Opinion
Agression de Créteil : à qui profite le
crime ?
Nicolas Bourgoin
Photo:
D.R.
Vendredi 12 décembre 2014
Quelques jours après l’agression à
Créteil d’un couple de confession
juive, Bernard Cazeneuve a appelé à «
faire de la lutte contre le racisme et
l’antisémitisme une cause nationale
» répondant ainsi aux voeux du président
du CRIF. Effet d’aubaine ? on peut
d’autant plus le penser que les mobiles
de l’agression apparaissent avant tout
crapuleux. Même le président de la
communauté juive de Créteil
doute fortement du caractère antisémite
de l’acte, contredisant ainsi les
déclarations du
Premier Ministre, du
ministre de l’Intérieur, du
Président de la République et du
Président de la LICRA. De fait, cette
nouvelle « affaire d’antisémitisme »
ressemble étrangement, en beaucoup moins
sordide, à celle d’Ilan Halimi qui avait
provoqué, il y a 8 ans, l’indignation
politique et une énième campagne contre
« l’antisémitisme des banlieues » alors
que le crime
était davantage motivé par l’argent que
par la religion. La manipulation est
toujours la même et les médias ne
ménagent pas leurs efforts pour
entretenir la fiction d’une France
antisémite au mépris de toute
déontologie journalistique. La question
étant bien sûr de savoir à qui elle
profite…
Les medias ont fait les choux gras de
l’agression de Créteil. Fait divers a
priori banal –
de nombreuses agressions similaires ont
lieu tous les jours en France – mais
jugé intolérable par la classe médiatico-politique
en raison de l’appartenance
confessionnelle des victimes. L’occasion
était trop belle pour les associations
communautaires et celles de
l’antiracisme institutionnel (qui sont
d’ailleurs parfois les mêmes…) et elles
ne se sont pas privées de dresser
un tableau alarmiste de
l’antisémitisme en France.
Recherche
antisémitisme désespérément…
Pourtant, leurs déclarations sont
loin de correspondre à la réalité. En
dépit des exactions régulièrement
commises par l’État Hébreu contre le
peuple palestinien, avec
la bénédiction de la communauté juive de
France, l’opinion française reste
désespérément judéophile. Le peuple
français dans son immense majorité
a une bonne image des juifs selon
les sondages réalisés sur cette
question.
Le titre du journal Le Monde qui
relaie l’un d’entre eux est trompeur :
si une partie du peuple Français se plie
de mauvaise grâce aux injonctions du
sionisme, seule une minorité apparaît
réellement antisémite : la déclaration
selon laquelle « les juifs ont trop de
pouvoir dans le domaine de la finance,
des médias ou de la politique » ne
recueille l’accord que d’un quart des
sondés. Face à cette réalité, il ne
reste plus aux médias du système qu’à
monter en épingle certains faits divers,
voire au besoin à
en fabriquer..
Antisémitisme et Islam : les liaisons
dangereuses
La plupart des campagnes médiatiques
contre l’antisémitisme ciblent
prioritairement l’Islam. Dans
l’agression de Créteil, le site
Europe Israël prend bien soin de
rappeler le profil ethnique des
agresseurs : « deux blacks et un
Nord-Africain ». Roger Cuckierman, le
président du CRIF, n’a pas hésité à brandir
la menace de l’islamisation de la France
en déclarant que si l’Etat ne fait pas
de cette cause nationale une ardente
obligation, « les juifs partiront en
masse et la France tombera entre les
mains soit de la charia soit du Front
National ». Ce dernier tombe pourtant
dans le panneau du choc des
civilisations quand Marine Le Pen
déclare que « cela fait 15 ans que
monte dans notre pays un antisémitisme
qui est la conséquence de l’imprégnation
de populations d’origine étrangère par
le fondamentalisme islamiste ».
Fabrication
médiatique de l’antisémitisme au service
du néoconservatisme
Ces campagnes suivent le schéma
classique de la guerre des civilisations
qui met face-à-face occident
judéo-chrétien et Islam
barbare tout en tapant au passage sur
les personnalités ou les groupes qui
militent pour une réconciliation
nationale avec les populations issues de
l’immigration post-coloniale. Alain
Soral et Dieudonné ont été une nouvelle
fois
mis en cause par la LICRA et le
Premier Ministre qui les ont accusés
d’être à l’origine d’un climat
favorisant les agressions contre les
juifs. Le procédé n’est pas nouveau et
avait notamment fonctionné pour le drame
d’Ilan Halimi quand Julien Dray et Eric
Raoult avaient jugé Dieudonné
responsable d’une montée de
l’antisémitisme et donc
indirectement du drame qui avait coûté
la vie au jeune homme.
La théorie néoconservatrice est
aujourd’hui l’idéologie dominante des
élites mondialistes. Elle sert
directement les intérêts de l’hyperclasse
à tous les niveaux : stratégie du bouc
émissaire musulman pour masquer les
vraies responsabilités de la crise
actuelle à l’intérieur sur fond de
guerre civile larvée, justification
du soutien ou de la participation de la
France aux guerres de l’Empire contre
les peuples d’Orient, à l’extérieur.
Mais le coût élevé pour le peuple
français de la mise en acte de cette
idéologie, aussi bien sur le front
intérieur (tensions socio-ethniques)
qu’extérieur (guerre militarisée),
suppose une adhésion forte et massive à
la théorie du choc des civilisations. Et
pour cela, le drame de Créteil, tout
comme les précédents, tombe à pic. Ces
faits divers déclarés « antisémites »
par les médias renforcent la fiction
d’une communauté judéo-chrétienne
assiégée par un Islam barbare et
conquérant. Là est le moteur essentiel
des campagnes victimaires et
compassionnelles qui n’ont pour d’autre
finalité que de monter les groupes
religieux ou ethniques les uns contre
les autres. Diviser pour mieux régner
est une recette qui a fait ses preuves
et que l’aggravation de la crise rendra
de plus en plus précieuse pour la classe
dominante et ses valets
politico-médiatiques.
Publié le 14 décembre 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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