Opinion
État d’urgence, violences policières et
criminalisation de l’action syndicale :
le retour du social-fascisme ?
Nicolas Bourgoin
Photo:
D.R.
Lundi 2 mai 2016
Fuite en avant ou stratégie délibérée ?
Sans doute les deux. L’exécutif a
clairement fait le choix de la
répression pure et dure face à une
situation qu’il peine à contrôler. Les
violences policières
contre les manifestants du premier mai,
inédites par leur brutalité, sans parler
de
celles contre les cortèges des opposants
à la loi travail, montrent si besoin
était que le pouvoir socialiste n’a plus
qu’une recette pour faire appliquer les
diktats du MEDEF et de l’Union
Européenne : l’usage immodéré de la
matraque.
L’état d’urgence décrété par le
gouvernement renforce considérablement
les pouvoirs de la police et celle-ci a
désormais carte blanche pour faire usage
de la force contre tous ceux qui
s’opposent à sa politique : jeunes des
classes populaires, syndicalistes et
travailleurs subissant de plein fouet la
crise du capitalisme. On ne compte plus
les perquisitions et les assignations à
résidence, désormais effectuées sans
contrôle judiciaire, ni les
interpellations conduisant à des gardes
à vue ou même à des incarcérations.
L’instrumentalisation de la menace
terroriste à des fins sécuritaires est
révélatrice de la politique socialiste
que l’on peut résumer en quelques mots :
gouverner par la peur pour faire passer
en force les intérêts du capitalisme
financier. Cette politique rappelle que
l’État est avant toute chose un
instrument d’oppression d’une classe par
une autre, selon les mots de Marx. Et
pour ce faire, la sociale-démocratie et
le fascisme sont les deux modes de
gouvernement qu’utilise la bourgeoisie
pour asseoir son pouvoir sur le reste de
la société, parfois alternativement,
parfois simultanément.
Peines de prison fermes contre des
manifestants,
placement en garde à vue de
syndicalistes, saccages
de locaux d’associations,
évacuations musclées d’assemblées de
citoyens,
déchaînement de violence policière,…
la stratégie de la tension marche à
plein régime pour faire passer en force
une politique injuste et à rebours des
engagements de campagne du candidat
Hollande. Celle-ci peut évidemment
surprendre par sa brutalité, totalement
inédite, mais ce n’est pas d’hier que la
sociale-démocratie cède aux sirènes de
la fascisation.
Depuis la première guerre mondiale
quand
la SFIO votait les crédits de guerre
ou quand le SPD allemand pavait la voie
au fascisme
en faisant assassiner Karl Liebknecht et
Rosa Luxemburg jusqu’aux guerres
menées par l’exécutif actuel en passant
par la répression contre la SFIC au
moment des luttes contre l’occupation de
la Ruhr, la sociale-démocratie a
toujours été du côté de la répression et
de la réaction. En France, la SFIO
votait largement les pleins pouvoirs au
Maréchal Pétain en 1940 et quinze ans
plus tard elle laissait à la force
d’occupation les mains libres pour
torturer en Algérie.
La SFIO est devenue Parti Socialiste
en 1971 mais reste plus que jamais le
parti des traîtres. Et la politique
menée par l’exécutif actuel remet à
l’honneur le qualificatif de
social-fascisme employé par les
théoriciens de la Troisième
Internationale pour dénoncer la
politique des sociaux-démocrates durant
l’entre-deux guerres, véritables agents
de l’impérialisme dans le camp des
travailleurs. À l’heure où Marine Le Pen
affirme se lire dans les propos de
Manuel Valls sur l’Islam et où de
nombreux syndicalistes
se retrouvent sous les verrous, la
politique socialiste ressemble à s’y
méprendre à « une
politique authentiquement fasciste menée
de façon démocratique
».
Publié le 3 mai
2016 avec l'aimable autorisation de
l'auteur
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