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Opinion

La présidente Cristina Kirchner contre
l’influence d’Israël en Argentine

Mohsen Abdelmoumen


La Présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner. D.R.

Samedi 7 février 2015

L’Argentine n’a jamais connu une vague de déstabilisation aussi importante que ces dernières semaines, au point où la présidente Cristina Kirchner a été directement ciblée dans une tentative de coup d’Etat élaboré avec l’appui tonitruant des conglomérats médiatiques internationaux, le consortium argentin Clarín et le journal La Nación, tous aux mains des Israéliens. A maintes reprises, Cristina Kirchner a affiché son désaccord avec l’entité sioniste d’Israël, comme elle l’a démontré au cours de la guerre meurtrière de Gaza menée par Netanyahu et l’Etat sioniste en juillet dernier contre la population civile de Gaza. Madame Kirchner avait alors décidé d’ôter la nationalité à tout Juif argentin qui participerait à la guerre contre le peuple palestinien. C’est dire si cette femme d’Etat courageuse a fait bien plus que d’autres chefs d’Etat arabes qui n’ont jamais osé envisager l’idée même de critiquer Israël. La sympathie de la présidente argentine à l’égard de la cause palestinienne et son hostilité à l’entité criminelle d’Israël lui ont valu immédiatement des représailles de la part d’Israël mais aussi des Etats-Unis où le poids du lobby sioniste a toujours été déterminant sur le plan politique et économique. Un acharnement sans précédent a visé dès lors l’Argentine qui est harcelée par ses créanciers avec l’affaire des fonds vautours, ce qui n’est certes pas le fruit du hasard sachant que les deux sociétés spéculatives Aurelius Capital Management et Elliott Management Corporation qui ont racheté les créances restantes de la dette argentine (soit 7%) sont étroitement liées entre elles et sont dirigées par deux sionistes notoires, pour Aurelius, Mark D. Brodsky, ancien membre du comité de gestion d’Elliot Management, et pourElliot, le magnat Paul Singer qui a financé les deux campagnes présidentielles de George W. Bush et qui milite avec conviction en faveur du mariage gay au sein du parti républicain. En 2012, il a versé 1 million de dollars pour démarrer une PAC (comité d’action politique) américaine nommée American Unity PAC (comité d’action s’attachant exclusivement à la protection et la promotion de candidats de la Chambre et du Sénat américain qui soutiennent la liberté pour tous les Américains, indépendamment de leur orientation sexuelle), financée par des donateurs sionistes et à laquelle Singer a versé près de 3 millions de dollars entre mars 2013 et janvier 2014.

Les discours de Cristina Kirchner à l’ONU où elle s’est attaquée frontalement aux USA en les accusant de fomenter des opérations de déstabilisation via le terrorisme économique, où elle a reproché aux USA et aux pays de l’OTAN de financer et de fournir de l’armement aux groupes terroristes au Moyen-Orient, et ses divers propos accusant Israël de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre contre le peuple palestinien, sont des déclarations d’une importance capitale qui viennent en soutien à l’axe antisioniste pour contrer la domination américano-sioniste à l’ONU. Certains chefs d’Etat arabes qui se complaisent sous la domination sioniste totale et qui rampent devant Israël devraient prendre exemple sur cette grande femme d’Etat qui, par son engagement, démontre que la lutte est une affaire de courage. Les mesures que Madame Kirchner vient de décider, notamment la dissolution des structures des services de renseignement argentins, le SI (Secrétariat du Renseignement, anciennement le SIDE), prouvent à quel point ces organismes très sensibles de l’Etat étaient gangrenés. En coupant les têtes des serpents nichés dans les institutions et l’appareil sécuritaire de son pays avec une fermeté, une détermination et une compétence sans égale, Cristina Kirchner a géré la crise majeure que l’Argentine vient de traverser, montrant à tous les chefs d’Etat comment trancher sans hésitation face à l’axe américano-sioniste qui ne cherche qu’à briser les pays hostiles à sa politique tentaculaire. L’Etat criminel et voyou d’Israël et son ranch américain, vulgaire bassecour des sionistes, ne connaissent qu’un seul langage, celui de la force. Le chef d’Etat qui ne maîtrise pas ce langage est destiné à être écrasé et à se soumettre, quand il n’est pas destitué par un coup d’Etat et assassiné comme on l’a vu dans plusieurs nations brisées par cet axe maléfique et ravagées par la guerre. L’Argentine de Cristina Kirchner appartient au bloc de résistance latino-américain qui fait face à Israël et qui est composé du Venezuela, du Brésil, de la Bolivie, de l’Uruguay, du Chili, de Cuba, et la connexion des opérations visant la présidente argentine sont en lien direct avec les positions combattives et déterminées de celle qui reste un soutien de taille au peuple palestinien, dont la est cause reléguée aux oubliettes par les traîtres qui dirigent le monde arabe et qui ont vendu leur honneur depuis des lustres.

L’Etat sioniste d’Israël ne permet à personne de lui tenir tête, mais l’Argentine et sa présidente ont décidé de lui signifier qu’en Argentine, Israël n’est non seulement pas le bienvenu mais ne décide de rien, contrairement à ce qui se passe ailleurs, comme en France ou en Arabie saoudite qui ont choisi le camp des sionistes depuis longtemps. Le false flag du torchon français qui ne mérite même pas d’être nommé et qui est devenu une référence dans le langage victimaire, visait à mettre en place la nouvelle politique d’Israël qui consiste à harceler et à briser les reins à tous les résistants et à tous les antisionistes en France, pays ayant la plus grande communauté juive en Europe. La chasse aux antisionistes est désormais ouverte sur le plan mondial, car ce qui se passe en France se répercute dans toute l’Europe : poursuites judiciaires et intimidations visant tous les pro-palestiniens et les antisionistes, même des enfants. Il est certain que d’autres actions de type attentats se produiront afin de renforcer cette vague de néo-Maccarthysme qui submerge l’Europe. L’attaque dirigée contre le journal torchon français a eu lieu pour préparer le terrain à une guerre contre le Liban et le Hezbollah, avec l’Iran dans la ligne de mire. La marche triomphale de Benyamin Netanyahu paradant à Paris comme un conquérant au cours de « la manif pour tous » du 11 janvier a été suivie immédiatement par un bombardement israélien dans le Golan, tuant un général iranien et des cadres du Hezbollah. Bien évidemment, comme tout le monde est « Charlie » et soutient Israël en cautionnant ce torchon sioniste qui s’attaque essentiellement aux musulmans, personne ne s’est élevé contre ce nouvel acte guerrier de l’entité criminelle d’Israël. Le false flag de Paris a balisé l’intervention d’Israël au Golan, portant les germes d’une autre guerre au Liban, sauf qu’Israël a toujours eu peur d’affronter le Hezbollah et l’Iran. Notons que le contexte actuel est marqué par les défaites stratégiques de Daech-IS, véritable infanterie fabriquée par l’axe américano-sioniste pour servir les intérêts d’Israël (Daech-IS n’a jamais tiré un seul coup de feu contre Israël !), et qui perd de jour en jour du terrain. C’est le moment choisi par Israël pour essayer de contrecarrer la défaite de Daech-IS harcelé par l’armée syrienne et les combattants kurdes qui traquent les terroristes sans relâche et les ont encerclés. En bombardant le Liban, Israël a essayé de briser le siège subi par son infanterie, Daech-IS. La riposte fulgurante du Hezbollah a montré sa capacité de frappe, saluée par toute la résistance palestinienne, le Hamas en tête, dépassant le schéma que l’axe américano-sioniste a voulu offrir au Moyen Orient, à savoir une guerre confessionnelle entre chiites, sunnites, etc. L’axe Hezbollah-Hamas est une pièce maîtresse qui déjoue les desseins de ceux qui ont voulu plonger le Moyen-Orient dans une guerre confessionnelle qui sert principalement Israël. Nous ne rappellerons jamais assez les propos de Brzeziński prédisant qu’Israël sera un jour le plus grand Etat au Moyen Orient. Son calcul est faussé par cette alliance stratégique qui est la clé de la victoire définitive sur Israël, ainsi qu’on l’a vu dans les différentes guerres où Israël a fui face au Hezbollah comme en 2006, ou lors des différentes offensives face au Hamas à Gaza où l’armée sioniste a essuyé une défaite cinglante, préférant s’en prendre aux civils comme à son accoutumée.

Comme la France en Europe, l’Argentine est le premier pays d’Amérique latine ayant la plus grande communauté juive avec près de 240 000 individus. L’histoire de l’immigration juive en Argentine remonte au début du XVIe siècle, suite à l’expulsion d’Espagne des juifs sépharades, mais s’est développée à partir du milieu du XIXe siècle avec l’arrivée de nouveaux immigrants en provenance d’Europe. Le phénomène s’est amplifié à la fin du siècle par l’intermédiaire du baron Moritz von Hirsch, riche philanthrope juif-allemand comptant parmi les cinq plus grandes fortunes d’Europe, et fondateur de la Jewish Colonization Association. Via son association, von Hirsch a parrainé l’immigration juive de masse en Argentine pour y créer des colonies agricoles autonomes. Fin du XIXe, l’association de von Hirsch était propriétaire de plus de 600 000 hectares de terres en Argentine, peuplées par plus de 200 000 Juifs. Aujourd’hui, les héritiers de ces immigrants devenus de grands propriétaires terriens sionistes, sont les principaux exportateurs de viande et de céréales, ils pèsent très lourd dans la sphère politico-économique et sont majoritairement contre la politique du gouvernement Kirchner. Le phénomène de colonisation en Argentine se poursuit à travers des entreprises qui achètent des milliers d’hectares avec des capitaux israéliens. L’Argentine est un pays riche avec de grandes étendues consacrées à l’agriculture, l’élevage, des ressources minières et maritimes, etc. et très peu peuplée par rapport à son étendue. Dans son projet du Grand Israël, Theodor Herzl avait envisagé plusieurs pays pour y implanter l’Etat israélien : la Palestine, l’Ouganda mais aussi l’Argentine. Selon certains sionistes, la Patagonie pourrait constituer la Nouvelle Sion en Amérique du Sud, en solution de repli ou en seconde implantation israélienne dans le monde. Cette vaste région encore inexploitée recèle des ressources immenses, dont l’eau douce avec l’Aquifère Guarani qui est la troisième plus grande réserve aquifère du monde, les gisements de pétrole et de gaz, et autres richesses minières qui suscitent bien des convoitises. Mais contrairement au gouvernement français qui est entièrement soumis à Israël et pro-sioniste, l’Argentine de Cristina Fernandez Kirchner revendique sa souveraineté. Cela explique pourquoi Madame Kirchner est ciblée.

Les positions favorables de l’Argentine vis-à-vis de la République islamique d’Iran sont directement liées à la campagne de déstabilisation ciblant le gouvernement argentin, et il faut remonter jusqu’en 1994 pour comprendre l’origine des évènements actuels avec l’attentat terroriste qui avait détruit l’AMIA (Association mutualiste israélo-argentine) à Buenos Aires, le 18 juillet 1994. La mort suspecte ce 18 janvier du juge d’instruction Alberto Nisman, en charge du dossier de l’AMIA, s’inscrit dans le prolongement de cette affaire jalonnée depuis le début de fausses déclarations, de manipulations, de fraudes, mensonges et blocages de toutes sortes qui n’ont jamais permis à l’enquête d’aboutir. Depuis ce qui est considéré en Argentine comme le pire attentat que le pays ait connu et qui avait fait 85 tués et 230 blessés, la plupart des médias argentins, à la solde d’Israël, donnent la même version des faits, c’est-à-dire que l’Iran est coupable d’avoir commandité cet attentat exécuté par un membre du Hezbollah au volant d’une Renault Trafic blanche. Les responsables de l’AMIA et de la DAIA (secteur politique de la communauté juive abrité par l’AMIA), qui avaient échappé à l’attentat en ayant été étrangement invités ce jour-là à se réunir dans un bar par la radio juive JAI, ont dénoncé un acte terroriste « antisémite », alors que la majorité des victimes n’étaient pas juives, les locaux de l’AMIA étant ouvert à tous. Peu après l’explosion, le chef de la sécurité de l’ambassade d’Israël déclara qu’il s’agissait d’une voiture piégée, thèse immédiatement reprise par le gouvernement argentin et les médias, en occultant le rapport des pompiers qui indiquait clairement qu’il s’agissait d’une explosion interne. Interpol lança une alerte rouge à l’encontre de plusieurs officiels iraniens incriminés par Israël. Dès lors, Les accusations contre l’Iran ont été régulièrement relayées par la presse entièrement dirigée par des israéliens, le groupe Clarin SA étant à l’avant-garde d’une campagne sans précédent contre l’Iran et qui a pris une nouvelle forme aujourd’hui en ciblant directement la présidente Cristina Kirchner. Rappelons que Clarin SA est le plus grand conglomérat de médias en Argentine dirigé par la veuve de Felipe Noble, Ernestina Herrera de Noble, l’une des femmes les plus riches d’Argentine. Outre le journal Clarin (le plus gros tirage en Argentine), le groupe possède Canal 13,  Volver,Multicanal, TN, Radio Mitre, Cablevision, La 100, La Razón, Artear, TyCSports,  Pol-ka, La Voz del Interior, Olé, Diario Los Andes, FiberTel et d’autres médias.

Un autre attentat du même type avait déjà eu lieu contre l’ambassade israélienne le 17 mars 1992, faisant 29 morts et 242 blessés, mais à cette occasion également et tout aussi « miraculeusement », aucun responsable israélien n’avait été touché alors qu’il s’y tenait une importante réunion avec tous les services du Shin Beth d’Amérique du Sud. Mais tous les invités ont bizarrement quitté les lieux un quart d’heure avant l’explosion pour se réunir au bar du Sheraton. Là aussi, le premier rapport avait conclu à une explosion interne, mais les responsables de l’ambassade israélienne ayant affirmé qu’il s’agissait d’un attentat à la voiture piégée, leur version fut officialisée. En mars 2002, la revue Noticias a publié un entretien avec le juge Alfredo Bisordi de la Cour suprême qui a déclaré à propos de « la voiture piégée » qui avait détruit l’Ambassade d’Israël : « on nous dit que le moteur de la voiture a été mis sous scellés, mais cela s’est fait sans procès-verbal ».  Sachant que le moteur en question est venu par avion d’Israël, il était évidemment difficile d’établir un procès-verbal… C’est un officier israélien, Ron Gordny, chef de la sécurité de l’ambassade et membre du Shin Beth, qui a certifié l’implication d’une voiture piégée mais il a toujours refusé de témoigner. Le juge Bisordi a mentionné également la présence de marines et de Bérets Verts que l’on n’a jamais pu identifier. Le juge a en outre subi des pressions de la part d’agents du FBI qui rôdaient sur les lieux et qui l’ont menacé de mort pour l’empêcher de dévoiler l’intervention de militaires étrangers.

Il est évident que les deux attentats proviennent de la même matrice : les immeubles ciblés étaient en travaux, avec des ouvriers qui entraient et sortaient, transportant des gros sacs et du matériel de chantier. Dans les deux cas, la thèse de l’attentat à la voiture piégée a été dictée par les Israéliens alors qu’il n’y avait ni carcasse de voiture ni cratère pour le prouver. Aucun responsable juif n’était présent au moment de l’explosion, que ce soit dans les locaux de l’ambassade ou de l’AMIA. La direction de la DAIA et de l’AMIA, ainsi que l’ambassade d’Israël, se sont opposées violemment à toute expertise n’allant pas dans le sens qu’elles voulaient, et aucune contre-expertise n’a été tolérée. Des expertises indépendantes sérieuses exécutées par des scientifiques ont prouvé qu’il n’y avait pas eu de voiture piégée, mais elles ont été réfutées par la communauté juive et l’ambassade d’Israël qui n’admettaient pas un autre récit que le leur. D’aucuns établissent un parallèle entre ces deux attentats et celui qui avait frappé en 1946 l’hôtel King David, siège du commandement militaire britannique en Palestine avant la création de l’Etat d’Israël, attentat organisé par le groupe terroriste juif Irgoun dirigé par Menahem Begin ou encore celui organisé par Itzak Shamir qui a coûté la vie au Comte Bernadotte, envoyé de l’ONU en 1947 pour organiser la partition de la Palestine entre Etats juif et palestinien, et d’autres attentats sionistes qui ne se comptent plus tant ils sont nombreux.

Comme dans tous les cas de false flag, les incohérences sont innombrables et les déclarations mensongères ou les prétendues preuves sont impitoyablement démenties par les faits. Dans le cas de l’AMIA, les nombreux témoignages des riverains et des victimes déclarant sous serment qu’aucune voiture n’était garée devant les bâtiments ont été ignorés. L’absence de cratère et de carcasse devant les immeubles a donné lieu à des mystifications et des mensonges sans aucune réalité scientifique. Ainsi, huit jour après l’attentat, les services israéliens ont creusé la chaussée devant l’établissement et ont annoncé avec le plus grand sérieux qu’ils avaient trouvé le « cratère » ! Un témoin a relevé le numéro de plaque d’une voiture stationnée dans laquelle il a vu un personnage activer le détonateur à distance mais sa déclaration a été écartée. Un journaliste a vu et décrit un personnage ramasser des objets près de l’AMIA, juste après l’explosion et les mettre dans un sac, alors que c’était la panique totale et que chacun voulait apporter son aide aux blessés. Lorsque le journaliste a interrogé l’individu pour lui demander s’il était policier ou agent et ce qu’il faisait, celui-ci a juste répondu qu’il collectait les parties d’une Renault Trafic blanche. Un peu plus tard, les Israéliens accusaient l’Iran d’avoir envoyé un kamikaze du Hezbollah au volant d’une Renault Trafic blanche pour faire sauter l’AMIA… La famille du prétendu kamikaze a fait savoir que celui-ci se trouvait au Liban au moment des faits, qu’il ne savait pas conduire et qu’il avait été tué deux mois après l’attentat de l’AMIA lors d’un raid israélien.

En mars 1995, le procureur général de l’État d’Israël, Dorit Beinisch, a fait une demande au juge fédéral en charge du dossier de l’AMIA, Juan José Galeano, pour qu’un mandataire puisse recevoir le témoignage de Carlos Alberto Telledin, inculpé pour avoir fourni le « véhicule piégé » lors de l’attentat. La demande de Beinisch était soutenue par une lettre de créance du chancelier israélien Shimon Peres et une autre d’Itzhak Avirán, l’ambassadeur israélien en Argentine. Un supposé procureur israélien, Eldad Gafner, est donc arrivé avec une accréditation et a obtenu trois entretiens avec le détenu Telleldin en 1996. Or, un journaliste  collaborateur du journal Nueva Sión argentin, a mené une enquête qui a conclu que Gafner n’était nullement un procureur, mais un agent du Mossad. Celui-ci voulait obtenir de Telleldin des aveux qui serviraient de preuve pour accuser le commissaire Juan José Ribelli et d’autres officiers de la police urbaine de Buenos Aires, de complicité dans l’achat de la supposée voiture piégée. Une vidéo montre le juge Galeano offrir à Telleldin 400 000 dollars pour accuser le commissaire Ribelli qui a été incarcéré suite à l’accusation de Telleldin, mais son avocat est parvenu à se procurer la vidéo de l’entretien et à la faire diffuser à la télévision, ce qui a suscité un scandale retentissant. Le juge Galeano avait reçu cette somme des services de renseignement, le SIDE, sur les ordres du ministre de l’Intérieur Carlos Corach, avec l’autorisation du président Carlos Menem et l’accord de Rubén Beraja, banquier véreux et président de la DAIA qui a d’ailleurs fait de la prison pour la faillite frauduleuse de la banque qu’il dirigeait, la Banca Mayo. La libération du commissaire Ribelli a suivi immédiatement cette diffusion. Tous les Argentins et les Iraniens qui avaient été arrêtés ont finalement été innocentés et libérés, y compris Telleldin. En août 2005, le juge Galeano a été destitué et démis de ses fonctions sur accusation de graves irrégularités dues à une mauvaise gestion de l’enquête et est poursuivi pour crimes graves, ainsi que ses assistants, et pour avoir cédé aux intimidations d’Israël. Carlos Menem, l’ancien président et son ministre de l’Intérieur, Carlos Corach, sont quant à eux empêtrés dans des procès sans fin et notamment mis en cause pour entrave à l’enquête sur l’attentat contre l’AMIA.

L’attentat contre l’AMIA imputé aux autorités iraniennes visait à déclarer l’Iran comme un Etat terroriste, et à briser les relations d’amitié entre l’Iran et l’Argentine, Israël exigeant de juger huit hauts responsables iraniens, dont l’ancien ministre de la Défense Ahmad Vahidi et l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani. La République islamique s’est élevée vigoureusement contre cette accusation et a refusé d’extrader ses ressortissants suspectés. Suite à l’attentat, les musulmans d’Argentine ont été malmenés et ont subi des pressions, certains étant filés par des hommes armés. Les Israéliens ont posé une bombe à la mosquée Al Tawhid en 2001 et un agent du Mossad a blessé grièvement un chargé d’affaires iranien en lui tirant une balle dans la région du cœur. Les autorités argentines de l’époque n’ont jamais enquêté sur cette tentative de meurtre. En 2005, l’ex-ambassadeur d’Iran, Hade Soleimanpour, a été capturé par Interpol au Royaume-Uni mais les Britanniques n’ont retenu aucune charge contre lui et l’Argentine a dû payer 250 000 dollars de frais d’indemnisation.

L’Iran et l’Argentine entretiennent une amitié diplomatique depuis plus d’un siècle, les deux pays ayant traversé des épreuves similaires leur permettant de tisser des liens étroits. L’Iran désirant se doter du nucléaire avait fait appel à l’Argentine et les deux Etats avaient engagé des négociations avancées dans ce domaine, portant sur la formation des scientifiques iraniens en Argentine, des accords sur la vente de matériel et d’équipements, ainsi que la livraison d’uranium enrichi. Une livraison d’uranium enrichi a bien eu lieu, mais sous la pression des Etats-Unis, le gouvernement de Carlos Menem a interrompu le processus au début des années 1990, poursuivant néanmoins les négociations plus discrètement. En 2006, un magistrat argentin a proposé que les responsables iraniens et libanais accusés puissent s’exprimer devant lui dans un pays neutre, mais après réflexion, tous les Iraniens ont refusé cette proposition afin de montrer leur  détermination à ne pas entrer dans une logique qui n’était pas la leur, puisqu’ils n’avaient rien à se reprocher. Enfin, début 2013, l’Argentine a conclu un accord avec l’Iran lui permettant d’auditionner les personnalités mises en examen dans des conditions correctes. La convention d’enquêter conjointement a été ratifiée par le Parlement iranien après plusieurs mois de discussions. Dans un discours portant sur cette coopération, Cristina Kirchner a déclaré qu’elle voulait connaître la vérité sur l’attentat et savoir qui avait caché les preuves, les gouvernements précédents ayant étouffé l’enquête. Bien entendu, les responsables de l’AMIA et de la DAIA ont refusé catégoriquement le partenariat irano-argentin, ainsi que le juge  Alberto Nisman, et la presse s’est empressée de répandre son venin contre la présidente argentine et contre l’Iran. Depuis l’attentat, il est devenu impossible de défendre les Palestiniens ou de critiquer Israël sous peine d’être taxé d’antisémitisme.

C’est dans le contexte de « l’attentat » contre le torchon français Charlie Hebdo à Paris que rebondit l’affaire de l’AMIA avec le retour précipité de vacances du juge Alberto Nisman, le 12 janvier. Contre toute attente, celui-ci a brusquement interrompu son séjour en Espagne pour revenir avec précipitation en Argentine et a déposé dès le lendemain un rapport de près de 300 pages à la juge fédérale de permanence, les tribunaux étant fermés en raison des vacances d’été. Ce rapport accusait ni plus ni moins la présidente Cristina Kirchner et son ministre des Affaires étrangères, Héctor Timerman, ainsi que d’autres personnalités politiques pro-gouvernementales, de conspirer pour couvrir les personnalités iraniennes impliquées dans l’attaque contre l’AMIA en 1994. Selon l’accusation de Nisman, l’Argentine aurait conclu un accord avec l’Iran pour annuler le mandat d’arrêt international d’Interpol contre les hauts responsables iraniens, en contrepartie d’échanges commerciaux : le pétrole d’Iran contre les céréales d’Argentine. Nisman a en outre demandé à la juge fédérale de geler les actifs de la présidente et des autres personnes visées par la plainte. Un mandat d’arrêt avait même été préparé contre Madame Kirchner et son ministre, c’est dire la gravité de l’affaire. Le 14, Nisman a envoyé un résumé de l’acte d’accusation à des journalistes et à des parlementaires de l’opposition, information aussitôt répercutée par la presse argentine et mondiale aux ordres d’Israël. L’ancien secrétaire général d’Interpol, Roland Noble, qui était en charge d’Interpol de 2000 à 2014 a contesté catégoriquement les allégations à l’encontre du gouvernement argentin. En même temps, le juge fédéral de Première instance, Rodolfo Canicoba Corral, chargé du dossier de l’AMIA, a accusé Nisman de travailler pour son propre compte sans l’en informer et de tirer ses informations exclusivement des services de renseignement.

Il faut savoir qu’Alberto Nisman clamait régulièrement depuis des années qu’il détenait les preuves irréfutables que l’Iran était impliqué dans l’attentat contre l’AMIA, sans toutefois produire ces fameuses preuves. Notons aussi que Nisman, issu d’une famille juive d’Argentine, faisait des voyages fréquents en Israël où il a notamment présenté son rapport à la Cour Suprême de Tel Aviv et qu’il était l’invité régulier de diverses manifestations sionistes aux Etats-Unis. Il était aussi un visiteur régulier de l’ambassade américaine qu’il informait de l’évolution de son enquête qu’il modifiait selon les desideratas des Américains. Par ailleurs, le juge était très proche de l’espion n° 1 en Argentine, le chef du contre-espionnage Horacio Antonio Stiusso, dit « Jaime », membre des renseignements argentins depuis 1972 et limogé à la mi-décembre par décision présidentielle en même temps que deux des principaux dirigeants du SI, soupçonnés de fuites et de manque de loyauté. Quelques heures avant sa comparution devant le Parlement argentin où il devait expliquer ses allégations, Nisman a été retrouvé mort d’une balle dans la tête à son domicile de Buenos Aires. Le suicide a été évoqué dans un premier temps, d’autant plus que Nisman avait emprunté une arme à Diego Lagomarsino, un informaticien qui travaillait pour lui depuis 2007 et qui est le dernier à avoir vu le procureur en vie lorsqu’il lui a remis le calibre 22 la veille de sa mort. Mais l’évolution de l’enquête amène les autorités judiciaires à privilégier la thèse de l’assassinat. Au cours d’une récente conférence de presse, Lagomarsino a témoigné que le juge Nisman lui aurait dit « qu’il n’avait plus confiance en qui que ce soit, pas même en ses gardes du corps ».

Sur l’instigation de la presse aux mains des Israéliens, des manifestations publiques ont eu lieu en Argentine sous le slogan « Je suis Nisman » et le gouvernement a été accusé de corruption. Dans la semaine suivant la mort de Nisman, la présidente Kirchner a déclaré dans une allocution à la télévision, vouloir dissoudre les services de renseignement pour les remplacer par un organisme doté de nouvelles fonctions et étroitement contrôlé par le bureau du Procureur général. Depuis, on assiste à la montée au créneau de l’opposition pour accuser la présidente Kirchner du meurtre de Nisman. Madame Kirchner a répondu dans une lettre adressée au peuple argentin : « Le suicide (ndlr : de Nisman), j’en suis convaincue, n’est pas un suicide. Ceux qui ont tronqué les enquêtes de Nisman après l’avoir manipulé de son vivant, ont l’intention d’exploiter aussi sa mort. Ils l’ont utilisé vivant et ensuite, ils avaient besoin de lui, mort. C’est triste et terrible. Non seulement l’accusation de Nisman s’effondre, mais elle constitue un véritable scandale politique et judiciaire ».

Il apparaît de plus en plus que le rôle de l’ex-chef du contre-espionnage argentin, Horacio Stiusso, est prépondérant dans cette affaire, sachant qu’il était l’homme de confiance de la CIA, du FBI et du Mossad. Stiusso était la source principale du juge Nisman dans l’enquête de l’AMIA, exerçant sur lui un ascendant majeur. Sachant les liens étroits que le chef du contre-espionnage argentin entretenait avec les services de renseignement américains et israéliens, toutes les questions sont ouvertes quant à cette affaire qui secoue l’Argentine. En 42 années d’exercice au sein des services de renseignement argentins, Stiusso, celui que l’on pourrait appeler l’Edgar Hoover argentin, a accumulé des dossiers, photos, données, et secrets sur toutes les personnes d’influence. Non content de ce pouvoir occulte, Stiusso aurait aussi fait des affaires juteuses. Il est accusé par Gustavo Vera, législateur de la ville de Buenos Aires, de détournement de fonds, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, trafic d’influence et corruption, accusations fondées par l’existence des diverses sociétés créées par Stiusso et d’autres ex-agents du SI dans l’exercice de leurs fonctions au sein des services de renseignement. « Comment, avec un salaire mensuel de 15 000 pesos, peut-on diriger des entreprises qui ont un patrimoine de six millions de pesos ? », s’est interrogé Gustavo Vera. Il a aussi demandé d’enquêter sur les activités de la société American Tape, dont Stiusso faisait partie, ainsi qu’une douzaine d’autres entreprises qui entretenaient des liens avec Stiusso et ses collaborateurs, telles American Vial, Construcciones y Tecnologia,Avícola De la Cruz SA et Cañaba Don Enrico. Stiusso vient d’être assigné à comparaître en tant que témoin par la procureure Viviana Fein chargée de l’enquête sur la mort suspecte du juge Nisman.

Plus que jamais, l’axe de résistance antisioniste est visé et mis à l’épreuve à travers le harcèlement des groupes de soutien et des personnalités soutenant la cause palestinienne à travers le monde. Celles et ceux qui affichent de la sympathie à l’égard du peuple palestinien sont harcelés par Israël et ses alliés qui veulent opprimer tout ce qui n’est pas sioniste avec des stratagèmes fallacieux qu’ils manipulent avec aisance, notamment avec une terminologie inventée par les spin doctors sionistes qui monopolisent le monde médiatique, la sphère politique et économique. Les termes « antisémitisme », qui ne concerne pas que les Juifs, nous ne le répéterons jamais assez, « apologie du terrorisme » sont devenus des armes redoutables brandies contre tous ceux qui résistent à Israël. L’heure de faire payer au monde ses positions en faveur des Palestiniens est arrivée, chacun doit « être Israël » et gare à celui qui n’obéit pas. Perfide et machiavélique comme toujours, l’entité sioniste d’Israël sait quand et où frapper. Il est plus que jamais nécessaire pour les résistants antisionistes, de contrer la mainmise de cet Etat fasciste, assassin et criminel, de le chasser de toutes les instances, et de traduire ses dirigeants devant les tribunaux pour crimes contre le genre humain. De ce fait, les alliances doivent s’intensifier au sein du bloc antisioniste, anti-Israël et leurs alliés américains et autres. L’heure est à la mobilisation générale de tous ceux qui luttent pour la cause juste du peuple de la Palestine afin qu’il retrouve la terre qui lui a été volée et en chasser les sionistes usurpateurs. Tous les amis de la Palestine doivent s’unir pour contrer cette nouvelle offensive du bloc sioniste qui, sachant qu’il a perdu sur le plan moral, exerce une propagande monstrueuse. Le loup sioniste ne dévorera que les cibles isolées. Tant que nous serons unis et que nous formerons un bloc, il se tiendra à distance. Ne laissons pas l’Argentine faire face toute seule à ce complot qui ne dit pas son nom et, sachant que l’Argentine est à un tournant majeur avec les élections présidentielles en octobre prochain, soutenons la présidente Cristina Kirchner dans son combat pour la souveraineté de son pays et l’honneur de l’humanité toute entière.

Mohsen Abdelmoumen

Published on Oximity, February 7, 2015:https://www.oximity.com/article/La-pr%C3%A9sidente-Cristina-Kirchner-c-1

on Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/1423305220.html

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Source : Mohsen Abdelmoumen
http://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/...

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