Syrie
Quand le langage perd sa
signification…
Bouthaina Chaabane
Lundi 10 octobre 2016
Avec
l’annonce de l’attribution du prix Nobel
de la paix au Président de la Colombie,
il a été souligné que M. Juan Manuel
Santos l’avait remporté malgré le rejet
[par les Colombiens] de l’accord de paix
conclu avec les FARC. Et bien que le
Secrétaire général des Nations Unies ait
déclaré que cet accord ne pouvait pas
échouer, nous savons par expérience que
de telles déclarations expriment un vœu
et non la dure réalité.
De ce point
de vue, nous ne pouvons que rappeler le
prix Nobel de la paix décerné à Anouar
el-Sadate et à Menahem Begin en 1978,
puis celui accordé à Yasser Arafat et à
Shimon Peres en 1994, tous désormais
rendus dans l’univers de la vérité,
alors que la terre, où leurs restes sont
encore ensevelis, brûle toujours du feu
des guerres et des conflits, parce que
les droits n’ont pas été restitués à
leurs propriétaires légitimes.
Si le prix
Nobel de la paix, considéré comme le
plus prestigieux de tous les prix, ne
couronne plus les véritables efforts en
faveur de la paix, se contentant de
courir après des illusions, comment
pourrions-nous désormais accorder
confiance à n’importe quel prix ou
distinctions, attribués le plus souvent
pour des raisons sans rapport avec les
objectifs annoncés ?
C’est là un
problème qui pourrait expliquer ce
qu’endurent les enfants de ce XXIe
siècle de la politique, de la culture,
de l'économie, de la société et de tous
les aspects de la vie, étant donné que
le langage utilisé dans tous ces
domaines est désormais coupé de la
réalité qu’il est censé exprimer.
C’est de là
que viennent confusion et manque de
crédibilité des personnes et des
discours, le doute s’installant sans
aucun moyen d’aboutir à des certitudes,
les opinions s’égarant dans l’obscurité
du chaos.
Ainsi, si nous considérons la
situation syrienne sur laquelle sont
braqués tous les projecteurs sur la
scène régionale et mondiale, nous
constatons que le langage adopté par les
hauts responsables s’éloigne de la
réalité et, même, se trouve en totale
contradiction avec celle vécue par
toutes les composantes du peuple syrien
et sur chaque pouce de la terre
syrienne.
À ce stade,
comment une personne saine d'esprit
comprend-elle le tollé soulevé par la
France, la Grande-Bretagne et les
États-Unis autour d'Alep ? Comment
comprend-elle leurs prétendues
inquiétudes pour les hôpitaux d’Alep et
les enfants d’Alep, alors que ce sont
eux qui ont mené la campagne contre la
Syrie depuis le premier jour, ont appelé
des dizaines de pays à se joindre à eux
dans le groupe des prétendus « Amis de
la Syrie », n’ont cessé de travailler à
semer la discorde en Syrie, à la
destruction de ses infrastructures, de
ses écoles et de ses hôpitaux, comme ils
ont travaillé au financement et à
l'armement du terrorisme en territoire
syrien.
Parce qu’à
chaque fois que l'Armée arabe syrienne
se trouvait sur le point d’anéantir le
terrorisme dans l’une des régions du
pays, nous voyions ces trois pays,
précisément, devenir fous furieux et
s’inviter les uns et les autres à des
réunions du Conseil de sécurité, sous
prétexte d’assistance humanitaire ou de
trêve suivie de consultations
internationales axées sur une solution
politique.
Ceci, alors
que des années de guerre ont prouvé
qu’ils sont, eux-mêmes, les meneurs et
les dirigeants de cette guerre et,
aussi, que le tollé qu’ils soulèvent ne
renvoie qu’à la défaite prochaine des
terroristes et à leur déroute sous les
coups et les sacrifices de notre Armée
syrienne et de ses vrais alliés.
Et alors que
ledit Observatoire syrien des droits de
l'homme [OSDH], lequel n’a cessé de
répandre toutes sortes de calomnies
terrifiantes sur ce qui se passe en
Syrie, n’a enregistré aucune frappe
aérienne sur un hôpital d’Alep [par les
Forces syriennes et russes], voilà que
John Kerry et son homologue français
Jean-Marc Ayrault parlent de
bombardements d'hôpitaux, de crimes de
guerre et de « moment de vérité ».
C’est en tout
cas ce qu’a martelé le ministre français
des Affaires étrangères en parlant du
vote programmé au Conseil de sécurité,
ce samedi 8 octobre, quant à son projet
de résolution concernant la Syrie :
« ce vote…
sera un moment de vérité, un moment de
vérité pour tous les membres du Conseil
de sécurité ».
Ajoutant,
avec John Kerry à ses côtés :
« Voulez-vous, oui ou non un
cessez-le-feu à Alep ? Et la question se
pose en particulier à nos partenaires
russes ».
Comprenez un
moment de vérité pour la Russie et une
question posée à nos partenaires
russes !
Il y aurait
presque de quoi rester abasourdi devant
un tel degré d’atermoiements et de mises
en scène des souffrances du peuple
syrien, exploitées de la manière la plus
odieuse qui soit.
De quelle
vérité Ayrault veut-il parler au moment
où la Russie et la Syrie ont consenti à
un maximum d’efforts pour mettre fin à
cette guerre « sur » la Syrie, tandis
que les terroristes contrôlant l’est
d’Alep ont ouvertement refusé tout
cessez-le-feu ?
De quelle
vérité Ayrault veut-il parler, au moment
où la Commission d’enquête a découvert
que le bombardement du convoi
humanitaire à Alep est une histoire
fabriquée, pour couvrir le scandale
médiatique dans le monde entier contre
le crime commis par les Forces
américaines [*] contre notre Armée et
nos soldats à Deir ez-Zor ?
La vérité a
été l’une des premières victimes de
cette guerre injuste « sur » la Syrie.
Et comme « ils » découvrent des années
plus tard que les guerres contre l'Irak
et la Libye étaient injustes et sans
motif légitime ou juridique, « ils »
sont désormais parfaitement conscients
que les hôpitaux d’Alep, les usines
d’Alep et les enfants d’Alep sont les
victimes de leur coopération démasquée
avec le terrorisme et les terroristes,
dans le but de changer l'identité et les
options d'un pays ayant prouvé tout au
long de son Histoire qu’il triomphe par
et pour le droit.
Tout comme
« ils » craignent que toutes leurs
allégations, leurs dramatisations et
leurs considérables efforts, ne tombent
dans les poubelles de l’Histoire. Et
qu’après cela, la Syrie et tous ses
alliés n’allument la flamme d’une
résistance éternelle qui rendra au
langage ses véritables significations
émanant de la réalité et non de la folie
de leurs planifications et de leur
oppression coutumière, à laquelle ils
consacrent leurs forces médiatiques,
intellectuelles et militaires, ignorant
que lorsque le droit s’associe à la
volonté d’un peuple, il devient une
puissance invincible qui ramène les
choses vers leur vérités premières.
Bouthaina
Chaabane
Conseillère politique du Président
Bachar Al-Assad
08/10/2016
Source :
New Orient News
http://www.neworientnews.com/index.php/2013-08-24-22-19-26/36936-2016-10-08-09-22-59
Traduction
de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Note :
[*] Syrie / Les
raisons de la prétendue bavure US à Deir
ez-Zor
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.mouna_alno-nakhal.200916.htm
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|