Algérie résistance
À qui profite l’ascension fulgurante du
clan
de l’argent sale en Algérie ?
Mohsen Abdelmoumen
Photo:
D.R.
Lundi 10 novembre 2014
“Doing business in Algeria”, c’est le
sigle alléchant que la bourgeoisie
compradore algérienne est partie vendre
récemment au centre capitaliste à
Washington, l’option ultralibérale du
quatrième mandat du président impotent
n’ayant jamais été aussi visible qu’en
ce moment. Un seul mot revient de façon
récurrente dans les démarches de ce
gouvernement de faillite et de misère :
« brader ». Comme si l’économie ruineuse
s’appuyant sur l’import-import ne
suffisait pas, la règle 51/49 est
destinée à disparaître dans la loi de
finance 2015, livrant le pays aux
diverses multinationales qui feront de
l’Algérie ce qu’elles voudront. Mais à
quels investisseurs et à quels
investissements fait référence le
ministre de l’Industrie et des mines
Abdeslam Bouchouareb ? Celui des Emirati
qui, d’après nos sources au sein même du
port d’Alger, n’ont pas versé un centime
pour investir dans le terminal portuaire
d’Alger dont ils tiennent les commandes,
alors que celui-ci génère des profits de
plusieurs milliards de dollars ? La
visite aux USA du ministre Bouchouareb
était destinée à sceller le partenariat
entre Varian et Ali Haddad, ce dernier
étant du voyage pour diversifier son
activité du bâtiment vers la pharmacie.
Haddad, prédateur national qui nomme et
dégomme PDG et cadres de l’Etat à sa
guise, est le porte-étendard du clan de
l’argent sale et de la bourgeoisie
compradore sur lesquels s’appuie le
règne du président Bouteflika et de son
frère cadet Saïd.
L’appui du ministre de l’Industrie et
des mines dans les tractions aux USA
entre Haddad et Varian nous renseigne
sur le poids du clan de l’argent sale et
de son chef Saïd Bouteflika, dans la
décision politique en Algérie. Saïd, qui
se positionne d’ores et déjà dans un
projet présidentiel, sait très bien que
pour briguer le poste suprême, il faut
mettre tous les atouts de son côté,
l’argent étant le nerf de la guerre. Le
projet de transmission de pouvoir se
confirme donc avec ces nouveaux riches,
véritables piliers de l’ordre nouveau
impulsé par Saïd Bouteflika. Les accords
du Val-de-Grâce ne suffisant pas, il
fallait rassurer tout le capital dans
toutes les capitales, l’axe
Paris-Washington étant le ticket gagnant
du frère cadet du président. Quel
meilleur gage de bonne foi que de
renoncer à la règle 51/49 et pourquoi ne
pas brader tous les bijoux de famille,
comme Gara Djebilet, ou privatiser
l’Algérie au profit d’Aigle Azur (dont
on connaît les liens avec le clan) et
autres compagnies internationales ? Nous
ne croyons pas les démentis du ministre
de l’Industrie, comme on n’a pas cru
davantage les mensonges du ministre des
Transports, Amar Ghoul, qui passe son
temps à nous raconter des bobards sur
l’état de santé du président alors que
toute la planète sait que celui-ci est
malade, ou concernant la gestion
désastreuse de son secteur quand des
avions tombent et des trains déraillent
sans qu’il juge bon de démissionner.
Peut-on croire un seul membre du
gouvernement actuel ? La réponse est
bien entendu NON, et ce n’est pas un
remaniement ministériel qui renverra au
placard les ministres de l’Intérieur, de
la Communication, de la Pub et de la
Vertu, des Affaires religieuses, de
l’Education, etc. qui pourra nous
leurrer. Il ne suffit pas de permuter
les sièges ministériels ou d’offrir des
retraites dorées à des gens qui ont
échoué dans leur mission, nous aurions
préféré que l’esprit de démission
s’installe en Algérie, mais, hélas,
chacun s’accroche à son fauteuil en
attendant d’être muté ou « appelé à
d’autres fonctions », bricolage et
amateurisme étant les caractéristiques
majeures du règne de Bouteflika. Certes,
nous ne pleurerons pas le départ de
Hamid Grine qui a échoué lamentablement
en instrumentalisant l’argent de la
publicité publique pour faire pression
sur les titres de presse à des fins
politiques. Il n’a pas été en mesure de
remplir la tâche souhaitée par son
maître Saïd Bouteflika qui voulait
briser les reins de la presse, mais de
manière plus subtile. Grine n’a pas su
non plus gérer l’affaire d’Abdessami
Abdelhai, journaliste incarcéré depuis
des mois sans jugement, et dont le cas
est en train de provoquer un tollé au
sein des instances européennes à
Bruxelles sans que le ministre daigne
lever le petit doigt pour résoudre le
problème, alors que l’Algérie pourrait
être sanctionnée par l’Europe. De quoi
ce journaliste est-il coupable ? A-t-il
pu commettre autant de méfaits que ceux
imputables au clan de l’argent sale ?
C’est à la Justice de trancher et si
l’on veut appliquer la Loi, il faudrait
l’utiliser également pour punir Chakib
Khelil et tous les prédateurs qui ont
saigné l’Algérie. Même si c’est un vœu
pieux et irréalisable d’avoir une
Justice transparente, indépendante et
impartiale avec le gang de la chaise
roulante aux commandes du pays, il
serait temps de cesser de bidouiller des
affaires qui peuvent nous coûter très
cher en termes politiques. Et ce n’est
pas avec des journalistes emprisonnés
pour des raisons obscures que le clan va
attirer des investisseurs occidentaux.
Mais, en Algérie, le pouvoir est passé
maître dans la navigation à vue, et tout
le monde gère les affaires courantes
sans se soucier le moins du monde
d’exercer une véritable politique. Hamid
Grine paiera son incompétence de son
poste, rejoignant ainsi sa maison-mère
Djezzy et redevenant ce qu’il n’aurait
jamais dû cesser d’être, un délégué
commercial faisant du porte-à-porte pour
vendre des abonnements téléphoniques.
Par ailleurs, son départ nous épargnera
beaucoup d’encre. Quant au ministre des
Transports, Amar Ghoul, il doit
reprendre la route suite à ses ravages
dans l’économie nationale. Après le
scandale de l’autoroute Est-Ouest
lorsqu’il était ministre des Travaux
publics, Ghoul, au lieu d’être jugé pour
sa nuisance, a été parachuté dans un
autre ministère pour nous présenter à
nouveau des résultats catastrophiques
avec des crashs aériens et des accidents
ferroviaires sans qu’il y ait la moindre
sanction, parce que Monsieur Ghoul est
un proche et un fidèle exécutant du
clan, comme tous ses compères au
gouvernement. En Algérie, la règle d’or
veut que l’on soit promu quand on
échoue. De son côté, Tayeb Belaiz, le
ministre de l’Intérieur, n’a rien vu
venir au sujet de la contestation des
policiers et écopera certainement pour
sa « distraction ». Sans parler du
ministre de l’Agriculture Abdelouahab
Nouri qui a réussi à patauger dans la
régularisation du prix de la pomme de
terre qui s’est envolé, atteignant des
sommets inégalés pour un légume de
consommation courante. Tout le monde
attend le remaniement, y compris les
walis (préfets) qui ont la bougeotte,
chacun restant suspendu au journal
télévisé pour savoir si son nom figure
sur la liste. Tout en étant caduc, le
procédé de remaniement est
fondamentalement vicieux, car les
nominations reposent essentiellement sur
le régionalisme, principal critère de
désignation au détriment de la
compétence et de l’intégrité. En
changeant des tètes au sein de
l’exécutif, au niveau des walis ou dans
le corps diplomatique, le frère cadet du
président impotent donne une illusion de
changement de façade tout en laissant
penser qu’il y a encore un pilote aux
commandes du pays et que ces décisions
proviennent du président mourant qui, en
fait, ne décide plus de rien. Hélas, ce
jeu pervers va s’étaler durant tout le
reste du mandat infâme du président
agonisant. Jusqu’au-boutiste comme son
frère, Saïd Bouteflika sait que s’il
perd le pouvoir maintenant, tout son
clan passera à la trappe. Il doit donc
créer l’initiative, même au prix d’une
imposture. La survie du clan et les
enjeux colossaux sont au-delà de toute
autre considération. Dans cette optique,
le clan de l’argent sale gagne du temps
pour mieux s’organiser et placer leur
joker.
Le système Bouteflika a vu surgir des
comportements de voyous de la part des
nouveaux riches, ces maquignons devenus
potentats et responsables grâce à
l’argent sale et à la politique de la
chkara où tout s’achète et où
tout est permis. Leurs rejetons
multiplient les frasques et défraient la
chronique tous les jours, comme insulter
des policiers ou des gendarmes qui font
leur travail, quand ils ne les agressent
pas physiquement. Le mépris des
institutions sécuritaires n’a jamais
atteint un tel degré. Ces gens-là se
croient intouchables parce qu’ils sont
« les fils de » et se comportent avec
arrogance, montrant que le respect de la
loi ne les concerne pas. Les exemples ne
manquent pas et les scandales se
produisent quasi quotidiennement.
Sachant que chaque gang produit ses
affranchis, le clan de Bouteflika a
produit une génération de vauriens qui
provoquent la société en brûlant des
billets de banque, en se vantant de
leurs privilèges et d’être au-dessus des
lois, quand ils ne se donnent pas en
spectacle dans les cabarets à coups de
rechkas à la santé de tel
responsable ou de tel copain affairiste
pourri, dans un grand étalage
d’opulence. Pourquoi respecteraient-ils
les institutions, sachant que le premier
magistrat du pays lui-même n’a pas obéi
à la Constitution ? Le modèle de
gouvernance de Bouteflika n’a inculqué
d’aucune façon la culture de l’Etat
puisque lui-même a réduit les
institutions à une peau de chagrin.
Jamais, dans l’histoire de l’Algérie, on
n’a assisté à une telle dégradation.
Lorsque le peuple algérien, à bout de
patience, en aura assez et que les
caisses vides ne permettront plus
d’acheter la paix sociale, le retour de
manivelle sera à la mesure de toutes les
trahisons et des offenses subies.
Moralité : le clan de l’argent sale est
en train de ruiner l’Algérie, non
seulement sur le plan économique mais
sur le plan moral, historique, au niveau
des repères, et la relation entre le
citoyen et l’Etat qui a souffert de
différentes crises, a atteint son
apogée. Le risque d’une déflagration
n’est pas à exclure et les responsables
sont clairement identifiés. Le clan du
président, son frère et leur entourage
immédiat qui, tous, ont véhiculé de
fausses valeurs à l’opposé de notre
culture et de notre histoire, risquent
de goûter les fruits amers de la chute.
Après ce qu’ils ont fait à l’Algérie,
eux et leurs rejetons, il ne faut pas
demander au peuple de respecter quoi que
ce soit alors que la loi de la jungle
est devenue constitutionnelle.
N’oublions pas que c’est à cause de ce
type d’injustices que la Révolution a eu
lieu, mais les nouveaux colons qui
répètent cette partition déjà jouée dans
d’autres temps ne semblent pas s’en
rendre compte. Le destin de l’Algérie,
confrontée à la menace interne et
externe, et face aux enjeux stratégiques
du moment, dépasse de loin la vision
nombriliste de la horde sauvage qui
entoure la chaise roulante
présidentielle et notre nation se
passerait volontiers d’un tel pouvoir,
antinational par essence.
Il est inutile d’énumérer tous les
départs prévus qui donnent l’impression
que le gouvernement est un hall de gare
où chacun fait les cents pas en
attendant sa prochaine destination, et
dénombrer la liste des ministères, dont
certains sont en hibernation totale
pendant que d’autres sont en proie à des
gesticulations désespérées de dernière
minute pour éviter d’être touchés par le
remaniement prochain, serait un
gaspillage de temps. Cependant, ce grand
cafouillage cache un véritable jeu
d’ombres qui consiste à déblayer le
terrain pour le frère cadet du
président. L’après-Bouteflika est
désormais dans l’air et la machine bien
huilée de la succession est organisée
avec soin par les jeunes loups. Saïd est
en train d’œuvrer à tous les niveaux, et
notamment auprès des partis politiques
dont le FFS, appelé à intégrer le
gouvernement et enthousiaste à l’idée de
partager la rente tout en réalisant son
plus vieux rêve, la fin programmée des
services de renseignement, le DRS, dans
l’optique d’une amnistie générale sur
laquelle reposera le règne du frère
cadet du président impotent. Si
l’acharnement contre le DRS de la part
de Saïdani et du FLN – parti qu’il a
dévoyé – est récent, celui du FFS est
mythique. Il ne faut pas oublier que le
FFS était un fervent défenseur de Sant’
Egidio, qu’il a été le fer de lance des
cercles du « qui-tue-qui » et qu’il a
flirté avec les islamistes du FIS en vue
de partager le pouvoir, et, soudain, on
voit émerger une alliance entre le FLN
de Saïdani, version argent sale, et le
FFS de l’Internationale socialiste.
Rappelons aussi que le FFS et le FLN de
Saïdani font tous deux partie de
l’Internationale socialiste à laquelle
appartient le parti socialiste de
François Hollande, dont Mitterrand était
un membre très actif et qui a fait des
pieds et des mains pour isoler l’Algérie
sur le plan international via cette
organisation lors de l’arrêt du
processus électoral en 1992. Dans une
tentative de sauver le règne de
Bouteflika alors que d’autres partis de
l’opposition réclament son départ,
l’implication du FFS n’est rien d’autre
qu’une feuille de route concoctée dans
les laboratoires des services français,
manœuvre destinée à préparer
l’après-Bouteflika de façon à préserver
les intérêts de la France du CAC 40 en
Algérie, et qui n’a strictement rien à
voir avec ces concepts creux nommés
hypocritement « transition
démocratique », « Etat civil », etc.
Tous ces mots ne sont que du baratin.
Bien sûr, il existe peut-être une
tendance qui préfère Washington à Paris,
mais ce n’est jamais qu’une question de
goût éloignée de toute stratégie. On
appréhende mieux le décret que l’on
prête au président alors qu’il émane de
Saïd, et qui exclut les colonels du DRS
des entreprises. Il est clair que ce
décret n’a pas été signé à des « fins
démocratiques », la dernière
préoccupation de Saïd étant la
démocratie. Le but était de neutraliser
le DRS qui a toujours été la hantise du
clan de l’argent sale, dans la mesure où
nos services de renseignement sont les
seuls à pouvoir l’atteindre par
l’élaboration de dossiers, comme dans
l’affaire Chakib Khelil. Les espaces
desquels a été chassé le DRS ont été
immédiatement repris par le clan de
l’argent sale pour aboutir à un seul
centre de décision aux mains du frère
cadet du président mourant et son gang
de vautours. La genèse de toute cette
affaire qui n’est pas terminée a
commencé avec l’entrée en scène du
drabki Saïdani, lors de sa célèbre danse
du ventre contre le général de corps
d’armée Mohamed Mediène, dit Toufik.
Pour mieux avancer leurs pions, les
voyous de l’argent sale doivent
affaiblir le DRS, car les épais dossiers
que celui-ci a constitués sur tous ces
pantins et leurs maîtres font
grincer les dents des innombrables
ennemis de la nation. Y a-t-il un seul
pays au monde où les services de
renseignement sont conspués
régulièrement par des minables issus du
pouvoir politique, comme ce sinistre
Saïdani ou son chef Saïd qui veut créer
des services à sa mesure ? Dans les pays
qui se respectent, ces cafards seraient
punis avec fermeté. C’est encore une
exception algérienne que d’attaquer nos
propres services de renseignement,
véritable rempart face aux ennemis
d’hier et d’aujourd’hui. Pour plaire à
Paris, doit-on discréditer l’institution
qui est la colonne vertébrale de notre
armée ? Essayer d’imaginer un scenario
identique aux USA, en France ou
ailleurs, tiendrait de la science
fiction. A-t-on jamais vu les
politiciens d’un autre pays jeter
l’opprobre sur leurs propres services de
renseignement ? En outre, le DRS n’a pas
été importé, il s’agit de notre armée,
de notre police et de notre gendarmerie,
issues de notre peuple !
Dans l’ombre du président mourant se
planque une horde sauvage rodée dans
l’ultralibéralisme qui ne connait aucune
limite et qui attend son heure pour
prendre le pouvoir de manière affichée.
Alors que l’Algérie est menacée sur le
plan régional et que le roi du Maroc
prononce un discours de guerre accusant
l’Algérie de tous les maux de la terre,
peut-on résister et garder notre
souveraineté sous le règne d’une
bourgeoisie compradore qui, quand elle
n’est pas au service de la France, se
soumet aux dictats des Etats-Unis ? Le
pouvoir antinational qui a vu surgir le
frère cadet du président qui signe tous
les décrets à la place de son frère et
qui prépare minutieusement le tremplin
qui le mènera à la tête du consensus
entre le clan de l’argent sale, le FFS,
plus vieux parti d’opposition, et bien
d’autres acteurs et clients du régime,
donnera naissance à un nouveau pouvoir.
Saïd Bouteflika n’a désormais plus rien
en face de lui pour contrer ses projets.
Comme derniers remparts, il reste
quelques patriotes ici et là, et
quelques titres de presse qu’il n’aura
aucune peine à asphyxier ou à corrompre,
leur intimant de choisir entre le bâton
et la carotte. Dans son équation, il ne
mentionne guère le peuple relégué aux
abonnés absents, car il a dépensé des
fortunes en distribuant l’argent à
foison pour acheter la paix sociale.
Rien n’arrêtera les jeunes loups de la
bourgeoisie compradore et de l’argent
sale qui ont fait fortune dans
l’informel, au point où leurs chaînes de
télévision off-shore émettent en dehors
de toute légalité, à partir de
territoires échappant au contrôle de
l’Etat. Ces chaînes hors-la-loi font
partie du dispositif mis en place par le
clan pour faire sa propagande, conscient
de l’importance de la manipulation de
l’info. Dans le même temps, il faut
vendre et brader, encore et encore, même
à Lakshmi Mittal, patron gangster décrié
en Europe, mais reçu avec tous les
honneurs par le Premier ministre Sellal
bien qu’il ait failli à tous points de
vue dans la gestion du complexe
sidérurgique d’El Hadjar. Que cache
cette rencontre entre Sellal et Mittal ?
Des sources évoquent l’éventualité
d’offrir Gara Djebilet à Mittal, l’un
des éléments les plus représentatifs de
la bourgeoisie compradore, voleur et
pilleur au service du grand capital, et
qui est tout sauf un investisseur.
Chacun sait qu’il a établi sa fortune en
magouillant comme Haddad, et il n’est
pas nécessaire d’être un expert pour
deviner ce qui ce trame derrière notre
dos. Tout se sait aujourd’hui, cessez
tous de nous prendre pour des
imbéciles ! On comprend aisément
pourquoi, préoccupés par leur
participation à la grande bouffe, les
ministres français se bousculent à
Alger, quand ce ne sont pas les
Américains, les Qatari, les Emirati, les
Allemands, etc. tous intéressés à se
positionner favorablement dans le festin
des fauves. Le pouvoir de Bouteflika et
de son clan a transformé l’Algérie en un
immense gâteau dont chacun veut sa part.
Hier, c’était le gaz de schiste, avant
c’était la loi infâme des hydrocarbures
de 2005 retirée de justesse, demain ce
sera Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie,
Gara Djebilet… ils finiront par vendre
le sous-sol, le sol et le ciel de
l’Algérie, hypothéquant éternellement
l’avenir des Algériens. Est-ce cela le
« pouvoir civil » de Saïdani le pilleur,
lui qui a détourné des milliards pour
les placer dans les banques françaises ?
En exécutant la feuille de route des
Français, à savoir le démantèlement du
DRS au profit de ces parvenus que sont
les membres omniprésents du clan de
l’argent sale, l’Algérie va-t-elle se
transformer en Etat moderne ? Bien sûr
que non, c’est même tout le contraire.
Nous sommes plus que jamais acculés dans
une impasse caractérisée par la
dangerosité, les secteurs de l’éducation
nationale et de la santé sont en
ébullition permanente, les policiers ont
mené leur action avec détermination, et
les protestations se multiplient dans le
pays, reflétant le mécontentement
populaire. Les gangsters de la
bourgeoisie compradore dont l’unique
préoccupation est d’appartenir à la
confrérie des pirates des Bouteflika et
des Haddad, n’ont qu’un seul projet,
celui de leur maître-marionnettiste qui
les a mis en place et qui tire les
ficelles et, pourquoi pas, faire partie
des brigades de choc pour porter le
nouveau règne qui se dessine dans
l’ombre d’une chaise roulante. Qu’ils
nous épargnent leurs valses entre Paris
et Washington, et leurs formules
magiques bidon sur l’investissement, car
ils ne disposent d’aucune vision
stratégique, ni de l’économie, ni de la
politique, ni de quoi que ce soit
d’autre, seuls les privilèges dont leurs
maîtres les ont gavés leur importent. Le
coq de bassecour, Saïd Bouteflika, aidé
de son acolyte Haddad, distribue les
grains à picorer et la volaille servile
obéit en caquetant de concert, du plus
bas de l’échelle jusque tout en haut.
L’Algérie ne peut pas s’offrir le luxe
d’être dirigée par des corrompus faibles
et inaptes qui s’enfuiront au moindre
pépin, au moment où les menaces pèsent
de plus en plus sur les frontières, où
notre armée est confrontée à des
attentats terroristes quasi quotidiens
et quand l’instabilité régionale a
atteint son paroxysme dans tout le
Sahel. Le pouvoir de Bouteflika est-il
en mesure de garantir la stabilité,
slogan que nous ont vendu les
missionnaires du quatrième
mandat pendant la campagne électorale du
candidat invisible ? A quelle stabilité
faisaient-ils allusion ? A celle de
leurs comptes en banque à l’étranger, à
celle de leur train de vie de nababs, ou
à celle des privilèges de leur
progéniture arrogante et mal élevée ?
Le dispositif de la succession s’est
mis en place, chacun prend position, et
au diable l’Algérie ! nous disent-ces
chacals. Saïd Bouteflika, devenu la
pièce maîtresse du pouvoir en place, a
plus que jamais le champ libre pour
faire ce qu’il veut. Rien ne se décidera
sans lui, il continuera à signer des
décrets au nom de son frère, à pactiser
avec le diable s’il le faut, afin de
rester au pouvoir et de garantir les
intérêts de sa famille et de la
bourgeoisie compradore, et bien
évidemment, ceux du grand capital, dont
lui et son frère sont les fidèles
serviteurs. Seules deux options peuvent
contrarier ce plan machiavélique pour
s’emparer du pouvoir d’une manière
directe : soit une chute brutale du
pétrole qui entraînera une rébellion,
soit le décès de l’actuel président.
Nous n’avons pas besoin d’investisseurs
étrangers, l’Algérie a des potentialités
inouïes et elle peut se relever si elle
le veut, car elle en a les moyens. Il
est plus que certain qu’il y aura
toujours des patriotes à tous les
niveaux pour combattre le projet de Saïd
Bouteflika et de son clan, mais tant que
les voyous et les gangsters de l’argent
sale règneront avec le clientélisme, le
régionalisme, et la corruption qui ont
gangréné toute la sphère politique et
économique, nous ne pourrons pas
décoller. Il n’y a rien de pire que des
anciens dirigeants des services publics
qui se convertissent dans le privé tout
en fredonnant en chœur des airs
ultralibéraux, ni des idéologues de
gauche qui deviennent champions du
libéralisme pur et dur. Nous ne sommes
pas près de sortir de la dépendance à
100% des hydrocarbures, l’argent coule à
flots mais ne va pas là où il faut et se
disperse dans un gigantesque gaspillage.
Cette manne échoue directement dans la
poche des prédateurs économiques, cette
voyoucratie, cette bassecour qui
engloutit des milliards pour les jeter
par les fenêtres. Le constat est que
cette bourgeoisie compradore hétéroclite
composée de maquignons et de bagarras
issus de divers horizons est l’une des
plus ultralibérales au monde, ce qui
fait d’elle une cible de choix pour tous
les patriotes qui ont le devoir de
résister face à ses effets dévastateurs
et de l’anéantir totalement. L’heure est
grave pour les patriotes. Il ne sert à
rien de changer les têtes et de
remanier, c’est tout le système de
Bouteflika dans son ensemble qui doit
partir, parce qu’il a échoué. S’il a
garanti les intérêts du capital et des
multinationales, il n’a jamais préservé
les intérêts de la nation. La nécessité
de briser les reins au clan de l’argent
sale est plus que vitale, c’est une
question de survie de l’Etat algérien.
Néfaste et antinational, le système
politique actuel est en fin de vie, à
l’image de son président, il faut juste
l’aider en le poussant dans le précipice
avant qu’il ne nous entraîne dans son
autodestruction.
Mohsen Abdelmoumen
Published on Oximity, November
10, 2014:https://www.oximity.com/article/%C3%80-qui-profite-l-ascension-fulgura-1#.VF_8V2VSYzw.twitter
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