Conférence de
presse
Syrie / Astana 10 rendue à Sotchi
Dr Bachar al-Jaafari

Lundi 30 juillet 2018
Pour mémoire... et en mémoire
des Druzes de Syrie qui ont payé de leur
sang leur fidélité à leur indivisible
patrie [NdT].

I.
COMMUNIQUÉ
J’aimerais
commencer par saluer l’Armée arabe
syrienne pour avoir libéré de vastes
régions du sud-ouest syrien des gangs
armés terroristes et, plus
particulièrement, pour avoir libéré la
totalité de la ville de Daraa, ses
environs et la région du Golan jusqu’aux
lignes d’avant ladite crise syrienne.
Nous sommes
d’autant plus optimistes de cette
avancée militaire décisive que les
groupes armés terroristes ont été
obligés de fuir, via les lignes du Golan
syrien occupé, vers l’intérieur
d’Israël ; lequel, comme vous le savez,
les a évacués vers la Jordanie, d’où ils
ont fini par se retrouver entre les
mains de leurs protecteurs aux
États-Unis, au Canada, en
Grande-Bretagne et en Allemagne.
Et, en cette
occasion, nous nous inclinons devant les
âmes des nôtres qui sont tombés en
martyrs lors de l’attaque terroriste
barbare sur la ville de Sweida. Qu’ils
reposent en paix...
C’est là un
scandale qui s’ajoute à celui de
l’évacuation des terroristes via Israël,
les renseignements en notre possession
indiquant que les terroristes venus
attaquer Sweida sont arrivés de la
région d’Al-Tanf, laquelle est
« illégalement » contrôlée par les
forces américaines. Une région située au
niveau du triangle frontalier
irako-jordano-syrien et où se trouve le
camp d’Al-Fourkane avec ses 55 000
civils syriens...
C’est
pourquoi, en tant que gouvernement, nous
insistons sur notre demande de retrait
des États-Unis et alliés de l’ensemble
des territoires syriens, leur présence
étant illégale et non coordonnée avec le
gouvernement syrien.
Par ailleurs,
les exactions d’Israël dans le sud-ouest
ainsi que les exactions des États-Unis
occupant la région d’Al-Tanf nous
amènent nécessairement à parler de
celles commises par la Turquie dans le
nord-ouest du pays.
Vous avez
entendu Monsieur Lavrientev vous lire le
communiqué final de cette 10ème
session du processus d’Astana, tenue
aujourd’hui à Sotchi. Vous avez entendu
son premier paragraphe réaffirmer pour
la 10ème fois l’engagement
des trois États garants, y compris la
Turquie, à respecter la souveraineté et
l’unité territoriale de la Syrie. Un
engagement naturellement tenu par nos
amis russes et iraniens, mais non tenu
par les autorités turques qui dérogent
pour la 10ème fois aux
engagements figurant dans les
communiqués successifs.
Ainsi, la
Turquie n’a pas respecté ses engagements
concernant la zone de désescalade à
Idleb. Permettez que je vous donne
quelques détails à ce sujet :
-
Le 4ème
accord d’Astana ayant délimité les
zones de désescalade engage le
gouvernement turc à déployer des
forces de police équipées d’armes
légères sur une ligne définie par
consentement de l’ensemble des
parties. Or, les autorités turques
se sont empressées de déployer des
forces de l’armée turque équipée
d’armes lourdes : artillerie, chars
et blindés. Puis, comme nous l’avons
tous constaté, ces forces turques se
sont dirigées vers l’Est en
direction de la ville d’Afrin
qu’elles ont occupée en chassant
300 000 de ses habitants, avant
d’occuper A’zaz, Al-Bab et Jarablous.
-
Les
autorités turques ne se sont pas
contentées de manquer à leur
engagement pris à Astana, mais sont
allées jusqu’à violer le droit
international et la Charte des
Nations Unies dans les régions que
leurs forces armées ont envahies. Je
ne vous citerai que quelques
exemples :
1. remplacement de l’identité
syrienne par l’identité turque, acte
odieux commis par Ankara à l’image
de celui commis par Israël dans le
Golan syrien occupé ;
2. imposition de la Livre turque en
remplacement de la Livre syrienne ;
3. imposition des drapeaux turcs sur
les bâtiments gouvernementaux
syriens ;
4. construction d’une ville
industrielle selon le modèle turc à
Jarablous... une ville
industrielle !
Quelques
informations que j’ai voulu partager
avec vous afin que vous sachiez que les
autorités turques utilisent toujours
deux langues à la fois : une langue
hypocrite qui prétend respecter le
communiqué final insistant sur la
souveraineté syrienne, et une autre
encore plus hypocrite qui mène à des
actes odieux portant atteinte à cette
souveraineté.
Néanmoins, je
veux rendre hommage aux résultats de
cette session, notamment parce qu’elle a
porté sur de sujets importants, tel le
retour des réfugiés syriens vers leur
mère patrie. Un retour encouragé par le
gouvernement syrien, comme l’ont déclaré
à maintes reprises le Président de la
République et le ministre des Affaires
étrangères. Ceci, en sachant que le
principal obstacle au retour de millions
de Syriens rendus dans les pays voisins
- je parle de la Turquie, de la Jordanie
et du Liban- est l’application
ininterrompue des mesures coercitives
unilatérales, mesures que l’Europe et
quelques autres pays qualifient
brièvement de « sanctions » !
C’est
pourquoi nous demandons la levée
immédiate et sans conditions de ces
sanctions et invitons la communauté
internationale à offrir toute l’aide
nécessaire au retour des réfugiés
syriens dans la sécurité et la
dignité...
II.
RÉPONSES AUX QUESTIONS DES JOURNALISTES
1. Concernant
le Comité Constitutionnel [censé réviser
la constitution actuellement en vigueur,
NdT] [*] : cela fait trois mois que
l’État syrien a présenté une liste de 50
candidatures. S’il y a des obstacles, ce
n’est pas de son fait...
2. Concernant
le rétablissement de la souveraineté sur
la totalité des terres syriennes, non,
il n’y a pas de compromis possible. Et
je rappelle à la journaliste qui a posé
cette question que l’« Accord d’Astana »
relatif à la création des zones de
désescalade est limité à une période de
six mois, renouvelable par accord de
toutes les parties et notamment du
gouvernement syrien. Par conséquent, la
création de la zone de désescalade à
Idleb est un test de crédibilité de la
Turquie, la Syrie ayant le droit de
récupérer ses territoires occupés
conformément au Droit international, à
la Charte des Nations Unies et aux
dispositions de l'Accord d'Astana.
3. Oui, lors
de toutes les réunions bilatérales, nous
avons fermement discuté du soutien de
l’entité sioniste au terrorisme, de
l’évacuation des membres de
l’organisation terroriste « Casques
blancs », des attaques sionistes
répétées sur le territoire syrien et de
la situation sur la ligne de
désengagement au Golan ; le gouvernement
syrien ayant adressé des lettres
officielles au Conseil de sécurité et au
Secrétaire général de l’ONU.
4. Mis à part
l’affront infligé aux Nations Unies vu
que la ligne de séparation au Golan
concerne les forces de l’UNDOF,
l’important est qu’après des années de
dénégation, l’évacuation des « Casques
blancs », menée par Israël sous les bons
auspices des États-Unis, prouve
indubitablement leur rôle dans le
soutien des groupes terroristes armés.
5. Et cette
opération ainsi que l’attaque terroriste
contre la ville de Sweida [attaques
coordonnées du 25 juillet avec plus de
250 décès dans la ville de Sweida et les
villages voisins ; NdT], menée là aussi
sous les bons auspices des États-Unis,
démontrent pleinement l'hypocrisie de
l’ensemble des commanditaires du
terrorisme dont l'Arabie saoudite, le
Qatar et d'autres pays bien connus.
6. Il ne
faudrait jamais oublier que c’est sur
les preuves fabriquées par
l’organisation « Casques blancs »,
elle-même fabriquée par les services du
renseignement britannique, que reposent
les accusations d’utilisation d’armes
chimiques par l’Armée syrienne.
7. Que
ferons-nous pour expulser les Turcs hors
de chez nous ? Les Ottomans ont occupé
nos terres pendant 400 ans et nous les
avons expulsés. Cette fois, nous ne leur
permettrons pas de rester 400 ans, ni
même 4 ans. Nous les expulserons. Le
droit international, la Charte des
Nations Unies et tous les pays qui
croient aux relations de bon voisinage
sont de notre côté. Ni la Turquie, ni
les États-Unis qui nourrissent les
aberrations turques, ne peuvent
justifier leur occupation des
territoires du nord de l Syrie.
8. Concernant
les milliers de terroristes présents à
Idleb, le communiqué final d’Astana
oblige la Turquie à combattre Daech, le
Front al-Nosra et les groupes
terroristes qui leur sont liés.
9. En tout
cas, la politique du gouvernement syrien
est de faire tout le possible pour
éviter un surplus d’hémorragies. C’est
pourquoi, il encourage fermement les
opérations de réconciliations
nationales. Si Idleb revient dans le
giron de l’État par les réconciliations,
ce sera conforme à son souhait ; sinon,
l’Armée syrienne a le droit de la
récupérer par la force.
10. Non les
groupes reconnus comme terroristes par
l’ONU et par le processus d’Astana ne
sont pas concernés par le processus de
réconciliation nationale en Syrie. Ce
n’est donc pas une simple question
d’ordre local, mais international.
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué permanent de la
Syrie auprès des Nations Unies
31/07/2018
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
vidéo arabic RT complétée par vidéo Al-Ikhbariya
https://www.youtube.com/watch?v=8lBn-EdjY7k
https://www.facebook.com/Alikhbaria.Sy/videos/1929420713747605/
[*][Syrie
: l'opposition a présenté sa liste de
candidats à la Commission constituante]
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