Syrie
Syrie / ONU : Les « Casques
blancs » sont périmés,
voici venu le temps des « Blouses
blanches »…
Bachar al-Jaafari

Mardi 2 juillet 2019
Ce 25 juin, alors que nous
écoutions le communiqué du délégué
permanent de la Syrie devant le Conseil
de sécurité réuni, une fois de plus,
pour discuter de la situation
humanitaire à Idleb, un citoyen syrien
publiait sur sa page cette [vidéo]
avec le commentaire suivant rédigé en
français :
« Le masque est tombé, voilà qui
sont l'icône et l'idole des gauchistes
européens et les chouchous des médias
occidentaux !Après avoir incendié les champs de
blé des paysans syriens, des miliciens
kurdes dansent pour exprimer leur joie
!! Ce blé qui nourrit le peuple syrien,
le blé qui n'est pas une arme de
destruction massive ! Le blé qui n'est
pas pro "régime" ! C'est le vrai visage
de ces milices séparatistes qui sont
présentées dans les médias occidentaux
comme "progressistes" qui luttent pour
la liberté et l'autonomie. Un visage
revanchard, traître et criminel.
La scène se passe à Hassakeh,
nord-est de la Syrie » [1].
Mis à part le fait que ces
séparatistes, comme tant d’autres, sont
finalement les chouchous de tous les
prédateurs du peuple syrien, qu’ils
soient de gauche, de droite ou du
centre, cette vidéo vient confirmer la
déclaration du Dr Al-Jaafari à propos de
ces incendies volontaires, devant le
Conseil de sécurité réuni « en urgence »
il y a à peine une semaine, toujours à
propos de la situation humanitaire à
Idleb.
Qu’est-ce qui expliquerait cette
réunionite chronique sinon que Idleb est
la dernière chance pour tous ceux qui
espèrent encore déchirer la Syrie,
qu’ils soient Kurdes, Turcs, Arabes,
Européens, Africains, Américains,
Australiens, Israéliens et,
malheureusement, comme nous l’apprend
aujourd’hui le Dr Al-Jaafari, des
Syriens apparemment dissimulés derrière
un agent fédéral américain se faisant
passer pour un humanitaire éploré devant
les souffrances des civils ?
Comme quoi, tous les masques ne sont
pas encore tombés, si tant est qu’ils
tomberont un de ces jours. Tels les
reptiles, les prédateurs et leurs
inféodés changent de peau au rythme de
la progression de l’Armée arabe syrienne
et de ses alliés. Les « Casques blancs »
sont périmés ? Voici venu le temps des
« Blouses blanches » estampillées USAID.
Pour mémoire, ci-dessus la
traduction de l’intervention du Dr
Bachar al-Jaafari [NdT].

Merci
Monsieur le Président,
Un proverbe
populaire dit : « À quelque chose
malheur est bon ». Aujourd’hui, il vient
faciliter ma mission consistant à
critiquer l’invitation de celui qui se
présente comme le Directeur exécutif de
la dite « Syrian American Medical
Society » [SAMS : Who we are ? [2]].
Je dis cela
car le représentant de la délégation des
États-Unis a fait l’éloge de cette
fondation et de son travail en Syrie ;
ce qui, en soi, suggère qu’elle est
inféodée aux organes du renseignement
américains, actifs en mon pays et dans
d’autres pays.
Il ne s’agit
pas de calomnier cette fondation ;
laquelle, soit dit en passant, échoue
tous les ans à obtenir le statut
consultatif de la part du Comité des
organisations non gouvernementales, ici
à New York. Une requête que ses
représentants présentent tous les ans,
mais sans succès, pour des raisons
connues des États Membres de cette
Organisation et sur lesquelles il est
inutile de nous étendre davantage.
En tout cas,
comme l’indique son site internet en
langue anglaise, la fondation dépend du
Gouvernement fédéral [des États-Unis]
et, plus exactement, de l’USAID
[L'Agence des États-Unis pour le
développement international] où a
travaillé la personne, ici présente,
pendant 8 ans avant de se retrouver à la
direction de ladite Syrian American
Medical Society [laquelle personne est
donc le Directeur exécutif de la SAMS,
M. David Lillie ; [3]]. Il a donc exercé
au sein de cette fondation en Irak et en
Afghanistan et a fini en Syrie.
L’important
est que cette fondation travaille pour
l’USAID, laquelle se présente sur son
site, et je lis en anglais : « The
United States Agency for International
Development (USAID) is an independent
federal agency » et son budget dépasse
les 27 milliards de dollars. Par
conséquent, la personne qui s’est
exprimée ici au nom de ladite SAMS n’est
pas une personne indépendante, mais un
employé du gouvernement fédéral. Son
invitation à parler est donc une faute.
De surcroit, il est Américain et non
Syrien, ce qui fait qu’il n’a pas le
droit de parler d’un autre État.
Quant à la
Syrian American Medical Society, elle
n’est pas accréditée pour travailler en
Syrie. Par conséquent, elle mène
ses activités en toute illégalité sur le
territoire syrien. D’ailleurs,
l’importante notion d’« analphabétisme
juridique » fait que nul n’est autorisé
à omettre les dispositions de la Charte,
les résolutions du Conseil de sécurité
et de l’Assemblée générale ou des
décisions consensuelles d’autres
importantes institutions internationales
que je me propose de citer :
-
Les
Accords de Genève interdisent à
cette fondation de mener ses
activités sur le territoire d’un
autre État sans son autorisation.
-
Le
consensus international qui a abouti
à la création de la Croix Rouge et
du Croissant Rouge, en 1921,
interdit à toute organisation,
médicale ou non, de mener ses
activités sur le territoire d’un
autre État, sauf autorisation de
l’État concerné.
-
La
résolution 46/182 adoptée par
l’Assemblée générale et que vous
connaissez tous, interdit à
quiconque de mener une activité
« humanitaire » sans l’accréditation
des autorités du pays concerné. Et
le paragraphe 14, concernant le
consensus revu tous les ans,
interdit l’usage des bâtiments,
locaux et facilités de l’ONU contre
les intérêts d’un État Membre.
Je ne sais si
cette énumération est suffisante.
Quoique… il reste un dernier point
important à signaler : le Directeur
exécutif de la SAMS a déclaré que sa
fondation avait procédé à 14 millions de
services médicaux [3] à Idlib. Parfait !
Puisque vous savez tous, d’après l’OCHA
[Office for the Coordination of
Humanitarian Affairs] et d’autres
organisations onusiennes, que le Front
al-Nosra contrôle 99% de la surface d’Idleb
où s’active la Syrian American Medical
Society, posez-vous la question
suivante : comment fait-elle pour
travailler dans une région
quasi-entièrement contrôlée par une
organisation terroriste ?
Donc : il y a
coopération entre les deux et la SAMS
offre ses services aux organisations
terroristes à Idleb, non aux civils
syriens !
[À ce
stade, il y a eu une interruption
inaudible en langue anglaise. La
traductrice fait savoir qu’elle n’a pas
entendu ce qui a été dit. La Caméra se
tourne vers l’ambassadrice du Royaume
Uni, Mme Karen Pierce, qui
déclare quelque chose comme : « Il est
dangereux de parler ainsi de l’aide
humanitaire dans ce cadre…, j’aimerais
que ce soit noté ». Le Président de
séance ayant invité le Dr Al-jaafari à
poursuivre, la caméra revient vers lui.
Il poursuit :]
 C’est la
première fois qu’au cours d’une réunion
du Conseil de sécurité le délégué d’un
État coupe la parole du délégué d’un
autre État, en train de lire son
communiqué, dans le cadre d’une motion
d’ordre. Cela n’existe pas.
En tout cas,
j’ai parlé de faits réels et
d’informations à propos desquelles vous
devriez légitimement vous poser des
questions. Pensez-y. Réfléchissez à ce
que nous venons de vous dire. Nous vous
donnons des renseignements précis. Ce ne
sont pas des accusations. Ce sont des
faits
Monsieur le
Président,
La délégation
syrienne a pris connaissance du rapport
du Secrétaire général N°61 concernant la
mise en œuvre des résolutions censées
soutenir les efforts de l’État syrien et
de ses institutions ; efforts destinés à
améliorer les conditions de vie des
Syriens, à renforcer leur immunité et
leur capacité de résistance face aux
difficultés d’une situation humanitaire
engendrée par les différents aspects de
la guerre terroriste imposée à mon pays.
Je ne
discuterai pas du contenu de ce rapport,
lequel se trouve devant vous, vu qu’il
vise des objectifs n’ayant rien à voir
avec les intérêts du peuple syrien, sa
sécurité ou son bien-être. Au contraire,
il répète des allégations malveillantes
et anciennes, mais toujours aussi
ravissantes pour les oreilles de
certains gouvernements ennemis de la
Syrie. La meilleure preuve en est que la
plupart des pages de ce rapport sont
consacrées à la situation à Idleb,
conformément à la vision de l’OCHA [4]
et à ses sources inépuisables. Le tout
enveloppé d’un langage sournois, de
phrases éthérées et de descriptions
remontant à une étape que nous pensions
révolue.
Une étape au
cours de laquelle certains des
représentants de l’OCHA l’ont vouée au
service des agendas de certains pays
influents au sein de cette Organisation,
sapant les efforts du gouvernement
syrien, portant toutes sortes
d’accusations contre lui, au lieu
d’œuvrer à établir un partenariat ou une
coopération avec coordination préalable.
Les
rédacteurs de ces rapports ont sans
cesse usé d’expressions concises et
extrêmement timides sans jamais appeler
les choses par leur nom ; sans jamais
accorder le moindre intérêt aux civils
de Raqqa, de Hajin, de Deir ez-Zor, de
Tal Raf’at, de Afrin er de Jablé; sans
jamais faire porter la responsabilité
des crimes de guerre et des crimes
contre l'humanité à la Coalition
internationale, aux forces d'occupation
turques et aux milices et organisations
terroristes inféodées à la Coalition et
à la Turquie ; sans jamais parler de la
situation tragique vécue par les civils
des camps d’Al-Roukbane et d’Al-Hol
occupés par les forces américaines. Et,
s’ils ne cherchaient à jeter de la
poudre aux yeux pour paraître neutres et
professionnels, ce que nous aurions
effectivement souhaité, ils n’auraient
jamais rien dit sur ces crimes
indubitables et d’une extrême gravité.
Mais, vu les
informations figurant dans le rapport du
Secrétaire général sur la situation en
Syrie, dont la sortie de centaines de
terroristes étrangers du camp d’Al-Hol,
nous sommes en droit de poser certaines
questions :
-
Où
ont-ils été amenés ?
-
À quoi
sont-ils destinés ?
-
Seront-ils recyclés après leur
traversée des territoires turc et
syrien, comme par le passé, lorsque
des milliers de terroristes ont été
transférés du nord-est de la Syrie
et d’ailleurs vers le nord-ouest,
via la Turquie, pour mener des
attaques sur des régions paisibles,
telle la région de Kessab, ou pour
envahir Idleb et ses environs ?
-
Sur la
base de quels principes les a-t-on
évacués et qui a facilité et financé
ces opérations ?
-
Verrons-nous ces terroristes
réapparaître dans des pays dont le
tour est venu, conformément aux
politiques de certains, sous de
nouvelles appellations sonnant comme
DAECH, tel l’État islamique en
Afrique du Nord, nommé DACHA, ou
l'État islamique du Caucase et
d’'Asie centrale, nommé DAKAO ?
Ce sont des
noms qu’ils ont déjà trouvés et il
semble que l’exploitation du terrorisme
est désormais plus utile et plus
lucrative que l’investissement dans le
développement durable, la protection de
l’environnement, la résolution des
conflits, la prolifération des Armes de
destruction massive et l’action
humanitaire. Monsieur le
Président,
Dès la
première réunion du Conseil de sécurité
sur la situation en mon pays, il y a
maintenant des années, nous avons
affirmé que son amélioration passe par
la lutte contre les ingérences
étrangères politiques, militaires et
commerciales dans les affaires de la
Syrie. Mais, naturellement, discuter des
détails de ces ingérences ennemies
demanderait des efforts que ce Conseil
est incapable de supporter. Et, je ne
pense pas que certains parmi nous soient
disposés à s’impliquer sérieusement dans
des sujets dont le règlement servirait
efficacement le travail humanitaire. En
effet :
-
Les
représentants de certains États
Membres occidentaux sont-ils
disposés à débattre de la question
du terrorisme sévissant en mon pays,
alors que certains l’exploitent, que
d’autres le nourrissent de dizaines
de milliers de terroristes étrangers
venus de 100 États Membres de cette
Organisation, ou le soutiennent par
toutes sortes de financement et
d’armement ?
-
Les
représentants de ces mêmes États
sont-ils disposés à débattre de la
question du terrorisme économique et
des politiques de punition
collective pratiquées par leurs
gouvernements, par le biais des
mesures coercitives unilatérales
imposées au peuple syrien sans
aucune distinction entre un enfant,
une personne âgée, une femme ou un
malade ?
-
Ces
collègues sont-ils prêts à discuter
du rôle de leurs gouvernements dans
la prolongation de la crise qui dure
depuis plus de huit années, dans le
blocage des efforts en faveur d’une
solution politique et l’exacerbation
des souffrances des Syriens ?
Nous tous
connaissons parfaitement les réponses.
Et nous savons que ces gouvernements
colportent toutes sortes de faux
prétextes destinés à éviter des
discussions qui révéleraient les failles
politiques, juridiques et morales de
leurs politiques. À ce stade,
je passerai sur certains paragraphes de
mon communiqué pour que vous ne disiez
pas que nous nous acharnons sur l’OCHA…
Nous avons
beaucoup accompli en dépit des énormes
défis auxquels nous faisons toujours
face. Et nous sommes convaincus qu’en
matière de travail humanitaire, nous
aurions été encore plus efficaces si
certains partenaires au sein des Nations
Unies s’étaient engagés, à nos côtés,
dans le respect des principes
régissant l'action humanitaire,
notamment le respect de la souveraineté,
de la neutralité, de la
non-politisation, de la coopération et
de l’entière coordination avec le
gouvernement syrien, étant donné qu’il
est le mieux placé pour répondre aux
besoins des Syriens.
Monsieur le
Président,
Il est
impossible pour le gouvernement syrien
ou tout gouvernement responsable en ce
monde, y compris votre honorable
gouvernement, de rester les bras croisés
alors que des terroristes contrôlent
l'une de ses régions, prennent ses
habitants comme boucliers humains et
attaquent les civils des villes et
villages voisins par des tirs aléatoires
de roquettes et de missiles. Il va de
soi qu’il est du devoir du gouvernement
syrien de défendre ses citoyens, de
répondre aux sources de ces tirs et de
travailler à lutter contre ce
terrorisme. Tel est son droit légitime,
tel qu’énoncé par le droit
international, la Charte des Nations
Unies et les résolutions du Conseil de
sécurité relatives à la lutte contre le
terrorisme.
Et enfin,
dire que le gouvernement syrien et ses
alliés prennent délibérément pour cibles
des civils, des installations et des
infrastructures publiques ne reposent
que sur des allégations fausses et sans
fondement.
Pour terminer
Monsieur le Président,
Je réaffirme
que le gouvernement de mon pays ne
s’épargnera aucun effort pour aider les
Syriens à traverser cette étape de
l’Histoire de leur patrie et leur
assurer l’assistance et les services
afin d’aller de l’avant, réhabiliter et
construire ce qui a été détruit par les
terroristes et les agresseurs.
Tout comme je
réaffirme que la seule voie à suivre
pour améliorer la situation humanitaire
en mon pays, parfaitement claire aux
yeux de tous, passe par :
-
le
respect de la souveraineté, l’unité
et l’intégrité territoriale de la
République arabe syrienne ;
-
la levée
des sanctions coercitives
unilatérales illégitimes et
inhumaines ;
-
le
soutien des efforts de l'État syrien
dans les domaines de l’humanitaire,
du développement et de la lutte
contre le terrorisme ;
-
la fin
de la présence illégale des forces
étrangères des États-Unis, de la
Grande-Bretagne, de la France et de
la Turquie sur l’ensemble du
territoire de la République arabe
syrienne.
Merci
Monsieur le Président
Dr Bachar
al-Jaafari
Délégué
permanent de la Syrie auprès des Nations
Unies
25/06/2019
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Source :
https://www.youtube.com/watch?v=dPIpx8RKA1s
Notes :
[1] [vidéo]
de l’incendie des champs de blé
[2] [SAMS,
qui sommes nous ?]
[3] [SYRIAN
AMERICAN MEDICAL SOCIETY (SAMS)EXECUTIVE
DIRECTOR, DAVID LILLIE BRIEFING TO THE
SECURITY COUNCIL ON THEHUMANITARIAN
SITUATION IN SYRIAJune 25, 2019]
[4] [Under-Secretary-Seneral
for Humanitarian Affairs and Emergency
Relief Coordinator, Mark Lowcock -
Briefing to the Security Council on the
humanitarian situation in Syria, 25 June
2019]
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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