Syrie
La normalisation entre les Pays du
Golfe et Israël :
un acte « courageux » !?
Imad Jabbour

Samedi 26 septembre 2020 Lors
d'une discussion avec l'un de mes amis
ressortissant de l’un des pays du Golfe,
je lui ai posé la question suivante :
Nous savons tous que la coopération
de vos pays avec Israël ne date pas
d’hier et qu’elle allait bon train sous
la table, quoique timidement et
secrètement. Alors, pourquoi la révéler
maintenant sur tous les écrans ?
Il a
répondu : Écoute mon frère. Je ne te
parlerai pas comme les perroquets qui
disent que c’est à cause de l’Iran ou de
l’expansionnisme chiite, comme je ne
reprendrai pas les discours populistes
des uns et des autres. Cette affaire ne
dépend pas de nous, pour la bonne raison
que nous, je veux dire les Pays du
Golfe, nous ne sommes pas les décideurs.
Tu sais très bien que nos pays sont
occupés et que les bases américaines sur
notre sol sont parmi les plus étendues
et les plus denses, mis à part la base
navale de l’île de Guam frontalière de
l’Océan pacifique. Tu sais aussi que les
réacteurs nucléaires iraniens ne sont
pas le problème même si l’Iran se
mettait à fabriquer des bombes
nucléaires, car il est entouré de pays
dotés de telles armes, ne serait-ce
qu’Israël qui en possèderait des
centaines.
Je lui ai demandé : Mais alors, où
est le problème ?
Il
a répondu : Tu sais que si l’expansion
économique de la Chine continuait à
progresser au rythme actuel, elle
saignerait sérieusement l'économie
américaine et que si « la nouvelle route
de la soie » était achevée, elle
pourrait défaire la relation de l'Union
européenne avec l’Amérique; autrement
dit, tout ce que l’Amérique a échafaudé
depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale serait anéanti. D’où la
décision américaine de boucler toutes
les routes commerciales, les ports, les
zones de transit des marchandises et des
hydrocarbures, etc., en plus de
déclencher une guerre d'usure interne et
externe contre la Chine.
Autant d’objectifs qui nécessitent
le transfert de la puissance militaire
américaine de la région du Golfe vers la
région du Pacifique, parallèlement à la
promotion d’Israël au rang militaire de
commandant en chef de la région,
derrière le prétexte d’accords de
« normalisation » pour la paix et la
protection contre les ambitions
iraniennes. En d’autres termes : l’Iran
est l’intitulé de la manœuvre, tandis
que la Chine en est la raison profonde.
Par ailleurs,
tu as sans doute constaté à quelle
vitesse avance le plan de nettoyage de
la région, notamment au Liban, en Irak
et en Syrie, avec Israël qui exécute le
plan de l’État profond américain adopté
par le Pentagone après avoir été avancé
par Mike Pompeo alors qu’il dirigeait la
Central Intelligence Agency
[CIA]. Un plan qui visait la chute des
deux « régimes » iranien et syrien et
qui repose sur trois piliers
principaux :
-
Encerclement
politique et élimination des
personnalités ayant valeur de symbole
national par les assassinats ou les
forces opposées.
-
Broyage
économique par les sanctions et la
destruction ainsi que l'assèchement des
centres financiers en vue de la création
d’un chaos qui sabote ces régimes de
l'intérieur.
-
Soutien des
forces opposées, associé à une guerre
d'usure secrète qui finirait par
affecter les installations logistiques
stratégiques.
Le tout, cher
ami, avec la coopération des services du
renseignement de pays arabes et de pays
du Golfe.
Je lui ai demandé : À ton avis,
quelles seraient les dispositions prises
par l’Iran, la Russie ou la Chine pour
faire face à ce plan ?
Il
m’a répondu en riant : Je répondrai à ta
question si tu me dis ce qu’a pu faire
la Russie face aux manœuvres dirigées
contre des régimes socialistes en
Amérique latine et même, en Biélorussie.
Mon cher, ces États sont certes de
grandes puissances régionales, mais
l’« Amérique est un Empire » !
C’est
avec une précaution toute amicale que je
lui ai posé cette dernière question :
Admettons que demain, Netanyahou décide
d’écarter Mohammad Ben Zayed al-Nahyane
du pouvoir, pour le remplacer par
Mohammad ben Rachid al-Maktoum, que
feriez-vous ?
Il a
répondu : Rien du tout. Nous
applaudirions Mohammad ben Rachid al-Maktoum !
Par Imad
Jabbour
Un citoyen
syrien résidant à Damas / FB
25/09/2020
Texte
traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
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