Syrie
Bachar al-Jaafari :
La Turquie continue à jouer le rôle du
pyromane
Vendredi 17 février 2017
Conférence de presse
du Dr Bachar al-Jaafari suite à la
réunion d’Astana 2 :
Merci à vous
tous, je m’exprimerai en arabe, mais je
pense que vous aurez la traduction
simultanée
Notre
évaluation du processus d’Astana est
positive tant qu’il sert le noble but
pour lequel nous sommes venus jusqu’ici.
Et c’est essentiellement :
-
la
consolidation effective de l’accord
de cessation des hostilités,
-
suivie de
la séparation des groupes armés
ayant signé cet accord de ceux qui
ont refusé de le signer,
c’est-à-dire la séparation entre
ceux qui croient en une solution
politique et les terroristes,
-
pour
qu’ensuite, tous les signataires, y
compris les trois États garants et
les groupes terroristes ayant
consenti à signer cet accord, soient
obligatoirement engagés à combattre
le terrorisme et à soutenir les
efforts de l’Armée arabe syrienne,
de ses amis et de ses alliés.
À notre avis,
Astana 2 a préparé la voie au prochain
congrès de Genève, lequel devra tenir
compte des résultats d’aujourd’hui et de
la réunion d’Astana 1 [23 et 24 janvier
2017] , de telle sorte que les travaux
de ces deux réunions soient au cœur de
ce qui sera discuté à Genève, car nous
ne pouvons pas éternellement repartir de
zéro en faisant mine d’oublier tous les
acquis des réunions précédentes.
Nos
rencontres avec les amis russes et les
frères iraniens ont été fructueuses et
ont largement contribué à la tenue de la
réunion d’aujourd’hui. Nous remercions
nos amis kazakhstanais des efforts
consentis pour sa préparation.
La Syrie,
soucieuse d’arrêter l’effusion du sang
syrien, s’est engagée à respecter les
dispositions de l’accord de cessation
des hostilités, mais se réserve le droit
de riposter à toute violation de ces
dispositions par les groupes terroristes
armés. Toute personne qui les violerait
sera considérée comme une cible
terroriste et légitimement combattue par
l’Armée arabe syrienne, ses amis et ses
alliés.
Mon pays
poursuivra ses efforts afin de libérer
chaque pouce de son territoire de
l’emprise des organisations terroristes
notoirement connues, c'est-à-dire Daech,
le Front al-Nosra et dérivées, ainsi que
celles qui ne se seront pas engagées
dans le processus de cessation des
hostilités.
Je voudrais
souligner que la non publication d’un
communiqué final est essentiellement due
à l’arrivée très tardive de la
délégation turque et de la délégation
des groupes terroristes armés. Comme
vous le savez, elles ne sont arrivées
qu’aujourd’hui [non la veille comme
prévu], ce qui indique non seulement
leur manque de sérieux, mais aussi leur
volonté évidente de mettre obstacle à
cette réunion et de la faire échouer ;
d’autant plus que la délégation turque
est arrivée réduite à un niveau de
représentativité incompatible avec les
prétentions d’un État garant de l’accord
tripartite [Russie-Iran-Turquie] et
s’est opposée au projet du communiqué
final de la réunion d’aujourd’hui.
Ici, nous
tenons à rendre justice au pays hôte, le
Kazakhstan, et aux deux délégations
amies russe et iranienne pour avoir
réussi à cerner et à contenir ces
manœuvres cherchant à bloquer le
processus d’Astana et à gaspiller tous
les efforts déployés depuis Astana 1,
pour nous ramener à zéro. Ceci en ce qui
concerne la forme adoptée par la
délégation turque, qui a donc
lamentablement échoué.
Quant au
fond, je veux dire que la Turquie est
responsable des violations de la
souveraineté syrienne. Comme vous le
savez tous, le gouvernement turc est
censé contrôler une frontière commune de
910 Kms. Il ne le fait toujours pas et
continue à faciliter l’entrée de
dizaines de milliers de mercenaires
étrangers, venus des quatre coins de la
planète, dans mon pays. Par conséquent,
s’il se prétend garant du processus
d’Astana, il doit obligatoirement fermer
sa frontière au déferlement de
terroristes en Syrie. Il ne peut pas
jouer le rôle d’un pyromane et d’un
pompier à la fois. Et, actuellement, il
joue le rôle de pyromane.
La Turquie
doit aussi retirer ses forces d’invasion
de notre territoire et respecter le
communiqué d’Astana 1 « se fondant
sur le principe du plein respect de la
souveraineté et de l’intégrité
territoriale de la République arabe
syrienne », comme vous le savez.
Voici,
globalement, ce que je souhaitais porter
à l’attention des médias quant à
l’évaluation des travaux d’Astana 2 par
la délégation syrienne. Maintenant, je
répondrai seulement à quelques
questions.
Question 1 :
Un tel comportement de la part des
délégations de la Turquie et des
factions armées, n’embarrasse-t-il pas
les deux autres États garants ? Et dans
ce cas, qu’attendent-ils de la prochaine
réunion à Genève ?
Bachar
al-Jaafari :
Évidemment que l’arrivée si tardive de
la délégation turque à Astana, sa
représentativité réduite et son refus
d’adhérer au projet du communiqué final
sont embarrassants pour les autres États
garants et le pays hôte. Quant à la
deuxième partie de votre question, il
serait plus opportun de la poser aux
trois États garants.
Question 2 :
Il a été question d’intégrer
d’autres régions peuplées au
processus de cessation des hostilités.
En avez-vous discuté ?
Bachar
al-Jaafari :
Non, ce sujet n’a pas été discuté. Il
sera étudié par les experts militaires.
Question 3 :
Nombre de fuites parlent de
désaccords sur le projet de Constitution
et sur d’autres sujets. Pourquoi cette
évaluation positive de votre part ? Et
s’il existe des points de désaccord,
quels sont-ils ?
Bachar
al-Jaafari :
Je répète que notre évaluation du
processus d’Astana est positive. Il est
fondé sur l’initiative du président
Vladimir Poutine et du président
Noursoultan Nazarbaïev, que nous
remercions. Il repose, comme je viens de
le dire, sur des principes acceptés par
le gouvernement syrien : la lutte contre
le terrorisme ; la séparation des
groupes terroristes armés des groupes
armés ayant signé l’accord de cessation
des hostilités ; le combat commun contre
le terrorisme ; la fermeture des
frontières.
Autant de
principes censés être respectés par les
signataires, car ils constituent
l’essence même d’Astana 1. Nous aurons
sans doute besoin de patience pour voir
la partie turque les mettre en pratique,
ce qui n’est malheureusement pas encore
le cas. En l’occurrence, s’il y a du
« négatif », c’est précisément le
comportement turc.
Question 4 : Les
trois États garants se sont entendus sur
la formation d’un groupe de travail
chargé de surveiller le cessez-le-feu.
Comment cela devrait-il être appliqué
sur le terrain ? Et sur ce sujet précis,
qu’attendez-vous des factions armées
dont les représentants ont participé aux
réunions d’Astana ?
Bachar
al-Jaafari :
Premièrement, le document
en rapport avec l’ensemble des
opérations communes, auquel vous faites
allusion, a été publié au nom des trois
États garants et non au nom de
l’ensemble des participants. C’est une
précision que vous devez prendre en
considération. Deuxièmement, ce document
a certes fait l’objet de discussions
entre les participants. Damas l’étudiera
et donnera son avis ultérieurement.
Question 5 :
[Question inaudible concernant le projet
de Constitution russe pour la Syrie…]
Bachar
al-Jaafari : Ce
sujet de Constitution syrienne n’a
absolument pas été discuté à cette
réunion Astana 2. C’est un sujet
exclusivement syrien qui ne supporte
aucune ingérence étrangère.
Question 6 :
Le chef de la délégation iranienne a
parlé d’un accord sur un document et de
désaccord sur deux autres, lesquels
devront être discutés lors de futures
réunions d’ici un mois. Pourriez-vous
nous éclairer sur quoi portent ces
désaccords et sur votre évaluation du
rôle de la Jordanie qui a participé en
tant qu’observateur ?
Bachar
al-Jaafari : Un
seul document a été soumis
à discussion entre les trois États
garants, les deux autres sont remis aux
réunions prochaines à Astana.
Quant à la
Jordanie, nous avons naturellement
beaucoup, beaucoup de reproches
concernant sa politique envers notre
pays. Par son accueil de la salle
d’opération MOK [de Military Operation
Center au royaume de Jordanie, NdT] à
Amman [*], comme par les facilités
accordées aux mouvements terroristes à
travers notre frontière commune, elle
porte atteinte aux relations de bon
voisinage, de fraternité et
d’appartenance qui unissent nos deux
pays.
Depuis quatre
jours, huit factions terroristes mènent
des attaques contre la ville de Daraa.
Ces huit factions bénéficient toutes du
soutien de la Jordanie. Elles ont lancé
des milliers d’obus sur nos concitoyens
innocents. C’est pourquoi nous attendons
que les paroles de ses représentants
soient conformes à ses actes sur le
terrain. Les paroles mielleuses ne
suffisent pas.
La Jordanie a
été et reste une importante source de
douleur et de perturbations pour notre
peuple. Peut-être que sa participation à
la réunion d’Astana en tant
qu’observateur, comme je l’ai compris,
contribuera à ce que Amman révise sa
politique erronée à l’égard de la Syrie.
Merci
Mesdames et Messieurs.
Dr Bachar
al-Jaafari
Chef de la
délégation de la République arabe
syrienne à Astana
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
16/02/2017
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
Vidéo Al-Akhbariya (Syrie)
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1337467149609634/
[*]
Coopération militaire entre «Israël» et
la Jordanie… contre la Syrie
http://reseauinternational.net/cooperation-militaire-entre-israel-et-la-jordanie-contre-la-syrie/
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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