Syrie
Al-Assad et Poutine confirment la
tenue
d’une conférence internationale à Damas
les 11 et 12 novembre 2020

Mardi 10 novembre 2020
Avant-propos
Le 27 octobre dernier,
le Conseil de sécurité présidé par le
représentant de la Fédération de Russie
a tenu une réunion pour examiner en même
temps les situations politique et
humanitaire en Syrie, ce qui n’est
généralement pas le cas, les deux
situations étant habituellement
examinées séparément. Le délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies en avait profité pour annoncer la
tenue d’une « Conférence internationale
sur le retour des réfugiés et des
déplacés » les 11 et 12 novembre
courant, à Damas, en ces termes :« L’Administration américaine et ses
partenaires de l’Union européenne
poursuivent leurs politiques de
terrorisme économique et de punition
collective des peuples par des mesures
coercitives unilatérales, qu’ils
imposent à mon pays. Ces mesures visent
à étrangler les civils en les privant de
nourriture, de médicaments, de matériel
médical de base et de carburant, comme
elles empêchent la reconstruction et le
retour des personnes déplacées, au
mépris du droit international, de la
Charte de notre organisation, des appels
lancés par le Secrétaire général, par de
hauts fonctionnaires des Nations Unies
et par le Conseil des droits de l'homme
sur la nécessité de lever ces mesures,
notamment face aux défis posés par la
pandémie COVID-19 et à l’obligation d’y
répondre.
J’aimerais vous informer de la décision
du gouvernement syrien de tenir une
conférence internationale sur les
réfugiés, à Damas, les 11 et 12 novembre
[2020]. Conférence ouverte à la
participation, en personne ou
virtuellement, de représentants d’États
Membres des Nations Unies et de leurs
institutions spécialisées. Elle vise à
donner suite à l'appel lancé par mon
gouvernement, en 2017, pour le retour
des réfugiés syriens et des personnes
déplacées, avec une demande adressée à
la communauté internationale et à l’ONU
pour soutenir le processus du retour,
lui créer l’environnement adéquat et
fournir les services élémentaires aux
rapatriés. Un appel auquel certains
gouvernements ont cherché à faire
obstruction en s’opposant à la
reconstruction et en imposant des
conditions injustes et politisées au
travail humanitaire et de développement
dans mon pays.
Nous espérons vivement la participation
de pays qui croient et respectent le
droit international et les dispositions
de la Charte à cette conférence, ainsi
que leur soutien aux efforts de l'État
syrien et de ses alliés cherchant à
améliorer la situation humanitaire et
les moyens de subsistance, afin de
faciliter un retour digne et sécurisé
des Syriens vers leur patrie et leurs
foyers. » [1].
Le représentant de la Fédération
de Russie avait confirmé cette annonce,
tout en « déplorant qu’un certain nombre
de collègues aient immédiatement
discrédité cette initiative humanitaire,
affirmant avoir reçu des signaux clairs
sur le refus de plusieurs États
occidentaux, alors que la question du
retour des réfugiés syriens est inscrite
dans la résolution 2254 (2015). » [2].
Ci-joint la traduction intégrale
de la réponse du président syrien à
l’appel du président russe au sujet de
cette conférence, lors d’une
visioconférence retransmise ce 9
novembre par le site de la Présidence
syrienne. Nous soulignons que les propos
de M. Vladimir Poutine sont traduits à
partir de la traduction simultanée du
russe vers l’arabe. D’où une double
traduction qui pourrait se révéler
imprécise. [NdT].

Président
Vladimir Poutine :
La Russie
poursuit ses efforts en faveur d’un
« règlement politique durable » en
République arabe syrienne et du
rétablissement de son indépendance et de
sa souveraineté sur l’ensemble de son
territoire. À cet effet, il est
important de souligner le travail
efficace mené dans le cadre du processus
d’Astana où, grâce aux efforts conjoints
de nos partenaires, nous avons pu
obtenir beaucoup de choses ; les foyers
du terrorisme international ayant été
presque éliminés avec un retour
progressif vers une vie normale, en
coordination avec les Nations Unies.
À ce stade,
nous nous trouvons devant l’obligation
de concrétiser ce règlement [politique],
y compris le retour des réfugiés et des
déplacés, en accord avec les
dispositions de la résolution 2254
(2015). En effet, nous savons qu’il y a
environ 6,5 millions de réfugiés en
dehors du territoire syrien dont la
majorité est en capacité de travailler
et devrait, par conséquent, contribuer à
la reconstruction du pays. Et ce,
d’autant plus que le retour de ces
réfugiés est dans l’intérêt des pays
voisins sur lesquels ils pèsent
lourdement, en plus du fait que les
jeunes gens y sont souvent soumis à des
influences néfastes les disposant à
rejoindre les terroristes.
Suite à notre
invitation à joindre nos efforts pour le
retour des réfugiés en territoire
syrien, nous avions convenu de former
deux équipes issues de nos deux pays
pour collaborer dans ce sens.
Aujourd’hui, ces deux équipes appliquent
diverses dispositions afin de faciliter
moralement et socialement ce retour, si
bien que plus de 850 000 réfugiés sont
déjà revenus en Syrie et plus de 1,3
millions de déplacés ont regagné leurs
foyers, grâce à vos efforts. Mais il
nous reste beaucoup à faire et,
maintenant que la paix est revenue dans
la majorité des territoires syriens, il
est impératif de poursuivre ces efforts
sans jamais contraindre au retour ; tout
Syrien devant disposer de toutes les
informations nécessaires sur la
situation en Syrie et sur les mesures
prises par les autorités syriennes afin
d’assurer un retour sécurisé.
Tel est le
but principal de la « Conférence
internationale sur le retour des
réfugiés et des délacés » prévue le 11
et le 12 novembre courant, à Damas. La
Russie aidera à la tenue de cette
conférence avec le concours de
l’Organisation des Nations Unies et de
la Croix Rouge internationale.
La délégation
russe comptera des représentants de 35
institutions, lesquels pourront
consulter leurs partenaires syriens en
ce qui concerne les sujets entrant dans
le cadre de la coopération bilatérale
entre nos deux pays. Et cette conférence
coïncidera avec l’octroi de 65 tonnes
d’aide humanitaire.
Je pense
qu’il nous faut soutenir cette
initiative afin de ramener la stabilité
dans le pays. J’espère que nous
réussirons. En tout cas, nous faisons
notre possible pour cela.
Je vous
remercie.

Président
Bachar al-Assad :
Merci
Monsieur le Président,
Je
suis heureux de votre appel d’autant
plus qu’il arrive avant la prochaine
tenue de la Conférence sur les réfugiés
et je vous remercie pour l’intérêt que
vous portez à cette question. Une
question humanitaire pour nous, pour
vous et pour de nombreux pays en ce
monde mais qui, pour nous, revêt une
importance nationale vu que chaque foyer
syrien est concerné.
Il
est donc normal qu’en tant que
gouvernement, cette question soit
devenue la première de nos priorités
pour la prochaine étape, vu la
libération d'une grande partie de nos
territoires et la réduction des champs
de bataille, en dépit de la persistance
du terrorisme.
Il
est normal que cette question soit
devenue la première de nos priorités, ce
qui n’exclut pas la
nécessité qu’au cours de cette
conférence, nous comme vous et d’autres
pays concernés, nous traitions cette
question en partant de ses causes.
Comme vous le
savez, la majeure partie des réfugiés se
compose de ceux qui ont fui le
terrorisme, le meurtre et la peur ; le
reste ayant fui une vie devenue
impossible dans les villes, les villages
ou les quartiers à cause de la
destruction des infrastructures. Or,
nous savons
grâce à nos contacts continus avec un
grand nombre de ces réfugiés,
directement ou via les pays d’accueil
qui cherchent à les ramener en Syrie,
que la plupart d'entre eux souhaitent
vivement rentrer au pays, surtout depuis
que l'État syrien a grandement facilité
les formalités de ce retour, en partie
au niveau législatif et en partie au
niveau des procédures.
Mais, mis à part le terrorisme qui sévit
encore dans certaines régions d’où ils
sont issus et où ils sont censés
revenir, le plus grand obstacle
est le blocus imposé par l’Occident à la
Syrie, à son État et à son peuple. Par
conséquent, le retour de ces réfugiés
implique de leur assurer les besoins
élémentaires, tels que l'eau,
l'électricité, les écoles pour leurs
enfants et d'autres services de base, en
plus de régler la question du
redémarrage de l'économie afin qu’ils
reviennent parce qu’une vie normale se
profile à l’horizon. Et donc, le
problème est que le blocus occidental
imposé par les États-Unis est un
obstacle majeur à ce retour.
Quant à nous, en Syrie, nous avons de
grands espoirs en cette conférence et
les résultats pratiques qu’elle pourrait
engendrer. Naturellement, le
gouvernement syrien est non seulement
prêt mais plutôt enthousiaste dans
l’attente des résultats qui pourraient
donner à voir le plus grand nombre de
réfugiés revenir dans les prochains mois
en dehors du cadre de la
« Réconciliation », étant donné que le
plus grand nombre soutient le
gouvernement syrien et que ce sont les
circonstances actuelles qui empêchent
leur retour.
Nous avons aussi un grand espoir en vos
efforts et les efforts d’autres pays
participants, lesquels pourraient
alléger, voire lever ou supprimer le
blocus illégal et injuste afin que
l'État syrien puisse s'acquitter de ses
devoirs envers les rapatriés, ceux qui
sont déjà rentrés et d’autres qui le
souhaitent.
Une fois de
plus, Monsieur le Président, je saisis
cette occasion pour vous remercier des
immenses efforts que vous avez
personnellement déployés, en plus des
efforts des responsables russes qui
n’ont eu de cesse de travailler à la
tenue de cette conférence malgré les
obstacles internationaux dressés sur son
chemin.
Mais la conférence aura lieu et nous lui
souhaitons de réussir.
Je
crois qu’avec notre coopération
bilatérale et celle des pays
participants, cette conférence ne sera
que le début de la résolution d’un
problème humanitaire probablement sans
précédent depuis la Seconde Guerre
mondiale. Nous espérons pouvoir jeter
les bases de la prochaine étape devant
aboutir au retour de ces réfugiés.
Encore une fois, je vous remercie de
l'intérêt que vous portez à cette
question et de votre soutien au
gouvernement syrien dans ses efforts,
que ce soit pour la lutte contre le
terrorisme, la reconstruction ou le
retour des réfugiés.
Merci à vous.
Source :
Vidéo du 9 novembre 2011 / Site de la
Présidence syrienne
https://www.youtube.com/watch?v=vbhtzmKXT_s&feature=youtu.be&fbclid=IwAR3iiwg-dZ-cy-kZDUhXgJOz9fMaQ3G7tiMJMNxkymG4Ks9T0pz0es0jWDs
Traduction
de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Vidéo de
l’allocution du Dr Bachar al-Jaafari
devant le Conseil de sécurité du 27
octobre 2020 (vers la 9ème
minute)
https://www.youtube.com/watch?v=3_jmy3ryfoo
[2] Le
Conseil de sécurité examine en même
temps les situations politique et
humanitaire en Syrie
https://www.un.org/press/fr/2020/sc14337.doc.htm
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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