Analyse
Le régime Macron : barbouzerie et
voyoucratie
Mohsen Abdelmoumen
Lundi 30 juillet 2018
Rien ne va plus au
royaume de la Macronie emporté dans une
tourmente dont on ne voit pas le bout.
Scandale, vidéos choquantes, enquête
judiciaire, commission d’enquête
parlementaire, sénatoriale, révélations
quotidiennes… la République française
s’est pris les pieds dans un tapis de
l’Élysée et s’est cassé la figure. Tout
a commencé le 18 juillet – deux jours à
peine après le retour triomphal de
l’équipe de France avec la coupe du
monde (si ce n’est pas malheureux…) –
lorsque le journal Le Monde a
révélé l’identité d’un proche
collaborateur d’Emmanuel Macron figurant
dans une vidéo circulant sur les réseaux
sociaux le montrant casqué et portant un
brassard de la police en train de
malmener une jeune femme et un jeune
homme lors d’une manifestation à Paris
le 1er mai dernier. Depuis
lors, plus personne n’ignore ce qui est
devenu aujourd’hui « le Benallagate »
qui tient la France en haleine et qui
fait les Une de tous les journaux. Nul
n’aurait jamais entendu parler
d’Alexandre Benalla si le militant de La
France Insoumise Taha Bouhafs, un jeune
français d’origine algérienne, n’avait
eu l’idée de filmer les violences
policières lors des manifestations et de
poster la vidéo qu’il avait réalisée ce
jour-là sur les réseaux sociaux. N’en
déplaise aux salonnards du journalisme
de cour, nous sommes face à une forme de
journalisme citoyen et lanceur d’alerte
que j’ai toujours appelé de mes vœux. Et
tant mieux si les jeunes s’y mettent.
Devant le scandale qui touche le sommet
de l’État, l’opposition, qu’elle soit de
droite ou de gauche, est montée au
créneau. Des questions sont posées qui
exigent des réponses : qui a permis à
Alexandre Benalla, chargé de mission en
charge de la sécurité du président
Macron, et à son acolyte Vincent Crase,
un employé de La République en Marche,
d’intervenir auprès de manifestants
pendant la manifestation du 1er
mai place de la Contrescarpe à
Paris alors qu’ils n’étaient que des
observateurs ? Qui a donné à Alexandre
Benalla un casque, un brassard de la
police et un talkie-walkie ? L’Élysée a
été au courant de ce grave dérapage dès
le 2 mai, pourquoi le Parquet n’a-t-il
pas été saisi ? Pourquoi l’Élysée
n’a-t-il pas mis à exécution la sanction
qu’il avait infligée alors à Benalla,
c’est-à-dire une mise à pied de quinze
jours sans salaire ? Pourquoi Benalla
a-t-il perçu son salaire dans son
intégralité et pourquoi a-t-il encore
participé à des réunions préparatoires
de sécurisation des sorties de
Macron alors qu’il était mis à pied ?
Pourquoi l’Élysée a-t-il laissé traîner
cette affaire jusqu’à ce qu’elle éclate
le 18 juillet dans Le Monde ? Une autre
vidéo a été diffusée le 27 juillet par
Libération montrant Benalla et Crase
interpeller deux autres manifestants au
Jardin des Plantes, toujours le 1er
mai avant les incidents de la place de
la Contrescarpe, la vidéo se terminant
avec les cris de la jeune femme qui
filmait l’interpellation. Qui a permis à
ces barbouzes d’effectuer des missions
de policiers en plein Paris ? Comment se
fait-il que ce Benalla, adjoint au chef
de cabinet de Macron, ait acquis un tel
pouvoir à l’Élysée qu’il se permet de
donner des ordres et de gérer la
sécurité du président alors qu’il n’est
absolument pas qualifié pour le faire ?
Qui lui a donné une voiture munie de
gyrophares et de tous les attributs
d’une voiture de la police ? Pourquoi
a-t-il bénéficié d’un permis de port
d’arme ? Comment se fait-il que Crase
disposait d’une arme ce 1er
mai alors qu’il n’a pas de permis de
port d’arme ? Comment des civils
peuvent-ils se balader avec des armes au
milieu de la foule en pleine période de
terrorisme ? Qui a octroyé un passe H à
Benalla pour entrer à l’Assemblée
nationale quand bon lui semble ?
Pourquoi a-t-il bénéficié du grade de
lieutenant-colonel dans la gendarmerie
de réserve à 26 ans ? Et comment est-il
possible que cet olibrius soit sur la
liste des nominations de Préfets ? Qui
lui a attribué un appartement quai
Branly, à l’Alma ? Pourquoi vouloir
mettre en place à l’Élysée une
police parallèle composée de barbouzes
pour protéger le président de la
République alors que sa protection est
assurée par le GSPR (groupe de sécurité
de la présidence de la République) ?
Comment est-il possible que ce Benalla
puisse donner des ordres à des officiers
de police et de gendarmerie, comme lors
du retour de l’équipe de football à
Paris ? Pourquoi Ismaël Emelien,
le conseiller spécial du président
Macron, s’est-il senti obligé de
diffuser la vidéo issue de la caméra de
vidéosurveillance de la place de la
Contrescarpe que Benalla avait obtenue
illégalement et qu’il lui avait donnée
aussitôt ? Il faut savoir que, d’après
la loi, toute personne qui aurait
possédé ces vidéos risque une mise en
examen pour complicité de recel et de
détournement d’images. Or, cette vidéo
été diffusée sur Twitter par les affidés
de Macron. Pour couronner le tout, cet
énergumène de Benalla fait partie de la
loge maçonnique des Chevaliers de
l’Espérance, de la Grande Loge nationale
française (GLNF), sous le
matricule 106161 depuis janvier 2017… Toutes ces
interrogations et ces irrégularités ont
mené l’opposition à s’unir pour réclamer
à cor et à cri une commission d’enquête
au Parlement, la majorité, les godillots
de la secte La République en Marche et
du Modem, acceptant à contrecœur. La
présidente de cette commission, Yaël
Braun-Pivet, députée de LaREM, a depuis
le début décidé de saboter ce qui aurait
dû être un outil de contrôle du pouvoir,
garant de l’État de droit. Devant les
blocages de la présidente aux ordres de
l’Élysée, les députés de l’opposition,
les uns après les autres et tous partis
confondus, ont claqué la porte de la
commission et ont décidé de déposer deux
motions de censure. La commission de
l’Assemblée se retrouve désormais aux
seules mains de LaREM et du Modem,
devenant de fait une coquille vide qui
n’a plus aucun sens. Au cours des
auditions, le ministre de l’Intérieur
Gérard Collomb n’a pas hésité à mentir
devant la commission alors qu’il était
sous serment. Il a prétendu ne pas
connaître Alexandre Benalla alors qu’il
le croisait plusieurs fois par semaine.
Il ne savait rien, n’était au courant de
rien et c’est à croire que Gérard
Collomb n’a jamais mis les pieds à
l’Élysée. Certains hauts fonctionnaires
dont le Secrétaire général de l’Élysée
Alexis Kohler ont pratiqué la langue de
bois avec brio. Au Parlement, le Premier
ministre, quant à lui, a choisi de
couvrir le président en adoptant une
attitude irresponsable de déni et
d’arrogance face aux questions des
députés de l’opposition qui le
questionnaient sur l’affaire Benalla.
Elle est belle la République française !
Contrairement à la commission de
l’Assemblée, la commission du Sénat fait
un travail sérieux sous la présidence de
Philippe Bas, du parti LR, servant ainsi
les intérêts de l’État en effectuant un
travail d’enquête minutieux. Les
auditions s’y succèdent et la commission
sénatoriale poursuivra ses
investigations pendant 6 mois pour tirer
au clair cette nébuleuse affaire.
Après plusieurs
jours d’un silence assourdissant,
l’Élysée gérant l’affaire selon le bon
vieil adage « Pas vu, pas pris »,
Macron s’est décidé à réagir le 24 au
soir à la Maison de l’Amérique latine,
où les élus de la majorité célébraient
la fin de la session parlementaire. Il
en a profité pour briser le silence avec
mépris pour le peuple français :
«Alexandre Benalla n’a jamais détenu le
code nucléaire. Alexandre Benalla n’a
jamais occupé un 300 m2 à l’Alma.
Alexandre Benalla n’a jamais été mon
amant», a-t-il ironisé provoquant
les applaudissements de ses disciples en
extase. Est-il normal que le président
de la République française affirme que
son ex-garde du corps n’est pas son
amant ? Tout en déplorant la
déliquescence dans laquelle Macron
plonge la fonction présidentielle, on
lui rétorquera qu’il n’y a pas de fumée
sans feu. Ensuite, le président s‘en est
pris à la presse, l’accusant de vouloir
remplacer le pouvoir judicaire,
ajoutant : « Ce qui s’est passé le
1er mai est grave, sérieux. Et ça
a été pour moi une déception, une
trahison […] S’ils veulent un
responsable, il est devant vous. Qu’ils
viennent le chercher ». Cette
apostrophe bravache appartient plus à un
chef de gang qu’à un chef d’État, mais
sans doute la proximité de Macron avec
son gorille Benalla a-t-elle déteint sur
le président. En audition, le Préfet
Delpuech a parlé de « copinage malsain »
dans cette affaire. S’il visait la
relation qui existait entre Benalla et
certains policiers, on pourrait élargir
ces propos à la relation qui existe
entre le président et son bodyguard
préféré. N’étant pas sur une
contradiction près, Macron a déclaré le
lendemain lors d’un déplacement dans les
Pyrénées « … Je suis fier de l’avoir
embauché à l’Elysée […] Il a fait
beaucoup de bonnes choses quand il était
à l’Elysée. » « Je crois que c’est une
tempête dans un verre d’eau. Et pour
beaucoup, c’est une tempête sous un
crâne » a-t-il répondu à un
journaliste un peu plus tard. Si
Emmanuel Macron n’aime pas s’exprimer
sur le sujet, Alexandre Benalla, lui, a
décidé de s’étaler dans les journaux. En
effet, tous les médias se l’arrachent et
on le voit partout : dans les journaux,
à la télévision, il accorde des
interviews à tout va, d’abord dans le
journal Le Monde, où il a accusé
des forces occultes de viser le
président à travers lui, ensuite sur
TF1 et maintenant dans le JDD
où il a déclaré que de hauts gradés de
la police voulaient sa peau. Benalla est
persuadé qu’un vaste complot a été
fomenté contre « le patron », puisque
c’est ainsi qu’il appelle le président,
et lui. Benalla, de l’anonymat le plus
obscur, et alors qu’il est mis en
examen, est devenu une bête des médias
et, à ce rythme, on finira par le
retrouver sur CNN. Au fait, que
faisait Mimi Marchand – ex-reine de la
nuit et grande amie des Macron, patronne
de Bestimage qui est chargée de
gérer la communication au niveau images
du couple Macron – lors de la séance de
photos de Benalla par le photographe du
Monde le sulfureux Marc Francelet
qui avait prêté son appartement pour
l’interview de Benalla par Le Monde
? Il apparaît que Michèle Marchand
et son vieil ami Marc Francelet sont
certainement chargés de chapeauter la
communication concernant Benalla. Si
c’est le cas, qui leur a donné l’ordre
de se charger de ce plan si ce n’est
Emmanuel Macron lui-même ? Décidément,
le président français a l’art de
s’entourer de personnages hauts en
couleur ! Quoi qu’il en soit, si Macron
croit se tirer à coups de com. de cette
affaire, il se trompe. Il peut compter
sur l’opposition et les citoyens pour
lui demander des comptes. Cette affaire
n’est pas une affaire d’été comme le
prétend Alexandre Benalla mais une
affaire d’État qui nous réserve encore
bien des surprises. Suite, donc, au
prochain épisode.
Mais qui est au
juste Alexandre Benalla ? Celui qui
s’appelait au départ Lahcène Benahlia,
dont la mère est arrivée du Maroc en
1980, vivait dans un quartier pauvre
d’Evreux avec sa mère, son frère et sa
sœur. Ils étaient pauvres et
s’habillaient au secours populaire.
Adolescent violent, il a grandi en
rêvant d’être garde du corps et a fini
par être coopté auprès du Parti
socialiste par la nébuleuse liée au
Makhzen marocain, à savoir Najat Vallaud
Belkacem, Rachida Dati et Myriam El
Khomri. Il existe un plan
d’infiltration des milieux politiques
européens par le Makhzen marocain.
D’ailleurs, la députée européenne et
diplomate Ana Gomes m’a confié dans
une interview que le lobby marocain
était très actif au Parlement européen
et rétribuait même des députés. Elle a
aussi décrit Emmanuel Macron comme un
président qui joue sur tous les
tableaux. Les Français sont-ils entre de
bonnes mains ? La réponse est non. Ils
sont dirigés par un président mégalomane
qui n’accepte pas les contre-pouvoirs et
qui entend régner sans partage en
supprimant tous les corps
intermédiaires. Si certains considèrent
l’affaire Benalla comme
franco-française, je leur dis, non, la
France fait partie du Conseil de
Sécurité et est une puissance nucléaire.
De savoir qu’elle est dirigée par un
agité instable, il y a de quoi
s’inquiéter, surtout quand la France est
présente militairement dans plusieurs
pays comme le Mali, le Niger, etc.
Macron qui s’était présenté comme le
candidat d’un monde nouveau, prétendant
incarner une République exemplaire où
les coups fourrés et autres magouilles
appartiendraient au passé, vient de
montrer qu’il n’était que le successeur
des présidents français précédents, une
image parfaitement représentative de la
Ve République. Seule différence, il
montre une nette propension à se
considérer comme un monarque absolu. À
force de faire des discours au château
de Versailles et d’y recevoir des chefs
d’État comme ce fut le cas avec Vladimir
Poutine, le fantôme de Louis XIV a du
prendre possession de Macron qui se
prend désormais pour Jupiter et qui aime
s’entourer de mignons. Les Français,
croyant avoir élu un président jeune et
dynamique, se retrouvent avec un roi et
une reine extravagants, cette dernière
coûtant à elle seule à l’État français,
d’après les chiffres de la Cour des
Comptes qui ne peut chiffrer les coûts
avec précision, la coquette somme de
278.750 € par an (au moins) pour couvrir
les frais de quatre employés, six
bureaux, et deux voitures. La France n’a
décidément pas évolué depuis les
frasques de François Hollande comme avec
l’affaire des croissants livrés dans
l’appartement loué au gang corse la
Brise de Mer où Hollande passait des
heures chaudes avec Julie Gayet. Ici, ce
n’est pas une actrice de cinéma qui fait
la Une des journaux, non, c’est un
« Rambo » de bas étage amateur de
castagne. Macron n’est-il pas l’élève de
Hollande ? La France à l’ère de Macron
n’a pas du tout l’air d’être une
démocratie, mais plutôt une République
bananière ou couscoussière et,
désormais, le président français doit
arrêter de donner des leçons de
démocratie et de droit de l’homme à
toute la planète. Le peuple français n’a
vraiment pas de quoi être fier de son
monarque qui est à mettre dans la même
catégorie que les despotes du Tiers
Monde.
Cette affaire est
symptomatique du règne de Macron et
reflète une crise majeure du régime
français qui a imposé ce président via
un establishment médiatico-politique qui
l’a porté au pouvoir, lui qui n’était
qu’un novice en politique et inconnu
jusqu’à il y a quelques années. À la
lumière de ce scandale d’État, le
monarque-président, à défaut de faire
découvrir aux Français « le monde
nouveau » promis, les a plongés dans les
abysses d’une monarchie ténébreuse et
sachant qu’il ambitionne d’être le
leader de l’Europe, le danger concerne
tout le monde. Macron est dangereux pour
la France mais aussi pour l’Europe,
voire pour toute la planète, à l’image
de son alter ego Donald Trump. Quand on
voit des chefs d’État à la limite de la
maladie mentale comme Macron et Trump,
il y a lieu de s’inquiéter pour la paix
dans le monde.
Mohsen
Abdelmoumen
Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour
publication
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