Actualité
Du Caucase au golfe Persique en passant
par la promotion du port de Haïfa…
Mohammad Sadek al-Houssaïni
Vendredi 2 octobre 2020
L'Américain défaillant et en pleine
crise vit ses moments les plus critiques
en tant que grande puissance lancée dans
une guerre ouverte contre l'axe de la
Résistance, le front du Refus et même
ses amis internationaux sur plusieurs
terrains. Il manœuvre ouvertement et
sans détours en usant des reliquats de
Daech afin de nous distraire de la
mission initiale : briser sa base
militaire en Palestine occupée.
Récemment, nous avons reçu un rapport
intitulé : « LES
PROCHAINS PLANS AMÉRICAINS VISANT LA
DÉFLAGRATION DE PAYS ARABES ET D'ASIE
CENTRALE ». En voici le
contenu :
« Une
source
européenne -spécialisée dans le suivi
des déplacements d'éléments terroristes
au Moyen-Orient, dans les pays d'Asie
centrale et en Chine- a fait savoir que
dans le cadre des opérations
stratégiques visant à achever
l'encerclement de la Chine et de la
Russie puis de se diriger vers la mer de
Chine et de s’y déployer, les services
américains concernés ont mis en place un
commandement militaire unifié pour
l’ensemble desdits « moudjahidines » à
la manière de ce qui avait été fait dans
les années quatre-vingt du siècle
dernier. Les premières étapes de mise en
œuvre de cette planification
furent les suivantes :
-
Confier à
la Turquie la charge d'établir des camps
d'entraînement pour les éléments de
Daech destinés à être transférés vers
des pays africains, dont l'Égypte, en
superviser la formation et la
préparation aux combats, suivre les
opérations futures sur le terrain dans
plusieurs pays arabes et musulmans.
-
Charger le
Qatar du financement de toutes les
opérations de préparation,
d’entraînement et d’armement de ces
éléments.
Missions
accomplies par
la Turquie et le Qatar avec la création
de deux grands camps d'entraînement en
territoire libyen hébergeant 2680
individus ainsi préparés.
-
Charger l'Arabie saoudite et les Émirats
arabes unis du financement et de
l’administration de camps d'entraînement
situés dans les zones contrôlées par le
parti yéménite « Hizb al-Islah », afin
d’armer et de conditionner des éléments
qui seront déployés dans certains États
d’Asie centrale et en Chine occidentale.
Ces camps
regroupent 3842 éléments de
diverses nationalités et sont destinés à
être envoyés dans plusieurs directions
-
1000
éléments seront transférés, sous
supervision américaine et saoudienne, en
coopération avec les renseignements
pakistanais, vers le Baloutchistan. Ils
seront affectés au renforcement des
groupes terroristes extrémistes présents
dans la région frontalière entre le
Pakistan et l'Iran et devront se
préparer à mener des opérations
militaires à l'intérieur de l'Iran.
-
1460
éléments, qui sont des Ouïghours
chinois, seront transférés vers la
province afghane du Badakhshan,
limitrophe de la frontière occidentale
de la Chine. Puis 460 d’entre eux
seront dirigés vers le sud-est du
Tadjikistan [une région appelée Gorno
Badakshan au Tadjikistan]. Ils seront
déployés dans les montagnes de la
province de Morghob, laquelle fait
partie de la chaîne des hautes montagnes
du Pamir et dont la capitale, Murghab,
est à environ 80 Kms de la frontière
ouest de la Chine.
À noter que
la tactique américaine relative à la
Chine, en cours d’application via le
recyclage des reliquats de Daech, ne
signifie nullement l’abandon de la
stratégie du retrait du Moyen-Orient
pour se diriger vers l'Est, mais
s'inscrit plutôt dans la stratégie
visant à affaiblir la Chine par la
création de foyers de chaos et de
conflits entre les différentes ethnies
locales, avant d’entamer des
négociations sérieuses avec elle ».
En
transmettant ce rapport tel que, notre
objectif est d’éclairer deux évènements
majeurs :
-
L’escalade
actuelle d’un terrorisme systématique et
organisé au nord du Liban.
-
La réouverture
d’une vieille blessure, celle du conflit
entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur la
région du Haut-Karabakh.
Concernant
le Liban, nous nous
devons d’avertir que le but de la
manœuvre n'est pas seulement d'épuiser
l'armée libanaise maltraitée et de
détourner les forces vives ainsi que la
Résistance de leur lutte contre les
attaques américano-sionistes, mais
plutôt de tenter l’ouverture
d'un nouveau front sous les auspices de
la Turquie d’Erdogan et d’agents locaux
bien connus, afin d’achever ce que les
Américains ont commencé, via l’explosion
du port de Beyrouth, en élargissant les
zones d’action de groupes terroristes
ré-entraînés et chargés de nouvelles
missions.
Le
but est le contrôle du port de Tripoli
comme base d'appui et de départ vers
toute la région ; notamment, vers la
région de Homs et la côte syrienne. En
sachant qu’en cas d’échec, ils
pourraient faire exploser le port de
Tripoli, comme cela s’est passé pour le
port de Beyrouth.
Des
sources spécialisées dans
l’observation de tels processus
affirment que cette attaque américaine
est le pendant de l’action menée par la
France depuis Beyrouth, via ladite
« Initiative française » et la Résidence
des Pins, au profit des États-Unis et
d’Israël. En effet, en dépit de leurs
propres ambitions et de leurs
divergences, la France et les États-Unis
partagent l'objectif stratégique mené
par les Américains au profit d’Israël ;
à savoir, promouvoir les
ports de Haïfa et d'Ashdod pour qu’ils
remplacent tous les ports des Pays du
Levant sur la mer Méditerranée.
D’ailleurs,
des préparatifs méticuleux sont en cours
afin de relier la péninsule arabique,
soit au port de Ashdod via le port
saoudien de Yanbu, soit au port de Haïfa
via la Jordanie ; le but ultime étant de
réussir à contourner le canal de Suez et
les détroits de Bab al-Mandeb et
d'Ormuz.
Quant au conflit
entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
autour de la région du
Haut-Karabakh,
le
but ultime de l'Amérique via Erdogan,
évidemment, est de renforcer la
mobilisation stratégique contre l'Iran,
la Russie et la Chine. Ce qui n’exclut
pas l’existence d’ambitions propres à la
Turquie ; en l’occurrence, sa volonté de
relier sa géographie à celle de
l'Azerbaïdjan qui penche du côté
occidental. Ambition que la Turquie
prétend concrétiser en deux étapes :
retour à 1994, c'est-à-dire regagner le
territoire arménien que Bakou a perdu
cette année là, puis l’annexer à
l'Azerbaïdjan.
Or,
il est désormais établi
que la cellule des opérations qui
dirige les conseillers turcs en
Azerbaïdjan ainsi que les forces
azerbaïdjanaises qui combattent aux
frontières de la région du Haut-Karabakh
-avec le concours d’environ 4000
mercenaires issus de Daech et de
différentes ethnies d'Asie centrale, du
Caucase et d'Idleb- est formée par un
groupe de généraux israéliens et
d’officiers américains.
L'objectif tactique de ces opérations
est de tenter d'attirer les Russes et
les Iraniens dans ce conflit régional
et, par conséquent, de mesurer la
solidité du front eurasien sur lequel
Moscou travaille depuis un certain temps
pour faire face à l'expansionnisme de
l'OTAN ; les manœuvres militaires
« Caucase-2020 » d’il y a quelques jours
correspondant à une opération de
coordination stratégique des plus
importantes par la participation de la
Chine, de l’Iran, du Pakistan et
d’autres pays.
Il faut noter
que parallèlement à la mobilisation
contre la Russie, la Chine et l’Iran, se
déroule une mobilisation quasi identique
dans le cadre du processus dit de
« normalisation » initié par le
débarquement israélien à Abou Dhabi. Ce
qui correspond à une tentative de prise
en tenailles de ces trois puissances
montantes, au nord en partant de la mer
Caspienne [Azerbaïdjan], au sud en
partant du golfe Arabo-Persique.
Mais ce qui manque à l'imagination du
cow-boy américain est que ces deux
espaces au nord et au sud sont
considérés comme le ventre mou de tout
agresseur ou conquérant étranger, qu’il
vienne de la haute mer ou se croit
capable de jouer un rôle qui le dépasse,
qu’il soit ottoman ou israélien. Et ce,
parce qu’il lui manque la profondeur
stratégique du plateau iranien résistant
à l'occupation, à la subordination et à
la soumission depuis des siècles. En
tout cas, au moins depuis 1826, lorsque
les dernières invasions des tsars russes
se sont heurtées au grand réformateur
iranien Abu'l-Qasim
Farahani Qà'im Maqam, lequel a payé de
sa vie
cette résistance ayant préservé
l'intégrité territoriale de l’Iran
jusqu’ici.
Quant à Téhéran qui fut, en 1943, le
lieu de la première rencontre des trois
grands alliés sur le chemin de la
victoire contre les nazis, Roosevelt,
Staline et Churchill, alors que le pays
était occupé par les forces soviétiques
et britanniques, elle est désormais
indépendante, révolutionnaire,
musulmane, guidée par des dirigeants
d’une grande sagesse et plus capable que
jamais de repousser les attaques venues
du nord ou du sud.
Nous n’attendrons pas longtemps pour
voir les envahisseurs quitter la région,
qu’ils soient ottomans, américains ou
mandataires israéliens.
Nous sommes toujours en vie. Dites
Alleluia !
Mohammad Sadek al-Houssaïni
29/09/2020
Traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Al-Binaa (Liban)
https://www.al-binaa.com/archives/268828
Mohammad Sadek al-Houssaïni
est écrivain, journaliste et chercheur.
Il a occupé le poste de Secrétaire
général du « Forum de dialogue
arabo-iranien ».
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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