Syrie
Syrie : De Genève 4 à Genève 5,
patience et longueur de temps…
Bachar al-Jaafari
Mardi 28 mars 2017
Pour mémoire, revenons aux
trois communiqués de presse donnés par
le Dr Bachar al-Jaafari au cours des dix
jours de la quatrième session desdites
Conférences de Genève pour la paix en
Syrie, ou « Genève 4 ».
Tenue du
23 février au 4 mars et organisée par
l’Envoyé spécial des Nations Unies pour
la Syrie, M. Staffan de Mistura, Genève
4 n’a abouti qu’à un « agenda de
travail » après avoir été inaugurée par
des attentats suicides meurtriers à
Homs, mais a vu la libération de Palmyre
des terroristes destructeurs du vivant
et de l’inerte pour la deuxième fois.
Un retour
qui éclaire les propos du Dr Bachar
al-Jaafari lors de sa première
conférence de presse de Genève 5,
démarrée ce 23 mars en pleine escalade
des attentats terroristes sur tous les
fronts, notamment autour de Damas et de
Hama, alors que les « grands joueurs »
du camp des agresseurs, servis par des
monstres et des traîtres incapables de
leur donner entière satisfaction, se
sont décidés à intervenir ouvertement
dans l’arène de leur sale guerre par
procuration, laissant tomber leurs
masques et même leurs dernières feuilles
de vigne… [NdT].
COMMUNIQUÉS DE GENÈVE 4
Je sors d’une
rencontre de deux heures et demie avec
l’envoyé de l’ONU, M. Staffan de Mistura.
Nos pourparlers ont porté sur un seul
point : faire de la lutte contre le
terrorisme notre priorité.
Nous lui
avons demandé de publier une déclaration
condamnant les attentats suicides menés,
aujourd’hui, par le Front al-Nosra et
ses associés dans la ville de Homs.
Nous lui
avons aussi demandé de transmettre notre
demande à toutes les plateformes
participant à ces pourparlers afin
qu’elles condamnent ces attaques
terroristes sans aucune ambiguïté
possible. Nous considérerons toute
partie qui refuserait de condamner ce
qui est arrivé aujourd’hui à Homs comme
complice du terrorisme. Je vous ai dit
avant notre réunion que ce qui est
arrivé aujourd’hui ne restera pas sans
réponse.
Ce qui est
arrivé est précisément un message
terroriste aux pourparlers de Genève, un
message adressé à l’envoyé onusien, à
l’ONU, à ladite communauté
internationale et à tous les
participants à cette conférence.
Ce qui est
arrivé aujourd’hui a jeté son ombre sur
Genève. C’est pourquoi cette action
terroriste à Homs est non seulement
terroriste d’un point de vue militaire,
mais aussi du point de vue politique.
Et c’est la
raison principale qui nous pousse à
mettre à l’ordre du jour de ces
pourparlers, la priorité de la lutte
contre le terrorisme. Le sang des
Syriens est précieux et ceux qui le font
couler devront le payer cher.
Nous avons
très clairement expliqué que nous étions
prêts à poursuivre les négociations
jusqu'à l'aube à condition que les
plateformes des oppositions ainsi que M.
de Mistura, lui-même, condamnent
l’opération terroriste d’aujourd’hui à
Homs.
Bien sûr que
ces condamnations verbales ne ramèneront
pas les victimes à la vie, mais elles
serviront de test quant à la
« modération » des oppositions invitées
à ces pourparlers, afin que nous
sachions si ces plateformes sont contre
le terrorisme ou associées avec.
Nous avons
dit à l'envoyé spécial que nous sommes à
la recherche d'un terrain commun qui
ouvrirait la possibilité de discuter des
autres sujets. Nous lui avons dit
comment il serait possible d’aborder
n’importe lequel de ces sujets avec
toute personne non redevable au
terrorisme.
Nous lui
avons aussi dit que l'objectif du Front
al-Nosra est de torpiller les
pourparlers de Genève. Nous ne tomberons
pas dans ce piège, d’où notre volonté de
travailler avec des partenaires qui
rejettent le terrorisme comme le rejette
le peuple syrien.
Et, pour la
centième fois, nous avons expliqué à M.
de Mistura, qu’il ne suffit pas de
négocier avec le terrorisme du Front al-Nosra,
de Daech ou de toutes les autres
organisations associées qui changent
constamment de peau et de nom tel le
caméléon.
La lutte
contre le terrorisme passe d’abord par
une approche politique des sponsors du
terrorisme, au lieu d’inviter des
terroristes et de les asseoir au premier
rang de la session d’ouverture de ces
pourparlers.
Permettez que
je commence par là où nous devons
commencer en vous annonçant la
libération de la ville historique de
Palmyre des gangs terroristes de Daech
par l’Armée arabe syrienne.
À ce sujet,
je vous rappelle les paroles du
Président Bachar al-Assad suite à sa
réoccupation par Daech : « Comme nous
avons libéré Palmyre par le passé, nous
la libérerons une deuxième fois ». Il a
tenu sa promesse. Et, maintenant qu’elle
est libérée, vous êtes tous invités à
venir en admirer la beauté de plus près.
Naturellement, les opérations de lutte
contre le terrorisme se poursuivront
jusqu’à la libération du dernier pouce
de notre territoire où sévissent
les reliquats du terrorisme
international.
Aujourd’hui,
nos pourparlers avec M. de Mistura ont
porté sur des questions fondamentales,
notamment celle de la lutte contre le
terrorisme. Nous avons écouté les
experts juridiques discuter de ces
questions et lui avons promis de
répondre aux idées que nous avons eu à
entendre dès demain, nous contentant
d’avancer des observations préliminaires
sur ce que nous avons entendu.
Nous avons lu
et entendu par la presse les
déclarations du président et des membres
de l’opposition de la « délégation de
Riyad », lesquels ont refusé que ledit
quatrième « panier » concernant la lutte
contre le terrorisme soit inclus dans
l’agenda de travail de ces pourparlers
« entre Syriens ». Ce qui ne nous a
absolument pas étonnés vu qu’une partie
de cette délégation comprend des groupes
terroristes, certains se battant aux
côtés des forces d’invasion turques dans
le nord de notre territoire, d’autres
étant gérés par Israël, d’autres encore
obéissant aux ordres d’États sponsors et
exportateurs du terrorisme connus pour
être responsables de l'effusion du sang
syrien.
C’est
pourquoi nous avons affirmé à M. de
Mistura que le dialogue de Genève ne
doit pas rester l’otage de la plateforme
de Riyad, dont les positions
intransigeantes sont obsolètes, et
laquelle avait déjà refusé la formation
d’une délégation unifiée des
oppositions.
De notre
côté, et en dépit de tout ce qui
précède, nous travaillons toujours à la
poursuite du dialogue sans ménager aucun
effort pouvant contribuer à protéger les
Syriens et à concrétiser leur volonté.
Je suis
heureux de m’adresser à vous en cette
dernière conférence de presse de la
quatrième session de Genève.
Notre plus
importante réalisation en cette session
de Genève 4 est probablement
l'accord sur un agenda comportant quatre
volets ou « paniers », comme se plaît à
les désigner l’Envoyé spécial de l’ONU
en Syrie, qui sont : le Gouvernement, la
Constitution, les Élections, et la Lutte
contre le terrorisme ; ce dernier panier
ayant été inclus à notre demande, avec
l’appui de toutes les parties
participantes excepté ledit « Groupe de
Riyad ».
L’important
est qu’en fin de parcours et au bout de
sept jours de discussions très intenses
avec le médiateur et les délégations
amies présentes, dont celles participant
à titre d'observateur, nous avons pu
imposer un agenda rationnel et équilibré
versant dans l’intérêt supérieur du
peuple syrien.
Le sujet
principal sur lequel se sont concentrés
nos efforts jusqu’à occuper 80% de nos
discussions fut la lutte contre le
terrorisme. Malgré cela, nous n’avons
pas fini d’en discuter parce qu’il est
devenu un panier parmi les autres
paniers essentiels de l’agenda adopté.
Nous continuerons à le nourrir de nos
discussions lors des prochaines
sessions.
Quant aux
autres sujets, nous les avons abordés
superficiellement en passant un quart
d’heure sur chaque, sauf le « panier des
élections » dont nous n’avons absolument
pas discuté, car les élections sont
liées à la Constitution, laquelle est
liée au « futur gouvernement national
élargi ». Sauter par-dessus ces réalités
reviendrait à brûler l’agenda adopté et
à repartir de zéro. C’est pourquoi j’ai
parlé d’un agenda rationnel, rationalité
partagée par tous excepté le Groupe de
Riyad. J’ajoute que nous nous sommes mis
d’accord sur cet agenda, mais que nous
n’en avons pas discuté en profondeur.
Nous nous sommes juste mis d’accord.
Lors de la
session précédente, nous avions remis à
l’Envoyé spécial un document intitulé :
« Document des principes fondamentaux
pour la solution politique en Syrie ».
Document qui a bénéficié à M. de Mistura
et à son conseiller, M. Vitaly Naumkin,
pour la préparation de leur « No
document » comme le veut le langage
diplomatique. Il comporte 12 articles
basés sur notre document initial avec
quelques modifications et amendements.
Le Professeur
Naumkin nous a remis ce « non document »
et, à notre tour, nous lui avons amené
quelques modifications et amendements.
L’Envoyé spécial a promis de les étudier
et d’en informer les autres parties.
Mais jusqu’ici, rien n’a été décidé,
absolument rien !
Par
conséquent, l’accord sur l’agenda de
travail est la seule chose que nous
ayons accomplie au cours de cette
session de Genève 4.
CONFÉRENCE
DE PRESSE DE GENÈVE 5
Bienvenue à
vous tous et merci pour votre présence à
cette première conférence de presse de
Genève 5.
Comme vous le
savez tous, cette session de Genève 5 se
déroule clairement en pleine escalade
des actions terroristes du Front al-Nosra
et autres groupes terroristes qui lui
sont inféodés. Et bien que ce ne soit
pas la première fois qu’une escalade
terroriste coïncide avec une initiative
politique, quelle qu’elle soit, ou avec
les pourparlers successifs à Genève et à
Astana, cette fois-ci elle suscite une
attention particulière quant à son
calendrier, sa forme et son contenu.
En effet,
cette fois-ci ont participé à l’attaque
de Damas, depuis le quartier
périphérique de Jobar, des factions du
Front al-Nosra, de Faylak al-Rahman et
de Jaïch al-Islam [respectivement
contrôlées par Al-Qaïda, la Turquie et
l’Arabie saoudite ; NdT]. Des factions
terroristes qui, comme vous le savez
tout autant, se battaient contre l’Armée
arabe syrienne mais se battaient aussi
entre elles conformément aux
instructions données par leurs
employeurs respectifs, jusqu’à ce
qu’elles reçoivent l’ordre de s’unir
sous la bannière du Front al-Nosra et
que ceux qui se combattaient hier
deviennent partenaires aujourd’hui.
Ceci, malgré
une donne d’importance qui fait que le
Front al-Nosra est considéré par le
Conseil de sécurité comme une entité
terroriste et, qu’en conséquence,
n’importe qui coopère avec ce Front
terroriste est considéré comme
terroriste à son tour, et que tout
gouvernement qui coopère avec lui ou
avec les factions terroristes associées
devient un gouvernement parrainant et
sponsorisant le terrorisme.
C’est
pourquoi, le problème de la coopération
entre les régimes turc, saoudien,
qatari, français, britannique,
jordanien, israélien, et le Front al-Nosra
terroriste, n’est plus difficile à
mettre en équation.
Quant à
l’attaque menée actuellement autour de
Hama, les participants sont Jaïch al-Nasr,
Jaïch al-Izza, Faylak al-Cham et ladite
armée libre d’Idlib sous le commandement
d’Ahrar al-Cham et du Front al-Nosra là
aussi ; toutes ces factions étant
dominées par les services du
renseignement turc, la majorité d’entre
elles ayant participé aux réunions
d’Astana.
Autant de
signaux indiquant que les régimes
précités ont participé aux opérations
terroristes en Syrie. Ceci, tandis que
les médias occidentaux, notamment
britannique et français, continuent à
parler de « jihadisme » et non de
terrorisme lorsqu’un terroriste se fait
exploser en plein Palais de justice,
bondé de monde, à Damas ; alors qu’un
terroriste qui s’en prend au Parlement
britannique à Londres fait que le
Royaume-Uni mobilise toutes ses forces
et toutes ses armes pour l’éliminer, et
qu’un terroriste dénommé Mohammad Merah
qui s’en prend à une ville française est
tué par 300 balles dans le corps.
Le
rassemblement des factions armées
précitées sous la bannière du Front al-Nosra
est une tentative désespérée de
camouflage de leur propre terrorisme
pendant qu’elles violent ouvertement
l’accord tripartite russo-turco-iranien
de cessation des hostilités signé le 29
décembre 2016. D’autant plus, qu’il est
devenu coutumier que ces factions, y
compris le Front al-Nosra, changent de
nom toutes les 48 heures, juste pour
éviter d’être listées en tant qu’entités
terroristes. Un problème qui n’échappe
ni à l’attention des experts à Damas, ni
à celle d’autres capitales concernées
par la lutte contre le terrorisme, ni à
celle du Conseil de sécurité. Ce sont
donc bien des « attentats terroristes »
qui ont frappé Damas avant l’ouverture
de cette session, causant la mort d'un
grand nombre de civils innocents.
À ce propos,
je voudrais signaler un incident
perturbant et douloureux, survenu au
Conseil de sécurité, auquel la
délégation russe a présenté trois
projets de déclarations à la presse :
-
le premier
condamnant les déflagrations terroristes
à Homs,
-
le deuxième
condamnant l’attentat terroriste au
Palais de justice de Damas,
-
le troisième
condamnant le ciblage de l'ambassade de
Russie à Damas.
Les
délégations des États-Unis, de la
Grande-Bretagne et de la France se sont
opposées à l’adoption des trois projets.
Mais nous,
nous n’oublions pas les habitants de
l'est de Damas fermement restés dans
leurs maisons malgré les projectiles
aveugles aux explosifs de toutes sortes,
depuis des années et jusqu’à ces
derniers jours. À savoir qu’hier, « les
terroristes » ont ciblé la maternité Al-Zahrawi
de l’Avenue Farès al-Koury, l’unique
maternité desservant toute la région est
de Damas.
Pour toutes
ces raisons, nous avons concentré nos
discussions d’aujourd’hui avec l’Envoyé
spécial des Nations Unies sur le thème
de la lutte contre le terrorisme, en
l’éclairant sur ce que nous venons de
vous apprendre sur les opérations
terroristes à Damas et à Hama. À sa
demande, nous avons évalué les deux
processus de Genève et d’Astana en
louant celui d’Astana ainsi que les
initiatives russes positives et
constructives quant à la consolidation
de la cessation des hostilités et la
recherche d’une solution politique à la
crise en Syrie, dans le cadre de la
coordination permanente entre le
Président Bachar al-Assad et le
Président Vladimir Poutine.
Nous lui
avons aussi posé des questions
susceptibles de clarifier sa position et
celle des autres parties sur les
derniers événements en Syrie.
Question
1 : Certaines
propositions consistent à dire qu’il
faudrait commencer par discuter des deux
paniers concernant le Gouvernement et la
Lutte contre le terrorisme, puis de
passer aux paniers concernant la
Constitution et les Élections. Quel est
votre avis à ce propos et que
pensez-vous des déclarations des
représentants de la délégation dite du
« Haut Comité de négociation » de
l’opposition [HCN : ou le groupe de
Riyad], lesquels justifient l’escalade
récente contre Damas et Hama par la
nécessité de libérer ces régions et de
rompre leur siège ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Permettez
que je commence par le deuxième volet de
votre question. Les déclarations de
certaines personnes faisant partie dudit
« Groupe de Riyad », ou d’autres
groupes, favorables au terrorisme qui
frappe actuellement Damas et Hama ont
été l’objet de nos pourparlers
d’aujourd’hui avec l’Envoyé spécial de
l’ONU. Il a fait montre de compréhension
et c’est pourquoi nous commencerons dès
demain nos discussions par le panier de
la lutte contre le terrorisme.
De telles
déclarations révèlent à qui ils
appartiennent et les agendas pour
lesquels ils travaillent, ce que nous ne
n’avons cessé de dire depuis des années.
La vérité est que de telles plateformes
ne sont pas celles d’opposants
patriotes, mais des plateformes
destructrices qui soutiennent le
terrorisme et en font partie. C’est
pourquoi je les avais qualifiées de
« boutiquiers » dans l’une de mes
conférences de presse de Genève 4. En
tout cas, ce ne sont pas des opposants
patriotes et leurs déclarations stupides
nous rendent service.
Quant au
problème des divisions de l’agenda de
travail, il s’agit de nécessités
opératoires et si nous commençons par le
panier de la lutte contre le terrorisme,
c’est parce que le fait dominant sur la
scène syrienne est le terrorisme.
Question
2 : À partir du moment
où l’on dit que le Groupe de Riyad fait
partie du terrorisme et que les
pourparlers indirects passent par
l’Envoyé des Nations Unies, que peut-on
en attendre ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Sans citer
des noms, à partir du moment où vous
entendez certains d’entre eux approuver
les actions terroristes à l’Est de Damas
et aux environs de Hama, appeler
publiquement à l’alliance avec le Front
al-Nosra et louer ses performances, cela
signifie que ce sont des terroristes
conformément aux Résolutions du Conseil
de sécurité relatives au terrorisme. Et
lorsqu’un ex-chef de la prétendue
Coalition nationale syrienne [CNS], qui
n’est autre que la véritable colonne
vertébrale du « Groupe de Riyad »,
appelle à étendre les attaques
terroristes sur Homs à l’ensemble du
territoire syrien, il se définit
lui-même comme terroriste.
Question 3
: Des agressions
terroristes sont menées sur plus d’une
région syrienne. Avez-vous songé à une
réponse politique qui consisterait à
vous retirer de ces discussions, voire à
exiger de l’Envoyé spécial de se
prononcer clairement sur cette question,
surtout que certaines régions, telle la
région de Mhardé [village situé au nord
ouest de Hama], sont actuellement
coupées du monde et donc de toutes
subventions ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Toutes ces
attaques terroristes ont un seul but :
saper les pourparlers de Genève et
d’Astana. Ils savent parfaitement que la
République arabe syrienne tient à rester
positive et constructive. Nous n’avons
jamais menacé de nous retirer des
réunions successives de Genève ou
d’Astana. Ici, je dois préciser que
Genève 1 s’est tenue sans nous. Comme je
l’ai déjà dit, toutes ces attaques
terroristes poussent toutes les parties
vers le fiasco par l’échec absolu des
processus diplomatique et politique.
C’est pourquoi, les gouvernements
raisonnables doivent continuer à
soutenir ces deux processus.
Question 4
: Quelle est votre
réaction suite aux nouvelles parlant
d’opérations apparemment imminentes,
américaine ou turque, contre Daech dans
la région de Raqqa ? Ensuite, à votre
avis, pourquoi la Grande-Bretagne et la
France n’ont pas eu de guerre civile,
aussi meurtrière qu’en Syrie, suite aux
actions terroristes que ces deux pays
ont subies ?
Dr Bachar
al-Jaafari :
Premièrement, en ce qui nous concerne,
toute présence militaire sur notre sol
sans l’accord du gouvernement syrien est
illégitime. Nul ne peut prétendre
combattre Daech sans coopérer avec le
gouvernement syrien et le gouvernement
irakien. Si vous étiez à ma place dans
la salle du Conseil de sécurité et que
vous écoutiez les communiqués des
délégués occidentaux, vous seriez
franchement étonnés de les entendre
encore parler de « Jihadistes » en
parlant de Daech et non de
« Terroristes ». C’est d’ailleurs ce que
répètent en boucle leurs médias et c’est
notamment le terme adopté par les
responsables français jusqu’à cet
instant précis.
Ensuite, il
est faux de prétendre que les groupes
armés dirigés par les forces d’invasion
américaines de mon pays combattent Daech,
parce que ceux qui combattent Daech sont
les soldats de l’Armée arabe syrienne
avec le soutien de nos alliés russes et
iraniens. C’est là une vérité que nul ne
peut contester.
Hier,
l’aviation américaine a frappé une école
dans la région d’Al-Mansoura autour de
Raqqa, tuant 237 civils innocents,
lesquels faisaient partie des 500
déplacés ayant fui Daech à Raqqa pour
venir s’y refugier. Ils ont été tués par
les bombes américaines qui combattent
Daech !
Quant à votre
très importante question concernant la
Grande-Bretagne et la France, je vous
réponds :
-
La
Grande-Bretagne et la France font partie
des gouvernements qui soutiennent le
terrorisme et l’utilisent comme arme
politique. Leurs deux gouvernements se
croyaient suffisamment intelligents pour
éviter toute action terroriste sur leurs
territoires, alors que nous avions
prévenu que ceux qui manipulent le
terrorisme le subiront tôt ou tard. À ce
propos, je vous rappelle les paroles de
l’ex-Premier ministre Cameron prononcées
il y a 2 ou 3 ans alors que la rue et
les médias britanniques lui reprochaient
d’avoir usé de la force de manière
excessive et que, ce faisant, il avait
porté atteinte aux droits humains. Il
avait répondu : « Quant il s’agit de
combattre le terrorisme, ne me parlez
pas de lois et de droits humains ! ».
Or, la Grande-Bretagne est un État
membre du Conseil de sécurité et un
allié des USA, ce qui n’est pas le cas
de la Syrie.
-
La
Grande-Bretagne et la France ne sont pas
des États limitrophes d’Israël dont nous
devons subir le voisinage et le soutien
aux terroristes du Front al-Nosra.
-
La
Grande-Bretagne et la France ne sont pas
entourées de six pays sur les
territoires desquels travaillent deux
cellules d’opérations militaires
auxquelles elles participent, MOM en
Turquie et MOK en Jordanie.
-
La
Grande-Bretagne et la France vendent des
armes pour des centaines de milliards de
dollars à l’Arabie saoudite, au Qatar et
à d’autres régimes du Golfe qui
soutiennent le terrorisme
international ; ce que mon pays ne fait
pas, considérant que la politique est
une question de principes, non de
business.
Question
5 : Quelle est votre
position face à la coordination entre
les USA et les FDS [Forces Démocratiques
Syriennes majoritairement composées de
Kurdes ; NdT] pour la libération de
Raqqa. Faites-vous partie de cette
opération ?
Dr Bachar
al-Jaafari :
Premièrement, permettez que je souhaite
une bonne fête du Newroz à nos
concitoyens Kurdes. Deuxièmement, nous
accueillons favorablement toute partie
qui veut combattre le terrorisme
honnêtement et objectivement en
coordination avec le gouvernement
syrien, non en passant outre son accord.
La lutte contre le terrorisme est
désormais un problème mondial et ne se
limite pas seulement aux USA, à la
Grande-Bretagne, à l’Irak ou à la Syrie.
C’est une lutte qui demande la
coopération de tous, honnêtement et
objectivement, et je souligne des
millions de fois ces deux derniers
termes. Les interventions militaires
directes sur notre territoire, la
fourniture d’armes américaines aux
groupes terroristes, les encouragements
des factions armées à défier l’autorité
du gouvernement syrien, ne peuvent en
aucun cas servir cette cause. Comme je
l’ai déjà dit et redit, combattre Daech
ne passe pas par des « boutiquiers ». La
seule voie passe par la coopération et
la coordination avec l’Armée arabe
syrienne.
Question
6 : Vous venez de dire
que vous discuterez demain avec l’Envoyé
spécial de l’ONU du panier de la lutte
contre le terrorisme, alors que lors sa
conférence de presse clôturant Genève 4,
Staffan de Mistura avait annoncé que les
discussions porteront parallèlement et
équitablement sur les quatre paniers.
Est-ce que cela correspond à une
modification de l’agenda de travail
suite aux événements récents en Syrie ?
Dr Bachar
al-Jaafari : L’agenda
de travail comporte quatre paniers
parallèles, c'est-à-dire d’égale
importance. En pratique nous pouvons
commencer par l’un ou l’autre, mais les
évolutions sur le terrain requièrent de
commencer par le panier de la lutte
contre le terrorisme et l’Envoyé spécial
l’a bien compris. Cela n’implique pas
que nous négligions les trois autres,
d’autant plus que nombre de questions en
dépendent et que tout au long de Genève
4, nous n’avons discuté d’aucun de ces
paniers. Les discussions de Genève 5
sont consacrées à ces quatre paniers,
celui de la lutte contre le terrorisme
étant actuellement prioritaire. Celui
qui s’opposera à ce processus découvrira
sa véritable identité de sponsor du
terrorisme.
Question
7 : Dernièrement, le
gouvernement syrien a refusé d’accéder à
la demande de M. de Mistura d’être reçu
à Damas. Pourquoi ?
Dr Bachar
al-Jaafari : Nous
coopérons continuellement avec l’Envoyé
spécial de l’ONU depuis le début du
processus de Genève. Mais lorsque, pour
une raison ou une autre, il dépasse les
limites de ce pour quoi il a été
mandaté, nous attirons aimablement et
diplomatiquement son attention sur
l’erreur commise. Nous tenons à ce qu’il
réussisse dans son mandat de « médiateur
» sans sortir de son rôle.
Naturellement, parfois il se justifie
par les énormes pressions exercées par
certaines capitales. Par conséquent, en
rectifiant ses prises de position, nous
l’aidons à supporter ces pressions qu’il
subit.
Merci à tous.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
Chef des
délégations de la République arabe
syrienne aux pourparlers de Genève et
d’Astana,
24/03/2017
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
NDT:
Au moment où nous achevons cette
traduction, l’Armée arabe syrienne a
brisé la considérable attaque terroriste
groupée sur Damas, en l’espace de cinq
jours, et progresse autour de Hama. M.
Staffan de Mistura est rendu en Jordanie
à la réunion du Conseil de la Ligue
arabe où il pourra probablement discuter
de la situation militaire sur le terrain
syrien avec les sponsors régionaux du
terrorisme, tandis que son adjoint, M.
Ramzy Izzedine Ramzy, mène les
discussions avec les délégations de la
République arabe syrienne et les
plateformes des oppositions non unifiées
du Groupe de Riyad, du Groupe du Caire
et du Groupe de Moscou ; l’opposition de
l’intérieur du pays, proprement
syrienne, n’étant toujours pas jugée
indispensable pour la bonne raison
qu’elle soutient son État, son Armée et
même… son Président.
Sources :
Vidéos d’Al-Akhbariya et de Sana
[1] :
https://www.youtube.com/watch?v=QeXRbSmN4fs&feature=youtu.be
[2] :
https://www.youtube.com/watch?v=rH_oskdxKHw
[3] :
https://www.youtube.com/watch?v=MhuZDLPNKYA&feature=youtu.be
[4] :
https://www.youtube.com/watch?v=Tzs15DMQwK8
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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