers paragraphes : regroupement des nouveaux documents et de la suite de la procédure dans un dossier complet ici.

Addendum du 28 février 2006 : la justice refuse de me répondre sur ma situation, mais elle multiplie les attaques.

Addendum du 10 novembre 2006 : lettre d'un créancier (octobre 2006) qui permet de bien mesurer ma situation.

30 septembre 2013 : la messe est dite. N'oubliez pas...

 

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