Un policier à Asnières : "Un bicot, ça
ne nage pas"
Nadir Dendoune
Lundi 27 avril 2020
Comme un disque rayé. Dans la nuit de
samedi à dimanche, aux alentours de 2h
du matin, quai du Moulin à
l’Ile-Saint-Denis (93), des policiers du
commissariat d'Asnières (92), en pleine
interpellation ont tenu de graves propos
racistes à l’encontre d’un jeune homme
qui tentait de leur échapper. « Il ne
sait pas nager, un bicot comme ça, ça
nage pas ». « Ha ha, ça coule, tu aurais
dû lui accrocher un boulet au pied ».Des
propos qui rappellent certaines heures
sombres de la République, comme ce 17
octobre 1961 où des dizaines
d'Algériens, peut-être entre 150 et 200,
sont exécutés. Certains corps sont
retrouvés dans la Seine. La préfecture a
annoncé avoir saisi l'IGPN, la police
des polices. Une énième affaire
incriminant la police française qui
aurait pu être méconnue du grand public
sans Alan et son frère * présents ce
soir là.
A 2h du matin, vous
dormiez..
Oui, c’est mon
frère qui m’a réveillé, c’est lui qui a
entendu les premiers bruits. Nous vivons
dans une rue relativement calme, c’est
une impasse.
Que se
passe-t-il ensuite ?
Très vite, nous
comprenons qu’il s’agit d’une
intervention policière et comme ces
dernières nuits ont été tendues à
Villeneuve-La-Garenne, nous avons
commencé à filmer. Moi j’ai sorti mon
enregistreur pour avoir un meilleur son
que celui du téléphone. Nous vivons à
L’Ile-Saint-Denis, sur les quais de
Seine, mais il n’y qu’un pont situé à
quelques mètres de chez nous qui nous
sépare de Villeneuve-La-Garenne. Nous
avons été surpris surtout par le nombre
de policiers : ils étaient plus d’une
quinzaine pour un seul individu.
Sur le coup,
vous vous rendez-compte que les
policiers tiennent des propos racistes ?
Oui, oui. On a tous
très bien entendu. Les policiers n’ont
pas du tout essayé d’être discrets. Moi,
j’étais derrière mon portail à 4 mètres
d’eux.
Même si vous
n’avez pas pu voir la scène, vous êtes
persuadé que le jeune homme se faisait
tabasser dans le fourgon ?
Oui, j’en suis sûr.
Les cris du jeune homme ne laissent
aucun doute pour moi. Il était en train
de se faire tabasser.
Vous décidez
ensuite de publier sur votre page
Facebook la vidéo…
Oui, je n’ai pas
hésité. Je ne peux pas tolérer que dans
mon pays, des fonctionnaires de police
tiennent ce genre de propos. Il faut que
les gens sachent. Et que ce genre de
comportement soit sanctionné. Et
surtout, qu’ils s’arrêtent. Bien que je
vive dans le 93, je ne me fais jamais
arrêter par la police parce que j’ai la
bonne couleur de peau et ceci n’est pas
admissible.
Vous avez reçu
aussi quelques menaces…
Oui. Ça vient de
l’extrême droite. Mais ça ne me dérange
pas : Je suis du côté de la justice et
nous devons combattre tous les racismes.
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