Syrie
Alep : Réponse de la Syrie à de
Mistura
qui propose une administration autonome
confiée
à un comité local de terroristes !
Walid Al-Mouallem
Mardi 22 novembre 2016
Voici le message reçu ce dimanche,
20 novembre, d’un ami d’Alep :
« Tuerie : Ce
dimanche matin, comme chaque jour, pluie
d'obus de mortiers tirés par les
terroristes d'Alep-Est sur nos
quartiers. MAIS aujourd'hui, ils ont
atteint une école au quartier Forkane :
10 enfants tués et de très nombreux
blessés. Les médias occidentaux vont-ils
rapporter ce crime de guerre ? Les
gouvernements vont-ils s'indigner et
protester ?
[…]
Depuis un an, les médias occidentaux
diffusent des informations mensongères
ou exagérées (ce qui revient au même)
sur ce qui se passe à Alep-Est. Comme
par exemple l’annonce de la destruction
par les raids aériens du « dernier
hôpital - the last hospital » d’Alep,
annonce qui a été reprise chaque deux
semaines, une dizaine de fois au total.
C’est comme si ce « dernier hôpital »
ressuscitait à chaque fois... Nabil
Antaki. ».
Que répondre
à cette question ? Sinon qu’en effet, la
veille de cette « tuerie » [1],
« The Guardian » s’est une fois de plus
payé la tête de ses lecteurs en accusant
le « régime » syrien et la Russie
d’avoir détruit ce même dernier hôpital
[2].
Et que penser de ce qu’a osé
proposer l’envoyé spécial de l’ONU Staffan de Mistura, pour prétendument
sauver cette ville meurtrie ? Une
proposition dévoilée par M. Walid al-Mouallem,
Vice-Premier ministre, ministre des
Affaires étrangères et des Expatriés,
lors d’une conférence de presse tenue ce
même 20 novembre à Damas, suite à la
visite de l’émissaire de paix d’une
instance internationale qui n’a pas fini
de nous écœurer, sans plus jamais nous
surprendre [NdT].
DÉCLARATION DE M. WALID AL-MOUALLEM
Désolé pour
mon retard, c’est encore une fois de la
faute de M. de Mistura [dit sur le ton
de la plaisanterie, NdT].
Ce matin,
nous avons eu des discussions avec
l’envoyé spécial du Secrétaire général
de l’ONU et sa délégation. Nous nous
attendions, mes collègues et moi, à ce
qu’il nous informe de la date fixée pour
la poursuite du dialogue entre Syriens ;
ce qui ne fut pas le cas. Il s’est
focalisé sur ce qu’il a qualifié
d’« idées personnelles concernant l’est
d’Alep ».
Nous lui
avons répondu que, vu la situation, nous
étions d’accord sur la nécessité que les
terroristes sortent des quartiers est de
la ville quel que soit leur nombre,
qu’il était absolument inconcevable que
275 000 de nos concitoyens restent pris
en otage par 5000, 6000 ou 7000 hommes
armés [de Mistura les avait chiffrés à
900 au maximum ; NdT, [3]],
qu’aucun gouvernement au monde
n’autoriserait cela, et que plus vite
ils sortiraient d’Alep en sachant que
nous leur garantissions le choix de leur
destination, plus vite ils atténueraient
les souffrances endurées par les nôtres
à l’Est d’Alep.
Mais il nous
a parlé d’« administration locale » déjà
présente à l’est d’Alep, [idées donc
partagées par le président Hollande
lorsque, le 19 octobre 2016, il
encensait un fameux Comité local de
terroristes, selon lui
« démocratiquement élu » par la
population des quartiers est d’Alep,
tout en donnant un coup de pouce aux
« Casques blancs », candidats au prix
Nobel de la forfaiture; NdT, [4]].
Nous lui
avons répondu que nous rejetions son
idée, globalement et dans tous ses
détails.
Est-il
concevable que les Nations Unies en
arrivent à ainsi récompenser des
terroristes qui continuent à tirer leurs
obus, au hasard, sur les quartiers ouest
d’Alep, lesquels obus ont coûté des
milliers de vies et de blessés ?
Aujourd’hui même, ils ont ciblé l’école
élémentaire du quartier Forkane, ôtant
la vie à dix de ses élèves [blessant et
estropiant nombre d’entre eux, non sans
s’attaquer à d’autres régions du pays ;
NdT, [5][6]] ? Est-il
concevable que nous les récompensions ?
Ils ont aussi
bombardé le Palais de Justice, la
Faculté de droit et, me dit-on,
l’hôpital Al-Bassel… Ces terroristes ne
souffrent d’aucun interdit moral !
Nous avons
catégoriquement refusé cette idée
d’« administration autonome », car c’est
une atteinte à notre souveraineté
nationale et une récompense offerte au
terrorisme et moi, je ne conçois pas que
les Nations Unies agissent de la sorte.
Ce refus
étant définitif, nous avons rappelé que,
concernant l’évacuation des malades et
des blessés des quartiers est d'Alep,
nous avions offert trois chances de
trêves successives et, qu’à notre grand
regret, les terroristes ne les ont pas
laissés sortir, alors que des ambulances
les attendaient aux points de passage
via des couloirs sécurisés délimités à
cet effet. Des couloirs malheureusement
devenus dangereux parce que frappés de
leur pluie de mortiers empêchant la
sortie des civils, malgré les
préparatifs du gouvernorat d’Alep visant
à assurer leur réception en toute
sécurité.
Les
terroristes ont eu plus d’une chance de
s’en sortir, mais ils n’en ont pas
profité. Et voilà que vous entendez les
habitants manifester autour des
entrepôts d’aliments qu’ils gardent ou
vendent au marché noir à la population
des quartiers est d’Alep. À savoir que
même les convois d’aide humanitaire ont
été bloqués par leurs tirs de mortiers.
Je crois donc
qu'il est du devoir de l'État syrien de
sauver ces citoyens pris en otage par
ces terroristes. C’est pourquoi, nous
avons proposé à de Mistura un autre
projet disant que ceux des nôtres qui
souhaiteraient ne pas quitter ces
quartiers est d’Alep pouvaient y rester
en toute sécurité, que les éléments
armés pouvaient en faire autant après
avoir régularisé leur situation, et que
la route était ouverte aux éléments
armés qui souhaiteraient se diriger vers
Idleb ou la Turquie.
En effet, les
terroristes doivent sortir de ces
quartiers et les institutions
régaliennes de l’Est d’Alep ne peuvent
rester dans une telle anormalité
comparativement aux régions où la
situation a été réglée par les
« réconciliations », la dernière en date
ayant libéré Al-Moadamiyé [région de
Damas ; NdT]. Il n’est plus possible de
déroger à cette règle !
Nous avons
dit à de Mistura : « Vous parlez de
cessez-le feu. Avez-vous pris contact
avec les États qui parrainent ces
groupes armés ? Vous-ont-ils donné des
garanties qu’il sera respecté ? Il a
répondu qu’il ne disposait pas de telles
garanties.
Par
conséquent, ne voulant pas abuser de
votre temps, je dis que nous n’avons
rien appris qui puisse aider à la
poursuite du dialogue entre Syriens.
Peut-être attend-il la nouvelle
administration des États-Unis ou le
nouveau Secrétaire général de l’ONU.
Dans tous les cas, nous sommes prêts
parce que nous croyons que la solution
politique est à la base de la solution
de la crise syrienne.
VOUS
POUVEZ ME POSER VOS QUESTIONS :
Russia
Today : On parle d’un probable congrès
de l’opposition syrienne de l’intérieur
en présence de quelques personnalités de
l’opposition à l’étranger, lequel
congrès aurait lieu à Damas. Quel est le
rôle de l’État syrien dans ce cadre,
étant donné que les idées et solutions
avancées par de Mistura sont sans
rapport avec ce vous proposez pour l’est
d’Alep et ailleurs ?
M. Al-Mouallem :
En Syrie, nous avons foi en
l’Organisation des Nations Unies, mais
en une ONU qui respecte sa propre
charte, une ONU qui respecte la
souveraineté de ses États membres. Quant
à ce qui se dit à propos d’un Congrès de
l’opposition, nous sommes favorables à
toute rencontre entre Syriens pour
discuter de l’avenir de la Syrie, loin
de toute ingérence étrangère. S’ils
souhaitent se réunir en Syrie, ils sont
les bienvenus. S’ils préfèrent se réunir
à Genève, il en sera de même.
Al-Fadaiya
(TV syrienne) :
Permettez que je vous interroge sur un
sujet qui intéresse tous les Syriens. Il
s’agit des opérations menées par les
Forces Démocratiques Syriennes [FDS : en
majorité kurdes, NdT] couvertes par
l’aviation de ladite Coalition
internationale [menée essentiellement
par les USA et la France, NdT] pour ce
qui est annoncé comme la libération de
Raqqa, ainsi que des récentes
déclarations de la Turquie à ce sujet.
Bien que les opérations soient en cours
et que la Turquie soit rendue aux portes
d’Al-Bab, nous n’avons entendu aucun
commentaire de l’État syrien sur ce qui
se passe !?
M. Al-Mouallem :
Concernant Raqqa, les Américains se sont
mis d’accord avec les FDS pour qu’elles
avancent dans la campagne nord de cette
ville afin de l’assiéger, mais en même
temps, ils se sont mis d’accord avec les
Turcs sur qui devrait la gérer à
l’avenir. Je parle ici de la rencontre
entre les chefs d’État major des armées
des USA et de la Turquie, dans le sens
où l’Américain utilise l’élément kurde
dans une première étape et, une fois
Raqqa assiégée, compte passer à la
deuxième étape avec la collaboration de
la Turquie ; les deux éléments kurde et
turc étant rejetés par les habitants de
Raqqa qui sont des arabes syriens.
C’est
pourquoi je dis que l’Américain n’est
pas sérieux, que le Kurde est incapable
de libérer Raqqa, vu ses capacités, et
que l’avancée turque en territoire
syrien est une invasion, que ce soit à
Al-Bab ou à Jarablus. Mais tout le
territoire syrien sera libéré.
Actuellement, nous avons affaire aux
« instruments » du Turc, tels les
autoproclamés Armée Syrienne Libre
[ASL], le groupe Nour el-Dine al-Zenki,
etc.
AFP :
D’après ce que j’ai compris, votre
rencontre avec M. de Mistura fut très
négative, ce qui signifie que la guerre
va continuer. Concernant les groupes
armés présents à Alep, dans quel but le
gouvernement syrien les poussent-ils
vers Idleb ? Pourquoi Idleb ? Serait-ce
pour en faire un État séparé, ou quoi
d’autre ?
M. Al-Mouallem :
Je n’ai pas dit que ces pourparlers ont
été inutiles. Nous avons toujours œuvré
dans le sens d’une solution politique.
Que nos avis divergent sur ce sujet est
chose normale. Par ailleurs, nous ne
poussons pas ces gens vers Idleb. Le
gouvernorat d’Idleb est limitrophe de la
Turquie et c’est là que se trouvent
leurs quartiers généraux, leur
logistique et leur réservoir humain. En
tout cas, s’ils choisissaient une autre
destination, nous ne les empêcherions
pas.
Al-Mayadeen :
Jusqu’à quel point existe-t-il une
coordination entre les armées syrienne
et irakienne pour empêcher les
terroristes présents à Mossoul de se
rendre en Syrie, alors que nous avons
beaucoup entendu parler d’une stratégie
américaine fondée sur des couloirs de
passage aménagés dans ce but, que nous
savons qu’un grand nombre d’entre eux
sont déjà rendus à Abou-Kamal et à
Raqqa, d’où sont expédiés des éléments
armés, notamment des enfants, vers
Mossoul ? Ensuite, il paraitrait que
l’opération turque baptisée « Bouclier
de l’Euphrate » arrivée aux abords de la
ville d’Al-Bab [2 à 3 kms, NdT] aurait
dépassé les limites d’une entente non
déclarée entre la Russie et la Turquie.
Pouvez-vous nous rassurer sur le fait
que les Turcs n’avanceront pas vers Alep
ou, en tout cas, qu’ils n’influeront pas
sur les combats en cours dans cette
ville ?
M. Al-Mouallem :
Je n'ai pas entendu parler de ces
ententes secrètes, alors que nous
coopérons étroitement avec nos amis
russes dans les domaines politique et
militaire. Je ne sais donc pas si une
telle entente existe. En revanche, je
sais que la partie russe condamne toute
violation de la souveraineté syrienne,
ce que M. Lavrov a confirmé récemment.
Concernant
Mossoul, il est évidemment très
dangereux que des éléments armés
puissent passer en Syrie, parce que
ceux-là ne laisseront jamais l’Irak en
paix. Ils y retourneront. D’ailleurs,
c’est de Syrie qu’ils sont partis pour
envahir l’Irak. Il existe donc des
intérêts partagés entre les deux armées
irakienne et syrienne.
Il est
possible que certains éléments puissent
continuer à s’infiltrer en Syrie et nous
savons parfaitement que les plans
américains ne consistent pas à éliminer
Daech, mais à le contenir, puisqu’ils
continuent de croire qu’il menace le
pouvoir syrien à Damas, témoins en sont
ces deux dernières longues années de
prétendues frappes aériennes qui
n’auraient pas réussi à l’éradiquer.
Quoi qu’il en
soit, certains changements au niveau
mondial s’accélèrent et nous espérons
que Raqqa sera libérée. Ceci dit, celui
qui lit attentivement le déroulement des
combats du « Hachd al-Chaabi » [Unités
de mobilisation populaire] à Tal-Afar,
en Irak, réalise que le but est
d’empêcher les éléments de Daech de
venir en Syrie. Je profite de cette
occasion pour leur dire que nous saluons
leur courage ainsi que le courage de
l’Armée irakienne et que leur combat est
le nôtre.
BBC :
Pensez-vous que l’arrivée d’une nouvelle
administration américaine aura des
effets positifs sur la résolution de la
crise syrienne dans les prochains mois,
soit par la mise à exécution de l’accord
russo-américain qui n’a pas été
concrétisé, soit par un nouvel accord ?
M. Al-Mouallem :
Concernant la nouvelle administration
américaine, nous sommes pour l’option
choisie par le peuple américain. Il est
prématuré de dire ce que sera la
politique étrangère des États-Unis. Nous
savons tous qu’existent différents
groupes de pression et de conseillers,
mais nous espérons qu’ils réviseront la
stratégie de leur pays à l’égard de la
Syrie.
Est-ce que la
stratégie de l’administration sortante a
été bénéfique pour le peuple américain,
alors qu’elle a dépensé des millions de
dollars pour entraîner et armer des
éléments qualifiés d’« opposition
syrienne modérée », lesquels ont fini
par rejoindre les rangs d’Al-Nosra ?
Toute personne raisonnable dirait que
cette politique fut une succession
d’erreurs, qu’il est impératif de
corriger.
Cette
correction passe par un dialogue entre
Moscou et Washigton ; la Russie étant un
acteur majeur grandement concerné par la
lutte contre le terrorisme, respectueuse
du droit international et de la
souveraineté des États. Quant aux
modalités de leur future entente,
l’avenir nous le dira.
Press TV :
Étant donné que les forces armées
turques s’approchent d’Al-Bab et que les
forces syriennes sont rendues au sud de
cette ville, y’a-t-il une coopération
entre les deux armées pour éviter une
confrontation non calculée ?
M. Al-Mouallem :
J’affirme qu’il n’existe aucune relation
ou coordination entre nous et la Turquie
en ce qui concerne cette invasion de
notre territoire. Nous considérons les
groupes armés, derrière lesquels elle se
dissimule, pour ce qu’ils sont : des
terroristes qu’il faut traiter avec
fermeté. Désormais, plus personne
n’ignore le soutien de la Turquie aux
factions armées en Syrie.
Al-Watan
(Syrie) : De Mistura
est arrivé à Damas sur fond de
déclarations publiées auparavant par le
quotidien The Guardian [8]. En
bref, il fait un parallèle entre l’Irak
et la Syrie en parlant de processus
politique inclusif des sunnites en
Syrie, pour conforter sa vision
confessionnelle du futur État syrien, et
met en garde contre un risque accru du
terrorisme « si Assad remportait une
victoire militaire totale ». Ensuite,
étant donné que les terroristes ont
utilisé des substances chimiques
toxiques contre la population et les
soldats à Alep, usage pour lequel vous
avez officiellement demandé à l’ONU
l’envoi d’une commission d’enquête sur
le terrain, pensez-vous que cette
commission se déplacera cette fois-ci,
contrairement aux fois précédentes ?
M. Al-Mouallem :
Nos expériences passées ont démontré que
nous ne devons pas attendre grand-chose
de ces commissions. Quant à de Mistura,
il aurait formulé ses opinions
personnelles alors que nous, en Syrie,
refusons absolument ces considérations
et restons fiers de la cohésion
nationale entre les différentes
composantes du peuple syrien. Je crois
qu’il a reçu le message.
SANA :
Pensez-vous qu’avec Trump à la
présidence des USA, Washington cessera
effectivement de soutenir le
terrorisme ?
M. Al-Mouallem :
J’ai déjà dit qu’il était prématuré de
répondre à cette question à partir de
slogans d’une campagne électorale et que
toute personne sensée qui réviserait la
politique de l'administration sortante
devrait corriger ses erreurs. Ce que
nous attendons de la future
administration est non seulement qu’elle
cesse de soutenir les groupes armés,
mais aussi quelle freine les États
régionaux notoirement connus pour cela.
Al-Manar : Le retour des
forces de l’UNDOF [Force des Nations
Unies chargée d'observer le
désengagement] au Golan syrien occupé
paraît hors contexte. Comment
l’expliquez-vous ?
M. Al-Mouallem :
Le centre de commandement de cette force
était basé à Nabeh al- Faouar, laquelle
localité est redevenue sure. Pour
revenir, l’ONU a dû obtenir du Qatar et
d’Israël, en particulier, des garanties
assurant qu’elle ne sera plus ciblée,
puisqu’il est de notoriété publique que
le Qatar et Israël soutiennent les
groupes armés sévissant dans la région.
Nous n’y voyons aucune signification
politique. Ce n’est qu’un retour à la
normale. C’est pourquoi, nous
coopérerons avec l’UNDOF.
Al-arabi :
Vous nous avez habitués à vos blagues
diplomatiques, ce qui n’est pas le cas
aujourd’hui, mis à part votre entrée en
matière sur votre retard dû à de Mistura.
Ma question est : pensez-vous que le
train égypto-syrien est arrivé à la
destination espérée ?
M. Al-Mouallem :
Franchement, lorsque mes collègues m’ont
informé du décès de ces dix enfants dans
leur école à Alep, mon esprit blagueur
m’a abandonné. Quelle est leur faute ?
Sinon, je vous avais préparé une bonne
blague, mais le cœur n’y est pas.
Quant à votre
question, le discours égyptien a
certainement évolué dans le bon sens,
mais n’est pas encore arrivé à la
destination où nous l’attendions et où
nous l’attendons toujours, pour la bonne
raison que quand la Syrie et l’Égypte
marchent ensemble, la nation arabe va
bien. Il n’est pas possible que le grand
peuple égyptien et son armée se
contentent d’observer ce qui se passe en
Syrie, comme il n’est pas possible que
la Syrie ne sympathise pas avec l'armée
égyptienne, qui lutte contre le
terrorisme au Sinaï. C’est pourquoi nous
espérons. Plus qu’un petit bond et les
choses reviendront à la normale.
Agence Tasnim : Concernant
l’éventuel congrès de l’opposition à
Damas, le gouvernement syrien s’est-il
engagé à ne pas incarcérer l’un
quelconque des congressistes, d’autant
plus que le chef du « Comité national de
coordination », Hassan Abdel-Azim, a
déclaré que s’il obtenait cette
garantie, le congrès se tiendrait dans
la capitale ?
M. Al-Mouallem : Hassan Abdel-Azim
entre et sort de Syrie, se réunit avec
les gens de Riyad, s’épanche sur Al-Mayadeen
ou ailleurs, en racontant tout et
n’importe quoi. Il n’a pas été arrêté
par le gouvernement syrien. N’est-ce pas
là la meilleure des garanties ?
Sawt al-Arab : Il est clair
que la Turquie est déçue par les
récentes déclarations américaines
concernant la Syrie, objet probable de
son ressentiment parce qu’elle
considérerait qu’elle est à l’origine du
problème qui menace ses frontières sud,
en plus du fait qu’elle doit héberger
trois millions de Syriens. Pensez-vous
que nous allons assister à un
revirement, vu que M. Poutine a déclaré
que la Russie fera tout ce qui est en
son pouvoir pour assurer l’équilibre
stratégique des forces ? Et avez-vous
prévu de quoi ramener ces réfugiés de
Turquie vers la Syrie ?
M. Al-Mouallem :
Si deux alliés comme la Turquie et les
USA se chamaillent à cause de la crise
syrienne, alors que tout le monde est au
courant du rôle de chacun dans sa
création, que sommes-nous censés faire ?
Que la Turquie soit déçue ou satisfaite
ne nous concerne pas.
Quant aux
réfugiés, je ne sais pas si votre
chiffre est précis. En tout cas, nous
souhaiterons la bienvenue à tout citoyen
syrien qui souhaite revenir, même s’il
est sorti illégalement du pays. C’est
certain.
NBN :
Alors que les États-Unis exigent l’arrêt
des opérations à Alep et lancent des
avertissements, que signifie l’idée
d’une « administration autonome »
proposée par de Mistura ?
M. Al-Mouallem :
Il y a actuellement deux batailles :
l’une à Mossoul, l’autre à Alep. La
bataille de Mossoul suscite un consensus
international, la bataille d’Alep
suscite l'hystérie occidentale.
Pourquoi ? Parce qu’ils veulent sauver
le Front Al-Nosra qu’ils ont mis sur la
liste des organisations terroristes,
mais qu’ils jugent toujours utile pour
menacer Damas. Sauver Al-Nosra est
d’ailleurs la raison fondamentale de la
dérobade des USA de l’accord passé avec
la Russie. D’où l’idée de recourir à
ladite « administration locale »,
laquelle a été imaginée par les éléments
armés dans le but de gérer l’aide
alimentaire arrivée à l’est d’Alep,
qu’ils stockent avant de la vendre dix
fois son prix aux citoyens devenus leurs
otages.
Concernant
les avertissements venus des USA, je ne
suis pas militaire, mais sachez que la
décision de libérer totalement Alep est
prise et qu’elle est définitive.
Al-Ikhbariya :
Que signifie cette escalade militaire et
médiatique contre Alep ? Pourquoi l’ONU
a-t-elle été absente alors qu’elle
devait surveiller les couloirs
humanitaires prévus pour la sortie
volontaire des civils, tandis que de
Mistura s’est proposé pour accompagner
« physiquement » les éléments armés
désireux de quitter les quartiers est
d’Alep ? Voyez-vous une certaine
synchronisation entre sa visite et cette
aggravation de la situation ?
M. Al-Mouallem :
Soyons honnête, je ne vois pas de
synchronisation entre ces deux faits,
puisque nous avons fixé la date de cette
visite. En revanche, si les groupes
armés ont exploité sa venue, ce serait
une preuve supplémentaire de leur refus
de toute solution politique.
Quant à la
situation à Alep, elle est vraiment
tragique. Une tragédie qui doit cesser.
Nous espérons que ce sera pour bientôt.
As-Safir :
Suite à votre entrevue avec de Mistura,
avez-vous l’impression qu’il n’y aura
pas de solution politique avant la
rencontre entre les deux administrations
américaine et russe, ou bien
conservez-vous l’espoir que quelque
chose de positif arrive pendant cette
période transitoire de la présidence d’Obama ?
Enfin, en tant que ministre syrien des
Affaires étrangères avant et pendant la
crise, quel message lui
adresseriez-vous ?
M. Al-Mouallem :
Question message, je ne peux pas lui
adresser ce que je pense, les relations
sont coupées entre lui et nous. Par
contre, ce que j’ai compris de
l’entrevue avec de Mistura est qu’il va
se diriger vers New York pour une
réunion avec le nouveau Secrétaire
général de l’ONU et certains membres
proches du président élu, Donald Trump,
avant de se forger une idée concernant
les pourparlers du dialogue entre
Syriens.
Souriyana :
En ce qui concerne la Syrie, certains
considèrent que la relation entre la
Turquie et la Russie n’est pas claire.
Voudriez-vous nous donner votre point de
vue ? D’autre part, le Hachd al-Chaabi a
affirmé qu’il se dirigerait vers la
Syrie, une fois qu’il aura libéré
Mossoul, à la demande du gouvernement
syrien. Le gouvernement a-t-il exprimé
officiellement cette demande ou bien se
prépare-t-il à le faire ?
M. Al-Mouallem :
Je vois que la relation entre la Turquie
et la Russie est fondée sur l’économie.
Je vois que la Russie est un État ami
qui respecte notre souveraineté et nous
aide incontestablement dans notre lutte
contre le terrorisme, alors que la
Turquie est un État envahisseur qui
soutient les terroristes et porte
atteinte à notre souveraineté.
TV
libanaise ? :
Maintenant que les relations
syro-libanaises vont vers le mieux, quel
plafond pensez-vous qu’elles puissent
atteindre depuis l’élection du Président
Michel Aoun ?
M. Al-Mouallem :
Cela dépend du versant libanais. Nous
n’avons pas de plafond et sommes ouverts
à nos frères libanais autant qu’ils sont
ouverts envers nous.
DAMAS, 20
novembre 2016
Source :
video Al-Ikhbariya [TV Syrie]
https://www.youtube.com/watch?v=gEzgRKgtwaE&feature=youtu.be
Transcription et traduction par
Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Up to 8
children killed in militant shelling of
western Aleppo civilian area
https://www.youtube.com/watch?v=qFg18f7owAM
[2] East Aleppo’s last
hospital destroyed by airstrikes
https://www.theguardian.com/world/2016/nov/19/aleppo-hospitals-knocked-out-airstrikes
[3] Staffan de Mistura prêt à
accompagner les membres d'Al-Nosra hors
d'Alep
http://www.rts.ch/info/monde/8070807-staffan-de-mistura-pret-a-accompagner-les-membres-d-al-nosra-hors-d-alep.html
[4] 2. Syrie
- Situation à Alep - Point de presse de
M. François Hollande, président de la
République, avec M. Rahed Al Saleh,
président des Casques blancs, et une
délégation syrienne d'Alep (Paris,
19/10/2016)
http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?fichier=bafr2016-10-19.html
Extrait :
« Je voulais
recevoir, ici, à l'Élysée, le président
des Casques blancs syriens, qui, avec
son organisation, lutte chaque jour, non
pas pour détruire des vies, mais pour en
sauver. Et qui, avec au moins 3.000
volontaires, réussit, malgré la barbarie
qui s'acharne sur notamment Alep, à
trouver dans les décombres encore des
vies humaines.
Cette
organisation, les Casques blancs, a été
également capable de pouvoir alimenter,
approvisionner en eau une partie de la
population et faire en sorte qu'une vie
soit possible.
Je voulais
également accueillir le président du
Comité local d'Alep, élu
démocratiquement et qui, lui aussi,
assure avec les services qu'il peut
mobiliser une vie à Alep, avec, là
encore : de l'eau, des soins, des écoles
qui peuvent fournir à la population de
quoi subsister ».
[5] 16 martyrs et des blessés
par la chute de roquettes sur Alep,
Quneitra, Idleb, Daraa, Homs et la
banlieue de Damas
http://sana.sy/fr/?p=74754
[6] 4 martyrs et des blessés
dans des attaques terroristes contre
Damas, sa banlieue et Idleb
http://sana.sy/fr/?p=74862
[7] UN Syria envoy warns of
terror risk if Assad wins total military
victory
https://www.theguardian.com/world/2016/nov/15/staffan-de-mistura-un-special-envoy-syria-terror-risk-assad-total-military-victory
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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