Opinion
Valls 2 : un gouvernement de combat
au service du mondialisme
Nicolas Bourgoin
Photo:
D.R.
Jeudi 4 septembre 2014
Pacte de responsabilité, réforme
territoriale, projet de loi sur la
croissance, travail dominical, … les
coups pleuvent comme jamais sur les
classes populaires. Le gouvernement met
les bouchées doubles pour liquider le
modèle social français de
l’après-guerre. Il a d’ores et déjà
prévu
de procéder par ordonnance pour
faire passer les dossiers les plus
épineux. Manuel Valls avait d’ailleurs
annoncé la couleur en promettant il y a
quelques semaines du «
sang et des larmes » pour cette
rentrée… bien évidemment en épargnant le
grand patronat, ce qui lui a valu une
standing ovation à l’Université d’été du
MEDEF. Le remaniement ministériel
suite au départ de certains frondeurs du
PS – minime par son ampleur (seuls 4
ministres ont été remplacés) mais lourd
de conséquences politiques – est un
signe de cette fuite en avant. La
nomination d’Emmanuel Macron,
banquier d’affaires chez Rotschild et
membre du
groupe Bilderberg au poste-clé de
Ministre de l’économie, est un signal
envoyé aux marchés financiers et à
Bruxelles au moment où la France éprouve
des difficultés à satisfaire ses
engagements en matière de déficit : la
promesse que le gouvernement mettra tout
en œuvre pour renouer avec l’orthodoxie
budgétaire sur le dos des classes
populaires. L’austérité c’est
maintenant.
La France
dans le rouge
L’échec du « socialisme de l’offre »
(en clair : la politique de cadeaux
fiscaux au grand patronat) rend la
situation sociale explosive. Croissance
nulle, augmentation quasi-continue du
chômage (le nombre d’inscrits à pole
emploi
a dépassé la barre de 5 millions)
ainsi que des impôts
directs et indirects pour les ménages à
laquelle s’ajoute une stagnation des
salaires composent un cocktail explosif.
Conséquence attendue : les déficits
dérapent et ça ne devrait pas s’arranger
dans les prochains mois car l’Allemagne,
attachée à un euro fort, reste
sourde aux demandes de François
Hollande pour une politique de relance
économique. Englué dans les contraintes
de l’Europe communautaire, le
gouvernement n’a d’autre choix que de
taper toujours plus sur les salariés et
de pressurer les classes moyennes…
faisant ainsi diminuer la demande
solvable et reculer toute perspective de
reprise économique.
Changement
cosmétique ou réforme d’ampleur ?
Le mini-remaniement ministériel doit
se comprendre à la lumière de ces
injonctions paradoxales : en rognant sur
le pouvoir d’achat et les acquis sociaux
comme le commande Bruxelles on condamne
les peuples à l’austérité et celle-ci
justifie de nouvelles coupes qui ne
manqueront pas de dégrader encore un peu
plus la situation économique et sociale,
prélude à de nouveaux sacrifices. Le
gouvernement semble enfermé dans cette
spirale dévastatrice qui
a déjà ruiné les peuples de l’Europe du
sud. Dans ces conditions, prétendre
mener une politique favorable aux
classes populaires, conforme au
programme du candidat Hollande, relève
en effet de la comédie,
Arnaud Montebourg ne s’y est pas trompé.
Seule échappatoire : les réformes
sociétales, qui fonctionnent comme des
marqueurs de gauche mais n’améliorent en
rien le sort du monde du travail, et les
annonces politiques qui permettent
d’occuper pour un temps l’espace
médiatique. Le mini-remaniement paraît
relever de cette deuxième tactique.
Changer la tête de certains ministres à
défaut de changer les règles qui nous
condamnent au désastre économique ?
Gauche des
valeurs, droite du travail, un
gouvernement 100 % libéral-libertaire
On aurait cependant tort de voir dans
ce remaniement un simple ajustement ou
une volonté de faire diversion dans un
contexte d’actualité chargé et tendu.
Plutôt qu’un changement dans la
continuité (voir
ici l’analyse d’Emmanuel Ratier qui
défend cette thèse) il est probable
qu’on assiste plutôt aux prémices d’un
durcissement de la politique de casse
sociale menée par le gouvernement Valls.
Les déclarations sur la
remise en cause des 35 heures,
l’augmentation de la TVA, le travail
dominical ou sur
le flicage des chômeurs, sont des
ballons d’essai annonçant un
durcissement de politique.
En réalité, la composition du nouveau
gouvernement reflète totalement la
politique libérale-libertaire chère au
Parti Socialiste et à ses alliés. Une
politique à la fois aux ordres de la
finance et viscéralement hostile aux
valeurs traditionnelles. Le couple
Macron/Vallaud-Belkacem résume à lui
seul cette orientation de fond (voir
ici l’analyse d’Eric Zemmour). Pacte
de responsabilité d’une main, ABCD de
l’égalité de l’autre… les élites du PS
ont compris que le marché n’est jamais
aussi fort que lorsqu’il a face à lui
non des collectifs mais des individus
atomisés et déstructurés, sans racines
ni identité sexuée et totalement
désaffiliés. Le maintien de certains
ministres en dit aussi long sur la
politique qui s’annonce : notamment
celui de Laurent Fabius, maître d’œuvre
du
néoconservatisme pur et dur, de
François Rebsamen qui veut faire baisser
le chômage…
en radiant les chômeurs, ou de
Bernard Cazeneuve
expert ès lois liberticides sans
oublier Christiane Taubira désormais
seule caution « de gauche » d’un
gouvernement totalement inféodé à la
finance. Sous les changements de
ministres ou même de gouvernement, une
seule politique : la casse progressive
et permanente du modèle social français
issu du Conseil National de la
Résistance, aux frais de la grande
majorité de la population et pour le
compte exclusif de l’oligarchie
financière.
Publié le 4 septembre 2014 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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