Actualité
Le maire de Stains devant le tribunal
pour sa banderole en soutien à Marwan
Barghouti, "le Mandela palestinien"
Nadir Dendoune
Banderole
en soutien à Marwan Barghouti, accrochée
sur la façade de l'Hôtel de ville de
Stains.
Crédit photo : Le Blog de Julien Mugerin
Mercredi 16 mars 2016
Depuis
2009, une banderole en soutien à Marwan
Barghouti, surnommé « le Mandela
palestinien », est installée sur le
fronton de la mairie de Stains (93),
sans qu’aucun habitant de cette banlieue
située au nord de Paris, voisine de
Saint-Denis n'y trouve à redire. « Au
contraire, les gens sont plutôt contents
de voir que la municipalité affiche son
soutien à ce prisonnier politique,
injustement incarcéré en Israël depuis
2002 », indique-t-on dans l’entourage du
maire.
Depuis, les choses se sont légèrement
compliquées pour la ville de Stains et
son maire communiste. Suite à la requête
du Préfet de Seine-Saint-Denis qui
demande à la ville de retirer la
banderole, Azzedine Taïbi, l'édile est
convoqué à 11h ce lundi 21 mars devant
le tribunal administratif de
Montreuil.
Tout a commencé en 2014. Julien Mugerin,
chef de l'opposition municipale, décide
d’intervenir auprès du préfet de
Seine-Saint-Denis pour lui demander la
désinstallation de la banderole. « La
prise de position de la ville constitue
un frein pour le vivre-ensembleà Stains,
si fragile dans une ville aussi riche de
diversité : en important le conflit
israélo-palestinien sur le territoire »,
se justifie alors l'élu UMP. Ce dernier
estime que l’affichage de cette
banderole est de nature à alimenter «
une montée en puissance de
l'antisémitisme et du communautarisme
présents à Stains ».
Sans surprise, Julien
Mugerin obtient gain de cause le 1er
juin 2015. Sur son blog, il indique,
ravi, que la sous-préfète de
Seine-Saint-Denis a interpellé le maire
de Stains, afin de lui « rappeler que le
soutien à Monsieur Marwan Barghouti ne
correspond à aucun intérêt local et
qu’il est susceptible de porter atteinte
à l’ordre public ».
La
ville de Stains est donc sommée par le
préfet d’enlever la banderole. « Parce
que nous croyons en la liberté
d’expression, nous avons décidé de ne
rien lâcher », précise l’entourage du
maire. « Nous sommes en désaccord sur le
fait qu’afficher fièrement sur le
fronton de l'Hôtel de ville les valeurs
de paix et du droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes ne serait pas dans
l'intérêt des Stanois, et constituerait
donc un trouble à l'ordre public »,
rappelle la municipalité. « De toute
façon, pour certains, toute critique de
la politique israélienne s’apparente à
de l’antisémitisme. C’est absurde. Quand
on critique le gouvernement de Pékin,
personne ne traite les gens de « raciste
anti-chinois », raille-t-on dans
l’entourage du maire.
Incarcéré depuis 2002, Marwan Barghouti
a été condamné par un tribunal
militaire israélien, illégal au regard
du droit international, à cinq peines de
perpétuité pour son implication présumée
dans des meurtres visant des civils
israélien. Un “procès jugé non
équitable”, comme le souligne un rapport
de la commission des droits de l'homme
de l'Union interparlementaire
(l'organisation mondiale des Parlements
des États souverains, NDLR).
Ce
lundi 21 mars à 11H, le maire de Stains
se rendra donc devant la tribunal
administratif de Montreuil pour défendre
la position de la ville. Azzédine Taïbi
propose aux Stanoises et Stanois qui le
souhaitent de venir témoigner à
l'audience. Ils sont invités à prendre
contact avec le cabinet du maire sous
les 48 heures.
Pour
information: le 7 juillet 2015, le
tribunal administratif de Montreuil
avait annulé la délibération du conseil
municipal (un vote à l'unanimité)
d'Aubervilliers. Celle-ci avait élevé au
rang de citoyen d'honneur de la ville,
Marwan Barghouti.
Espérons que cette fois-ci, la justice
française prendra en compte les
arguments du maire de Stains. A défaut
d'avoir le droit d'accrocher une
banderole, on a toujours le droit de
rêver...
Nadir Dendoune
Publié le 16 mars 2016
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