Interview
Robert Bibeau : « le capitalisme, c’est
la guerre »
Mohsen Abdelmoumen

Robert
Bibeau. D.R.
Vendredi 8 février 2019
English version here Mohsen
Abdelmoumen : À la lecture de votre
livre très instructif et passionnant,
« La démocratie aux Etats-Unis, les
mascarades électorales », on se pose
la question suivante : y a-t-il
réellement une démocratie aux
Etats-Unis et à quoi servent les
élections aux USA ?
Robert Biveau :
Oui, il existe une réelle démocratie
pour la bourgeoisie aux États-Unis comme
dans tous les pays capitalistes de ce
monde. Il n’existe évidemment aucune
« démocratie » populaire –
prolétarienne, ni aux États-Unis ni dans
aucun autre pays. Croyez-vous que
l’adhésion à un parti bourgeois d’un
multimilliardaire et de ses relations,
compte tenu de son pouvoir de pression,
de sa chaîne de télévision et de ses
centres d’administration, soit du même
poids « démocratique » que l’adhésion de
mon voisin de palier – prolo de son
métier – à un parti politique pseudo
socialiste ? Il n’y a que la gauche
bourgeoise pour le laisser croire. Les
ouvriers américains le savent, eux qui
ne se déplacent plus pour voter et
« user de la puissance du crayon de
votation bidon » ni bénéficier d’un
pouvoir électoral chimérique exclusif
aux riches.
J’ai écrit ce
volume relatant la campagne électorale
américaine de 2016 (et en prologue un
compendium de la campagne de Macron en
2017) afin de démontrer que ces
campagnes électorales sont de vastes et
coûteuses mises en scène afin de duper
la population, de la compromettre, et, à
la fin, le pouvoir s’autorise à
déclamer : « C’est votre choix
démocratique, cessez de protester et
patientez jusqu’à la prochaine mascarade
électorale où ce sera à nouveau bonnet
blanc ou blanc bonnet ».
Cessons de
crédibiliser ces mascarades électorales
par notre participation et combattons
notre ennemi de classe sur nos lieux de
travail, aux rondpoints et sur les
barricades, là où réside notre véritable
pouvoir économique de classe, pouvoir
que démontrent les Gilets jaunes,
pouvoir qui sera à la mesure de notre
capacité à entraver ou à bloquer la
production de plus-value capitaliste. À
cet instant, vous verrez où réside le
véritable pouvoir.
Les États-Unis
ne sont-ils pas une ploutocratie ?
Ce type de
dénomination plaît beaucoup à la gauche.
De cette façon, la petite-bourgeoisie
tente de nous distraire de la seule et
unique vérité… Les États-Unis d’Amérique
sont la puissance hégémonique d’un monde
capitaliste en déclin et ses
« ploutocrates » – sa classe du grand
capital mondialisé interconnectée avec
les grands capitalistes du monde entier
– sont en déroute économiquement
parlant. Par conséquent, elle est
extrêmement maléfique et dangereuse et,
tel un tigre blessé, elle pourrait
déclencher l’apocalypse nucléaire. Si
cela correspond à votre concept de
« ploutocratie » alors oui, les
États-Unis d’Amérique sont une
ploutocratie internationalisée en train
de disputer son hégémonie sur le monde
capitaliste au camp impérialiste des
ploutocrates chinois et russes
émergents. L’un comme l’autre sont les
ennemis du prolétariat mondial.
En lisant votre
livre « Manifeste
du parti ouvrier », on retient
que pour un marxiste, il faut toujours
faire des mises à jour concrètes en
fonction des situations concrètes. Quels
sont aujourd’hui pour vous les défis
majeurs auxquels sont confrontés la
classe ouvrière et son encadrement
révolutionnaire en vue de l’émancipation
de cette classe ouvrière face au 1% qui
dirige le monde ?
Vaste programme que
suggère votre question. Disons d’abord
que la classe sociale du grand capital
qui dirige effectivement le monde via
ses conseils d’administration, ses
gouvernements et ses administrateurs
surpayés, aux parachutes dorés, ne
constitue même pas 1% de la population
mondiale, mais cela est sans importance.
L’important consiste dans le fait qu’ils
sont liés par leurs intérêts économiques
profonds, ce qui forge et aiguise leur
conscience de classe. Par ailleurs, ces
gens, moins d’1 % de l’humanité,
redisons-le, qui seront amenés sous peu
à affronter les prolétaires précarisés –
petit-bourgeois paupérisés,
moyenne-bourgeoisie déclassée -, dans
les faits, ne dirigent rien ou presque.
Les lois de l’économie politique sont
impératives et leur unique pouvoir
consiste à accélérer ou à retarder les
décisions économiques et politiques qui
s’imposent, poussées par les nécessités
du développement du mode de production
capitaliste. N’avez-vous pas constaté
que quelle que soit la tendance
politique des partis politiques au
pouvoir, les programmes d’austérité sont
partout semblables ? Ce qui explique
pourquoi les
Gilets jaunes ont convenu de ne
faire confiance ni à la gauche, ni à la
droite bourgeoise. « Ils sont tous
pareils » est un slogan qui fait
consensus parmi les Gilets jaunes du
monde entier.
N’avez-vous pas
remarqué que, depuis nombre d’années, ni
les dirigeants du monde financier ni les
larbins politiciens n’ont été capables
d’éviter les crises économiques à
répétition, les crashs boursiers
répétés, l’accumulation de la dette
souveraine, la dévaluation des monnaies,
le chômage, la dépréciation du pouvoir
d’achat du prolétariat et tant d’autres
calamités ? Ces magnats de la finance et
de l’industrie ne contrôlent rien, même
pas le taux de profit de leurs
compagnies. Contrairement à la
go-gauche, nous, les prolétaires
révolutionnaires, ne pensons pas que les
capitalistes sont véreux et cruels et
qu’ils se complaisent à déclencher des
crises économiques où nombre d’entre eux
font faillite. Dans ce livre « Manifeste
du parti ouvrier », j’explique que le
capitaliste joue consciencieusement le
rôle de classe qui lui a été assigné
sous le mode de production capitaliste.
Vous remplaceriez soudainement tous ces
hommes d’affaires par une nouvelle
cohorte d’hommes d’affaires et de
banquiers que rien ne changerait dans
l’économie politique mondiale.
D’ailleurs, sous peu, vous serez à même
de constater la véracité de cette
allégation, puisqu’une nouvelle dynastie
de multimilliardaires chinois et russes
prendra les rênes de l’économie mondiale
et pourtant les crises économiques et
sociales continueront. C’est le mode de
production capitaliste qu’il faut
abolir.
Depuis que j’ai
rédigé ce volume « Manifeste du parti
ouvrier », j’en suis venu à penser que
le parti prolétarien révolutionnaire ne
préexistera pas à la révolution
prolétarienne, contrairement à ce que
proclamaient Lénine et les bolcheviques.
Ce parti fédératif naîtra dans le cours
même du mouvement insurrectionnel
populaire menant à la révolution
prolétarienne. Il suffit de se rappeler
de tous ces pseudos partis
d’avant-garde, soi-disant
sociaux-démocrates puis communistes qui
se sont succédé depuis Marx et qui n’ont
réussi qu’à se substituer à la classe
révolutionnaire pour en faire un
appendice de leur pouvoir d’État
totalitaire. C’est dans et par le
mouvement de la classe en révolte que
naîtra le parti de la classe
prolétarienne révolutionnaire. Tout
provient de la classe et tout retourne à
la classe sociale. Si Marx ne l’a pas
écrit – il aurait dû.
La classe
prolétarienne doit se débarrasser de
l’influence des organisations
bourgeoises de soi-disant « résistance »
qui l’oppriment et entravent son
développement. La classe prolétarienne
doit se débarrasser de ses illusions à
propos de l’État « démocratique »
bourgeois qu’elle devra renverser.
Alors, à quoi bon voter pour ces
gouvernements qu’elle devra renverser?
Finalement, le prolétariat doit se
résigner à détruire le mode de
production capitaliste sans regret ni
rémission. Les prolétaires en ont
collectivement la capacité. Dans cette
mission de classe, le Parti sera issu de
la classe et à son service exclusif,
jamais l’inverse, ou alors nous
revivrons les illusions puis les
déceptions du pouvoir soviétique.
Pour le reste, ce
qui manque à la classe prolétarienne
pour déclencher la révolution
prolétarienne ? Une conjoncture
économique et politique favorable et une
conscience de classe sociale au diapason
de ces conditions.
Comment
expliquez-vous que face à une offensive
ultralibérale sauvage, la classe
ouvrière a du mal à s’organiser ?
La classe
prolétarienne industrielle mécanisée et
urbanisée est encore jeune
historiquement, 200 ans d’ancienneté ce
n’est pas très long dans
l’historiographie mondiale. Songez que
la classe des esclaves a existé plus de
mille ans et que c’est finalement
l’aristocratie féodale qui l’a
affranchie afin de mieux l’exploiter en
tant que serfs assignés aux corvées de
la seigneurie. Le premier élément qu’il
faut prendre en compte dans cette
soi-disant offensive
« ultra-néolibérale » c’est que cette
« offensive » est en fait un réflexe de
défense d’un système menacé dans son
existence. La go-gauche n’aime pas
entendre ce que je vous dévoile, car la
gauche, comme la droite d’ailleurs, aime
bien que le prolétariat pense que le
système capitaliste pourrait fonctionner
autrement, et devenir un système
économique de gauche, altermondialiste,
juste, équitable, fraternel, solidaire,
si seulement les électeurs aliénés leur
accordaient leur vote et le pseudo
pouvoir politique (étatique) d’où ces
gauchistes pourraient effectuer des
réformes et améliorer le sort des
ouvriers comme dans les années 60 et au
cours des « Trente Glorieuses » (sic),
diront-ils, négligeant de souligner que
ce sont les années soixante qui ont mené
ce mode de production dans le cul-de-sac
actuel et que cette conjoncture était
inévitable. Conclusion, la soi-disant
offensive « ultra-néolibérale » et les
politiques d’austérité sont inévitables,
incontournables, nécessaires, qu’elles
viennent de l’aile gauche ou de l’aile
droite de la bourgeoisie. C’est pourquoi
les prolétaires révolutionnaires tout
comme les « Gilets
jaunes » ne sont ni de gauche ni de
droite. Ce qui place la classe ouvrière
devant un sérieux dilemme. Plus la crise
économique s’approfondit, plus la classe
ouvrière prend conscience que les
réformes proposées par la go-gauche –
par la droite – par la bureaucratie
syndicale, courroie de transmission du
pouvoir – par les intellectuels, chiens
de garde du pouvoir – sont futiles,
inefficaces, illusoires, d’où la seule
alternative qui s’offre à elle : rejeter
et renverser cette infrastructure de
production et la superstructure sociale
qu’elle supporte.
Marx résume ce
rapport dialectique entre infrastructure
et superstructure de la manière
suivante : « Dans la production
sociale de leur existence, les hommes
entrent dans des rapports déterminés,
nécessaires, indépendants de leur
volonté, rapports de production qui
correspondent à un degré de
développement déterminé de leurs forces
productives matérielles. L’ensemble de
ces rapports de production constitue la
structure économique de la société, la
base concrète sur laquelle s’élève une
superstructure juridique et politique et
à laquelle correspondent des formes de
conscience sociale déterminées. Le mode
de production de la vie matérielle
conditionne le processus de vie sociale,
politique et intellectuelle en général.
Ce n’est pas la conscience des hommes
qui détermine leur être ; c’est
inversement leur être social qui
détermine leur conscience »,
Critique de l’économie politique.
Cependant, la
classe prolétarienne hésite et se
demande collectivement si elle possède
la force suffisante pour renverser
l’appareil étatique bourgeois
totalitaire, son armée et ses organes de
répression. La révolte des
Gilets jaunes peut-être vue comme
une expérience visant à vérifier le
degré de résistance de l’État bourgeois
et à tester la cohésion et la puissance
de la classe prolétaire révolutionnaire
en action.
Vous avez étudié
le mouvement des Gilets Jaunes en France
dans différents écrits. D’après vous,
sommes-nous devant un mouvement
révolutionnaire ?
Le mouvement des
Gilets jaunes est un mouvement
populaire de refus global qui exprime le
ras-le-bol de l’immense majorité de la
population française devant la
détérioration de ses conditions de vie
et de travail.
Nous disons que ce mouvement est
« populaire » parce qu’il fédère les
revendications et les résistances aussi
bien des petits capitalistes en
difficulté, des petits commerçants
menacés, des artisans précarisés, des
retraités délaissés, des étudiants
abandonnés, de la petite-bourgeoisie
paupérisée, que les revendications des
chômeurs, des prolétaires aliénés et des
ouvriers précarisés.
Un tel
mouvement populiste, regroupant à la
fois des réformistes qui ne souhaitent
que l’amélioration de leurs conditions
de vie, une baisse de taxes, et une plus
juste répartition de la richesse
capitaliste (ils peuvent toujours
rêver), un changement des politiques
gouvernementales d’austérité, ou un
changement des pions politiques à la
tête de l’État bourgeois – ces
revendications sont fédérées aux
revendications de la classe ouvrière
pour une hausse substantielle des
salaires (c’est-à-dire une hausse de la
valeur de la force de travail et une
baisse de la valeur du surtravail et
donc de la plus-value capitaliste), un
tel mouvement « omnibus », dirais-je, ne
peut-être révolutionnaire. Il peut
cependant être à l’origine d’une
insurrection populaire qui serait la
première étape d’une révolution
prolétarienne, si, et seulement si, la
classe prolétarienne s’empare de la
direction hégémonique du mouvement,
rejetant le leadership petit-bourgeois
réformiste et portant le combat de
classe au niveau du renversement du
pouvoir et de la machine d’État
bourgeois et donc au niveau de la
révolution sociale globale. Seule la
classe sociale prolétarienne peut mener
à terme une révolution sociale
prolétarienne. Nous n’en sommes pas
encore là, ni en France ni ailleurs. Le
mouvement des
Gilets jaunes est pourtant un moment
nécessaire du vaste mouvement
prolétarien révolutionnaire. Il confirme
toutes les thèses que le webmagazine
Les7duquebec.com met de l’avant
depuis cinq ans. Nous y reviendrons.
Le risque
d’escalade révolutionnaire que recèlent
les
Gilets jaunes a été parfaitement
compris par la classe capitaliste
française expérimentée et dotée d’un
haut niveau de conscience de classe et
d’une forte cohésion sociale. Si Macron
n’a pas reçu l’autorisation de faire de
plus grandes concessions aux Gilets
jaunes, c’est que les caisses de l’État
sont vides et l’économie sur le bord de
la récession, alors Macron propose des
palabres et gagne du temps avant de
lancer la grande mascarade des élections
bourgeoises comme nous le décrivons en
prologue de notre volume « La
démocratie aux États-Unis. Les
mascarades électorales ».
Ne pensez-vous
pas que le mouvement des Gilets Jaunes a
de grandes chances de se répandre
partout en Europe et dans le monde,
ouvrant de nouvelles perspectives à la
classe ouvrière ?
D’abord, je vous
remercie de poser la perspective de la
révolution prolétarienne au niveau
européen et mondial. La révolution
sociale prolétarienne sera
internationale ou elle ne sera pas. Dans
cette perspective les référents
nationaux (France, Allemagne, Italie,
Espagne, Belgique, Canada) sont appelés
à s’estomper, peu à peu, en même temps
que s’épand la mondialisation de
l’économie capitaliste et de la classe
prolétarienne internationaliste. Comme
je le disais à la question précédente,
le mouvement de révolte populaire des
Gilets jaunes confirme la proposition
que nous faisions dans le volume : « Question
nationale et révolution prolétarienne
sous l’impérialisme moderne ».
Pour que la révolution prolétarienne
survienne, la classe devra s’être
libérée des préjugés nationalistes
chauvins et délivrée de l’emprise de la
petite bourgeoisie qui affectionne
particulièrement le nationalisme et la
forme fasciste du pouvoir capitaliste.
Nous pensons que le mouvement des Gilets
jaunes dans sa forme possède de
nombreuses caractéristiques
prolétariennes, ce qui désarçonne les
petits-bourgs de service dans les médias
de désinformation. Ainsi, cette idée de
refuser de désigner des représentants
vedettes que les médias à la solde
pourraient stipendier est un acquis des
luttes antérieures. Bref, le moment
Gilet jaune démontre à l’évidence que la
classe prolétarienne n’est pas dépourvue
de ressources et l’accueil international
que reçoit cette initiative le prouve.
La classe prolétarienne saura-t-elle
faire de ce mouvement son instrument
d’organisation et de libération, je ne
le sais pas, mais déjà l’expérience a
valu la peine. Apprenons des Gilets
jaunes, chers camarades des rond-points
et des barricades.
Le monde est-il
à l’abri d’une nouvelle guerre totale
entre l’impérialisme US d’un côté et la
Chine et la Russie de l’autre ? D’après
vous, la troisième Guerre mondiale
a-t-elle déjà commencé ?
La troisième guerre
mondiale est en marche, J’ai le regret
de vous l’annoncer. Réfutons tout de
suite la théorie « révisionniste » des
eurocommunistes et autres gauchistes à
propos de « l’équilibre de la terreur ».
Selon cette théorie américano-soviétique
datant des années soixante et que les
communistes du monde entier ont
colportée, l’arsenal thermonucléaire
serait si important que les puissances
capitalistes ne pourraient les utiliser
sans détruire la planète en entier.
Cette théorie idéaliste repose sur de
fausses prémisses selon lesquelles il
n’existe qu’une seule forme de guerre –
la guerre militaire – et que la guerre
militaire est le fruit volontaire de
stratèges psychopathes que les experts
petit-bourgeois cataloguent sous les
termes de « faucons » en opposition aux
« colombes », comme s’il existait de
bons et de mauvais capitalistes avec
lesquels la classe prolétarienne devrait
entretenir une « coexistence pacifique »
… quelle stupidité ! Tout ceci n’est que
du roman-feuilleton et ne vise qu’à
produire des « nouvelles » pour vendre
de la publicité et endormir la populace.
Comme nous l’expliquerons dans notre
prochain volume en préparation, la
guerre militaire est l’acte final,
l’aboutissement, des autres formes de
guerre qui la précèdent et qui ont pour
nom : la guerre commerciale, la guerre
idéologique (propagande et false news),
la guerre diplomatique, la guerre
monétaire et financière, la guerre
politique, etc. Les grandes puissances
économiques sont en guerre permanente,
même celles qui se disent alliées. Les
États-Unis n’ont-ils pas sanctionné par
de lourdes amendes certaines banques
françaises ayant contrevenu à des lois
américaines à partir du sol européen ?
L’Union européenne n’a-t-elle pas
répliqué en sanctionnant Google –
Microsoft – Apple – Facebook pour
pratique monopolistique? Donald Trump a
lancé une guerre commerciale contre la
Chine entraînant le Canada à sa suite,
une guerre qu’il ne peut gagner comme
notre webmagazine
Les7duquebec.com l’a démontré
récemment. Je le répète, sous le mode de
production capitaliste, la guerre est
permanente et multiforme et elle est
hors du contrôle des hommes d’affaires,
des banquiers, des politiciens ou des
stratèges militaires qui ne font que la
superviser.
Voici un autre
exemple. La Chine et la Russie ont lancé
une politique d’échange commercial
bannissant le dollar américain, sachant
bien que cette offensive « monétaire »
allait provoquer l’ire du grand capital
américain qui, effectivement, riposta en
sanctionnant certaines entreprises
chinoises ainsi que des hommes
d’affaires russes pour faire un exemple
afin d’effrayer les hommes d’affaires du
monde entier. La Chine et la Russie ne
cherchent pas la guerre contre
l’Amérique, mais leurs économies n’ont
pas le choix, l’usage du dollar dans les
échanges internationaux est de plus en
plus risqué étant donné l’endettement
étatsunien et le déséquilibre
gigantesque de sa balance commerciale.
Très bientôt, le dollar US sera dévalué
et malheur à qui détient d’immenses
réserves de dollars. Cette mesure de
guerre financière défensive était
requise, quel que soit le parti
politique au pouvoir à Moscou et à
Pékin.
Que pensez-vous
du retrait de l’armée US de la Syrie
décidée par l’administration Trump ?
Contrairement aux
experts patentés, je n’ai pas été
surpris par cette annonce
« imprévisible » que l’équipe de
campagne électorale de Donald Trump lui
avait suggérée en 2016, en plein
déroulement des présidentielles
Américaines. Cet engagement électoral de
Donald Trump est consigné dans notre
volume
La démocratie aux États-Unis ;
le plus important est de comprendre le
pourquoi de cette décision et dans quel
contexte international elle survient.
On doit toujours
amorcer une analyse politique par
l’étude des perspectives de l’économie à
long terme. À long terme, l’économie
américaine est promise à la faillite, un
krach boursier se prépare, pire que
celui de 1929 ou que celui de 2008 :
dévaluation monétaire, chômage,
hyperinflation, et finalement grande
dépression s’annoncent à l’horizon. Le
grand capital américain sait déjà tout
cela et c’est pour cette raison que les
banquiers ont appelé une vedette de
« show de la téléréalité » à la
Maison-Blanche comme ils avaient appelé
un acteur de série B pour parrainer
l’effondrement de l’empire soviétique,
Ronald Reagan. Si l’économie ne va pas,
rien ne va. L’Amérique doit repenser ses
ambitions militaires, politiques,
diplomatiques, juridiques, financières,
monétaires à la mesure de sa puissance
économique en déclin, exactement comme
l’Empire britannique a dû le faire dans
l’entre-deux-guerres. Dans cette
optique, l’Amérique doit abandonner
certaines zones d’interventions et
redéployer ses armées en fonction des
prochaines zones de conflits où se
jouera l’avenir de l’économie
mondialisée. À l’évidence, le
Moyen-Orient et son pétrole ne sont plus
la plaque tournante de l’économie
mondiale. Par des sanctions économiques,
les États-Unis mènent la guerre à l’Iran
sans déployer un seul soldat sur le
terrain. La mer de Chine sera un enjeu
drôlement plus important au cours des
prochaines années. Face à l’immense
Chine émergente, l’apport de la flotte
du Golfe persique sera apprécié par
Taïwan. Surveillez les simagrées
américano-coréennes à la frontière des
deux Corées. L’Europe sera aussi une
zone de conflits intensifs, du côté de
l’Ukraine notamment. Les États-Unis
souhaitent imposer leur hégémonie sur
l’ensemble de l’Amérique, et Trump veut
réhabiliter la doctrine Monroe
apparentée à son slogan de
campagne « L’Amérique d’abord… aux
Américains », entendre : ici aux
Yankees. La bourgeoisie vénézuélienne
paiera cher sa défection en faveur de la
Chine et de la Russie. Voilà tout ce que
signifie le retrait des troupes
américaines de Syrie, d’Irak, et bientôt
d’Afghanistan.
Comment
analysez-vous l’alliance stratégique
entre l’Arabie saoudite et Israël ?
Pourquoi Israël continue-t-il à
massacrer les Palestiniens en toute
impunité ?
Depuis un certain
temps déjà le Pentagone prépare le
retrait des troupes américaines du
Proche-Orient et en prévision de ce
retrait, Donald Trump, leur homme de
main à la Maison-Blanche, avait pour
mission de régler la question
palestinienne – comme notre webmagazine
l’a dévoilé en février 2017 – en
proposant le « deal
du siècle » à la bourgeoisie
palestinienne, qui est bien embêtée avec
ce cadeau qu’elle voudrait accepter,
mais
sans se démasquer. L’objectif du
Pentagone est de réduire la pression sur
sa base militaire israélienne au Levant,
d’autant plus que le Hezbollah et l’Iran
se sont renforcés durant la guerre de
Syrie. D’autre part, Trump a suggéré la
création d’une OTAN moyen-orientale
comprenant l’Arabie Saoudite, les
Émirats arabes, le Qatar, la Jordanie,
l’Égypte et Israël, afin de renforcer
leur base militaire israélienne avant
leur retrait du Levant. Ces projets et
ces plans de guerre connaîtront le même
sort que le fameux complot sioniste de
création du « Nouveau grand Moyen-Orient
du chaos » colporté par les « experts »
occidentaux à la solde du Pentagone.
Habituellement, ces
complots sous-estiment l’adversaire et
se basent sur la prétention selon
laquelle la puissance militaire
américaine est sans limites. Depuis le
Vietnam, nous savons ce qu’il faut
penser de ces prétentions. Si l’on
souhaite connaitre le futur du
Proche-Orient, il faut écouter les
déclarations de Vladimir Poutine,
d’Erdogan, de Rohani, du Hezbollah et de
Bachar al Assad et il faut cesser de
s’adresser au Quai d’Orsay, à Londres ou
au Pentagone.
Quelles sont les
causes profondes du soutien US à
l’entité sioniste et criminelle
d’Israël ?
Vous devez savoir
que nous, prolétaires matérialistes,
nous n’accordons aucun crédit à la
théorie du grand complot juif contre
l’humanité. L’histoire de l’humanité est
l’histoire de la lutte des classes,
pensons-nous. Les lois de l’économie
politique priment sur tout. Tôt ou tard,
un groupe financier ou un État en vient
à se plier à ses intérêts économiques
même s’il a semblé en déroger pendant
quelque temps.
En 1967 exactement,
les États-Unis d’Amérique, qui s’étaient
montrés assez indifférents face à Israël
– preuve qu’un amour « éternel » a un
début … et qu’il aura une fin –
décidèrent, suite à la victoire
militaire israélienne dans la guerre des
Six Jours, de faire de ce petit pays
belliqueux la pièce maîtresse de son jeu
au Moyen-Orient où l’Amérique entendait
contenir les ambitions coloniales
françaises, britanniques et soviétiques.
Il faut se rappeler qu’à cette époque,
tous les stratèges s’entendaient pour
affirmer que celui qui veut contrôler la
ressource stratégique du pétrole devait
occuper militairement le terrain, ou du
moins menacer de l’occuper. Aujourd’hui,
tout boursicoteur vous dira que celui
qui veut contrôler le pétrole doit
posséder des actifs d’entreprises
pétrolières et pouvoir influer sur le
prix du baril.
C’est ainsi
qu’Israël, État fantoche au service des
impérialismes franco-britanniques,
changea d’allégeance et devint pour un
temps la « police » de l’empire
américain au Proche-Orient. Aujourd’hui,
l’Israël n’est plus en mesure de jouer
ce rôle de garde-chiourme devenu inutile
sous l’économie financière mondialisée.
Alors, la bourgeoisie israélienne
hargneuse se prend soudain d’angoisse et
se demande si elle a bien fait de
martyriser le peuple palestinien
maintenant que leur puissant protecteur
trouve moins d’intérêt dans ses attraits
stratégiques. Si j’étais israélien de
confession juive (ils sont une minorité
en Israël), je songerais sérieusement à
déménager. Je ne suis pas certain que le
bras de l’AIPAC puisse encore les
protéger jusque dans cette lointaine
contrée. L’immunité et l’impunité de cet
État voyou tire à sa fin, il semble
bien.
Comment
expliquez-vous le silence assourdissant
du monde face au crime que commettent
l’Arabie saoudite et ses alliés contre
le peuple du Yémen ?
Ne dites pas le
« silence du monde » svp. Le monde
ordinaire a bien peu de moyens de
s’informer et encore moins d’intervenir
dans le drame yéménite, pas plus qu’il
n’avait de moyens d’intervenir dans les
drames irakien ou syrien. Établissons
correctement les responsabilités. Le
drame du peuple yéménite est un autre de
ces drames humanitaires, conséquence de
l’hégémonie de ce mode de production
capitaliste qui corrompt tout. Que font
les organisations internationales devant
le génocide des enfants yéménites
perpétré par un État mafieux dont les
polichinelles princiers n’hésitent pas à
décapiter et démembrer un ex-serviteur
passé à l’opposition? Le grand capital
international n’a rien à faire de cette
terre yéménite de misère qui ne recèle
même pas de pétrole. Alors le prince
Mohammed Ben Salmane peut bien s’amuser
à massacrer alors que la presse à la
solde tourne la tête pour ne pas voir
l’insoutenable. Les ONG subventionnées
ne font pas mieux. Tant que le monde
sera dominé par ce mode de production
capitaliste financier, nous assisterons
impuissants à ces massacres d’enfants
innocents.
Dans un de vos
articles très intéressant comme tous vos
écrits, vous posez une question
fondamentale : pourquoi la Seconde
Guerre mondiale n’a-t-elle pas provoqué
le Révolution prolétarienne ? Comment
expliquez-vous qu’à plus de 70 ans après
la défaite du fascisme et du nazisme,
au lieu d’avoir une révolution
prolétarienne, on voit les néonazis et
les fascistes revenir au pouvoir en
Europe, dans des pays comme l’Autriche,
l’Italie, la Hongrie, etc. ? Quel est le
rôle exact du grand capital dans le
retour en force des mouvements néonazis
et d’extrême-droite en Europe ?
Il faut comprendre
qu’en société capitaliste bourgeoise
tout est contrôlé, régenté, administré
par la classe dominante – la
bourgeoisie, rien ne lui échappe, et si
des partis néofascistes apparaissent,
c’est qu’elle l’a voulu. Hitler,
Mussolini, Franco et Tojo ne furent pas
des accidents de l’histoire, mais le
fruit de la nécessité pour la survie du
capital mondial.
La question est
donc de comprendre pourquoi le grand
capital international en vient à retirer
une partie de son masque de virginité
pacifiste, démocratique, démagogique et
à afficher son vrai visage guerrier,
fasciste, hideux et meurtrier, prêt à se
battre jusqu’au dernier prolétaire dans
une guerre sans merci.
La deuxième
question est de comprendre le rôle des
groupuscules fascistes et antifascistes
(ce furent les communistes dans les
années trente) dans cette mise en scène
préparatoire et complémentaire à une
nouvelle phase de la guerre
concurrentielle permanente que se
livrent les différents camps
capitalistes. Assistons-nous à un remake
du scénario des années trente? Oui
et non ! Certains éléments concordent et
d’autres sont différents. Tout en
empruntant des voies différentes,
j’estime que nous assistons à une
refonte de la tactique
« fascistes-démocrates-antifascistes
radicaux ». Je vais illustrer mon propos
en présentant le discours d’un bobo,
parangon de la go-gauche
« démocratique » antifasciste américain.
Noam Chomsky par ses écrits contribue à
crédibiliser ce scénario alambiqué et à
le faire gober par la petite-bourgeoisie
mondiale. L’important pour la
bourgeoisie ce n’est pas que le fascisme
s’épanouisse, mais que le prolétariat ne
s’unisse jamais contre son ennemi commun
le grand capital international. Il faut
donc lui présenter des adversaires
alternatifs. En 1939, les épouvantails
Hitler, Mussolini, Hirohito furent
opposés aux polichinelles Churchill,
Roosevelt et Staline. Cependant, du côté
des médias à la solde et de ses maîtres
du grand capital, on oublie
qu’aujourd’hui le prolétariat bénéficie
de l’expérience des années trente, et
que le prolétariat a beaucoup évolué
depuis ces années de grande dépression.
De plus, le mode de production
capitaliste approche maintenant de son
paroxysme, et même il est déjà en
décadence sous certains aspects, ce qui
change grandement la donne.
Voici comment les
camarades de
Nuevo
Curso résument la conjoncture
contemporaine : « Dans les conditions
actuelles, les organisations et sectes
qui perpétuent la tradition
interclassiste, pro-capitaliste et
autoritaire du fascisme classique
peuvent remplir les fonctions
d’encadrement du prolétariat (comme en
1923-1939, note de Robert Bibeau), tout
en les disciplinant et en les dotant de
nouveaux accoutrements aux allures
patriotiques. Pour les factions
bourgeoises, ce ne sont pas ces vestiges
ni ces tendances adjacentes à l’extrême
droite qui les intéressent. Ce ne sont
pas les sectes néolibérales, ouvertement
répressives, machistes et conservatrices
non plus. Au contraire, le nouveau
fascisme (le néofascisme), comme
l’ancien, s’agite contre «les élites»
représentatives des secteurs les plus
obsolètes de la bourgeoisie d’État et de
la petite bourgeoisie en déclin. Mais le
néofascisme veut prendre des drapeaux
populaires, car cela parait «révolutionnaire»
– de la part d’un nouveau groupe
interclasse prétendument «démocratique»,
«égalitaire» et bien sûr «patriotique».
C’est-à-dire que le fascisme d’État est
le premier candidat à endosser la veste
et à s’emparer de la bannière de l’antifascisme contre
la réaction barbare et effrayée de sa
propre classe bourgeoise, car ainsi il
génère les conditions de sa
possibilité.»
Quand on voit le
redéploiement de l’OTAN qui encercle la
Russie, peut-on dire que la guerre
froide est finie ?
La guerre
commerciale concurrentielle
inter-capitaliste est permanente et de
ce fait ne s’arrêtera jamais tant que le
capitalisme survivra. Il y a des moments
où cette guerre prend des formes
militaires mortifères. À d’autres
moments elle prend des formes de guerre
soft – froide – larvée, et enfin, comme
en ce moment, cette guerre permanente
s’intensifie en préparation d’un nouveau
grand conflit mondial où les camps
impérialistes s’affronteront pour se
repartager les marchés mondiaux. Alors
oui, la guerre chaude froide se poursuit
entre le camp occidental et le camp
russo-chinois.
Pourquoi,
d’après vous, les États-Unis et leurs
alliés occidentaux n’ont-ils jamais
combattu les terroristes ? Al Qaïda et
Daech ne servent-ils pas les desseins de
l’empire ? L’impérialisme n’a-t-il pas
besoin de terrorisme comme il a besoin
de guerres pour survivre ?
Prétendre que le
grand capital a « besoin » du terrorisme
et de la guerre pour survivre revient à
disculper le mode de production
capitaliste de sa responsabilité et à
brouiller l’entendement que chacun doit
avoir de la lutte des classes, de
l’histoire et des modes de production
sociales. Effectivement, les puissances
impérialistes de tous bords créent et
alimentent les groupes terroristes qui
ne survivraient pas une semaine sans
leur soutien actif. La guerre
occidentale contre la Russie, via la
Syrie martyr, en a fait la preuve. Mais,
ce qu’il importe de comprendre c’est que
le capitalisme, c’est la guerre, et cela
ne découle pas des plans machiavéliques
de quelques banquiers comploteurs ou de
« faucons » enragés. Les faucons sont
appelés parce qu’il y a nécessité. Le
principe de concurrence pour la conquête
des marchés, qui est le fondement du
capitalisme mercantile, implique
« génétiquement » la guerre, pourrait-on
dire, la guerre locale, régionale,
terroriste, « djihadiste », religieuse,
ethnique, raciale, commerciale,
financière, monétaire, diplomatique,
juridique, et finalement militaire et
mondiale. Que le monde se le tienne pour
dit – la guerre est la maitresse du
capital et tant que le capital règnera
sur cette terre de misère, la guerre
sera notre lot à tous, y compris celui
des capitalistes.
La bourgeoisie
compradore constitue un véritable danger
dans certains pays comme l’Algérie.
Selon vous, l’une des tâches majeures
n’est-elle pas de neutraliser cette
bourgeoisie compradore pour éviter une
déstabilisation impérialiste ? N’est-il
pas indispensable de neutraliser les
agents internes ou la 5e
colonne liée à l’impérialisme pour
sauvegarder la souveraineté d’une
nation ?
Dans mon volume « Question
nationale, révolution prolétarienne sous
l’impérialisme moderne »
j’explique qu’aucune nation n’est
souveraine – aucune – même pas la nation
américaine.
Dans un article
récent « Afrique
2019, jamais libérée – toujours
néocolonisée et convoitée » voici
comment notre webmagazine résumait la
problématique africaine : « En
Afrique, les puissances impérialistes
érigèrent une cinquantaine d’États
nationaux fantoches dont ils
attribuèrent la gouvernance à des
thuriféraires nationaux et nationalistes
– prenant grand soin de se garder pour
chaque pays un ou plusieurs laquais de
rechange – tous disposés à se vendre et
à tramer une guerre de «libération
nationale» (sic) ou un coup d’État de
palais- à la tête de l’armée officielle
(dont les officiers sont formés en
métropole), ou à la tête de factions
criminelles de barbouzes
«révolutionnaires» stipendiées. Voilà en
quelques mots ce qui résume les
dernières cinquante années d’évolution
politique de ce continent martyr, le
tout entrecoupé de guerres fratricides,
de génocides, de massacres sans nombre
et de famines endémiques. Toutes ces
jacqueries jacobines et ce nationalisme
raciste et réactionnaire ne furent
possibles que parce que ces
États-nations en gestation ne
possédaient pas encore ni
petite-bourgeoisie cohérente, ni classe
ouvrière conséquente, ce qui change
rapidement depuis que ce continent est
devenu un terrain d’affrontement entre
les deux grands blocs concurrents
(Chine-Russie-OCS) et (USA-OTAN).»
Seul le prolétariat
algérien courageux, expérimenté,
conscient de ses responsabilités
historiques, pourra libérer le peuple
algérien de ses démons nationalistes
chauvins, capitalistes compradores,
bourgeois industriels, commerciaux et
militaires, et de ses apparatchiks
étatiques. Le prolétariat
africain-algérien ne peut se contenter
de faire le travail de libération
sociale à moitié. Il ne peut se
satisfaire de déloger une faction du
grand capital pour en laisser germer une
autre, ce n’est pas une bonne stratégie
comme nous l’enseigne l’histoire de
l’Algérie et du Canada. C’est le mode de
production capitaliste bourgeois qu’il
faut renverser, quel que soit le masque
dont il se couvre. Plus le prolétariat
algérien se développe plus il
s’internationalise et plus il devient
insensible aux chimères de souveraineté
nationale.
D’après vous,
n’y a-t-il pas une nécessité plus que
vitale d’avoir un front mondial
anti-impérialiste et anticapitaliste qui
portera les espoirs des peuples contre
l’oligarchie qui contrôle la totalité
des richesses mondiales ?
Repensez à
l’histoire de l’Occident au cours des
années 1919 à 1945. Ce fut l’époque des
Fronts unis, des Fronts populaires, des
Fronts communs, toute la gauche
fraternelle, IIIe Internationale en
tête, réunies dans une communion
solidaire pour affronter l’ogre fasciste
ou militariste et le spectre nazi… et
quel fut le résultat ? La guerre
mondiale impérialiste où le prolétariat
se mobilisa d’un côté pour défendre la
nation germanique ou la nation italienne
ou japonaise en danger, en guerre de
massacre contre le prolétariat français,
britannique, belge, américain, canadien,
algérien défendant les intérêts du
capital des nations « libérales » en un
vaste front uni des croupions sur les
fronts militaires d’extermination. Ne
serait-il pas temps pour un front
internationaliste prolétarien –
exclusivement prolétarien – de
libération du capitalisme en déclin?
Interview
réalisée par Mohsen Abdelmoumen
Qui est Robert
Bibeau ?
Robert Bibeau est
un journaliste et auteur canadien vivant
à Montréal. Économiste et analyste
politique de la gauche révolutionnaire,
Robert Bibeau dirige la revue
d’économie-politique internationale
Les7duquebec.com.
Militant politique
de gauche, Robert Bibeau a publié
plusieurs livres dont :
Manifeste du Parti ouvrier (1970);
Le narcissisme, névrose d’une époque (2015) ;
Question nationale et révolution
prolétarienne sous l’impérialisme
moderne (2017) ;
La démocratie aux Etats-Unis : les
mascarades électorales (2018).
Published in
American Herald Tribune, February 07,
2019:
https://ahtribune.com/interview/2862-robert-bibeau.html
Notes
-
La démocratie aux États-Unis.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/
et sur
Amazon et sur l’Harmattan
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59199
-
Manifeste du parti ouvrier.
https://www.publibook.com/manifeste-du-parti-ouvrier.html/
et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-manifeste-du-parti-ouvrier/
-
https://www.amazon.ca/d%C3%A9mocratie-aux-Etats-Unis-Robert-Bibeau/dp/2343144672/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1548652512&sr=8-1&keywords=robert+Bibeau
-
Question nationale et révolution
prolétarienne
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/question-nationale-et-revolution-proletarienne-2/
Et sur AMAZON
https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_5?ie=UTF8&qid=1548652512&sr=8-5&keywords=robert+Bibeau
Sur l’Harmattan
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=52914
-
Deal du siècle fait aux palestiniens
(sic)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/questions-nationales-palestinienne-et-israelienne-bientot-chloroformees/
et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/la-lutte-nationaliste-de-liberation-de-la-palestine-agonise/
-
Noam Chomsky
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/chomsky-les-antifas-font-un-enorme-196072
-
Nuevo Curso
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/lantifascisme-est-un-piege/
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/question-nationale-et-revolution-proletarienne-2/
et AMAZON
https://www.amazon.ca/Question-nationale-r%C3%A9volution-prol%C3%A9tarienne-limp%C3%A9rialis/dp/2343114749/ref=sr_1_5?ie=UTF8&qid=1548652512&sr=8-5&keywords=robert+Bibeau
-
9. Robert Bibeau sur
AMAZON
https://www.amazon.ca/s/ref=nb_sb_noss?url=search-alias%3Daps&field-keywords=robert+Bibeau
Reçu de Mohsen Abdelmoumen pour
publication
Le sommaire de Mohsen Abdelmoumen
Le sommaire de Robert Bibeau
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour

|